[Assemblée nationale. J ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [1er mars 1791.) 680 à bien peu de chose, puisqu’il ne portera que sur les sbseï ces illégitimes, et que cette classe sera sûrement la moins nombreus< . D’ailleurs, quelle que pût être cette compensation, ne sera-t-elle pas absorbée, et bien au delà, par une perte immense dont votre politique, Messieurs, saura mesurer l’étendue. La France était un Etat intolérant et despotique; elle est, giâc.e à vos décrets, un Etat libre et tolérant. Les étrangers n’y vtnaient que pour ses plaisirs uehe est parfaitement juste et je demande qu elle soit mise aux voix. M. “Voidel. Messieurs, les observations qu’on vient de vous faire ne se rapportent qu’au décret sur les pensions; mais il en est un antre qû doit influer sur l’.-migration, c’est l’article 5 du décret du 18 décembre dernier, qui déclare privés, par le fait, de toutes places et grades, tons ceux qui, dans t’espace d’un mois, ne seront pas rentrés dans le royaume. Je demande que 1 on réunisse l’exécution de ce décrétaux autreset jecroisqu’on pourra composer une bonne loi sur les émigrations, en rappelant les décrets précédemment rendus. M. Bouche. J’adopte le mariage ; il est excellent. (Rires.) M. Voidel. En conséquence, monsieur le Président, je demande que l’on retranche de l’état civil, militaire et de tous autres, ceux sortis du royaume qui, aux termes de ta loi du 18 décembre dernier, ne sont pas rentrés dans le roya îme tans l’espace d’un mots et n’ont pas prêté le serment. M. de FoucauU-Lardimalie. J’aurais demandé que l’Assemblée nationale s’en tint seu'e-ment au simple décret qu’elle peut avoir rendu 0*82 [Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [Ier mars 1791.] sur cet objet ; mais la liste que vous propose M. Bouche, cette liste de radiation ne me paraît pas conforme à votre décret. M. Bouche. Elle a été décrétée en février. M. de F oueau! t-Fardimal le . Cette liste n’annonce qu’une liste de proscription. M. le Président du comité des recherches, M. Yoidel, s’est référé au décret qu’a précédemment rendu l'Assemblée; je m’y réfère aussi. Mais je vous engage à nous méfier des motions du malin faites par M. Bouche. M. Bouche. Il est bien étrange que l’on veuille confondre l’exécution littérale d’un décret infiniment juste par lequel l’Assemblée a déclaré, au nom de la nation, ce qui est certainement le vœu de la nation, savoir qu’elle ne salariera pas des hommes qui la trahissent et qui émigrent par haine pour la Constitution et pour la liberté, et surtout qu’elle désavoue ceux qui témoignent une coupable insouciance. J’appuie lesdeux motionset jedemande qu’elles soient mises aux voix. (Vifs applaudissements.) M. Fréteau. J’appuie la motion de M. Camus et, pour compléter, je demande qu’il suit justifié, d’ici à 15 jours au plus, du remplacement et de la nomination aux places qui se seront trouvées vacantes j our cause d’émigration sur les listes du ministre de la guerre, et que vous fixiez un jour pour que vous soyez certains de l’exécution de votre décret : car sans cela, il est inutile de rendre des décrets. M. de Bois-Bouvray. Vous amplifiez le décret du mois de décembre. M. Malouet. Je demande la parole. (Rires.) M. le Président. Vous avez la parole. M. Malouet. Messieurs, je sais que j’ai promis de ne plus parler dans cette Assemblée (Rires) ; aussi faut-il que j’aie à faire des réflexions bien importantes, nue je m’estime très obligé de parler pour rompre le siieoce. (Rires.) Je ne puis pas du tout prendre rengagement d’imposer à ma conscience un si grand sacrifice. (Rires.) Du reste, la recommandation faite par M. Barnave avant-hier, que vous ne laissiez aucune influence aux orateurs dont vous improuvez les opinions politiques, cette recommandation suffirait bien pour me faire persiter dans ma résolution. Plusieurs membres ; L’ordre du jour ! M. Malouet. Mais je remplis un devoir impérieux en demandant la parole et j’y suis excité par la réflexion que voici : Vous avez jugé hier, après cinq heures de discussion, qu’une loi sur les émigrants était au moins très difficile à faire et méritait une discussion approfondie; et je vois aujourd’hui que d’amendement en amendement, de conséquence en conséquence, vous allez faire une loi sur les émigrants. Vous la bornez, dites-vous, aux fonctionnaires publics; c’est