160 [Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [21 septembre 1791.] Un membre observe qu’après même les opérations de l’Assemblée et la suppression des droits féodaux et des péages, le prince jouit d’un revenu plus que suffisant pour égaler celui dont il a été privé, et en conséquence qu’il suffit de charger le pouvoir exécutif de négocier avec le prince de Monaco pour finir cette affaire. (L’Assemblée, consultée, décrète qu’il n’y a pas lieu à délibérer sur ces deux amendements.) Un membre propose de faire suivre dans le préambule le mot « considérant » des mots « qu’il paraît » et de dire en conséquence : « considérant qu’il paraît que le prince de Monaco... » M. de Vismes, rapporteur , adopte cet amendement. Le projet de décret, modifié, est en conséquence mis aux voix dans les termes suivants : « L’Assemblée nationale, considérant qu’il paraît que le prince de Monaco n’a point été remis en possession des biens qui devaient lui être restitués en Italie en conséquence de l’article 104 du traité des Pyrénées, et voulant manifester son respect pour la foi des traités ; « Ouï le rapport des comités des domaines et diplomatique, décrète : « 1° Qu’il n’y a lieu à délibérer sur la dénonciation de la commune des Baux, tendant à faire prononcer la révocation des concessions faites en France au prince de Monaco, en exécution du traité d’alliance et de protection fait à Péronue le 14 septembre 1741 ; « 2° Qu’il y a lieu à indemnité en faveur du prince de Monaco, à cause de la suppression des droits féodaux, de justice, de péage, dépendant desdites concessions; « 3° Que le roi sera prié de faire négocier avec le prince de Monaco la détermination amiable de ladite indemnité, conformément aux obligations résultant du traité de Péronne, pour, sur les résultats de la négociation, être par le Corps législatif délibéré ainsi qu’il appartiendra; « 4° Enfin que les offices de judicature dépendant des domaines concédés au prince de Monaco, seront liquidés et remboursés aux dépens du Trésor public, sauf imputation, s’il y a lieu, de tout ou de partie de la liquidation sur l’indemnité due au prince de Monaco. » (Ce décret est adopté.) Plusieurs membres font remarquer la nécessité de terminer diverses affaires extrêmement pressantes. (L’Assemblée décrète une séance extraordinaire pour vendredi soir, 23 septembre, et décide que la fin des lois rurales sera le premier objet à l’ordre de cette séance.) M. le Président lève la séance à neuf heures et demie. PREMIÈRE ANNEXE A LA SÉANCE DE L’ ASSEMBLÉE NATIONALE DU MERCREDI 21 SEPTEMBRE 1791. lre DÉNONCIATION adressée à V Assemblée nationale par M. SOUTON, directeur de la monnaie de Pau , contre le comité monétaire , la commission des monnaies et le ministre des contributions (1). Messieurs, Trompés, ainsi que toute la nation, par les rapports aussi contradictoires qu’insidieux dont vous a fatigués votre comité monétaire, j’ose enfin déchirer le voile qui cache tant d’ignorance et de mauvaise foi, et démasquer l’impéritie qui, pour satisfaire la cupidité, vous a extorqué des décrets inexécutables et propres à retarder la félicité publique. Je vais faire connaître un nouveau ministre déjà prévaricateur, et mettre sous vos yeux les astuces d’une commission dont la plupart des membres, suppôts de l’ancien régime, n’ont cherché à être employés dans celui-ci, que pour faire triompher l’intrigue et la rapacité. Que les individus que je vais dénoncer m’attaquent devant les tribunaux, je les y attends. Si j’altère la vérité, Messieurs, je me soumets à la loi qui flétrit les calomniateurs. J’entre en matière. Votre comité monétaire vous assura il y a quelque temps que l’on fabriquait avec la plus grande activité des gros sols dans tous les hôtels de monnaie. Rien de plus faux que cette assertion, car la plupart des monnaies manquaient de coins, n’avaient pas de la matière, et ne savaient d’où en tirer. Gela est si vrai, Messieurs, que plusieurs monnaies sont encore dans l’inaction, pour ces mêmes raisons. Votre comité monétaire vous a donc trompés ! Quelque temps après, le ministre des contributions vous annonça qu’il se faisait par jour pour 40,000 