322 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j ,® ”‘vôse.an 11 avec tant de soin au’ü ne fallait pas moins que les dispositions que nous avions prises à la gau¬ che, et le courage que nos soldats seuls peuvent avoir, pour les engager à se retirer. Le général joint la note suivante de quelques actions écla¬ tantes qui se sont faites à l’armée du Khin. Le citoyen L. Hoche, général en chef de l’ar¬ mée de la Moselle, écrit de Veze |W<erth| le 3 nivôse, que d’après tous les renseignements qu’il s’est procurés, nous avons pris à l’ennemi, dans la journée de la veille, 16 canons, 24 caissons, fait 500 prisonniers, tué ou blessé 300 hommes. La vivacité de l’attaque nous a fait perdre peu de monde, à peu près 80 tués et 150 blessés. Le 3e régiment de hussards, le 4e de dragons, les carabiniers, le 55e régi¬ ment d’infanterie, se sont surtout distingués. Le général Dubois, blessé, s’est comporté comme un héros. On amène encore des voitures d’armes. Nos soldats gardent leurs sacs pour continuer leur marche. Insertion au « Bulletin » (1). Suit le texte de la lettre dit ministre de la guerre Bouehoite (2). Le ministre de la guerre au Président de la Con¬ vention nationale, le 6 nivôse. « Je t’envoie copie des lettres des généraux Pichegru et Hoche. Le courage de nos frères d’armes et de la bonne conduite des généraux ont forcé l’ennemi à évacuer l’importante posi¬ tion d’Haguenau; les armées du Rhin et de la Moselle, enflammées par ce succès, ne deman¬ dent qu’à faire de nouvelles entreprises pour le triomphe de la liberté. Pichegru m’a transmis la note de plusieurs traits généreux et coura¬ geux de nos frères d’armes (3); je te les fais passer. Les deux armées n’ont pas encore atteint le dernier terme de leurs travaux, mais elles ont fait de puissants efforts : en attendant cette époque qui ne peut i. tre éloignée, une lettre de satisfaction de toi, citoyen Président, au nom de la Convention, serait une première ré¬ compense qui ne pourrait qu’opérer un bon effet. « Signé : Bouchotte. » Suit le texte de la lettre de Pichegru, d’après l’original qui existe aux Archives nationales (4). Pichegru, général en chef de l’armée du Rhin, à Bouchotte , ministre de la guerre. (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 104. (2) Bulletin de la Convention du 6 nivôse an II (jeudi 26 décembre 1793). (3) Voy. ci-après, page 324 la note des actions éclatantes. (4) Archives nationales, carton C 287, dossier 860, pièce 17. Bullelin de la Convention du 6 nivôse an II (jeudi 26. décembre 1793). Moniteur universel [n° 97 du 7 nivôse an II (ven¬ dredi 27 décembre 1793) p. 392, col. 2]. « Au quartier général à Haguenau, le 3 ni¬ vôse, l’an II de la République, une et indivisible. « Je ne t’ai point écrit, citoyen ministre, sur la journée d’hier, parce que le général Hoche, avec qui j’étais, t’a expédié un courrier en ma présence. Nos troupes ont montré un courage vraiment républicain, et les positions les plus formidables, fortifiées par tout ce que l’art peut ajouter à la nature ont été emportées à la baïonnette. On a recommencé ce matin; mais comme je suis parti de bonne heure de la gauche pour venir à la droite, j’ignore ce que Hoche a fait aujourd’hui. L’ennemi a quitté Bischvil-lers, Drusenheim et Haguenau, malgré les re¬ tranchements et les ouvrages presque cqntinus dont il avait couvert la ligne qui joint ces trois postes; il avait surtout fortifié ce dernier avec tant de soin qu’il ne fallait pas moins que les dispositions que nous avions prises à la gauche et le courage que nos soldats seuls peuvent avoir, pour les engager à se retirer. Nous ne nous arrêterons que le temps