SÉANCE DU 2 MESSIDOR AN II (20 JUIN 1794) - Nos 33-34 43 nus avant le 14 frimaire, sauf à les remplacer en faveur de ceux qui en seront jugés dignes. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au comité de législation (1) . [ Grenoble , s.d.] (2). « Représentants. En décrétant que tous les fonctionnaires publics et pensionnaires de la patrie seraient obligés d’être nantis d’un certificat de civisme vous voulûtes récompenser les amis du Peuple et ne confier le char de la Révolution qu’a des mains pures; mais l’intrigue se revet de toutes les formes. L’homme souple, adroit, qui sous un patriotisme aparent n’est souvent qu’un Conspirateur, a pu surprendre des commîmes faibles ou ignorantes. Ces certificats ont été prodigués. Livrez la guerre aux fripons, décrétez que tous les certificats de Civisme obtenus avant le 14 frimaire sont annullés, sauf a être remplacés, si ceux qui en sont porteurs sont jugés dignes d’en obtenir de nouveaux. Décrétez — encore — qu’a l’avenir les certificats de Civisme devront être visés tous les trois mois par les conseils Généraux des Commîmes, vous entretiendrez le zèle des fonctionnaires et ferez trembler les prévaricateurs : les masques tomberont. L’opinion publique sera la sauvegarde des hommes probes, des patriotes purs, pour les intriguants et les fripons, la foudre et le néant. Vive la Republique, Vive la Convention nationale » ! Giroud (off. mun.) , Dumas (maire) , Clement (off. mun.) , Bernard (off. mun.) , Mazet (notable) , Capdevielle (notable) , Chavant (notable), Barroil (secret, agent nat.), Camille Jeipeire (agent nat.) [et 4 signatures illisibles]. [Extrait des registres de la Sté des Jacobins de Grenoble, 26 prair. II]. La Société après avoir entendu la lecture de l’adresse cy-dessus s’est empressée de l’adopter et d’y ajouter son vœu pour obtenir de la Convention nationale le decret qui lui est proposé par le Conseil Général de la commune. [3 signatures illisibles]. 33 La société populaire de la commune de Villiers-le-Bel applaudit au décret qui a renversé l’échafaudage de l’athéisme. La simplicité, la gaieté ont été les ornemens de la fête consacrée à FEtre-Suprême, qu’ils ont célébrée; elle ajoute que si jamais les vils mercenaires des tyrans de l’Europe étoient encore assez téméraires pour attenter à la représentation nationale, l’instant de son danger seroit le signal qui la feroit voler à son secours. Mention honorable et insertion au bulletin (3) . G) P.V., XL, 38. M.U., XLI, 41. (2) D III 117, doss. 1. (3) P.V., XL, 38. [Villiers-le-Bel, s.d.] (1). « Citoyens representans Vous avez reconnu l’immortalité de l’ame vous l’avez décrété; et a ce signal imposant le monstre infernal de l’atheisme est rentré dans son antre d’ou il n’etoit sorti que pour la destruction de la morale la plus epurée et pour la honte du genre humain. Que devenoit en effet dans son sistème depradateur vos sublimes préceptes, sinon une chimère et l’anthousiasme de la liberté une ridicule ! Mais vous etiez la; et un seul de vos decrets a dissipé tous ces vains prestiges; aussi la Republique entière s’est elle empressée d’applaudir a votre bienfaisante energie; a peine votre decret nous est il parvenu que moins occupés de vous en témoigner notre reconnoissance que de rendre a l’Etre Suprême nos premiers hommages; nous nous sommes d’abord occupés de rassembler sous les banieres cheries de la Republiques nos vertueux campagnards que nous avons vu avec la satisfaction la plus touchante porter eux-mêmes vers la divinité des hommages qu’elle n’avoit droit de recevoir que des mains impures de ses ministres souillés de crimes. Nous ne vous parlerons point de notre fête nous nous contenterons de vous apprendre que la simplicité et la guaité villageoise etoit un de ses plus beaux ornemens et que ses plus belles hymnes etoient les refreins mille fois répétés de vive la République vive la Convention, hommage a l’étre suprême. Ce sont ces mêmes refreins que la société populaire de Villiers le Bel nous a chargés de vous repeter en vous assurant que si jamais les vils mercenaires des tyrans de L’Europe etoient encore assez téméraire pour oser attenter a la représentation nationale l’instant de son danger seroit le signal qui nous feroit voler a son secours. S. et F. ». J. Pierre ( présid .), Petit (vice-présid.) , Barbier (secrét.) . 