316 [ConYemion nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j J Siktmbre ‘iras Compte rendu du Bulletin de la Convention (1). Les administrateurs du district de Caen écri¬ vent que conformément aux dispositions de l’article 20 de la section II de la loi du 14 fri¬ maire, le représentant du peuple Laplanche a procédé à l’épurement et au remplacement des autorités constituées de Caen. Charles-Pierre-Marie Aubin fils, procureur syndic du district, a été continué et réélu comme agent national, aux acclamations du peuple. Le représentant du peuple Faure fait passer le détail de la fête qui a été célébrée à Nancy en l’honneur de la raison. Insertion au « Bulletin » (2). Suit le texte du procès-verbal de cette fête d'après l’original qui existe aux Archives na¬ tionales (3). Fête civique du décadi 30 brumaire de l’an II DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE, UNE ET INDIVISIBLE, 1er DE LA MORT DU TYRAN, célébrée a Nancy en exécution de l’arrêté du conseil général du dépar¬ tement DE LA MEURTHE, DU 5e JOUR DU 2e MOIS. La veille, la fête a été annoncée au son de la caisse, avec invitation aux citoyens de concourir à sa solennité. Le lendemain, à neuf heures du matin, un groupe de musiciens, suivis d’une masse de citoyens, ont apporté à la salle des séances de la Société populaire la statue de la Liberté, les eorps constitués s’y sont rendus, ainsi que Faure, représentant du peuple. A dix heures, la marche a été dirigée vers le temple de la Raison. Un groupe de tambours et de musiciens pré¬ cédaient la Société populaire en masse, au mi¬ lieu de laquelle flottait le drapeau de la sur¬ veillance. Un chœur de jeunes citoyennes vêtues de blanc et ornées de la ceinture tricolore envi¬ ronnaient la statue de la Liberté portée par huit sans-culottes et chantaient l’hymne chéri de cette déesse. Paraissaient ensuite le représentant du peuple entouré des corps constitués, tous re¬ vêtus de leurs insignes; ils étaient suivis d’un groupe de citoyens et de citoyennes chantant l’hymne des bonnes mœurs. Un piquet d’hommes armés fermait la marche. Le cortège s’est rendu au temple de la Rai¬ son au bruit d’une salve de canons. Arrivés au temple, le drapeau de la surveil¬ lance placé sur l’autel de la patrie, la statue de la Liberté déposée au-dessous de ce dra¬ peau, les corps constitués environnant l’autel, (1) Second supplément au Bulletin de la Conven¬ tion du 6 nivôse an II (jeudi 26 décembre 1793). (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 103. (3) Archives nationales, carton G 289, dossier 889, pièce 5, Brice, maire de la commune de Nancy, a pro¬ noncé un discours tendant à rendre justice à la franchise des ministres de l’ancien culte à Nancy, qui sont venus eux-mêmes donner au peuple l’exemple du retour aux simples maximes de la religion naturelle, de la saine raison et de la philosophie, en mettant sur l’autel de la patrie tous les riches hochets du despotisme sacerdotal, et abjurant une erreur qu’ils n’avaient eux-mêmes propagée que par ordre du gouvernement en vigueur alors; il a ensuite rendu compte des délibérations majeures prises en conseil général de la commune, depuis la dernière décade. Ensuite le citoyen Faure, représentant du peuple, envoyé dans les départements de la Meurthe, de la Moselle et de la Haute-Marne, s’est adressé au peuple et a dit : « Félicitons-nous, frères et amis, à chaque pas que fait la Révolution, nous la voyons s’avancer avec gloire vers le but triomphant où elle doit écraser à la fois tous ses ennemis et dissiper toutes les erreurs. « Des préjugés gothiques et dangereux sub¬ sistaient encore au milieu de nous, inventés par l’orgueil, caressés par le despotisme, pro¬ pagés par l’ignorance. Ils épouvantaient l’en¬ fant au berceau et ne nous abandonnaient à la fin de notre carrière qu’ après nous avoir livrés à 1a fatigue importune de songes puérils et bizarres. « Mais enfin, grâce à l’énergie brûlante de la liberté, grâce aux lumières répandues sur l’horizon de la République, il n’existe plus sur notre sol de ces forêts sombres et soi-disant sacrées dont les druides de tous les temps défendaient l’approche, pour mieux nous abuser, en y contrefaisant la voix de la divinité. « Le siècle de l’ignorance, et par conséquent de l’erreur, est passé. Le Français dégagé de ses chaînes ne connaît plus d’autre enthou¬ siasme que celui de la liberté, d’autre passion que la haine des tyrans, d’autre sentiment dominateur que l’amour de la patrie, d’autre religion que celle de la vertu, d’autre culte que celui de la loi. « Déjà grand nombre de prêtres sages et éclairés ont donné à la France le grand exemple de cette probité ouverte et loyale qui sait s’affranchir du servage de la fausse honte et de la ridicule obstination; ils sont convenus de la véritable valeur des marchandises dont jus¬ qu’alors ils ne nous avaient surfait le prix que parce que leur métier était de les vendre. « Je ne vous parlerai pas de ces deux prêtres belges, à qui il a suffi de toucher le sol de la liberté pour s’écrier, comme après une tra¬ versée périlleuse, qu’ils ne voulaient plus être ce que sont les bouleverseurs fanatiques de leur malheureuse patrie. « Mais qui n’a pas été attendri en appre¬ nant qu’un respectable citoyen, ci-devant vi¬ caire épiscopal, aujourd’hui défenseur de la patrie dans l’armée des Ardennes, en ren¬ voyant les titres oisifs de sa caste de Brahma, sollicite pour la veuve d’un de ses braves frères d’armes tué à ses côtés, la pension ecclésias¬ tique qu’il percevait lui-même? « Un autre vicaire épiscopal, Groscassand, annonce qu’éclairé par la philosophie et guidé j par le patriotisme, il renonce à tout ce qui pourrait lui faire supposer d’autres qualités I que celles d’homme et de citoyen. Plus heu-