SÉANCE DU 30 THERMIDOR AN II (17 AOÛT 1794) - N° 1 177 k’ [La sté popul. et régénérée de la comm. de Lamarche (1), à la Conv.; Lamarche, 20 therm. II] (2) Liberté, égalité, ou la mort ! Pères de la patrie, A la nouvelle des dangers qui menaçoient vos jours, tous nos regards se portent au même moment sur le livre des droits de l’homme. L’indignation à son comble en fait passer de bouche en bouche ce terrible extrait : Que tout individu qui usurperait la souveraineté soit à l’instant mis à mort par les hommes libres ! Cette sentence que vos infâmes assassins ont rédigée eux-mêmes avec vous et fait ratifier par tout le peuple français sera commune à tous les traîtres à venir, quelque nom qu’ils prennent et de quelque masque qu’ils se couvrent. Nous la prononçons d’avance aux cris de vive la République, vive la Convention nationale ! S. et F. ! Bresson ( présid ), Perreau ( secrét .), Masson ( secrét . ). r [La sté popul. révolutionnaire et régénérée des sans-culotes de Douamenez (3), à la Conv.; Douamenez, 21 therm. II] (4) Citoyens représentants, Les journées des 9 et 10 thermidor nous ont remplis de terreur et d’admiration. De terreur, en voyant le danger que la Convention a encouru en voulant encore une fois sauver la République contre Robespière et ses complices, conspirateurs mille fois plus dangereux que Capet et ses amis; d’admiration, en voyant le calme et l’énergie que vous avez montré dans une circonstance où mollir étoit le moment de la perte de la République et le rétablissement de la royauté. Continuez, vrais républicains, dignes représentants du peuple dont vous estes la sentinelle; vous devez veiller pour sa sûreté et maintenir ses droits; vous le faites; cela ne suffit pas. Il faut encore que vous démasquiez tous les conspirateurs, qu’ils portent tous, comme le tiran leur chef, la tête sur l’échafaut, et le peuple vous bénira parce que vous aurez assurés sa liberté, l’unité et l’indivisibilité de la République. C. Madère (présid.), Charioux (secrét.), C. Hervé (secrét.). (1) Vosges. (2) C 316, pl. 1269, p. 4; Bm , 1er fruct. (1er suppl1); Moniteur (réimpr.), XXI, 523-524; Débats, n° 696, 513. (3) Finistère. (4) C 316, pl. 1269, p. 2. Mentionné par B'n , 3 fruct. (suppl l). m’ [Les administrateurs du distr. de Mont-de-Marsan (1), à la Conv.; Mont-de-Marsan, 20 therm. II] (2) Représentans du peuple, Fort de l’ascendant que lui donnoient ses feintes vertus, un homme marchait à grands pas vers la tyrannie. Vous avez pénétré ses projets et soudain cet homme est tombé dans l’abyme qu’il creusait sous vos pas. Exemple terrible, exemple instructif qui doit effrayer tout ambitieux qui désormais aura l’âme assez petite pour ne se croire grand que par l’esclavage de ses semblables. Oui, représentans du peuple, dans une République l’individu dont la tête dépasse celle de ses concitoyens doit être immolé sans pitié. Le peuple est le seul souverain. Seul il à le droit de l’être. O vous qui le représentés, continués à démasquer tous les traîtres, à terrasser tous les tyrans. La France entière se rallîra constament autour de vous. Gayet (présid.), Lafaille (secrét. -gal adjoint), Boudenuy (agent nat.) et 7 autres signatures. n’ [La comm. de Chaligny (3), à la Conv.; s.d. ] (4) Citoyens représentans, Nous manquerions sans doute au plus saint des devoirs si nous ne nous empressions à vous marquer l’horreur dont nous avons été pénétré à la vue du danger que la patrie vient de courir. Nous ne pouvons sans frémir nous rappeller l’idée déchirante du bouleversement effrayant qui devoit être le résultat nécessairement inévitable de tant de perfidies et de si noires trahisons : la perte de la liberté, de cette liberté si chère à tous bon Français, la perte de cette prétieuse égalité, le bonheur de toute la République française, l’objet de tant de soins et le prix de tant de travaux. Nous étions perdus à jamais si les projets de ces scélérats eussent réussi; privés des lumières de nos braves représentans, nous nous serions trouvés sans boussole et une guerre civile eût été la suite de la perfidie de ses monstres d’autant plus dangereux qu’ils s’étoient revêtus du manteau du patriotisme : l’idée du bien public, les intentions les plus désastreuzes, voilées par les dehors les plus patriotiques. Tout auroit été perdu. Le citoyen trompé se fût élevé contre le citoyen, la République eût nagé dans son sang. Le sang le plus cher, le plus prétieux et le plus nécessaire au bien public, le sang de nos braves républicains eût coulé par un massacre général. Quelle horreur que ce malheur, mais quel bonheur pour le peuple français (1) Landes. (2) C 313, pl. 1252, p. 34. Mentionné par B‘n, 3 fruct. (suppl1). (3) Meurthe. (4) C 316, pl. 1269, p. 65; Bln, 1er fruct. (1er suppl l). 