34 La commune de Montagne - sur - Mer (2) adresse à la Convention les discours prononcés par les agens du district, de la commune, le jour de la fête consacrée à l’Etre-Suprême. Non-seulement ils renferment les principes qui font aimer la vertu, mais cette philosophie encore propre à répandre les lumières de la raison et à détruire les derniers efforts du fanatisme et de la superstition. Insertion au bulletin, et renvoi au comité d’instruction publique (3) . [Discours prononcé par le présid. du distr. 20 prair. Il] (4). « Citoyens, Il est donc arrivé ce Jour tant désiré par la Philosophie où le Peuple François régénéré par (1) C 309, pl. 1202, p. 12. (2) Ci-dev* Montreuil. (3) P.V., XL, 38. Bin, 4 mess. (4) F 1 c 111, Pas-de-Calais, 14. Imprimé par l’Imprimerie des Associés, à Montagne-sur-Mer. SÉANCE DU 2 MESSIDOR AN II (20 JUIN 1794) - Nos 33-34 43 nus avant le 14 frimaire, sauf à les remplacer en faveur de ceux qui en seront jugés dignes. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au comité de législation (1) . [ Grenoble , s.d.] (2). « Représentants. En décrétant que tous les fonctionnaires publics et pensionnaires de la patrie seraient obligés d’être nantis d’un certificat de civisme vous voulûtes récompenser les amis du Peuple et ne confier le char de la Révolution qu’a des mains pures; mais l’intrigue se revet de toutes les formes. L’homme souple, adroit, qui sous un patriotisme aparent n’est souvent qu’un Conspirateur, a pu surprendre des commîmes faibles ou ignorantes. Ces certificats ont été prodigués. Livrez la guerre aux fripons, décrétez que tous les certificats de Civisme obtenus avant le 14 frimaire sont annullés, sauf a être remplacés, si ceux qui en sont porteurs sont jugés dignes d’en obtenir de nouveaux. Décrétez — encore — qu’a l’avenir les certificats de Civisme devront être visés tous les trois mois par les conseils Généraux des Commîmes, vous entretiendrez le zèle des fonctionnaires et ferez trembler les prévaricateurs : les masques tomberont. L’opinion publique sera la sauvegarde des hommes probes, des patriotes purs, pour les intriguants et les fripons, la foudre et le néant. Vive la Republique, Vive la Convention nationale » ! Giroud (off. mun.) , Dumas (maire) , Clement (off. mun.) , Bernard (off. mun.) , Mazet (notable) , Capdevielle (notable) , Chavant (notable), Barroil (secret, agent nat.), Camille Jeipeire (agent nat.) [et 4 signatures illisibles]. [Extrait des registres de la Sté des Jacobins de Grenoble, 26 prair. II]. La Société après avoir entendu la lecture de l’adresse cy-dessus s’est empressée de l’adopter et d’y ajouter son vœu pour obtenir de la Convention nationale le decret qui lui est proposé par le Conseil Général de la commune. [3 signatures illisibles]. 33 La société populaire de la commune de Villiers-le-Bel applaudit au décret qui a renversé l’échafaudage de l’athéisme. La simplicité, la gaieté ont été les ornemens de la fête consacrée à FEtre-Suprême, qu’ils ont célébrée; elle ajoute que si jamais les vils mercenaires des tyrans de l’Europe étoient encore assez téméraires pour attenter à la représentation nationale, l’instant de son danger seroit le signal qui la feroit voler à son secours. Mention honorable et insertion au bulletin (3) . G) P.V., XL, 38. M.U., XLI, 41. (2) D III 117, doss. 1. (3) P.V., XL, 38. [Villiers-le-Bel, s.d.] (1). « Citoyens representans Vous avez reconnu l’immortalité de l’ame vous l’avez décrété; et a ce signal imposant le monstre infernal de l’atheisme est rentré dans son antre d’ou il n’etoit sorti que pour la destruction de la morale la plus epurée et pour la honte du genre humain. Que devenoit en effet dans son sistème depradateur vos sublimes préceptes, sinon une chimère et l’anthousiasme de la liberté une ridicule ! Mais vous etiez la; et un seul de vos decrets a dissipé tous ces vains prestiges; aussi la Republique entière s’est elle empressée d’applaudir a votre bienfaisante energie; a peine votre decret nous est il parvenu que moins occupés de vous en témoigner notre reconnoissance que de rendre a l’Etre Suprême nos premiers hommages; nous nous sommes d’abord occupés de rassembler sous les banieres cheries de la Republiques nos vertueux campagnards que nous avons vu avec la satisfaction la