[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. '!‘.'ose an II 193 î 2.-J décembre 1793 boucles montées sur argent, pesant 3 onces 4 gros; une somme de 16,168 livres 1 sol, dont 3,496 livres en numéraire. Le citoyen Michoud, de. la même ville, a fait don d’une somme de 200 livres par an pour les frais de la guerre. Le citoyen Bernard Gauthier Saint-Paulet, ancien militaire, a abandonné, pendant une année, son traitement de 1,200 livres. Le citoyen Blamestein a fait don à la patrie de 3 quintaux 24 livres en plomb en targettes et ■6 quintaux de charbon de bois, pour les besoins -de l’atelier militaire de Vienne. On a encore déposé à la municipalité ou à la Société populaire 619 chemises, 64 paires de bas, 15 paires de souliers, 44 aunes trois quarts de drap, 48 aunes de toile, 7 habits, 4 vestes, 3 culottes, un manteau, plusieurs sabres, 5 gibernes, 8 chapeaux et 35 draps de lit. Le citoyen Chollier, procureur syndic du district, a fait don de la finance de deux offices de notaire. « Les prêtres qui nous mystifiaient depuis tant de siècles, ont ajouté les commissaires, en donnant à notre commune le nom de Sainte-Ville de Vienne, y sont aujourd’hui regardés comme les druides. Chaque décadi est marqué par une cérémonie patriotique, et celui-là est vu comme un revenant à qui il échappe encore de prononcer le mot dimanche. La crainte de la contre-révolution n’est pas la maladie des citoyens du district. Des biens d’émigrés, mis en vente depuis quelques mois, estimés 1,300,000 livres, ont été vendus 3,340,800 livres.» Ils ont éprouvé la plus vive satisfaction lorsqu’ils ont appris que la vengeance nationale s’était appesantie sur la tête de cette infâme Autrichienne, qui partagea le lit du dernier tyran, et sur celle de ces mandataires infidèles qui trahissaient les intérêts du peuple. « Tandis que nos patriotes se distinguaient par de grands sacrifices, nous avons vu, parmi nous, un membre de la Convention nationale, qui, sachant allier à un patriotisme ardent les procédés révolutionnaires, le citoyen Petitjean, a voulu que nos riches, trop égoïstes, en fussent pour quelque chose. Il a pris un arrêté en vertu duquel des cotisations se sont faites jusqu’à une somme de 600,000 livres, et, pendant que l’on y procédait, des riches qui se jugeaient eux-mêmes d’avance, se sont présentés avec des «offres qui s’élèvent à 246,000 livres, dont la Convention pourra disposer. » Le même arrêté établit un hospice pour les indigents du district, dont les frais seront supportés par le produit des cotisations. Il -affecte 40,000 livres au nivellement d’un ter¬ rain, appelé Champ-de-Mars, acheté par les citoyens de Vienne, et cédé par eux à la com¬ mune, pour y élever des monuments à la Révo¬ lution, et bannir à jamais les idées de supersti¬ tion. Quoique la population de la commune de Vienne ne soit que de 11,000 âmes, dont 5,000 hommes, elle en a fourni 1,200 qui sont en présence de l’ennemi. Les pétitionnaires terminent en invitant la Convention à rester à son poste. Réponse du Président. Des hommes d’une caste privilégiée, à qui la -force de la vérité vient après une longue suite de siècles d’arracher l’aveu bien important «qu’ils n’avaient jamais vécu que de nos erreurs lTa SÉRIE. T. LXXXII. et de leurs impostures, avaient donné à votre antique cité le titre fastueux de Ville Sainte. Vous voulez en mériter aujourd’hui un autre bien plus utile, et dont vous êtes plus jaloux, celui de commune patriote; rien ne vous coûtera pour vous montrer dignes de cette honorable dénomination, Continuez à peupler nos fron¬ tières de vos généreux défenseurs, à combattre le fanatisme et la superstition; vos triomphes sur les préjugés religieux et vos sacrifices multi¬ pliés, sont les moyens les plus efficaces de vous assurer des droits à l’honneur que vous solli¬ citez : celui d’obtenir de la Convention natio¬ nale le témoignage que votre commune a bien mérité de la patrie. Suit le texte des arrêtés du représentant du peuple Petitjean, d’après un document im¬ primé (1). Arrêtés du représentant du peuple Petit¬ jean, ET DES AUTORITÉS CONSTITUÉES -DE VlENNE-LA-PATRIOTE, CONTENANT LA NOMEN¬ CLATURE DES EMPRUNTS FORCÉS, ENSEMBLE CELLE DES DONS VOLONTAIRES, DU 27 BRU¬ MAIRE DERNIER. En suite du décret prononcé dans la séance du 6 de ce mois, portant qu’il n’y aura qu’une paroisse et une succursale dans la commune de Vienne, le représentant du peuple Petitjean, soussigné, pour l’exécution dudit