390 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE citoyens et citoyennes qui fréquentent leurs tribunes n’ont point manqué de se rallier autour de la représentation nationale, de partager les travaux et les dangers des représentans fidèles aux intérêts du peuple. Ils nous ont aidés de toute leur puissance d’opinion dans tous les teins les plus dangereux pour la liberté publique; ils ont préparé avec vous les grands événements; et sont venus ensuite applaudir dans notre sein aux mesures de sagesse et de vigueur que vous aviez prises pour détourner les orages et sauver le vaisseau de l’Etat, si violemment battu par les tempêtes que les ennemis de la révolution n’ont cessé de susciter. C’est ainsi qu’on les a vus concourir avec vous à la destruction du despotisme et du fédéralisme; c’est ainsi qu’avec les armes de la justice, de la vertu, de la raison, ils ont contribué si puissamment à la punition des traîtres et à l’anéantissement des factions. Les Jacobins et leurs tribunes ont reçu avec transport le décret qui, en mettant la probité, la vertu et les moeurs à l’ordre du jour a porté l’assurance et la consolation chez les hommes de bien, et le désespoir et la mort chez les intrigans et les fripons. (On applaudit ). Les Jacobins et les tribunes viennent aujourd’hui vous remercier, vous bénir d’avoir consacré par un autre décret cette vérité sainte que le juste retrouve toujours dans son cœur : « Que le peuple français reconnaît l’Etre suprême et l’immortalité de l’âme ». (On applaudit ) . Oh ! qu’ils savaient bien, les monstres qui ont prêché l’athéisme et le matérialisme, qu’ils savaient bien que le moyen le plus sûr de tuer la révolution était d’enlever aux hommes toute idée d’une vie future et de les désespérer par celle du néant. Us voulaient faire du peuple français un peuple de brigands, pour qu’il devint ensuite un peuple d’esclaves. (On applaudit). Et ce devait être l’effet naturel de l’athéisme, qui dessèche le cœur, énerve toutes les facultés de l’âme, étouffe dans le général des hommes tout sentiment de générosité, de justice, de probité, de vertu et d’énergie. Où donc sont-ils les prétendus philosophes qui se mentent si impudemment à eux-mêmes en niant l’existence de la divinité ? Où sont-ils, que je leur demande si ce sont eux ou leurs pareils qui ont produit toutes les merveilles que nous admirons sans les concevoir ? Si ce sont eux qui ont établi le cours des saisons et des astres, qui sont les auteurs du miracle de la génération et de la reproduction des êtres, qui ont donné la vie et le mouvement au monde, qui ont formé cette voûte imposante qui couvre si majestueusement l’univers et ce soleil bienfaisant qui vient chaque jour éclairer et vivifier tout ce qui existe sur la terre ? ( Nouveaux applaudissements). Mais non, ils ne paraîtront point, parce qu’ils n’ont pas besoin d’être convaincus. Us ont lu comme nous dans le grand livre de la nature, et se sont prosternés involontairement devant cette intelligence suprême dont l’image auguste est imprimée partout. (On applaudit). Mais ils avoient besoin, les Danton, les Hébert, les Chaumette et autres agens trop adroits des ennemis coalisés de la France, ils avoient besoin, pour mieux servir les tyrans qui les payoient, de professer une autre doctrine, afin de jeter le désespoir et le découragement parmi le peuple, et d’étouffer sa vertueuse énergie, qui leur étoit d’un obstacle inquiétant dans leurs projets contre -révolutionnaires . Mais heureusement ce projet infernal de l’étranger, dont l’exécution fut confiée à des scélérats qui espéroient tout de la confiance, qu’ils avoient usurpée en se parant des couleurs du patriotisme, heureusement ce projet découvert n’a plus de dangers. Déjà les premiers traîtres qui avoient essayé de le faire réussir ont payé de leur tête leur criminelle audace; ils finiront de même tous ceux qui, comme eux, oseront tenter de replonger le peuple dans les fers en pervertissant par quelque moyen que ce soit la morale publique Ce n’est pas d’aujourd’hui seulement que les Jacobins, sentinelles vigilantes de la liberté, ont vu les intentions perverses de ces hommes infâmes qui, nourris de crimes, les ont tous épuisés pour arriver à leur but; aussi