plus touchante porter eux-mêmes vers la divinité des hommages qu’elle n’avoit droit de recevoir que des mains impures de ses ministres souillés de crimes. Nous ne vous parlerons point de notre fête nous nous contenterons de vous apprendre que la simplicité et la guaité villageoise etoit un de ses plus beaux ornemens et que ses plus belles hymnes etoient les refreins mille fois répétés de vive la République vive la Convention, hommage a l’étre suprême. Ce sont ces mêmes refreins que la société populaire de Villiers le Bel nous a chargés de vous repeter en vous assurant que si jamais les vils mercenaires des tyrans de L’Europe etoient encore assez téméraire pour oser attenter a la représentation nationale l’instant de son danger seroit le signal qui nous feroit voler a son secours. S. et F. ». J. Pierre ( présid .), Petit (vice-présid.) , Barbier (secrét.) . 34 La commune de Montagne - sur - Mer (2) adresse à la Convention les discours prononcés par les agens du district, de la commune, le jour de la fête consacrée à l’Etre-Suprême. Non-seulement ils renferment les principes qui font aimer la vertu, mais cette philosophie encore propre à répandre les lumières de la raison et à détruire les derniers efforts du fanatisme et de la superstition. Insertion au bulletin, et renvoi au comité d’instruction publique (3) . [Discours prononcé par le présid. du distr. 20 prair. Il] (4). « Citoyens, Il est donc arrivé ce Jour tant désiré par la Philosophie où le Peuple François régénéré par (1) C 309, pl. 1202, p. 12. (2) Ci-dev* Montreuil. (3) P.V., XL, 38. Bin, 4 mess. (4) F 1 c 111, Pas-de-Calais, 14. Imprimé par l’Imprimerie des Associés, à Montagne-sur-Mer. 44 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE son courage ne connoit plus d’intermédiaires entre le ciel et la terre, entre l’Etemel et lui. Enfin le voile est déchiré, le prestige est dissipé, l’erreur a disparu et l’auguste vérité trop longtems détrônée par le mensonge, reçoit dans tout ce vaste empire des hommages dignes d’elle. Ce n’est plus au Dieu des prêtres que nous élevons des Autels... ! C’est au Dieu de la nature; à ce Dieu de charité et de bienfaisance qui remplit l’univers de sa puissance et de sa gloire; qui éclaire nos Législateurs, féconde nos Campagnes, démasque les traîtres et marque tous les mouvemens de nos Armées par autant de Victoires, à ce Dieu fondateur des Républiques, qui fit l’Egalité, voulut la Liberté et qui ne perdit l’existence avilie des brigands couronnés, que pour laisser aux âges futurs le souvenir de l’ignorance, de la corruption et de la barbarie des siècles qui ont précédés la révolution française. Loin de nous ce travestissement sacerdotal et ces déhors pompeux qui ne tendroient encore qu’à en imposer aux yeux du Peuple trop longtems abusé... ! un extérieur modeste et l’allégresse d’un cœur pur, voilà le seul préparatif nécessaire à cette Fête; voilà le plus bel hommage que nous puissions rendre à ce grand Etre dont tout ce qui nous entoure célèbre l’existence. Aux pratiques superstitieuses d’une dévotion stérile et mensongère, nous substituerons d’imposantes réalités, nous mettrons la morale en action : la Femme cédant à la force de l’habitude, n’enorgueillera plus un discret coenobite, en l’instruisant des foiblessses de son sexe; elle donnera par-tout l’exemple de la pudeur et fera connoître qu’elle est convaincue que la foi conjugale ne sauroit être un vain mot : la Fille imitera les vertus de sa mère; le Fils respectera son père; il sera le soutien et l’ornement de sa vieillesse; foulant aux pieds les premières notions du bon sens, il ne sacrifira plus stupidement pour ce qu’on appelloit foi catholique... ! mais il versera généreusement son sang pour cimenter l’édifice de notre Constitution et il se plaira à répéter : qu’après la Patrie, son cœur et tout son être appartiennent à l’auteur de ses jours... ! au lieu de livrer les enfans aux horreurs de la solitude en les précipitant dans l’obscurité d’un cloître, la tendresse paternelle entendra la voix de la nature : elle rapprochera ces enfants de leurs semblables; elle leur apprendra que l’homme est né pour la Société, qu’aucun dévouement n’est agréable au Ciel qu’autant qu’il est utile à la terre; et que désormais, ils ne doivent plus compter les instans de leur