nécessaire pour que les troupes, qui sont très fatiguées, se repo¬ sent un peu et nous ne leur donnerons pas de relâche. « J’ai engagé la municipalité à me désigner les aristocrates qui ont pu rester dans la ville, et je compte, de concert avec les représentants du peuple, les traiter comme ils le méritent. « Je n’ai point encore connaissance de tout ce qu’on a pris à l’ennemi, canons, munitions, caissons, bagages en grand nombre, etc. On a fait au moins 1,000 prisonniers. « J’espère te donner encore demain de bonnes. nouvelles. « Signé : Pichegru. » Pour copie conforme : Le ministre de la guerre, J. Bouchotte. Suit le texte de la lettre de Lazare Roche d’après l’original qui existe aux Archives du ministère de la guerre (1). Le citoyen L. Hoche, commandant l’armée de la Moselle, au ministre de la guerre. « Au quartier général de l’armée de la Mo¬ selle, à Verd (Wœrth), le 3 nivôse, l’an II de la République, une et ndi-visible. « Je n’ai pu te donner hier aucun détail, j’étais trop occupé, je le suis encore passablement. Cependant d’après tous les renseignements que j’ai, nous avons pris 16 canons, 24 caissons, 450 à 500 prisonniers, tués ou blessés 300 hommes. La vivacité de l’attaque nous a fait perdre peu de monde, à peu près 80 tués et 150 blessés. (1) Archives du Ministère de la guerre : Armée du Rhin, carton 2/25. Bullelin de la Convention nalioj nale du 6 nivôse an II (jeudi 26 décembre 1793). [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. � “ » 323 « J’attaque à la pointé du jour, les troupes se montrent sans-culottes. Je désire que tu fasses connaître à la Convention et à la République 1 es noms des troupes qui se sont le mieux mon¬ trées : ie 3e régiment de hussards, le 14e de dra¬ gons, les carabiniers, le 55e régiment d’infan¬ terie. « Le général Dubois, blessé malheureusement, s’est comporté, j’ose le dire, comme un héros, ou plutôt comme un vrai républicain. « On amène encore des voitures d’armes, je laisse les sacs à nos braves volontaires. « J’ai donné toute cette nuit les ordres les plus prompts pour que le grand développement de l’armée de la Moselle s’opère. Il ne reste plus qu’à mettre l’armée du Rhin en avant. Si ma droite me seconde, j’irai. . . « Je te préviens qu’il serait nécessaire de pro¬ poser quelques approvisionnements, je ne puis m’occuper de cette partie. « J’ai toujours deux guenillons de drapeaux pris aux soldats des brigands' couronnés, à la première occasion, je les enverrai à la Conven¬ tion nationale. Je ne puis écrire davantage. « L. Hoche. » Notes de quelques actions éclatantes qui se sont faites à l’armée du Rhin (1). Le général en chef satisfait de la conduite qu’avait tenue le premier bataillon de l’Indre dans la journée du 12 frimaire, lui adressa une somme de 1,200 livres pour lui en témoigner sa gratitude. Les braves sans-culottes qui le com¬ posent lui renvoyèrent cette somme, en y ajou¬ tant celle de 642 liv. 10 s., qu’ils destinèrent au soulagement des veuves et orphelins des défen¬ seurs de la patrie. A ces traits de bravoure et de générosité, ce bataillon a encore acquis de nouveaux droits à la reconnaissance nationale par son courage et son intrépidité à enlever des redoutes à la baïonnette, qui étaient toutes hérissées de canons, et desquelles il sortait un feu effroyable, auquel ils répondaient par des cris de : Vive la République ! Dans une charge de cavalerie qui a eu lieu dans la journée du 12 frimaire, un lieutenant du 8e régiment de chasseurs à cheval se trou¬ vant démonté, quittait le champ de bataille pour aller prendre un autre cheval, lorsqu’il rencontra un chasseur du même régiment, nom¬ mé Fatou, qui