219 SÉANCE DU 18 THERMIDOR AN II (5 AOÛT 1794) - Nos 34-36 34 [Les administrateurs du distr. de Sancerre( 1) à la Conv.; Sancerre, 14 therm. II\ (2) Législateurs, Plus vous avancez dans la carrière révolutionnaire, plus vous vous montrez grands, plus vous méritez la confiance du peuple. Quel coup de foudre soudain dirigé par vos bras a frappé les tyrans ! Oui, les perfides Robespierre, Cou-thon et Saint-Just furent des tyrans. Périsse à jamais leur mémoire et celle de leurs infâmes complices ! Sur quel écueil le vaisseau de l’Etat était conduit par ces traîtres ! Ces nouveaux Cromwell ont-ils cru pouvoir établir un seul instant leur chimérique dictature sur un peuple libre ! Ont-ils cru replonger dans l’abime de l’esclavage ceux qui ont brisé leurs fers ! Les insensés ! Ils ignoraient donc que tramer leurs noirs, leurs liberticides complots, au milieu de cette cité, qui a donné naissance à la liberté, qui la soutient par des sacrifices si nombreux, si souvent réitérés, qui la fera triompher, c’était visiblement courir à leur perte ! ils voulaient asservir la France !... Le néant a dévoré ces monstres ! Plutôt la mort que la dictature... Plutôt la mort que la royauté !... Vous qui avez échappé au fer des assassins, législateurs, au sein du volcan des factions, des intrigues et des complots, au milieu du tourbillon de la malveillance, la liberté en péril vous tend les bras. Ah ! Vous avez montré à la France entière ce que vous pouviez faire pour elle ! Ce cri sublime a retenti dans nos cœurs : s’il faut mourir, mourons avec honneur. La République triomphe, la liberté est sauvée, si la Convention reste inébranlable. Eh ! qui peut ébranler la Convention étayée sur le courage, la confiance, l’estime, l’amour, la reconnaissance des Français ? Législateurs, sauvez la patrie : délivrez-la de tous les tyrans qui cherchent à l’opprimer. Vous le savez, il n’est qu’un sort digne d’envie, c’est de mourir pour la République ! Encore un moment d’efforts, encore un moment de sacrifices, et votre nom, échappé au naufrage des ans, se conservera avec gloire dans le panthéon de l’histoire. A bas les tyrans ! A bas le dictateur ! Vive la République une, indivisible et démocratique ! Vive la convention ! Tels sont les sentimens irrévocables des administrateurs du district de Sancerre. Malferson, Haborz, Grenin, Dumas, Bouvin-gnon, Pinartier (secrét.); Mention honorable, insertion au bulletin (3). (1) Cher. (2) C 312, pl. 1 243, p. 12; Bin, 23 therm; M.U., XLII, 394. (3) Mention marginale du 18 thermidor. 35 [Les administrateurs du départ ‘ de la Vienne à la Conv.; Poitiers, 14 therm. II] (1) Représentans du peuple, L’ambition d’un homme a menacé, un instant, notre liberté et nos loix. Un usurpateur insensé, brisant l’autel de l’égalité, voulut y substituer sa puissance et régner sur des citoyens libres qui abhorrent tout gouvernement qui n’est pas celui du peuple. Représentans, César voulut un trône. Il eut ses Antoines qui lui préparèrent la couronne. Antoine et César ne sont plus. Brutus, Cassius et Cimber étoient sur la montagne; ils aiguisoient le fer sacré qui devoit percer le sein des conspirateurs et sauver la liberté. Pères de la patrie, il n’y a rien de plus grand que la majesté du peuple. Le peuple l’a vue toute entière dans votre dévouement héroïque, votre attitude fière et indépendante. Qu’ils sont petits, ces rois qui menacent, auprès de ces législateurs qui commandent au nom du peuple ! Que Pitt et George comparent leur colère ridicule avec cette noble et imposante sévérité que l’on respecte et que l’on aime. Représentans, le département de la Vienne abhorre les tyrans : il scellera de son sang son obéissance à vos décrets. L’immortalité sera le prix de vos travaux : puisse le peuple couronner de son estime des devoirs que nous ne trahirons jamais. Vaugelade, Pescher, Dardillac, Moreau (pré-sid.), Giraud, P.M. Piorry, Lavergne, J. Berna-ZAIS (secrét.-çf1). Mention honorable, insertion au bulletin (2). 36 [Les administrateurs composant le directoire du départ ‘ de la Marne, à la Conv.; Châlons, 12 therm. II] (3) Législateurs, De toutes les conspirations tramées contre l’unité et l’indivisibilité de la République, aucune sans doute ne fut plus scélérate que celle qui vient d’être découverte, puisqu’elle était ourdie par des monstres qui abusaient de la confiance du peuple. Encore une fois, montagne sainte, grâces te soient rendues, tu viens de sauver la patrie par l’exécution bien méritée des brigands qui voulaient la perdre. Les projets infâmes de ces conspirateurs étaient ramifiés avec tous les tirans contre lesquels nous livrons des combats à mort. La montagne s’est levée, son mouvement terrible a été l’irruption d’un (1) C 312, pl. 1 243, p. 13; ff", 26 therm. (2e suppl1. (2) Mention marginale datée du 18 thermidor. (3) C 312, pl. 1 243, p. 14; Bm, 26 therm. (2e suppl1).