vie, que, par les coups qu’ils porteront à la tyrannie et par les services rendus à la chose publique — De graves discussions Théologiques n’occuperont plus le loisir de nos écoles... ! mais nous nous étudierons à devenir meilleurs; mais nous discuterons les droits de l’homme; et nous serons tous unis par les liens de la concorde et de la Fraternité; nous n’entendrons plus le langage hilrogliphe des pseaumes... ! mais nous irons essuyer les larmes de l’Humanité souffrante; mais nous entendrons les bénédictions des heureux que nous aurons faits et nous entonnerons des Hymnes à la Liberté... ! Abhorrons ces principes monstrueux d’une doctrine aride, qui, confondant les destinées du vice et de la vertu, ouvroit la porte à toutes les dissolutions, déchainoit tous les crimes et appelloit au sein de la Société tous les fléaux et toutes les calamités... ! livrons nous à des idées plus utiles, plus consolantes et plus douces... à des idées qui élèvent le sentiment, qui agrandissent les âmes, qui consolent les malheureux et qui ne commandent les belles actions que pour les couronner. L’on a voulu tout renverser et tout perdre par la corruption ! consolidons l’Edifice de notre Liberté naissante, par la pratique des devoirs de l’homme; partout où des conspirateurs ont répandu le poison de l’athéisme, précédés du flambeau de la Raison, volons-y répandre les salutaires maximes de l’existance de l’Etre Suprême et de l’immortalité de l’âme. Non, ce n’est point en vain que l’Architecte du Monde a fait naître dans nos Cœurs le désir toujours renaissant d’exister même au delà des saisons et des tems... ! que cela nous suffise : nos âmes sont immortelles... ! Célébrons donc avec enthousiasme la Fête de la Divinité; élevons nous tous à la source de notre Etre; reconnoissons que c’est de son inépuisable sein que découle sur la terre tout ce qui est bon et j uste... ! admirons la grandeur de l’Etre Suprême; portons avec complaisance nos regards vers le trône de sa Gloire; rendons à l’envie un hommage éclatant à sa toute puissance et à son immense Bonté, et que toutes nos voix confondues frappent la voûte des Cieux du cri chéri de tout homme vertueux : Vive à jamais la République... ! [2e discours prononcé par Poultier, agent nat.J. « Chers Concitoyens, Dans ce jour mémorable, en cet instant même, la France entière, le plus Puissant des Empires, ne forme plus qu’une famille de Frères et d’amis. Conquérans de leur Liberté, tous sont élevés pour en rendre des actions de grâce à l’auteur de tous les êtres, à l’Etre Suprême ! Ce lever unanime de tout un peuple régénéré qui rend Hommage à l’existance d’un Dieu, fera le désespoir des despotes coalisés contre son bonheur. Ils avoient stipendiés des scélérats pour allumer parmi vous une. guerre civile de religion; mais la sage, l’active prévoyance de vos Repré-sentans a découvert leurs complots, et fait tomber leurs têtes sous le fer vengeur de la justice. Ces Augustes Représentans ont solemnellement proclamé et reconnu l’existance de l’Etre Suprême, et l’immortalité de l’âme, ils ont aussi maintenus par la même Loi la Libertés des Cultes. L’on ne pouvoit chers Concitoyens, concourir plus efficacement au bonheur politique d’un état libre. Des hommes purs loin de craindre la justice d’une Divinité bienfaisante, la désirent; des cœurs vertueux ont le besoin de leur existence immortelles, elle charme la douleur et l’espérance de l’Humanité souffrante. La Liberté des Cultes n’est pas moins utile au prompt établissement qu’à l’Heureux maintien des Mœurs. Une providence active est reconnue dans tous les Cultes; les individus s’y conduisent par l’attrait de la conscience; cet instint Divin, Ce juge infaillible du bien et du mal dont la voix secrète mais impérieuse parle au cœur la nuit comme le jour. 44 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE son courage ne connoit plus d’intermédiaires entre le ciel et la terre, entre l’Etemel et lui. Enfin le voile est déchiré, le prestige est dissipé, l’erreur a disparu et l’auguste vérité trop longtems détrônée par le mensonge, reçoit dans tout ce vaste empire des hommages dignes d’elle. Ce n’est plus au Dieu des prêtres que nous élevons des Autels... ! C’est au Dieu de la nature; à ce Dieu de charité et de bienfaisance qui remplit l’univers de sa puissance