décret, arrête que toutes les églises où se faisaient des céré¬ monies du culte, seront de suite fermées, à la diligence du procureur syndic du district, qui demeure chargé de faire enlever des mêmes églises qui seront fermées en exécution de la loi, les vases d’or, d’argent, les ornements et les cloches, pour être le tout déposé au district, envoyer les matières d’or et d’argent à la tré¬ sorerie nationale et les autres objets vendus comme biens nationaux, sauf le métal des cloches, qui sera employé à la faction (sic J des canons nécessaires à la République. Sera le présent arrêté, transcrit sur les registres du directoire, transmis à la municipa¬ lité; ampliation en sera remise au représentant. A Vienne, ce 23 brumaire, an II de la Répu¬ blique française, une et indivisible. Signé : Petitjean. Du 27 brumaire, deuxième année de la Répu¬ blique française une et indivisible, dans la (1) Archives nationales, carton AFii, n° 111, plaquette 833, pièce 19. Le procès-verbal de la Convention de la séance du 3 nivôse (t. 28, p. 59) « ne fait allusion qu’à l’arrêté établissant une taxe sur les riches et à celui portant création d’un hospice pour les pauvres; mais, en réalité, Petitjean a tait imprimer avec ces deux arrêtés trois autres pièces que le procès-verbal passe sous silence et que nous n’avons pas cru devoir supprimer du document-original, parce que les cinq pièces forment un tout. Dans la séance du 6 nivôse an II (P. V., t. 28, p. 1 1 1) se trouve mentionnée une lettre dans laquelle Petitjean annonce le départ pour Paris d’une délé¬ gation chargée de déposer, sur le bureau de la Con¬ vention, l’or et l’argenterie des églises de Vienne, et en même temps de communiquer à l'Assemblée les arrêtés pris par lui. C’estpréÇjsément cette délé¬ gation qui est admise à la barre dans la séance du 3 nivôse. 13 19A [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES; I 3 ÿytao an. Il J (23 decenibi e i iffi maison commune de Vienne,. où était assemblé te couse® général dé la même commune» et dans sa séance’ de l’après-midi; Le citoyen Petitjean, représentant du peuple, enroyé par la Convention nationale dans les départements de l’Isère, l’Ain, Ehône-et-Loire et le Mont-Blanc, présent à la séance, a dit : « Citoyens, j’ai été instruit que l’exécution de l’arrêté que j’ai pris le 23 du présent mois, et qui tous a été confiée par T Administration du district» a produit à la République une assez grande quantité de mares d’argent; qu’indé-pendamment de For et de l’argenterie massifs, rl existe encore des habillements d’arlequins ou ornements d’église, dont le tissu en. or et. en argent présente une valeur considérable; je viens donc vous proposer de faire l’envoi à la Convention nationale de ces trésors qui, jus¬ qu’à présent, ont servi à satisfaire le luxe qui vous trompait; et toujours occupée du bonheur du peuple, elle en fera un usage différent, en F appliquant à la défense de notre liberté. » Les applaudissements de l’assemblée ont annoncé au représentant du peuple qu’il1 n’avait fait que prévenir le vœu de la commune; et l’envoi du tout a été arrêté à Funanimité. Le représentant du peuple ayant ensuite dit qu’il avait été instruit que dans l’église conser¬ vée pour succursale, on avait aujourd’hui affiché le grand cérémonial par une illumina¬ tion, même par des signes extérieurs ; que cette fête était contre l’ordre, attendu que ce jour était, par l’ère républicaine, un jour destiné au travail; il a proposé à la municipalité, pour faire cesser ces scènes scandaleuses, d’ arrêter : 1° Que les marchands de cette commune, de toute espèce» fussent obligés d’ouvrir leurs bou¬ tiques tous les jours de chaque décade, à l’excep¬ tion du décadi, jour seulement où il leur serait libre de les fermer; 2° Qu'il fût défendu aux ministres de tous les cultes, de faire aucune cérémonie publique de leur religion avec des signes extérieurs, pendant tous tes jours de chaque décade; qu’il fût seu-ement permis, chaque décadi, aux sectaires des différents cultes, d’indiquer leur assemblée dans leur temple respectif, et de s’y réunir pai-siblemenr. ; * 3° Que la commune changeât l’indieation de ses séances, en prenant pour base l’ère républi¬ caine; lesquelles séances ont de suite été fixées aux quintidi et décadi de chaque décade; 4° Qu’elle en fît de même à l’égard des mar¬ chés qui se tiennent dans la commune de Vienne, lesquels ont aussi de suite été fixés à trois par décade, qui sont indiqués aux