342 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE c [Les membres de la société populaire de Saint-Omer à la Convention nationale, Saint-Omer, le 1er frimaire an 7/7] (64) Citoiens législateurs, Vous venez de lancer la foudre vengeresse sur une tourbe de brigands inconnus marchant sous les drapeaux de quelques factieux exécrés. Ils vouloient exhumer le sistème dévastateur de Robespierre pour fonder la tirannie sur le ruines de la liberté. Mais le peuple indigné de tant d’audace, s’est levé, il a voulu, et d’une main invincible, il a fermé cette caverne odieuse où le feu des conspirations bouillonnoit depuis longtemps. Grâces vous en soient rendues, Législateurs, vous ne permettrez plus que des scélérats cherchent à ravir l’exercice de la souveraineté pour assassiner le peuple. Nous sentons comme vous que dans un état bien organisé, il étoit odieux de voir une corporation isolée rivaliser la confiance du gouvernement. Ah! sans doute, ils n’étoient plus ces vieux jacobins qui, le pistolet à la main, faisoient pâlir le tyran en donnant le signal de la liberté : grands l’étoient plus ces vigoureux athlètes qui brisoient les créneaux de la Bastille, qui parali-soient la force nationicide du véto royal, et qui du haut de la tribune tonnoient contre les despotes, et s’élançoient ensuite sur la brèche fumante des Thuileries. De vils scélérats souilloient l’enceinte honorable qui, cent fois, avoit retenti de leur mâle éloquence, et lorsque vous les chassâtes de leur antre criminel, vous n’avez sanctionné que le vœu de la République entière. Maintenez l’existence des sociétés populaires. La liberté de parler et d’écrire sera toujours l’écueil de l’oppression. Mais ne souffrez pas, ne souffrez jamais qu’une réunion de citoiens s’érige en puissance dominatrice, et ne veuille exercer une autorité que le peuple auroit horreur de lui déléguer. Le peuple a combattu cinq ans pour la jouissance du bonheur et de l’égalité : un nuage de sang les a longtemps dérobé à ses regards ; maintenant un espoir flatteur le console, vous devez donc écraser sans pitié tous les conspirateurs, s’il en existe encore, qui entraveroient, ou s’efforce-roient de renverser la législation bienfaisante que vous organisez et que la justice et l’humanité réclament si impérieusement. Vive la République une et indivisible. Vive la Convention nationale ! Suivent 51 signatures. (64) C 328 (2), pl. 1458, p. 19. F. de la Républ., n° 71 ; J. Fr., n°796;Mî7, n° 1358. d [L’agent national près le district de Bapaume au représentant du peuple Guffroy, Bapaume, le 2 frimaire an 777] (65) Citoyen représentant, L’administrateur de ce district me charge de te faire passer son adresse à la Convention nationale, en t’invitant d’en faire la lecture et d’en demander insertion au bulletin, et désirerait que son attachement à la représentation nationale fut connue de la république entière. Les administrateurs me paraissent dignes, ainsi que les administrés de ce district de la faveur que les premiers sollicitent, car il n’y a aucun français qui soit plus qu’eux jaloux de la gloire de ses représentants. Salut et fraternité. Signé, PAGOT. [Les administrateurs du district de Bapaume à la Convention nationale, Bapaume, le 2 frimaire an 777] (66) Citoyens représentants, Vous venez de frapper un coup terrible, mais salutaire, vous avez dit, que les Jacobins rentrent dans le néant; et ils ont cessé d’exister. Le fier lion qui menaçoit de nous épouvanter par son réveil, a surgi, et vous l’avez écrasé sous vos pieds de géants, vous avez roulé dans l’abime la montagne qu’il habitoit, son fracas a retenti jusqu’à nos oreilles, et nous avons tressailli d’allégresse. Ce nouveau jour de votre puissance manquait à votre gloire ; nous ne doutions pas de votre énergie, nous savions que vous pouviez d’un souffle renverser le colosse jacobite, mais il avoit osé vous braver, et il existoit.... Cette pensée affii-geoit nécessairement des hommes jaloux de l’honneur de leurs représentants, aussi nous ne pouvions concevoir qu’il du se rencontrer des considérations assez fortes pour prolonger d’un moment l’existence d’une société qui avoit essaie de rivaliser avec vous. Enfin, elle a subi la peine due à son orgueil, elle n’existe plus, ainsi passeront comme des ombres fugitivement tous les téméraires qui oseroient attenter aux droits du peuple, ou à la gloire de ses représentants. Citoyens représentants, le courage et la sagesse que vous avez montrés dans ces crises difficiles, nous ont suffisament prouver que vous étiez dignes de régler les destinées de la France. Restez donc à votre poste, jusqu’à ce que vous aÿez achevé le bonheur du peuple. C’est notre vœu, c’est également celui de tous les administrés de ce district. Comme nous, ils (65) C 328 (1), pl. 1448, p. 4. Dans la marge : «Je te prie de ne pas oublier la demande que je t’ai faite, concernant mon