et de sa gloire; qui éclaire nos Législateurs, féconde nos Campagnes, démasque les traîtres et marque tous les mouvemens de nos Armées par autant de Victoires, à ce Dieu fondateur des Républiques, qui fit l’Egalité, voulut la Liberté et qui ne perdit l’existence avilie des brigands couronnés, que pour laisser aux âges futurs le souvenir de l’ignorance, de la corruption et de la barbarie des siècles qui ont précédés la révolution française. Loin de nous ce travestissement sacerdotal et ces déhors pompeux qui ne tendroient encore qu’à en imposer aux yeux du Peuple trop longtems abusé... ! un extérieur modeste et l’allégresse d’un cœur pur, voilà le seul préparatif nécessaire à cette Fête; voilà le plus bel hommage que nous puissions rendre à ce grand Etre dont tout ce qui nous entoure célèbre l’existence. Aux pratiques superstitieuses d’une dévotion stérile et mensongère, nous substituerons d’imposantes réalités, nous mettrons la morale en action : la Femme cédant à la force de l’habitude, n’enorgueillera plus un discret coenobite, en l’instruisant des foiblessses de son sexe; elle donnera par-tout l’exemple de la pudeur et fera connoître qu’elle est convaincue que la foi conjugale ne sauroit être un vain mot : la Fille imitera les vertus de sa mère; le Fils respectera son père; il sera le soutien et l’ornement de sa vieillesse; foulant aux pieds les premières notions du bon sens, il ne sacrifira plus stupidement pour ce qu’on appelloit foi catholique... ! mais il versera généreusement son sang pour cimenter l’édifice de notre Constitution et il se plaira à répéter : qu’après la Patrie, son cœur et tout son être appartiennent à l’auteur de ses jours... ! au lieu de livrer les enfans aux horreurs de la solitude en les précipitant dans l’obscurité d’un cloître, la tendresse paternelle entendra la voix de la nature : elle rapprochera ces enfants de leurs semblables; elle leur apprendra que l’homme est né pour la Société, qu’aucun dévouement n’est agréable au Ciel qu’autant qu’il est utile à la terre; et que désormais, ils ne doivent plus compter les instans de leur vie, que, par les coups qu’ils porteront à la tyrannie et par les services rendus à la chose publique — De graves discussions Théologiques n’occuperont plus le loisir de nos écoles... ! mais nous nous étudierons à devenir meilleurs; mais nous discuterons les droits de l’homme; et nous serons tous unis par les liens de la concorde et de la Fraternité; nous n’entendrons plus le langage hilrogliphe des pseaumes... ! mais nous irons essuyer les larmes de l’Humanité souffrante; mais nous entendrons les bénédictions des heureux que nous aurons faits et nous entonnerons des Hymnes à la Liberté... ! Abhorrons ces principes monstrueux d’une doctrine aride, qui, confondant les destinées du vice et de la vertu, ouvroit la porte à toutes les dissolutions, déchainoit tous les crimes et appelloit au sein de la Société tous les fléaux et toutes les calamités... ! livrons nous à des idées plus utiles, plus consolantes et plus douces... à des idées qui élèvent le sentiment, qui agrandissent les âmes, qui consolent les malheureux et qui ne commandent les belles actions que pour les couronner. L’on a voulu tout renverser et tout perdre par la corruption ! consolidons l’Edifice de notre Liberté naissante, par la pratique des devoirs de l’homme; partout où des conspirateurs ont répandu le poison de l’athéisme, précédés du flambeau de la Raison, volons-y répandre les salutaires maximes de l’existance de l’Etre Suprême et de l’immortalité de l’âme. Non, ce n’est point en vain que l’Architecte du Monde a fait naître dans nos Cœurs le désir toujours renaissant d’exister même au delà des saisons et des tems... ! que cela nous suffise : nos âmes sont immortelles... ! Célébrons donc avec enthousiasme la Fête de la Divinité; élevons nous tous à la source de notre Etre; reconnoissons que c’est de son inépuisable sein que découle sur la terre tout ce qui est bon et j uste... ! admirons la grandeur de l’Etre Suprême; portons avec complaisance nos regards vers le trône de sa Gloire; rendons à l’envie un hommage éclatant à sa toute puissance et à son immense Bonté, et que toutes nos voix confondues frappent la voûte des Cieux du cri chéri de tout homme vertueux : Vive à jamais la République... ! [2e