précisément relativement aux fonctionnaires publics que je voulais vous présenter un exemple qui vous fera peut-être voir la nécessité d’introduire des exceptions dans la loi et qui pourra peut-être vous arrêter. J’apprends en ce moment que M. le maréchal de Castries es tdangereusement malade à Lau-zanne; il est dans son lit et ses blessures vont se rouvrir. M. le maréchal de Castries est parti pour Lauzanneavec un congé de l’Assemblée nationale; il lui est impossible de venir habiter sa maison qui a été dévastée. Certainement, s’il pouvait se faire transporter, il le ferait; car il a besoin de grands chirurgiens. Allez-vous prononcer dans ce moment-ci que M. le maréchal de Castries, ruiné dans sa maison de Paris et dans sa serre d’Olienviile (Murmures à gauche); a liez-vous prononcer que M. de Castries, retenu hors du royaume par une maladie dangereuse, ayant dix-sept blessures reçues dans différentes batailles, dont il en a gagné une, comme chacun sait ; allez-vous prononcer, dis-je, qu’il sera privé des droits de citoyen, de son grade de maréchal de France, de sa pension? (Murmures.) Je vous cite cet exemple pour vous montrer que M. de Castries mérite une exception et qu’il peut s’en trouver beaucoup d’autres. ( Murmures.). . . J’entends parfaitement vos ordres et je n’y résisterai pas. Mon intention est bien de rte plus parler (Rires à gauche ); mais il y a des circonstances (Rires.)... J’ai l’honneur de vous assurer que ceci me convient infiniment mieux qu’on ne pense. Je n’ai rompu le silence que pour vous prier de ne point faire légèrement une loi générale qui comprenne tous les fonctionnaires publics et de vouloir bien vous en tenir à votre ajournement. M. d’André. Je réponds que des circonstances ne peuvent pas former un obstacle à l’exécution d’une loi. Il existe une loi; on ne vous en demande que l’exécution que je trouve, pour ma part, très simple. Ainsi je demande qu’on mette aux voix cette première proposition ; car il ne s’agit que de cela. Quant aux exceptions particulières, je répondrai d’abord, pour le cas de M. de Castries, qu’il a un congé de l’Assemblée et que, par conséquent.. . Plusieurs membres : Non ! non ! M. d’André. Qu’il ait un congé ou qu’il n’en ait pas, cela ne fait rien à la question; car l’opération que vous avez à faire est très simple. De quoi s’agit-il en effet? De la radiation des pensions des absents. Qu’avez-vous fait pour les pen sions anciennes? Vous les avez toutes supprimées; puis chaque pensionnaire a présenté un mémoire, d’après lequel vous avez jugé s’il y avait lieu ou non de lui accorder une pension. Agissez de même aujourd’hui, et ceux qui auront des raisons personnelles, des motifs sérieux vous les soumettront; vous jugerez de la légitimité de leur réclamation et vous lèverez la radiation à l’égard de ceux pour lesquels vous trouverez convenable de le faire. Un grand nombre de membres : Aux voix ! M. Martineau. Je demande la parole. M. le Président. On demande que la discussion soit fermée; je mets aux voix cette motion. (L’Assemblée décide que la discussion est fermée.) M. Martinean. Je voulais dire... (Murmures.). lÀsseinbi-ée nationale.) ARCHIVES PARLE HEV i’A FIE à. [Lar eiar.$ 1791. j Plusieurs membres : [.a discussion est fermée. M. Martineau. Je demande à proposer un amendement. (Murmures.) M. Barnave. 11 ne peut pas exister d’amende ment. M. le PrésideaU. Laissez-moi poser l’état de la question. M. Rewbell. Je demande la question préalable. M. Martiaseau. Mais, Messieurs, laissez-moi parler. Tous ne pouvez pas empêcher que je propose un amendement et vous ne pouvez pas le combattre avant de l’avoir entendu. Quand je l’aurai proposé, à la bonne heure 1 Je ne doute pas que la nation n’ait le droit d’obliger tous les fonctionnaires publics et même les pensionnaires à rentrer clans le royaume. sous peine d’être déchus de leurs places et pensions. Vous l’avez décrété; il n’est plus question qoe de l’exécution. Je demande donc que l’Assemblée prescrive un moyen possible d’exécution. Je demande que les comités réunis soient tenus de faire un règlement sur la manière de constater la résidence des fonctionnaires publics et des pensionnaires de l’Etat et qu’on enjoigne à tous ceux qui sont sortis du royaume et qui y sont rentrés depuis, de faire une déclaration quelconque ou devant le directoire du département on