308 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE i [Le conseil gal de la comm. de Sougères (1), à la Conv.; Sougères, 25 therm. II] (2) Citoyens représentans, Le conseil général de la commune de Sougères, jusqu’ici admirateur secret de vos vertus, de vos travaux et de votre courage, invariablement soumis à vos lois et partageant vos principes, vient aussi vous offrir le tribut de reconnois-sance et de félicitations qu’un peuple immense vous adrese de toutes parts. Continuez, fidèles appuis de ce peuple qui vous a confié ses destins. Vous, fondateurs de la République, continuez à soutenir et à per-fectioner votre ouvrage. Préservez-le toujours des atteintes morteles que d’ambitieux scélérats voudroient lui porter. Ne craignez rien des traîtres : contentez-vous de les surveiller et de les punir. Le peuple, plus fort que tous les tyrans et tous les conspirateurs réunis, le peuple qui ne cessera de vous tenir sous sa protection, n’a-t-il pas dans ses mains le pouvoir absolu de son infaillible massue ? Pour nous, ne voulant idolâtrer personne mais donnant notre confiance entière à la représentation nationale, imperturbables dans nos principes, nous prouverons dans tous les tems que nous savons les deffendre aussi bien que les pratiquer. Déjà nous avons sçu monter l’esprit public à une telle hauteur que tous les préjugés, toutes les erreurs sont abjurées. L’enthousiasme de la liberté et la haine implacable de la tyranie sont portées ici au plus haut degré. Toujours les premiers, nous avons fait à la patrie tous les sacrifices que les circonstances ont exigés. Nous lui avons fourni depuis le commencement de la guerre plus de 120 deffenseurs; depuis plus de 4 mois nous avons une école primaire et, bien avant cette époque, nous avions oublié jusqu’aux noms des ci-devant fêtes et dimanches. Les décadi sont actuellement nos fêtes solem-nelles : deux fois ces jours-là nous nous réunissons dans le temple consacré à l’Etre suprême. Là, en présence de la commune toute entière, nous aquittons nos devoirs religieux et politiques; nous y faisons un cours suivi de morale, nous y combattons toutes les erreurs, nous réhabilitons les principes et la vérité; nous échauffons le patriotisme et nous instruisons nos concitoyens à la pratique de toutes les vertus. C’est ainsi que nous sommes parvenus à faire de tous nos concitoyens autant de républicains éclairés; que nous avons donné un ton et une prestance à notre commune, qui la distingue au loin de toutes celles qui l’environnent. Heureux d’avoir fait triompher les principes et la vérité parmi des hommes agrestes, heureux d’avoir fait fructifier la vertu dans les cœurs simples de nos bons villageois, c’est à vous, représentans, (1) District de Saint-Fargeau, Yonne. (2) C 319, pl. 1300, p. 19 à 21. Bk, 3 fruct.; Ann. R.F., n° 261; J. Fr. , n° 695, (il est précisé que la lecture est faite par le représentant Maure). que nous en renvoyons la gloire, puisque c’est vous qui nous avez appris à les pratiquer toutes. Restez à votre poste : nos vœux vous y mintiennent et le salut de la patrie vous en impose le devoir. Rolland, F. Guyard, Merlot père, Guenot {surveillant), Simonnet {maire), Henri Pautrat {agent nat.), J. Guenot {notable), Signolle, Thomas {off. mun.), Tallard {secrét.). Extrait des registres de la municipalité de Sougères. Cejourd’huy 23 thermidor l’an II de la République française une et indivisible, le conseil général de la commune composé des citoyens Pierre Simonnet, maire, Pierre Thomas, Edme Billon, Pierre Comeau, Jaques Christophe Guiand, Claude Athanaze Perreau, Pierre Ruffiot, Jean Guenot, Ambroise Cugnat et Jean Cugnat, officiers municipaux et notables, et le citoyen