a-t-on vu les Jacobins les chasser de leur sein, les dénoncer à l’opinion publique, les poursuivre partout avec ce courage et cette ardeur de sentimens qui seuls caractérisent les véritables amis du peuple. (On applaudit) . Voilà comment les Jacobins ont repoussé les calomnies que les ennemis de la liberté ont souvent répandues contre eux. Plus d’une fois, citoyens, vous avez rendu justice à cette société recommandable : mais c’est surtout quand elle vient s’unir à vous de principes et de sentimens, quand elle vient honorer devant vous et avec vous l’Etre suprême, les mœurs et la vertu, que vous devez lui donner une marque éclatante de l’estime nationale. (On applaudit). Je demande que la Convention décrète que les Jacobins et les citoyens de leurs tribunes n’ont cessé de bien mériter de la patrie; qu’elle applaudit à leur démarche et aux sentimens exprimés dans leur adresse, et l’inscription en entier au Bulletin; qu’enfin elle en ordonne l’impression et l’envoi à toutes les communes, Sociétés populaires et armées de la République. (On applaudit) (1). BREARD : Je demande qu’on ajoute aux propositions faites par Couthon, celle de faire imprimer la réponse du président et l’excellent discours que nous venons d’entendre. On ne sau-roit trop publier la connaissance des vérités qui y sont développées. Les propositions de Couthon sont décrétées avec l’amendement de Bréard au milieu des cris répétés : « Vive la République !» '(2) . Après la réponse du président et le discours d’un membre du Comité de salut public [COUTHON], la Convention nationale rend le décret suivant : « La Convention nationale décrète que les jacobins et les citoyens de leurs tribunes n’ont cessé de bien mériter de la patrie, qu’elle applaudit à leurs démarches et aux sentimens exprimés dans leur adresse; elle décrète la mention honorable au procès-verbal de cette adresse, et l’insertion en entier au bulletin, avec la réponse du président et du discours de Couthon; elle ordonne du tout l’impression et (1) Mon., XX, 492. (2) Débats, n° 604, p. 373. Broch. in-8°, 8 p., impr. par odre de la Conv. (B.N. L ewl§5). 390 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE citoyens et citoyennes qui fréquentent leurs tribunes n’ont point manqué de se rallier autour de la représentation nationale, de partager les travaux et les dangers des représentans fidèles aux intérêts du peuple. Ils nous ont aidés de toute leur puissance d’opinion dans tous les teins les plus dangereux pour la liberté publique; ils ont préparé avec vous les grands événements; et sont venus ensuite applaudir dans notre sein aux mesures de sagesse et de vigueur que vous aviez prises pour détourner les orages et sauver le vaisseau de l’Etat, si violemment battu par les tempêtes que les ennemis de la révolution n’ont cessé de susciter. C’est ainsi qu’on les a vus concourir avec vous à la destruction du despotisme et du fédéralisme; c’est ainsi qu’avec les armes de la justice, de la vertu, de la raison, ils ont contribué si puissamment à la punition des traîtres et à l’anéantissement des factions. Les Jacobins et leurs tribunes ont reçu avec transport le décret qui, en mettant la probité, la vertu et les moeurs à l’ordre du jour a porté l’assurance et la consolation chez les hommes de bien, et le désespoir et la mort chez les intrigans et les fripons. (On applaudit ). Les Jacobins et les tribunes viennent aujourd’hui vous remercier, vous bénir d’avoir consacré par un autre décret cette vérité sainte que le juste retrouve toujours dans son cœur : « Que le peuple français reconnaît l’Etre suprême et l’immortalité de l’âme ». (On applaudit ) . Oh ! qu’ils savaient bien, les monstres qui ont prêché l’athéisme et le matérialisme, qu’ils savaient bien que le moyen le plus sûr de tuer la révolution était d’enlever aux hommes toute idée d’une vie future et de les désespérer par celle du néant. Us voulaient faire du peuple français un peuple de brigands, pour qu’il devint ensuite un peuple d’esclaves. (On applaudit). Et ce devait être l’effet naturel de l’athéisme, qui dessèche le cœur, énerve toutes les facultés de l’âme, étouffe dans le général des hommes tout sentiment de générosité, de justice, de probité, de vertu et