SÉANCE DU 2 BRUMAIRE AN III (23 OCTOBRE 1794) - N° 25 369 l’abime sur lequel il semble s’être arrêté, il reprenne sa route et arrive au port. Vive la république, vive la Convention nationale. Lanargues, président, Cau, Burgalat, secrétaires. e [La société régénérée de Chaudes-Aigues, département du Cantal, à la Convention nationale, séance extraordinaire du 9 vendémiaire an III] (69) La république une et indivisible ou la mort Liberté Egalité Dignes mandatairs du peuple, par votre énergie, la république française voit enfin son territoire purgé, de tous les vils satellites des tirans coalisés. La mort de Robespierre, a rétabli le règne de la justice, et précipité toutes ses espérances, dans le tombeau. Les guinées de Pit et consors ne seront plus dans le cas de nous corrompre ; les aristocrates et les traitres, n’auront plus des moyens de nuire. Représentans, faites cesser toute dissension, continuez à faire le bien du peuple : vous aurez, par vos pénibles travaux, conduit le vaissau à bord; faites, qu’il ne soit plus lancé. La france entière bénira à jamais la Convention, et c’est d’elle qu’elle attend son bonheur. Vive la république, vive la Convention. Biron, président, Fabre, secrétaire. f [La société populaire et régénérée de Reims, département de la Marne, à la Convention nationale, du 25 vendémiaire an III] (70) Liberté, Egalité, fraternité, la République ou la mort Gouvernement révolutionnaire jusqu’à la paix Législateurs, Chaque jour accroit pour vos travaux la re-connoissance de la société populaire et régénérée de la commune de Reims. Votre adresse au Peuple français qu’elle regarde comme une constitution révolutionaire et comme un coup porté de nouveau à l’aristocratie qui s’applau-dissoit de nos divisions intérieures, ajoute encore à son admiration. Ce travail digne de vous a rempli toutes les espérances des véritable amis du Peuple qui l’ont impatiemment attendu. Législateurs, nous avons toujours dé-(69) C 325, pl. 1402, p. 23. Copie datée du 15 vendémiaire. (70) C 325, pl. 1402, p. 22. testé comme vous ces hommes de sang outrés par nature, méchans par caractère et anarchistes par besoin qui rendoient le patriotisme tellement hideux, qu’on auroit pu raisonable-ment craindre d’être patriotes dans la crainte seule de leur ressembler : il en est même que nous avons eu plus d’une fois, mais en vain, le courage de dénoncer. Nous les comparons aux ci-devant prêtres qui payés pour nous promettre ce qu’ils appeloient le salut, nous faisoient entrevoir tant de difficultés d’y parvenir, qu’on cé-doit pour rien et sans regret sa part à leur paradis. Vous avez senti, Législateurs, qu’il étoit indispensable de mettre un frein à ces exagérations destructives du corps social. Vous avez consacré ce grand principe, que si le mouvement rapide et violent est nécessaire pour faire une révolution, c’est au calme et à la prudence de la terminer. Législateurs, par cette proclamation qui vous honore et met au jour vos véritables sentiments, vous allez enfanter autant d’amis au nouvel ordre de choses, qu’il y a de citoyens probes et vertueux, elle sera pour nous une boussole avec laquelle nous sommes bien surs de ne pas nous égarer, forts d’un guide, nous continuerons à prêcher la loi, expression fidelle de la volonté générale, à faire aimer la vertu, base essentielle des Républiques et gage assuré de leur bonheur, à enseigner la moralité, principe éternel de justice, à inspirer l’amour de la patrie, source féconde d’actions immortelles, le respect pour toutes les autorités constituées et pour l’égalité qui n’admet d’autre différence entre les hommes que les talents et les vertus. Vous, Législateurs, continuez à bien mériter de la République en marchant sur la ligne révolutionnaire : déjà, grâce à vos mesures, le crime est puni, le patriote respire, le règne de l’intrigue tire à sa fin et tout nous présage que rien ne peut empêcher le triomphe de la liberté, et la perte de tous les ennemis du Peuple. Salut et fraternité. Les membres du comité de correspondance, Fressemont Villiet, Saintolive, Paquot, Cornette, Laioze. g [La société populaire, républicaine et régénérée de Vesoul, département de la Haute-Saône, à la Convention nationale, s. d.] (71) Liberté Egalité Citoyens représentans Le génie qui veille aux destinées de la france vous a fait tracer d’une main habile la ligne que doit suivre le vaisseau de l’état parmi les écueils sans cesse renaissans qui l’environnent, (71) C 325, pl. 1402, p. 21. 