parent détenu à la maison d’arrêt de Rozoi-lTJnité [ci-devant Rozoy-en-Brie, Seine-et-Mame] ». (66) C 328 (1), pl. 1448, p. 3. F. de la Républ., n° 71. SÉANCE DU 10 FRIMAIRE AN III (30 NOVEMBRE 1794) - N° 24 343 ne reconnaissent d’autre point de ralliement que la Convention nationale ; ils ont juré comme nous une haine éternelle aux hommes de sang, aux terroristes, aux aristocrates, aux intrigants, aux dominateurs et aux frippons. Comme nous ils ont rendu hommage à votre sublime adresse au peuple français ; ils la relisent tous les jours et ne cessent de l’admirer ; dans leur enthousiasme, ils s’écrient: « des hommes qui professent de semblables principes sont bien faits pour donner un gouvernement à un peuple libre, généreux et ami des vertus et de la justice ». Vive la République, vive la Convention nationale. Suivent 10 signatures. e [Les administrateurs du Directoire du département de la Meuse à la Convention nationale, Bar-sur-Ornain [ci-devant Bar-Le-Duc], le 5 frimaire an III] (67) Représentans d’un grand peuple qui vous a confié le dépôt sacré de sa gloire et de sa liberté, vous avés entendu de toutes parts les cris de la Nature outragée, de l’humanité déchirée, de la justice violée, et toujours dignes de vous-mêmes, vous porterez le dernier coup aux mortels qui ne voulaient faire de la France qu’un désert, de la Révolution qu’un torrent dévasteur. Vous achèverez d’assurer par vôtre courage sur les bases de la justice, la prospérité d’une Nation qui vous presse avec confiance de marquer ses destinées. Vous maintiendrez le gouvernement révolutionnaire dans sa marche ferme et rigoureuse, mais il ne sera plus terrible que pour la ligue des méchans qui s’y sont attachés, et vous apprendrés à l’univers que les Français rendus à la Nature et à leurs droits, ne veulent pas plus composer avec les ennemis de leur liberté qu’avec le crime. Ces principes que le représentant Delacroix avoit consacré et mis en pratique dans le département de la Meuse, en devançant même votre sublime Adresse au Peuple français, sont gravés dans le cœur de tous les hommes ; c’est le cri de la nature. Ils ont fixé l’opinion publique qui vous entoure, ils sont l’espoir de la Patrie, et nôtre amour pour elle nous fait un devoir de vous offrir l’hommage particulier de notre détermination à les défendre jusqu’à la mort, et de nôtre entier dénouement à la Convention nationale. Vive la République ! Suivent 6 signatures. (67) C 328 (1), pl. 1448, p. 2. f [Les citoyens réunis en société populaire aux ci-devant Ursulines à Tonnerre, Tonnerre, le 1er frimaire an III] (68) Citoyens représentans, Vous venez de faire un grand acte de justice, votre énergie a encore une fois sauvé la République, dont les Jacobins du 9 thermidor avoient juré la perte. Continuez, citoyens représentans, le peuple bénit vos travaux, maintenez le gouvernement révolutionnaire basé sur la justice ; sévissez contre les hommes de sang, ceux qui veulent rivaliser d’autorité avec vous, et contre tous ces prévaricateurs et pour que le char de la Révolution marche avec plus de rapidité. Epurez toutes les autorités constituées, chassez des fonctions publiques, les hébertistes, les Robespierristes, que ne s’y sont introduits que pour vexer les bons citoyens et faire haïr la Révolution ; que leur compte soient rendus publics par la voie de l’impression, et envoyez aux sociétés populaires ; vous connaîtrez bientôt les fripons. Le glaive de la loi en fera justice et le sol de la République ne portera que des frères et des amis. Pour nous, citoyens représentans, nos principes seront toujours les mêmes, nous n’aurons jamais pour raliement que la Convention ; nous jurons de nouveau de lui faire dans tous les temps un rempart de nos corps. Suivent 58 signatures et les noms de 28 personnes désignées comme «ne sachant pas signer». g [Le conseil général de la Commune de Saint-Pol à la Convention nationale, Saint-Pol, le 5 frimaire an III] (69) Citoyens représentans, Elle n’est donc plus cette société fameuse, jadis le sanctuaire des vertus et de la raison, mais qui corrompue par l’ignorance, l’intrigue et le crime, ne fut dans ces derniers moments qu’un volcan de discorde, et un repaire de fac-tueux. Trop longtemps, les Jacobins ont déchiré le sein de la France ; nous n’aurions point à gémir aujourd’hui sur le sort de tant de victimes innocentes, tant de maux à réparer, tant de malheureux à soulager, si libres du joug des jacobins, le peuple avoit pu faire parvenir jusqu’à vous le langage de la vérité. Il manquait à notre bonheur, comme à votre gloire, cette victoire sur ces ennemis intérieurs de la République ; les journées de Gimimappes, de Florus et de Juliers (sic) auraient vu périr leurs lauriers sans la journée mémorable du vingt-deux brumaire. (68) C 328 (2), pl. 1458, p. 21. F. de la Républ., n° 71. (69) C 328 (1), pl. 1448, p. 6. Bull., 11 frim. (suppl.).