conduisait le cheval d’un dra¬ gon autrichien qu’il venait de terrasser; ce lieutenant lui demanda à acheter son cheval; le chasseur lui répondit : « Ce cheval ne m’a coûté que des coups de sabre; il ne peut mieux m’être payé que par ceux qu’il va te mettre à même de donner; monte-le, et chargeons. Le lendemain, cet officier ne voyant pas venir le chasseur lui demander l’argent de son cheval, le fit appeler, et lui offrit vainement ce qu’il le jugea valoir; il ne put, malgré ses vives ins¬ tances, lui faire accepter un sou. (1) Bulletin de la Convention du 6 nivôse an II (jeudi 26 décembre 1793). Monileur universel fn° 98 du 8 nivôse an II (samedi 28 décembre 1793), p. 393, col. 2], Journal des.Débats el des Décrets (nivôse an II, n" 464, p. 87). Pichegru, général en chef, informé de ce trait de générosité, manda au chasseur de se rendre chez lui; il lui proposa, au nom de la République, d’accepter quelque chose : il ne put l’y résoudre. François Cotin, canonnier au 3e bataillon de la Meuse, a tué, avec l’écouvillon de la pièce qu’il servait, un cavalier autrichien qui coupait les traits des chevaux qui la condui¬ saient, et l’a empêché ainsi de tomber au pou¬ voir de l’ennemi. Un autre canonnier, du 2e ré¬ giment d’infanterie, nommé Joseph Poupart, a grillé la moustache à un Autrichien qui lui avait coupé le pouce; et sa lance à feu lui crachant aux yeux, il est venu à bout de le terrasser, et de s’emparer de son cheval, tout blessé qu’il était. Renvoyé au comité d’instruction publique. Simon (1). Je pense que les vrais patriotes n’apprendront pas sans intérêt, que le jour où l’armée française quitta Huguenau, les femmes comme il faut, les femmes bien élevées, c’est-à-dire celles qui étaient travaillées de l’esprit de l’aristocratie et de fanatisme, s’habillèrent au nombre de 60 à 80, de soie et mousseline blanche; et après avoir fait préparer tout ce qui est nécessaire pour un beau bal et un grand gala, allèrent au-devant de leurs parents émi¬ grés et de l’état-major des Autrichiens et des Prussiens, qui s’avançèrent pour prendre pos¬ session d’Haguenau. Tout à coup un détache¬ ment de cavalerie qui était encore masqué dans un bois, s’apercevant de cette infâme proces¬ sion, se jeta avec impétuosité sur cette confrérie contre-révolutionnaire, et ne laissa aux Autri¬ chiens et aux émigrés que des cadavres immolés à la vengeance nationale (2). Compte rendu du Journal des Débats et des Décrets (3). On lit plusieurs lettres ; nous transcrirons les plus intéressantes : ( Suivent : 1° la lettre de Bouchotte; 2° la lettre de Pichegru; 3° la lettre de Hoche; 4° la note de quelques actions qui se sont faites à l’armée du Rhin; 5° l’incident rapporté par Simon.) Les représentants du peuple Prieur et Turreau écrivent de Savenay, le 3 nivôse, et donnent les détails d’une bataille que nos troupes ont livrée aux brigands qu’elles ont atteints le 1er nivôse à Savenay. Un premier combat s’engagea; mais la nuit qui survint le fit cesser. Le lendemain, dès la pointe du jour, toutes nos colonnes se mi¬ rent en mouvement, et s’avancèrent sur Save¬ nay : l’ennemi résista, quelques coups de canon (1) Bulletin de la Convention nationale du 6 nivôse an II (jeudi 26 décembre 1793). Monileur universel [in0 98 du 8 nivôse an II (samedi 28 décembre 1793), p. 393, col. 3], Journal des Débats el des Décrets (nivôse an II, n° 464, p. 88). (2) Applaudissements, d’après le Journal des Débats et des Décrets (nivôse an II, n° 464, p. 88) et d’après le Mercure universel [7 nivôse an II (vendredi 27 décembre 1793), p. 108, col. 1]. (3) Journal des Débals el des Décrets [nivôse an ÏI, n° 464, p. 85). '