discours prononcé par Poultier, agent nat.J. « Chers Concitoyens, Dans ce jour mémorable, en cet instant même, la France entière, le plus Puissant des Empires, ne forme plus qu’une famille de Frères et d’amis. Conquérans de leur Liberté, tous sont élevés pour en rendre des actions de grâce à l’auteur de tous les êtres, à l’Etre Suprême ! Ce lever unanime de tout un peuple régénéré qui rend Hommage à l’existance d’un Dieu, fera le désespoir des despotes coalisés contre son bonheur. Ils avoient stipendiés des scélérats pour allumer parmi vous une. guerre civile de religion; mais la sage, l’active prévoyance de vos Repré-sentans a découvert leurs complots, et fait tomber leurs têtes sous le fer vengeur de la justice. Ces Augustes Représentans ont solemnellement proclamé et reconnu l’existance de l’Etre Suprême, et l’immortalité de l’âme, ils ont aussi maintenus par la même Loi la Libertés des Cultes. L’on ne pouvoit chers Concitoyens, concourir plus efficacement au bonheur politique d’un état libre. Des hommes purs loin de craindre la justice d’une Divinité bienfaisante, la désirent; des cœurs vertueux ont le besoin de leur existence immortelles, elle charme la douleur et l’espérance de l’Humanité souffrante. La Liberté des Cultes n’est pas moins utile au prompt établissement qu’à l’Heureux maintien des Mœurs. Une providence active est reconnue dans tous les Cultes; les individus s’y conduisent par l’attrait de la conscience; cet instint Divin, Ce juge infaillible du bien et du mal dont la voix secrète mais impérieuse parle au cœur la nuit comme le jour. SÉANCE DU 2 MESSIDOR AN II (20 JUIN 1794) - Nos 35-36 45 Quiconque s’attend d’être anéanti à la mort ne peut atteindre à un degré de Républicanisme solide; il est par principe un égoïste, un violateur des droits d’autrui, il est un ennemi des mœurs et de sa Patrie; C’est en agissant sur l’âme, la source de l’amour des Arts et de celui de la Liberté que les fondateurs des Républiques Grecques naturalisèrent au milieu d’elles les sentimens de grandeur et de courage auxquels ils durent tant de succès. Ce fût, chers Concitoyens, par leurs sublimes institutions qu’ils firent germer dans le cœur de tous les Citoyens cet Amour Sacré de la Patrie, le puissant mobile des vertus Républicaines. Imitez les, cultivez comme eux les arts et les sciences; c’est au flambeau de la Philosophie et de la Raison que s’est allumé parmi vous le feu du patriostisme, qu’il y soit inextinguible. Les Arts répandent leurs bienfaits sur ceux qui les aiment, ils marchent environnés de l’Union et de la Concorde; ces Divinités mêlent au Laurier qui les ombrage, l’Olivier de la Fraternité, de la Paix et de la Justice. C’est pour vous en faire connoître les charmes et les douceurs, c’est pour vous en faire chérir et pratiquer les devoirs que nos sages et courageux Représentans ont décrétés et vont organiser des fêtes nationales. Au lieu de ces jeux mensongers et frivoles, au lieu de ce culte mistique et intolérant dont le fanatisme et la superstition entretenoit les idoles, l’on va établir des réjouissances populaires dont l’éclat se liant aux plus belles époques de la République et de la nature, empruntera d’elles sa magnificence, On n’y verra point l’agitation turbulente d’esclaves avilis, ni des élans désordonnés d’une joie factice; mais l’on y trouvera le brillant cortège du courage, de la vertu, et des talents; le tableau vivant et sublime de l’Egalité le plus grand bienfait que les lumières et la force ayent pû restituer à l’Homme. L’on va récompenser, Chers Concitoyens, les Vertus simples et privées dont le charme est de tous les instans; l’on va honorer le bon fils le bon ami, le bon père, l’épouse laborieuse et chaste; l’antique probité; l’on va proclamer l’homme bienfaisant qui, dans sa pauvreté, même aura recueilli la vieillesse ou l’enfance délaissée; celui qui aura conservé un Citoyen à sa Patrie ou qui l’aura enrichi d’une découverte utile; l’on va vous offrir les images touchantes de la tendresse maternelle et des mœurs des premiers âges, l’on va enfin honorer tout ce qu’il faut cultiver, tout ce qui promet un avenir consolant, tout ce qui retrace des vertus passées. Des Hymnes Républicaines vont consacrer avec les noms des Guerriers, les récits touchants de la victoire; ces sages