livres de monnaie moulée. La vérité est qu’il ne s’en faisait que très peu, et qu’on ne faisait même que des essais. Ce ministre vous a donc aussi trompés à cet égard. Je remis, il y a près de deux mois, au comité et à la commission des monnaies, un mémoire concernant les cloches (2). J’y proposais de faire avec cette matière une monnaie frappée, et me chargeais, à des conditions avantageuses pour la nation, de faire fabriquer de cette manière toute la basse monnaie nécessaire. Ges messieurs ne vous donnèrent point connaissance de ma soumission , parce qu’ils voulaient favoriser MM. les intéressés à la manufacture de Romilly, en leur faisant employer en flans, et à un prix très avantageux, une grande quantité de cuivre d’assez médiocre qualité. Ils sont parvenus à leur but. Je lis, le 27 juillet, à la commission des monnaies, une nouvelle proposition encore très avantageuse à la nation, et dans laquelle je donnais des preuves de désintéressement. La commission ni le ministre n’ont jugé à propos de vous en faire part. Ils vous ont aussi laissé ignorer le résultat d’une expérience qu’ils m’ont fait faire sur la matière des cloches, alliée d’un quart de (1) Voir Archives parlementaires , t. XXX, séance du lor septembre 1791, p. 128. (2) Voir ci-après ce document, 2a annexe à la séance du 21 septembre. [Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [21 septembre n9l.j 104, cuivre, parce que je n'ai point voulu leur faire connaître le procédé par lequel je rends cette matière susceptible de bien supporter la pression du balancier. De plus, j’accuse la commission et le ministre de chercher à retarder la pleine exécution du décret que vous avez rendu sur la basse monnaie, afin de favoriser pour cette fabrication quelques intrigants, et particulièrement MM. les intéressés à la manufacture de Romilly. J’accuse encore le ministre des contributions de ne faire verser dans les bureaux des sections qu’une partie des gros sols qui se fabriquent journellement à la monnaie de Paris. Si vous daignez, Messieurs, m’admettre à la barre de votre Assemblée, et y mander la commission des monnaies et le ministre, je prouverai la vérité de ce que j’avance contre eux; je me fais fort de les confondre et de mettre leur mauvaise foi en évidence. J’ai, pour y parvenir, des preuves matérielles. En attendant, Messieurs, afin de déjouer leurs mauvaises intentions, et de faire cesser promptement la pénurie de la petite monnaie, je vais vous proposer quelques, moyens. Vous avez décrété qu’il serait fait avec la matière des cloches, alliée d’une égale quantité de cuivre, des pièces de 2 sols, d’un sol et de 2 liards. Afin d’effectuer promptement cette mesure, il me parait nécessaire que vous décrétiez : 1° Que les pièces de 2 sols seront taillées de manière à pouvoir être frappées avec les mêmes coins que les écus de 6 livres, jusqu’à ce qu’on en ait de nouveaux. On retranchera seulement les marques indicatives des hôtels de monnaie, des directeurs et des graveurs particuliers ; 2° Que cette monnaie sera au remèdè en dehors, savoir: d’une demi-piece par marc, pour lés pièces de 2 sols, d’une pour celles d’un sol, et de 2 pour celles de 2 liards; 3° Que cette fabrication, quoique devant avoir lieu dans les hôtels de monnaie, sera adjugée au rabais ; 4° Que les adjudicataires recevront du ministre la moitié du cuivre nécessaire, et se chargeront d’extraire des cloches l’autre moitié, et généralement de tous les frais de fabrication ; 5° Que les di lecteurs de monnaie auront la préférence à prix égal pour cette adjudication ; 6° Que les adjudicataires ne pourront, sous aucun prétexte, réclamer aucune indemnité ; 7° Que cette adjudication se fera publiquement et de la manière ia plus authentique ; 8° Qu’il sera fourni aux adjudicataires des moules, des coupoirs et des fourneaux ; 9° Que la fabrication des monnaies d’or et d’argent sera suspendue jusqu’à ce qu’il y ait assez de basse monnaie de fabrique; 10° Qu’il ne sera plus fait d’expériences sur la matière des cloches ; 11° Que les adjudicataires seront tenus de remettre chaque jour aux départements la totalité de leur fabrication ; 12° Que le pouvoir