tridi, sextidi et nonodi de chaque décade; 5° Qu’elle arrête également qn les institu¬ tions publiques fixeront le jour ». . repos à .chaque décadi; que tous les antres jours fussent indistinctement employés à l’édueation des jeunes républicains, sauf aux instituteurs à se concerter avec la commune sur un jour ou demi-jour de vacance par chaque décade, néanmoins d’après une nécessité reconnue. Tous les objets, adoptés à Funanimité, ont été définitivement arrêtés, et qu’il sera fait, au nom de la commune et du représentant du peuple, une proclamation pour F annoncer au public; laquelle sera imprimée en nombre d.’ exemplaires suffisant, affichée, envoyée dans toutes les communes du district et du départe¬ ment de l’Isère, et dans les autres communes circonvoisines ; 6° Enfin, le représentant» instruit qu’il existait mie' grande quantité de titres de féoda¬ lité» déposés à la commune depuis le 10 août dernier, et non brûlés, a proposé de te» faire brûler le jour de la fête de la liberté. Cette der¬ nière proposition a également été adoptée à Funanimité. Le représentant, terminant, a observé que c’était l’heure de l’ouverture des. séances de la Société populaire, a invité 1e conseil général à s’y rendre, et d’y annoncer les arrêtés qui viennent d’être pris, et à engager les membres de cette Société; à partager là fête projetée. Le représentant du peuple a signé avec les délibérants. Petitjean, représentant du peuple; Theve-nin-Dulac, maire; Rigolliek, Bonin, Lambebx, Lezeb, Tripier, Almbras, Po-LEYNARD, DELORME, PAULIN, PlCHAT-Belair» officiers municipaux; Donnât: aîné, Gervauz, Coghard, Roux, Reynaud, Bouthier aîné, Dambuyant, Duclos, Riondet, Romand» Lorioe, Moro, Ge-melas, Lefebvre, Boissat, notables; Ar¬ mand Villars, procureur de la commune; Recobrd'ON, substitut; Benatru, secré¬ taire. Proclamation. Au nom de la République française. En vertu de la loi, et en suite des arrêtés pris par te citoyen Petitjean, représentant du peuple envoyé par la Convention nationale dans les départements de F Isère et antres, et les officiers municipaux et notables composant le conseil général de la commune de Vienne, en séance publique, le septidi de la troisième décade du mois brumaire de Fan II de la République fran¬ çaise, une et indivisible, et le 1er de la mort du tyran, il est ordonné ee qui suit : Art.. 1er, « L’or et l’argenterie massifs, recueillis dans les églises et chapelles supprimées de la ville de Vienne, ceux des chapelles des hôpitaux, des pénitents et toutes les autres chapelles particu¬ lières, ainsi que ceux qui proviendront des ha¬ billements d’arlequins, ou ornements d’église (vieux style) qui seront brûlés, seront pesés et envoyés à la Convention nationale pour être employés au besoin de la République; et à cet envoi, qui sera fait incessamment, sera joint c lui qui proviendra des dons faits à la Répu¬ blique, qui sera pesé séparément. Art. 2. « Les marchands de la ville d ■ Vienne, de toute espèce de commerce, seront tenus, à compter de ce jour, d’ouvrir leurs boutiques tous les jours de chaque décade, a l’exception du décadi, où il sera libre à ceux qui 'le voudront,. de Les tenir fermées, à peine de 50 livres d’amende pour la première fois, et, en cas de récidive, d’une amende double, d’être déclarés suspects,. et comme tels, renfermés jusqu’à la paix. ICoimmtiûij iirilionulBi J ABGUIME& PARLEMENïAfltES.. *86 Art. 3. « II est: défendu aux. ministres, de tous 10 cultes d’exercer aucunes cérémonies publiques de-leur religion pendant tous les jours de tra¬ vail, des chaque, décade* às peine de 500 livres d’amende pour la première fois, en cas de réci¬ dive, d’une amende double, d’être déclarés sus¬ pects, et comme tels enfermés jusqu’à la paix; il est. seulement: permis: aux citoyens de chaque religion de s’assembler, chaque décade, dans leurs temples respectifs, et d’y exercer paisi¬ blement les cérémonies de leur, culte. Art. 4. « Les séances du conseil général de la com¬ mune de Vienne se tiendront à l’avenir publi¬ quement deux' fois chaque décade, savoir les quintidi et décadi de chacune. Art. 5. « Les marchés publics pour la vente des.grains et autres comestibles, qui se tenaient, lors, de L’èEe vulgaire, deux fois par semaine (vieux style), auront lieu trois fois aussi par décade, les tridi, sextidi et nonodi de chacune; seront les citoyens, dont les grains sont en réquisition, tenus de les porter ou faire porter aux marchés qui leur sont indiqués pour les