d’énergie. Où donc sont-ils les prétendus philosophes qui se mentent si impudemment à eux-mêmes en niant l’existence de la divinité ? Où sont-ils, que je leur demande si ce sont eux ou leurs pareils qui ont produit toutes les merveilles que nous admirons sans les concevoir ? Si ce sont eux qui ont établi le cours des saisons et des astres, qui sont les auteurs du miracle de la génération et de la reproduction des êtres, qui ont donné la vie et le mouvement au monde, qui ont formé cette voûte imposante qui couvre si majestueusement l’univers et ce soleil bienfaisant qui vient chaque jour éclairer et vivifier tout ce qui existe sur la terre ? ( Nouveaux applaudissements). Mais non, ils ne paraîtront point, parce qu’ils n’ont pas besoin d’être convaincus. Us ont lu comme nous dans le grand livre de la nature, et se sont prosternés involontairement devant cette intelligence suprême dont l’image auguste est imprimée partout. (On applaudit). Mais ils avoient besoin, les Danton, les Hébert, les Chaumette et autres agens trop adroits des ennemis coalisés de la France, ils avoient besoin, pour mieux servir les tyrans qui les payoient, de professer une autre doctrine, afin de jeter le désespoir et le découragement parmi le peuple, et d’étouffer sa vertueuse énergie, qui leur étoit d’un obstacle inquiétant dans leurs projets contre -révolutionnaires . Mais heureusement ce projet infernal de l’étranger, dont l’exécution fut confiée à des scélérats qui espéroient tout de la confiance, qu’ils avoient usurpée en se parant des couleurs du patriotisme, heureusement ce projet découvert n’a plus de dangers. Déjà les premiers traîtres qui avoient essayé de le faire réussir ont payé de leur tête leur criminelle audace; ils finiront de même tous ceux qui, comme eux, oseront tenter de replonger le peuple dans les fers en pervertissant par quelque moyen que ce soit la morale publique Ce n’est pas d’aujourd’hui seulement que les Jacobins, sentinelles vigilantes de la liberté, ont vu les intentions perverses de ces hommes infâmes qui, nourris de crimes, les ont tous épuisés pour arriver à leur but; aussi a-t-on vu les Jacobins les chasser de leur sein, les dénoncer à l’opinion publique, les poursuivre partout avec ce courage et cette ardeur de sentimens qui seuls caractérisent les véritables amis du peuple. (On applaudit) . Voilà comment les Jacobins ont repoussé les calomnies que les ennemis de la liberté ont souvent répandues contre eux. Plus d’une fois, citoyens, vous avez rendu justice à cette société recommandable : mais c’est surtout quand elle vient s’unir à vous de principes et de sentimens, quand elle vient honorer devant vous et avec vous l’Etre suprême, les mœurs et la vertu, que vous devez lui donner une marque éclatante de l’estime nationale. (On applaudit). Je demande que la Convention décrète que les Jacobins et les citoyens de leurs tribunes n’ont cessé de bien mériter de la patrie; qu’elle applaudit à leur démarche et aux sentimens exprimés dans leur adresse, et l’inscription en entier au Bulletin; qu’enfin elle en ordonne l’impression et l’envoi à toutes les communes, Sociétés populaires et armées de la République. (On applaudit) (1). BREARD : Je demande qu’on ajoute aux propositions faites par Couthon, celle de faire imprimer la réponse du président et l’excellent discours que nous venons d’entendre. On ne sau-roit trop publier la connaissance des vérités qui y sont développées. Les propositions de Couthon sont décrétées avec l’amendement de Bréard au milieu des cris répétés : « Vive la République !» '(2) . Après la réponse du président et le discours d’un membre du Comité de salut public [COUTHON], la Convention nationale rend le décret suivant : « La Convention nationale décrète que les jacobins et les citoyens de leurs tribunes n’ont cessé de bien mériter de la patrie, qu’elle applaudit à leurs démarches et aux sentimens exprimés dans leur adresse; elle décrète la mention honorable au procès-verbal de cette adresse, et l’insertion en entier au bulletin, avec la réponse du président et du discours de Couthon; elle ordonne du tout l’impression et (1) Mon., XX, 492. (2) Débats, n° 604, p. 373. Broch. in-8°, 8 p., impr. par odre de la Conv. (B.N. L ewl§5).