370 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE pour arriver au port du salut, ou vous avés juré de la conduire. Nulle expression ne peut rendre les senti-mens dont nous avons été pénétrés à la lecture de votre adresse au peuple français qui lui annonce le retour de la justice, l’agonie du crime et le désespoir des scélérats. Il est donc vrai que la justice protégera l’innocence et la vertu, que son glaive exterminera les ennemis de la patrie et les siens, que le règne de la tyrannie et des tyrans est fini, et que les égorgeurs et les fripons ne vandalise-ront plus impunément la république. Heureux auspices! astre favorable qui commence à luire sur nous après avoir dissipé les ombres de la mort dont nous étions environnés ; le calme succède enfin à la tempête, et la terreur devient le partage exclusif des méchans. C’étoit peu pour eux d’avoir fait proclamer la minorité de la vertu sur la terre par leur infâme chef, il falloit encore pour assouvir ces tigres à figure humaine l’anéantir, s’il eût été possible, sous prétexte de révolution. Tout étoit disposé pour cela, on s’efforçoit d’éteindre partout le flambeau des sciences, de corrompre la morale publique, de détruire les élémens du juste et du vrai, d’ériger en vertu tous les crimes, de fomenter les haines, de susciter les partis, d’anéantir l’agriculture et le commerce, de désespérer l’industrie, de diviser enfin le peuple avec lui même, et ses représentai d’entre eux. Fatale conjuration qui étouffoit la république dans son berceau, qui auroit rendu le premier peuple de l’europe l’opprobre de ses voisins, et la proÿe du premier usurpateur! Quelle main propice a arreté tes rapides et funestes progrès ! hélas! malgré nos glorieux succès sur les ennemis extérieurs, nous étions livrés à des fureurs intestines ; libres et vainqueurs au dehors nous restions opprimés et vaincus au dedans. Voilà, citoyens représentans, ce que la vertu comprimée par le vice, voilà ce que la majorité des citoÿens frappée de terreur et réduite au silence par une minorité factieuse, voilà ce que le peuple tiré de l’état de stupeur où il étoit réduit ose maintenant penser et dire. Nous sçavons que le premier trône de l’univers ne pouvoit s’écrouler qu’avec une horrible secousse, nous savons que cet arbre antique de-voit écraser par sa chute une foule d’arbustes qui croissoient sous son ombre et en porter au loin l’épouvantable fracas, nous savons enfin que les orages ne sont rien pourvû que l’on échappe au nauffrage. Mais vous connoissés actuellement, citoyens représentans, tous les écueils et les dangers qui menacent le vaisseau de l’état, forts de la volonté générale de vingt trois millions d’hommes libres, qui forment autour de vous un rempart formidable, dirigés la marche d’une main ferme et courageuse, jusqu’au moment où le genre humain goûtera les douceurs de la fraternité dans le pacte d’union et de liberté qui terminera la guerre actuelle avec les tyrans coalisés, par la paix universelle des peuples entre eux. Que l’union la plus intime règne donc parmi vous, et désespère nos ennemis, en voÿant que nul obstacle ne retarde plus vos travaux, qui doivent assurer la gloire et la prospérité de la république. Vos principes ont toujours été et seront toujours les nôtres, nul homme, nulle réputation ne nous importeront jamais, vous êtes notre unique centre, et notre point de ralliement, nous ne connoissons que la Convention et ses loix. Périssent les traitres, les tyrans, les hommes de sang et de carnage! Vive la Convention, vive la justice, la vertu, la probité, vive la République une et indivisible. Vaignedroye, président, Lafontaine, secrétaire et une page de signatures. h [La société républicaine et populaire de Pont-Croix, département du Finistère, à la Convention nationale, du 4 vendémiaire an III] (72) Liberté Egalité Citoyens représentans, Il n’est que trop vrai : un cri d’indignation se fait entendre sur tous les points de la République ; c’est celui du Peuple outragé par les crimes qui se renouvellent tous les jours contre la représentation nationale; à peine a-t-elle échappé aux fureurs de la tyrannie qu’elle a encore à braver les poignards des assassins ; mais tous les assassins périront et la Convention restera ; elle restera pour consolider l’indépendance du Peuple français par la victoire, et sa liberté par son bonheur. En vain des scélérats qui n’ont suivis la Révolution que comme des oiseaux de proie, qui ne parloient que de patriotisme et qui massacroient tous les patriotes ; qui se van-toient sans cesse de leur fidélité, et n’ont été fidèles qu’à la tyrannie, qui flattoient les défenseurs de la Patrie en égorgeant impitoyablement leurs familles, trament-ils dans les ténèbres de nouveaux assassinats. Dût-elle compter encore d’illustres victimes, la liberté ne périra pas ; vous l’avez sauvée de la rage de tous les tyrans, vous ne la laisserez pas détruire par quelques misérables débris de l’armée de Robespierre, qui ayant mis le comble à tous les forfaits, n’ont plus d’autre ressource que l’audace, d’autres moyens que l’intrigue et l’impuissance, et qui ont le front de se mettre à la place du Peuple, tandis qu’ils ne sont du genre humain que l’opprobre et la lie : la Révolution se fait pour tout le Peuple; continuez de la faire avec lui, vous la ferez avec une masse inébranlable, vous la ferez sans convulsion; le règne de la justice et des vertus renaitra, et avec elle le respect des personnes et des propriétés et cette confiance qui est la garantie du gouvernement et la source de sa prospérité; (72) C 325, pl. 1402, p. 20.