ailleurs. (Murmures.) Le décret sur cela garde le silence et je vous avoue que j’ai peine à concevoir comment le comité des finances ou 1; ministre pourront vous donner la liste de tous les émigrants qui ne sont pas rentrés; il y a, Messieurs, tel pensionnaire de l’Etat qui n’est pas fonctionnaire public, qui est absent du royaume pour des affaires de commerce ou pour toute autre raison ; il faudrait donc prévoir tous ces cas-là dans la loi que vous demandez. M. Barnave. La motion de M. Bouche et celle de M. Voidel tendent purement et simplement à ce que l’Assemblée se fasse rendre compte de l’exécution de ses décrets. Ceux auxquels ces motions ordonnent de lui rendre compte de cotte exécution lui présenteront à quel point elle en est, quels moyens on a employés pour la remplir; et si les décrets n’ont pas été exécutés, s’il est nécessaire de prendre de nouvelles mesures d’exécution pour as-urer celte même exécution, l’Assemblée nationale les décrétera. Toujours est-il nécessaire que l’Assemblée commence par se faire fondre un compte. J’observe d’ailleurs que l’amendement de M. Fréteau, que j’appuierai dans son temp-q se trouve dans la motion de M. Bouche; tout y est prévu, tout y est renfermé et je demande purement et simplement que cette motion soit mise aux voix ! Plusieurs membres ; Aux voix! Un membre demande la question préalable sur l’amendement de M. Martineau. (L’Assemblée déclare qu’il n’y a pas lieu à délibérer sur cet amendement.) M. Camus, Je demande l’ajournement de la 583 motion de M. Bouche et je pense que tous les amendememts qu’on a faits doivent être renvoyés au comité chargé du projet de loi sur les émigrants. Ls peuvent ne pas suffisamment remplir les inle étions que vous avez eues en ajoura >nt laquestion générale, et si vous les adoptiez en ce moment, on pourrait en induire qu’une loi ultérieure sur les émigrants est inutile. Plusieurs membres appuient cette demande d’ajournement. Plusieurs membres réclament la question préalable sur l’ajournement. (L’Assemblée décrète qu’il n’y a pas lieu à délibérer sur l’ajournement.) M. Prieur. Je soutiens que l’amendement de M. Fréteau doit être admis. Il s’agit de l’exécution d’une loi importante. L’Assemblée ne peut pas différer à se faire rendre compte du remplacement des fonctionnaires qu’elle a déclarés déchus de leurs fondions. M. SLe Chapelier. Je crois avec M. Fréteau qu’il est important que l’Assemblée se fasse rendre compte de l’exécution du décret par lequel elle a ordonné que tous lesfonctionnaires publics seront tenus de revenir à leur poste. Quant à l’exception dont a parlé M. Maloud, elle me paraît, inutile à exprimer dans le décret. Déjà un major retenu par mala lie en pays étranger, a obtenu du ministre de la guerre la prolongation du délai, en envoyant son serment civique et ies certificats qui constatent l’impossibilité où il se trouvait de revenir. Vous avez rendu des décrets pour les fonctio maires publics; il faut que ces décrets suent exécutés, et leur exécution n’empêchera pas que nous ne puissions vous présenter une loi générale sur les émigrants, car il y a bien de la différence entre une loi sur les émigrants et une loi sur les fonctionnaires publics absents de leur poste. M. le Président. M. Malouet a Lût un amendement pour les malades. (Murmures .) Plusieurs membres : L’ordre du jour! M. Le Chapelier. Il est dit dans la loi que vous avez déjà décrété: sauf les excuses valables. L'amendement de M. Malouet est donc inutile. (La discussion est fermée.) L’As .-emblée, consultée, décrète ce qui suit : « Le comité des finances présentera dimanche 6 du courant, la radiation qui a été ou dû ê:re faite, en conséquence de3 précédents décrets, des fonctionnaires publics et pensionnaires de ia nation, absents du royaume. » (Le procès-verbal est adopté.) M. Treilbard, au nom du comité ecclésiastique. Messieurs, j’ai l’honneur de vous proposer un projet de décret qui, j’ose le dire, sera accepté sur la simple lecture; c’est pour accélérer l’exécution d’un de vos décrets. Pur votre décret du 14 novembre dernier, vous avez permis, lorsque l’évêque qui donnerait la confirmation canonique ne serait pas de l’arrondissement métropolitain, de faire le sacre dans telle église que bon lui semblerait. Il s'agi de donner pendant 1791 la même permission à tous les évêques, même lorsqu’ils seront du même