Henry Paurat {sic), agent nationale, assemblés dans le lieu ordinaire de ses séances Vu notre procès-verbal de ce jour contenant l’expression des sentiments patriotiques qui animent tous les citoyens de cette commune, le conseil général, pénétré de ses mêmes sentiments et voulant faire connoître à la Convention nationale l’esprit qui nous dirige tous, A arrêté et arrête que copie dudit procès-verbal et du présent arrêté, jointe à une ad-dresse qui sera faite à la Convention nationale lui seront addressées sans délais. Que pareil copie ainsy que celle de l’addresse serons addressées au citoyen Maure, représentant du peuple, que le tout lui sera incessenment envoyé avec invitation de faire parvenir à la Convention le paquet à elle destiné. Fait et arrêté les jour et an que dessus. Le registre est signé Simonnet, maire, et de moi, secrétaire greffier soussigné. Délivré pour conforme à Sougerre ce 25 thermidor l’an II de la République française une et indivisible. Tallard {secrét. greffier). Copie du procès-verbal de la commune de Sougerres en datte du 23 thermidor l’an II de la République française une et indivisible. Cejourd’huy 23 thermidor l’an II de la République française une et indivisible, tous les citoyens des 2 sexes, réunis dans la temple dédié à l’Etre suprême pour y célébrer l’anniversaire du 10 août, saisissent avec transport l’occation de témoigner à la Convention nationale les sentiments de reconnoissance et d’admiration qu’ils ont pour elle, et en même tems, pour lui prouver l’indignation qu’ils ont conçue contre les nouvaux triomvirs qui viennent de manquer l’infâme projet de replonger la République dans les fers du despotisme, ont demendé à prêter le serment suivant dont le maire a prononcé la rédaction : « nous jurons d’être fidels à la Convention nationale et de voler à son secours toutes les fois qu’elle courrera des dangers en deffendant la liberté. Nous jurons de rester inviolablement attachés aux principes, de poursuivre partout les traîtres et de nous opposer à SÉANCE DU 3 FRUCTIDOR AN II (20 AOÛT 1794) - N° 1 309 tout ce qui pourroit tendre au rétablissement de la tiranie, et enfin de mourir plustôt que de consentir à perdre la liberté ». Tous les citoyens, après avoir dit « nous le jurons » avec enthousiasme, ont fait retentir la salle des cris répétés de vive la libéré, vive la Convention, à bas les tyrans ! Dont, et de tout ce que dessus, avons dressé le présent procès-verbal les jour et an que dessus. Délivré pour copie par moi, secrétaire greffier soussigné, à Sougerres, ce 25 thermidor l’an II de la République française une et indi-visble. Tallard. j [Le conseil gal de la comm. de L’Unité (1), le c. de surv. révol. et les membres de la sté popul. réunis, à la Conv.; s.d. ] (2) Liberté, égalité, fraternité, ou la mort ! Citoyens représentans, Entourés des eaux du vaste océan, habitués dès l’enfance à lutter contre cet élément terrible, les belles lettres ne sont point encorre parvenues jusqu’à nous. Semblables au paysan du Danube, nous dirons la vérité pour inviter le sénat français à rester à son poste jusqu’à ce que les tirans coalisés aient appris à leurs dépends ce que peut un grand peuple dont la liberté est l’idôle. Si nos cœurs avaient été profondément affligés que l’athéisme eût paru le disputer un instant aux idées reçues de tous les peuples du monde, ils ont été rassurés par votre immortel décret. Pilotes du vaisseau de l’Etat, vous avez regardé avec courage l’orage qui semblait devoir l’engloutir, une manœuvre hardie l’a sçu tirer du naufrage et l’habileté qui vous caracthérise saura le conduire au port. C’est au peuple d’entretenir le vaisseau qu’il vous a confié, rien n’est