12 178 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE d’avoir pour représentans des hommes prêts à sacrifier leur vie pour le salut de la République, des hommes clairvoyans, intègres, si éclairés que les intrigues les mieux dirigées, enfantées dans le plus grand secret, conduites avec le plus grand art et cachées sous les apparences les plus séduisantes, n’ont pu leur en imposer. Les cabales, les complots des Hébert et de tant d’autres scélérats découverts et déjà punis annonçaient avec éclat toute la sagesse, la prudence, les lumières, l’intégrité et le zèle de nos représentans. Mais les derniers événemens mettent le comble à leur gloire et à leur triomphe. En triomphant de Robespières, n’est-ce pas triompher de ce que la scélératesse a de plus perfide, de ce que l’intrigue a de plus insidieux, de ce que l’apparence du bien public a de plus séduisant, en un mot, de ce que les mesures, les combinaisons et les moyens ont de plus dangereux ? Que d’actions de grâces ne vous devons-nous pas, généreux, intrépides et zélés deffenseurs de la patrie ? Nous vous vouons une reconnaissance sans bornes et, pour vous la marquer d’une manière qui vous soit agréable nous renouvelions notre serment de ne jamais reconnaître d’autre autorité que celle de la Convention, que toujours nous nous tiendrons serrés et unis à elle et que nous périrons plutôt tous que de jamais reconnoître un tiran; que nous les exterminerons tous, ou plutôt nous vous ferons un rempard de nos corps; nous vouons à la patrie nos biens, notre santé, notre vie. Aucun sacrifice ne nous coûtera. Nous continuerons toujours à montrer le même zèle pour notre patrie, le même patriotisme qui nous a toujours animé depuis le commencement de la révolution. Tels seront toujours les sentimens et les dispositions et telle sera toujours la conduitte de tous les membres de la commune de Chali-gny, district de Nancy et département de la Meurthe. Vive la République une et indivisible ! Charles Thouvenin (maire), W. Joly ( agent nat.), Germain ( secrét.-greffer ) et 15 signatures d’officiers municipaux et de notables. o’ [La sté des amis de l’égalité et de la liberté de Genis (1), à la Conv.; 20 therm. II] (2) Liberté, égalité, ou la mort ! Citoyens représentans, Vous venez de découvrir le plus infâme des complots ourdi contre notre liberté. Des Crom-wel, des Cathilina, des monstres conspirateurs, sous le voile du patriotisme, nous préparoient des fers. Votre vigilence, votre courage énergique pour le maintien de nos droits vous ont fait franchir les périls qui nous menaçaient. Au milieu des orages vous avez pris cette attitude mâle et républiquaine, vous avez frappé les (1) District de Pons, Charente-Inférieure. (2) C 316, pl. 1269, p. 14. Mentionné par B‘n , 3 fruct. (suppl1). tyrans Robespierre et leurs satellites et la patrie est encore une foy sauvée. Grâces vous soient rendues ! En dépit de la majeure partie de l’Europe la France sera libre. Vive la Convention, vive la République ! Boullanger, Boschatel, Boyveau (commissaires). P’ [La sté popul. et républicaine de Mirambeau (1), à la Conv.; s.d. ] (2) Citoyens représentants, Nous avons frémi d’horreur et d’indignation en apprenant le péril imminent qui a menacé la République et tous les dangers qu’a couru la représentation nationale. Sans votre active surveillance, sans votre mâle courage, les maux de la France devenoient incalculables; mais il est écrit, citoyens représentants, après les événements qui viennent de se passer, que la liberté entre vos mains ne peut jamais périr. Des monstres d’une nouvelle espèce, des dictateurs et des triomvirs, des Cronwel et des Catilina, forts d’une grande popularité acquise par 5 années d’amour feint pour le peuple, ont eu la sélératesse de métré la chose publique à deux doigts de sa perte pour satisfaire leur insatiable ambition. Loin de vous laisser abattre dans la plus difficile des circonstances, vous n’en avés eu que plus de courage et de fermeté. En vrai Spartiates vous vous êtes dit : plus les ennemis d’un genre nouveau que nous avons à combatre sont dangereux et puissants, plus nous devons déployer un grand caractère et frapper de terribles coups. Notre vertu héroïque peut elle-même nous valoir la mort. N’importe ! Immolons-nous s’il le faut pour notre patrie, sachons la sauver des mains du tyran qui veut l’asservir, ou bien ensevelissons-nous dans le tombeau. La liberté renaîtra de nos propres cendres. Citoyens représentans, votre espoir consolateur n’avoit pas été déçu, le tyran de race nouvelle auroit trouvé en vous autant de Mucius Soevola qui n’auroient pas manqué leur coup. Qu’ils sont insensés et bien méprisables dans leur politique, ces illustres scélérats qui s’imaginent, à l’aide de quelques grands forfaits, pouvoir venir à bout de redonner des ferts à la France devenue libre. Détrompés-vous, vils pigmées, ou plutôt tremblés, car nous sommes 25 millions d’hommes qui avons juré guerre aux tyrans, paix, accueil et fraternité aux peuples. Citoyens représentants, par votre courageuse détermination vous vous êtes montrés dignes d’un grand peuple que vous représentés. Les monstres qui vouloient s abreuver de votre sang, les monstres qui vouloient déchirer le sein de leur patrie ont payé la peine due à leurs forfaits. Grâce immortelle vous en soit rendue ! Que le glaive de la justice nationale, après avoir frappé les chefs, atteigne maintenant tous leurs (1) Charente-Inférieure. (2) C 316, pl. 1269, p. 15. Mentionné par B‘n, 3 fruct. (suppl1).