institutions en créant une nation nouvelle, en organisant son esprit public, nous feront trouver le bonheur dans les doux épanchemens de la fraternité. N’oubliez jamais, chers Concitoyens, que l’ignorance et les vices sont les appuis de la tyrannie, que le patriotisme sans probité est une chimère, et que la liberté n’est qu’un frele édifice si elle n’est fondée sur les lumières et la vertu. C’est en pratiquant, Citoyens, les devoirs qu’elle nous impose, c’est en nous accoutumant à tout rapporter à la République, à confondre dans elle seule nos jouissances et nos plaisirs, que nous parviendrons à conserver le fruit précieux de nos victoires, nôtre Sainte Liberté. La sagesse Eternelle nous forma pour elle, mais elle ne l’a point destinées à des cœurs avilis; Vierge Sévere ! elle repousse les mortels sans mœurs et sans courage, rendons nous digne d’elle; souvenons nous du conseil de nos Législateurs. Nous mettons, ont-ils dit, le dépôt de tes loix sous la garde des mœurs ; que les vertus sentinelles sévères de ce trésor sacré le gardent donc de siècle en siècle; et qu’il soit le garant éternel de nôtre bonheur commun; mais pour le rendre inaltérable, n’ayons plus qu’un vœu, ne formons plus qu’un cri vive la république, la montagne, et la convention. 35 La société populaire de Riez, département des Basses-Alpes, invoque la mort contre les traîtres et les parricides; elle ajoute que si la vie de quelque représentant est encore en danger, elle est prête à partir, et à mourir, s’il le faut, pour la défense de la représentation nationale. Mention honorable et insertion au bulletin (1) . [Riez, 15 prair. Il ] (2) . « Citoyens Législateurs Il y a encore dans le sein de la France, des monstres qui cherchent a détruire, le bel ouvrage que vous édifiez; tandis que nos énémis extérieurs tombent par milliers a droite a gauche, ceux du dedans osent attenter a la destruction des colonnes, les plus fermes et les plus innebranlables de la Republique. Les scélérats voudroient eteindre la lumière qui ecclaire le peuple et qui dévoilé leurs forfaits. Qu’ils périssent les traîtres et les parricides ! Collot d’Herbois et Robespierre, citoyens repre-sentans, en méritant si souvent vos suffrages et vos applaudissement, ont part a notre estime et a notre recconoissance, nous vous portons les uns et les autres dans notre cœur si leur vie et si la votre est en danger, parlez, législateurs, nous sommes prêts a partir et faire autour de vous un rampart de nos corps nous mourrons s’il le faut trop heureux de verser notre sang pour la plus excelente et la plus belle de toutes les causes S. et F. ». Gaude fils ( présid .), Dercullez (secret.), Bondel fils (secret.). 36 La société populaire et montagnarde de Sisteron, département des Basses-Alpes, demande vengeance de l’attentat commis sur les personnes de Robespierre et de Collot-d’Herbois. « Législateurs, dit-elle, ouvrez le (1) P.V., XL, 38. (2) C 309, pl. 1202, p. 24. SÉANCE DU 2 MESSIDOR AN II (20 JUIN 1794) - Nos 35-36 45 Quiconque s’attend d’être anéanti à la mort ne peut atteindre à un degré de Républicanisme solide; il est par principe un égoïste, un violateur des droits d’autrui, il est un ennemi des mœurs et de sa Patrie; C’est en agissant sur l’âme, la source de l’amour des Arts et de celui de la Liberté que les fondateurs des Républiques Grecques naturalisèrent au milieu d’elles les sentimens de grandeur et de courage auxquels ils durent tant de succès. Ce fût, chers Concitoyens, par leurs sublimes institutions qu’ils firent germer dans le cœur de tous les Citoyens cet Amour Sacré de la Patrie, le puissant mobile des vertus Républicaines. Imitez les, cultivez comme eux les arts et les sciences; c’est au flambeau de la Philosophie et de la Raison que s’est allumé parmi vous le feu du patriostisme, qu’il y soit inextinguible. Les Arts répandent leurs bienfaits sur ceux qui les aiment, ils marchent environnés de l’Union et de la Concorde; ces Divinités mêlent au Laurier qui les ombrage, l’Olivier de la Fraternité, de la Paix et de la Justice. C’est pour vous en faire connoître les charmes et les douceurs, c’est pour vous en faire chérir et pratiquer les devoirs que nos sages et courageux Représentans ont décrétés et vont organiser des fêtes nationales. Au lieu de ces jeux mensongers et