cher pour la liberté, nos fortunes et notre sang sont au-dessous d’un bien si prétieux. Quel encouragement pour vous qu’un assentiment aussi général ! Eh bien, citoyens, puisque vos âmes en sont attendries au point de vous faire compter pour rien l’immensité de vos travaux, vous resterez constamment à votre poste, nous le répétons encorre, jusqu’à ce que notre liberté soit entier-rement assurée. Pour nous, disposés à vivre libres, nous deffendrons notre isle avec ardeur, eh si, sous le règne des tirans, des rois, notre courage s’est manifesté tant de fois contre les Espagnols et les lâches Anglais, quel doit être son énergie sous celui de la liberté ! Des armes, citoyens représentans, des armes ! Nous n’en sommes pas assez munis et notre isle est une de celles la plus avancée en mer, conséquemment extrême frontière. S’il faut vous faire l’énumération de nos dons, nous le dirons avec la même simplicité que nous avons déjà énoncée. Nous avons secouru (1) Isle de la Liberté, Charente-Inférieure (ci-devant Saint-Georges, Ile d’Oléron). (2) C 319, pl. 1300, p. 22. Bm , 6 fruct. (suppl1)- nos frères qui ont été combattre nos ennemis, de même que leurs femmes et leurs enfans : plus de 500 chemises ont été le fruit de différentes collectes; linges, charpies, draps, habits, manteaux; matierres d’or, d’argent, et cuivre prove-nans d’objets de culte; cendres pour l’alkalisa-tion des eaux qui doivent fixer le salpêtre; 1914 livres pesant de chiffons; cottisation pour la construction du vaisseau que se propose d’offrir notre département à la République; équipement d’un cavalier jacobin, d’un jeune orphelin pour le service de mer, ce dernier aux frais du conseil général de cette commune; et autres dons volontaires dont il est inutile de parler avec emphaze parce que des républicains n’ont d’autre but que d’être utiles à leur patrie. Nous ne pouvons finir cette addresse, citoyens, sans vous témoigner l’indignation qu’a excité dans nos cœurs l’assassinat commis sur deux représentans du peuple. C’est donc ainsi que nos ennemis, oubliant le droit sacré des nations, la vertu et la justice, foulent aux pieds des vertus aussi anciennes que le monde. Mais qu’ils tremblent, les traîtres ! Le peuple françois vengera le crime des rois, la liberté et l’égalité s’asseyeront sur les débris de leurs thrônes chancelans, la foudre que ses mains prépare frappe déjà leurs têtes altières. Elle va s’éclat-tant de toutes parts, et bientôt ils ne seront plus. Grossard ( maire et sociétaire), Bruneaux ( secrétaire ), Godeaux ( agent nat. et sociétaire ) et 8 autres signatures d’officiers municipaux et de sociétaires. Comité de surveillance : Godeau, Perocheau, P. Aussand, Desgraves, Guillemot, Seguin, Nadeau, Rouretot, Rovaiere (et sociétaire). Société populaire : Villefumad ( secrét . de la sté), Marchant aîné ( présid .), Vigé (secrét.) et 44 autres signatures. k [Les membres composant le conseil gal de la comm. d’Hesdin (1), à eux réunis tous les corps constitués civils et militaires et les membres de la sté popul. et montagnarde de la même comm., à la Conv.; Hesdin, 12 therm. II] (2) Citoyens représentans, Jamais l’ascendant de quelques réputations ne nous conduira au précipice et si, au milieu des victoires les plus signalées, de nouveaux dangers menacent la patrie, nous nous gardons bien de les aggrandir en nous éloignant de la représentation nationale à laquelle nous avons jurés avec le peuple, à laquelle nous jurons encore de demeurer toujours unis, à laquelle toute la commune d’Hesdin, extraordinairement assemblée autour de la Montagne, a juré d’obéir toujours. (1) Pas-de-Calais. (2) C 319, pl. 1300, p. 23. Mentionné par Bin, 4 fruct. (Ier suppl ).