100 [Assemblée nationale.) que celui qui le fait n'a que 400 livres de fortune. (Applaudissements.) (L’Assamblée ordonne qu’il sera fait meniion de cette ofirande dans le procès-verbal.) M. Augier-Sauzay, un de MM. les secrétaires, donne lecture d’une lettre des commissaires de l'Assemblée dans les départements du Doubs, du Jura et de la Haute-Saône . Cette lettre est ainsi conçue : « Lons-le-Saulnier, le 6 juillet 1791. « Monsieur le Président, « Nous venons de parcourir le département du Jura. L’état où nous l’avons trouvé, les dispositions des citoyens qui l’habitent, les garnisons qui y résident nous ont paru telles qu-l'Assemblée nationale peut les désirer. L’activité d’une surveillance continuelle n’a pas troublé la tranquillité publique, et c’est avec un calme imposant que chaque citoyen, à son poste, a veillé à la défend des Français. « Le sentiment respectable qui a dicté cette conduite à tous les Français avait été développé d’une manière particulière dans ce département par les administrateurs du directoire, dans le compte qu’ils ont rendu des premières mesures qu’ils avaient prises. Nous avons vu que leur zèle avait devancé les ordres de l’Assemblée nationale, et qu’ils avaient prévenu dans plusieurs points, par des arrêtés provisoires, les décrets qu’elle a rendus pour la défense de l’Empire et le maintien de la paix intérieure ; aussi l’harmonie générale n’a été troub ée que par un très peut nombre de mouvements qui nous ont peu arrêtés, dont il nous semble inutile d’entretenir l’Assemblée nationale. Le recouvrement de l’impôt est extrêmement avancé pour les années précédentes, et la répartition du nouveau va bientôt s’effectuer. « D’après les soins qui l’ont préparé, le régiment qui est en garnison à Dôl -, commandé par M. Théodore Lameth, et les détachements qui gardent les forts de Salins, sont du meil eur esprit. Nous avons vu avec joie tous les ofliciers, sans exception, contracter envers la patrie l’engag. - ment nouveau de demeurer ses défenseurs, et ajouter à la confiance des soldats, de la subordination, du patriotisme desquels leurs chefs nous avaient rendu le meilleur témoignage. « L’unanimité des officiers du 7me régiment est doutant p us satifaisante, que nous avons à Dole, comme dans les autres garnisons, répété aux ofliciers que tous ceux que des préjugés ou des erreurs politiques éloigneraient de l’engagement qu’on leur demandait, trouveraient le moyen de se retirer chez eux en sûreté, et que nousb ur ferions assurer, d’une manière spéciale, la protection de la loi. M. Théodore Lameth leur a tenu le même langage, et il et assez heureux pour ne trouver dans son règlement que des imitateurs. « La garde nationale du district de Dôle vit avec la gendarmerie, et s’est réunie à eux pour prêter le serment ; elle est nombreuse, bien exercée, et dans les plus heureuses dispositions; elle doit cette intelligence au zèle actif et au courage de son commandant, M. Manet, déjà connu par son patriotisme, qui commandait à la fédération les gardes nationales du Jura, et que les corps administratifs nous ont dit avoir rais son zèle au maintien de la tranquillité. « Les forts de Salins que nous avons vus, nous ont paru, d’après les observations des comman-[10 juillet 1791. J dants, avoir besoin de réparation prompte, et de quelques munitions. Les moyens de défense y sont presque nuis, et malgré que dans toutes les suppositions il ne paraisse guère probible qu’ils soient attaqués, cependant il est utile peut-être de calmer les inquiétudes des habitants du pays, et pour ajouter à leur tranquillité, de faire cesser l’espèce de détachement où sont les forces de Salins, de Saint-André. * La fromière, dans tout ce département, n’est défendue que par les montagnes et leurs habitants réunis à quelques débouchés. Mais l’Assem-b’ée nationale n’a nulle crainte à concevoir de cette portion des contins de la France. Nous avons assuré une distribution de cartouches aux gardes nationales sous la surveillance des départements et di-tricts. « Nous avons vu les gardes nationales prêtes à marcher contre l’ennemi s’il se présentait. Un grand nombre de municipalités ont réuni les leurs à celles de Lons-le-Saulnier, et les commissaires de l’Assemblée nationale ont été frappés de la con'eriance et des dispositions de cette armée de plus de 6,000 hommes, que le même patriotisme animait et qui ont juré de vivre libres ou de mourir. Tous n’avaient pas de fusils, mais tous avaient des armes. Leurs mains en ont forgé et leur courage les rendrait terribles. Les femmes mêmes de ces cultivateurs laborieux sont ventes protester de leur fidéli é et de Fur dévouement, et déclarer que si on attaquait la France, elles désiraient que leurs maris allassent sur les frontières repousser l’ennemi ( Applaudissements .) et qu’elles se charger, dent de les remplacer dans leur labeur et dans la garde intérieure de leur pays. ( Applaudissements r.) « Voilà, Monsieur le Président, quel est le peuple pour lequel l’Assemblée a travaillé et qui l’a si bien se ondée. Nous voudrions pouvoir lui peindre ces sentiments et ces disp sitions comme nous les avons vues, et elle trouverait dans ce tableau le prix le plus doux de 2 ans de fatigues et de ti avaux. << Nous sommes avec respect, etc... « Signé : Les commissaires de l’Assemblée nationale dans les départements du Doubs, du Jura et de la Hautü-Saône : DelacoüR ( d' Ambeûeux ), Régnault (de Saint-Jean d'Angéty). « P. S. Nou-remettons aux divers comités toutes les pièces relatives à l’administration des détails, desquels il serait inutile d’entretenir actuellement l’Assemblée. Nous en avons recueilli sur beaucoup de points, sur la conscription des gardes nationales, sur les auxiliaires, la gendarmerie, les contributions, sur les difficultés locales que I eat éprouver l’exécution de la loi et sur plusieurs autres objets. » M. de Hoailles. J’ai d mandé la parole pour proposer tout d’abord à l’Assemblée l’impression de la lettre qui vient d’être lue, car elle exprime le civisme et l’accord des Français contre les ennemis pour défendre la patrie. Ensuite je demande à l’Assemblée de lui observer qu’il y a quelque temps on a décrété qu’un nombre de gai des nationales se rassemblerait pour être portés sur nos frontières et qu’il est temps de rendre le décret qui doit mettre en mouvement ces bataillons. Les départements du Nord nous écrivent successivement pour l’exécution de cette sage disp;sition. Les gardes nationales de Paris particulièrement, qui n’ont cessé, depuis le commencement de la Révolution, de donner des ARCHIVES PARLEMENTAIRES.