jours ci-devant fixés, sous les peines portées par la loi en cas de refus. Art. 6. « Les instituteurs préposés à l'éducation de la jeunesse républicaine auront un congé fixe et irrévocable chaque décadi; quant aux congés dans le cours de la décade qui seront jugés nécessaires, les instituteurs seront tenus dé se concerter avec le conseil général de la com¬ mune, pour les fixer invariablement, soit par jours ou demi jours, déterminés par chaxpie décade. » Vive la Bépubligue ! A Vienne, le septidî de la troisième décade du mois brumaire, de l’an II de la République française, une et indivisible, et le Ier de la mort du tyran. Signé : Petitjean, représentant du peuple; Thévenin-Dueac, maire; Rigollier, Bo¬ nin, Lambert, Proust, Delorme, Paulin, Tripier, Lezer, Armeras, Poleynard, Fichât, officiers municipaux; Botssat, Leeebvre, Loriol, Bguthier, Reynaud, DEMELAS, ROMANS, VlELARS,. G ER VAUX. notables; Velears, procureur de la com¬ mune; Benatru, secrétaire. Sera le présent arrêté: imprimé, publié et affiché dans la ville et district de Vienne, dans les communes voisines-de quatre à. cinq lieues de ladite ville de Vienne, soit qu’elles, dépendent du département de l’Isère ou de tous autres dé¬ partements voisins, poux y. être exécuté. A Vienne, les jour et an-q(ue devant. Signé : Petitjean, représentant du peuple. Eicfrait' dès registres diit consmV général 1 de la commune de Vienne ; Le conseil: général ayant délibéré, dans sa séance du 27 brumaire, de célébrer une fêté-en l’honneur de la liberté, lé troisième: décadi du même mois, ellfe a été annoncée, dès les sept heures du matin, par une salve d’artillferie-dé 22 coups de canon tirés au Chainp-de-M-ars. A 11 heures 1/4", le représentant dit peuplé Petitjean, les administrateurs du district, lès membres des tribunaux, etc., se sont rendus, précédés dé la musique et d’un détachement de la garde, nationale, sur la place de là Liberté, où les grenadiers de la Côte-d’Or, eu garnison à Vienne,, la garde nationale, l‘a gendarmerie et plus de trente cavaliers, étaient sous lés-armes. Le cortège est parti immédiatement après our se rendre au Champ-de-Mars, par l’allée è Romestang.;, trois canons ouvraient la marche; ils étaient suivis de la compagnie’ dès vétérans, armés de piques et d’un détachement dé troupes ; deux sans -culottes, pantalon, veste et bonnet rouges, portant chacun une massue, précédaient la musique; le représentant dù peuple, escorté du vice-président de l’ Adminis¬ tration du district et du maire, étaient à la tête des membres du district, de-la commune; des tribunaux, du comité de surveillànoe; etc., qui défilaient quatre à quatre; la marche était fer¬ mée : 1° par la troupe à pied; 2°' par celle à cheval, à la tête de laquelle était le fils de Petit¬ jean; 3° par la gendarmerie nationale. Parvenu au Champ-de-Mars, un peuple-im¬ mense. était répandu sur ce vaste local ; au milieu paraissait l’arbre de la féodalité, autour duquel étaient amoncelés un grand nombre de titres, restes impurs de ce fléau qui a dévoré pendant des siècles les fruits des pénibles travaux des Français. Des bonnets carrés, des tableaux, des crosses, tons ces' hochets de la superstition et du despotisme* faisaient le couronnement du bûcher. A l’extrémité de deux longues files: de tables, dans* F enceinte d’un demi-cercle formé par deux rangs d’arbres; était placé l’édifice allégorique à cette fête. H représentait une montagne fertile, couverte d’arbres vigoureux et de plantes rares; de cette montagne tombait une source abondante' et pure,, formant cascade. Sur son sommet était élevée la statue de la Liberté, tenant de sa main-droite la pique sur¬ montée du bonnet, s’appuyant de 1a gauche sur un faisceau d’armes et foulant à ses pieds ,( l’aristocratie. De droite et de gauche étaient placés deux trépieds antiques, garnis-de leurs cassolettes; où brûlaient des parfums odoriférants. A la base de la montagne, était adapté (sie) un stylbbate d’un genre simple, décoré en ver¬ dure; lés deux extrémités formaient avant-corps; sur lesquelles étaient placé» des pots à-feu, et, sur l’ arrière-corps, une tête-de Minerve avec; ses attributs, par laquelfe découlait l’eau qui-des¬ cendait de la montagne et tombait dan» ua bassin destiné à la recevoir, placé à niveau du sol du Champ-de-Mars, et où on y lisait l’ins¬ cription suivante : Source pure,, heureuse et féconde,, Enfant, de notre liberté,. Bientôt l’univers enchanté Viendra s’enivrer de ton. onde,