frivoles, au lieu de ce culte mistique et intolérant dont le fanatisme et la superstition entretenoit les idoles, l’on va établir des réjouissances populaires dont l’éclat se liant aux plus belles époques de la République et de la nature, empruntera d’elles sa magnificence, On n’y verra point l’agitation turbulente d’esclaves avilis, ni des élans désordonnés d’une joie factice; mais l’on y trouvera le brillant cortège du courage, de la vertu, et des talents; le tableau vivant et sublime de l’Egalité le plus grand bienfait que les lumières et la force ayent pû restituer à l’Homme. L’on va récompenser, Chers Concitoyens, les Vertus simples et privées dont le charme est de tous les instans; l’on va honorer le bon fils le bon ami, le bon père, l’épouse laborieuse et chaste; l’antique probité; l’on va proclamer l’homme bienfaisant qui, dans sa pauvreté, même aura recueilli la vieillesse ou l’enfance délaissée; celui qui aura conservé un Citoyen à sa Patrie ou qui l’aura enrichi d’une découverte utile; l’on va vous offrir les images touchantes de la tendresse maternelle et des mœurs des premiers âges, l’on va enfin honorer tout ce qu’il faut cultiver, tout ce qui promet un avenir consolant, tout ce qui retrace des vertus passées. Des Hymnes Républicaines vont consacrer avec les noms des Guerriers, les récits touchants de la victoire; ces sages institutions en créant une nation nouvelle, en organisant son esprit public, nous feront trouver le bonheur dans les doux épanchemens de la fraternité. N’oubliez jamais, chers Concitoyens, que l’ignorance et les vices sont les appuis de la tyrannie, que le patriotisme sans probité est une chimère, et que la liberté n’est qu’un frele édifice si elle n’est fondée sur les lumières et la vertu. C’est en pratiquant, Citoyens, les devoirs qu’elle nous impose, c’est en nous accoutumant à tout rapporter à la République, à confondre dans elle seule nos jouissances et nos plaisirs, que nous parviendrons à conserver le fruit précieux de nos victoires, nôtre Sainte Liberté. La sagesse Eternelle nous forma pour elle, mais elle ne l’a point destinées à des cœurs avilis; Vierge Sévere ! elle repousse les mortels sans mœurs et sans courage, rendons nous digne d’elle; souvenons nous du conseil de nos Législateurs. Nous mettons, ont-ils dit, le dépôt de tes loix sous la garde des mœurs ; que les vertus sentinelles sévères de ce trésor sacré le gardent donc de siècle en siècle; et qu’il soit le garant éternel de nôtre bonheur commun; mais pour le rendre inaltérable, n’ayons plus qu’un vœu, ne formons plus qu’un cri vive la république, la montagne, et la convention. 35 La société populaire de Riez, département des Basses-Alpes, invoque la mort contre les traîtres et les parricides; elle ajoute que si la vie de quelque représentant est encore en danger, elle est prête à partir, et à mourir, s’il le faut, pour la défense de la représentation nationale. Mention honorable et insertion au bulletin (1) . [Riez, 15 prair. Il ] (2) . « Citoyens Législateurs Il y a encore dans le sein de la France, des monstres qui cherchent a détruire, le bel ouvrage que vous édifiez; tandis que nos énémis extérieurs tombent par milliers a droite a gauche, ceux du dedans osent attenter a la destruction des colonnes, les plus fermes et les plus innebranlables de la Republique. Les scélérats voudroient eteindre la lumière qui ecclaire le peuple et qui dévoilé leurs forfaits. Qu’ils périssent les traîtres et les parricides ! Collot d’Herbois et Robespierre, citoyens repre-sentans, en méritant si souvent vos suffrages et vos applaudissement, ont part a notre estime et a notre recconoissance, nous vous portons les uns et les autres dans notre cœur si leur vie et si la votre est en danger, parlez, législateurs, nous sommes prêts a partir et faire autour de vous un rampart de nos corps nous mourrons s’il le faut trop heureux de verser notre sang pour la plus excelente et la plus belle de toutes les causes S. et F. ». Gaude fils ( présid .), Dercullez (secret.), Bondel fils (secret.). 36 La société populaire et montagnarde de Sisteron, département des Basses-Alpes, demande vengeance de l’attentat commis sur les personnes de Robespierre et de Collot-d’Herbois. « Législateurs, dit-elle, ouvrez le (1) P.V., XL, 38. (2) C 309, pl. 1202, p. 24.