672 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j InJvembïî ira" l’exactitude du service. C’est le point le plus essentiel. « Salut et fraternité. « J. -B. Milhaud; Guyardin. » M. Un des représentants à Varmèe du Rhin au comité de Salut public (1). « Strasbourg, 10 brumaire an II (31 oc¬ tobre 1793, reçu le 18 novembre). « Citoyens nos collègues, « Un grand nombre d’anciens militaires ont obtenu sous le gouvernement monarchi-despo-tique (sic) des lettres d’ancienneté de services avec droit de porter la médaille. Déjà, plusieurs de ces braves gens qui combattent sous les dra¬ peaux de la République nous ont présenté ces titres en parchemin qui portent le nom et la signature du dernier tyran, en nous témoignant leur indignation de voir des noms odieux sur des titres de bravoure. Nous ne pouvons les rem¬ placer, mais nous croyons que la Convention doit détruire tout ce qui rappelle l’antique escla¬ vage des Français. En conséquence, nous vous invitons de proposer à la Convention de faire délivrer au nom de la République des certifi¬ cats de service à ceux qui, fidèles à la patrie, prouvent que dans tous les temps c’était pour elle qu’ils avaient combattu. « Salut et fraternité, « Guyardin. » N. Les représentants à V armée du Rhin au comité de Salut public (2). « Strasbourg, 6e jour de la lre décade du 2e mois de l’an II (27 octobre 1793, reçu le 30 octobre). « Chers collègues et amis, « Déjà non seulement plusieurs heures, mais plusieurs jours se sont écoulés depuis l’envoi de notre dernier courrier, porteur de dépêches importantes pour la conservation de notre armée, des départements du Haut et du Bas-Rhin, et notamment de la place de Strasbourg. Quels secours, quelle réponse avons-nous reçus de vous, citoyens collègues? Aucuns. Ainsi, jugez de nos inquiétudes, car notre situation est toujours la même. Un ennemi nombreux, habile, ayant des chefs expérimentés, poursui¬ vant une armée en déroute, sans chefs, sans dis¬ cipline, désirant le repos, privée de beaucoup ( 1) Archives nationales, carton AFii 151. Aulard t Recueil des actes et de la correspondance du comité de Salut public , t. 8, p. 155. (2) Archives nationales, carton AFii 248. Aulard ! Recueil des actes et de la correspondance du comité de Salut public, t. 8, p. 67. d’objets essentiels, et dont plusieurs individus se livrent parfois au mépris pour les autorités constituées : situation affligeante, et encore bien plus, si on considère le mauvais esprit qui règne dans la place de Strasbourg qui est sans garnison et où les vrais républicains sont en petit nombre. « Dans cet état de choses, citoyens, vous nous laissez sans une réponse, sans nous envoyer des forces que nous et nos collègues réclamons de¬ puis deux mois. Vous vous êtes contentés de proposer à la Convention nationale, à la séance du 1er de ce mois, d’envoyer les citoyens Saint-Just et Le Bas près l’armée du Rhin pour y prendre toutes les mesures de salut public nécessaires. « Ce décret que nous connaissons seulement par les papiers publics de ce jour annoncerait que ces deux collègues vont sans doute rendre à l’armée son ardeur, les forces que la position de l’ennemi exige et dans peu le chasser des lignes au delà de la Lauter. « Il fallait, citoyens, que nous fussions ins¬ truits par les papiers publics de ce décret pour ne pas l’ignorer, car nos collègues non seulement n’ont pas témoigné la moindre envie de se réunir à nous, d’obtenir quelques renseignements qui auraient pu leur être utiles, mais, bien plus, ils se sont expliqués particulièrement à cet égard ; ils ont désiré s’isoler de nous et le paraître ainsi aux yeux du public, puisque dans leur proclamation, ils se sont appelés députés extraor¬ dinaires. « Nous ne voyons pas cependant, ni dans le texte ni dans l’esprit du décret, que cette qua¬ lité leur appartienne. La leur avez-vous donnée par un pouvoir particulier? Nous l’ignorons; mais il n’en est pas moins vrai que cette qualité d 'envoyés extraordinaires fait une mauvaise im¬ pression sur le public, et qu’elle semble annuler nos pouvoirs ou au moins les affaiblir dans l’opinion générale. « Dans leur proclamation dont un exemplaire nous est parvenu par hasard, ils annoncent des exemples qu’on n’a jamais vus, et les malveil¬ lants que nous vous avons dénoncés se plaisent à dire que cette promesse se dirige contre nous. « Faut-il que dans des circonstances aussi dif¬ ficiles, lorsqu’il s’agit de sauver une des parties importantes du territoire de la République, de rendre à une armée sa discipline, son premier lustre, chacun ait à s’entretenir d’un pareil objet? Nous l’aurions tu, si nous n’étions assurés que la chose publique peut en souffrir éminem¬ ment, et qu’il est temps dé nous envoyer des forces, si l’on veut sauver cette partie de la République. « Pourquoi les lignes de Wissembourg ont-elles été rompues? Il y a eu de la trahison à la vérité, mais nous n’étions pas assez forts pour, avec 37,000 hommes, garder si longtemps une étendue de terrain aussi considérable. La posi¬ tion que nous occupons actuellement finira éga¬ lement par nous être enlevée par un ennemi supérieur en forces et en tactique, si vous ne nous envoyez pas de nouvelles forces. « Tous les jours, l’armée est harcelée; l’action d’hier a été vive. Au commencement du jour, du côté de l’avanceneau (sic), des bataillons avaient pris la frayeur jusqu’au point que plu¬ sieurs soldats se sont jetés dans le canal, comme s’ils étaient poursuivis par l’ennemi, et, afin d’empêcher leur retraite, on a été obligé de fermer une porte de la place de Strasbourg.