exécutif donnera des ordres (jour laire parvenir et répartir dans les différents eu droits où cette fabricaiion aura lieu, tous les vieux cuivres de la marine et l’ustensile de cuisine des couvents supprimés. En adoptant ces mesures. Messieurs, vous êtes sûrs qu’on fabriquera avec beaucoup de célérité' la monnaie que vous avez décrétée. En sè servant des coins des écus de 6 livres pour les piè-4Ie Sékië. T. X;\XL ces de 2 sols, on peut procéder sous très peu de temps à cette fabrication . Le remède que je vous propose est indispensable. Votre comité monélaire a oublié d’en faire mention. Que l’on ne craigne pas que les fabricateurs se l’approprient, puisqu’ils remettront la monnaie au poids et pour tant la hyre ou le marc. L’intérêt de la nation exige que cette fabrication,. qui n’est qu’accidentelle, soit aussi peu coûteuse qu’il sera possible ; et le meilleur moyen de la faire avec économie, est de l’adjuger au rabais. Il paraît juste, Messieurs, de donner aux directeurs de monnaie, pour cette adjudication, la préférence à prix égal, parce que l’habitude les rend plus capables que d’autres de bien conduire cette opération. . . *.,v. En fournissant aux adjudicataires les moules, les coupoirs et les fourneaux, vous favorisez la concurrence ; et tel qui ne se présenterait pas à l’adjudication, s’il était obligé de se procurer des fonds pour avoir l’ustensile nécessaire, y vien-. dra augmenter le nombre des concurrents, ce qui tournera à l’avantage de la nation. La suspension momentanée de . la fabrication des monnaies d’or et d’argent ne portera aucun. . préjudice à la circulation, et permettra de fabriquer sans interruption la basse monnaie, qui, certes dans ces circonstances,, est beaucoup plus nécessaires que les pièces de 15 et de 30 sols, que l’on accaparera comme les écus. En décrétant, Messieurs, qu’il ne sera plus fait i d’expériences sur la matière des cloches, vous.. ôterez au comité et à la commission ..des mon-,. naies un prétexte de retarder la fabrication. Et . cela est d’autant plus nécessaire qu’ils font encore des essais; ce qui prouve qu’ils n’avaient pas la certitude de la bonté dès moyens que. cependant / ils vous ont fait adopter. /, Depuis que" le décret est rendu,. Messieurs, on aurait dû fabriquer jusqu’à présent plus -de.. 150,000 marcs à la monnaie de Paris, en travaillant jour et nuit, comme les besoins l’exigent. fies Messieurs s’amusent à faire dqs boutons avec Pétain qui provient de la matière des . cloches ; on dirait qu’ils, font un cours de métal-'. lurgie, et qüe ce n’est que lorsqu’ils l’auront fiai/ que nous aurons de la monnaie. Ils font frapper , depuis q ueïques jours à la Monnaie des, .médailles, des pièces qui usent tellement les coins, que s’il n’y avait pas de meilleurs moyens pour mettre en exécution votre dernier décret, il faudrait re~, noncer, Messieurs, à faire avec la matière des cloches de la monnaie frappée; car tops les gra-. veufs de l’Europe réunis rie sauraient fournir assez de carrés pour cette fabrication. Ces Messieurs apprennent par l’expérience que j’avais. raison, lorsque je leur disais, dans uqp de mes, lettrés, que ce qui leur paraissait très facile en . petit, serait peut-être impraticable eq grand. Mais. l’amour-propre, l’envie de me nuire et d’en favoriser d’autres leur ôût ; fait dédaigner jnes con-, seils. Savez-vous; Messieurs, à quoi ils s’occupent dans de moment? Je vais vous l’apprendre. Sachant* qüe je me proposais de dénoncer leurl mauvaise' foi (car je né leur ai pas laissé Jgno-rer, non plus “qu’au ministre, que j’allais vous informer, ainsi que le public, de toutes leurs menées)'; sachant, dis-je, que j’étais au moment de dévoiler leurs turpitudes, ils se sont hAtés de faire prépàief à gros frais quelques .milliers. de marcs de flans, qu’ils font frapper à la Mon-, naie des médailles, comme je viens dele dire. Ils espèrent neutraliser les effets de ma •Nmopcia-. ■ ....... ------ ' . ...... : H [A�sdtoMée aati@nalc4 , ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [21 septembre 1791.1 tion, eüp. répandant iimnédiateaient, après qu’elle aura paru, ceâ pièces dans de public, a lin de persuadas tàila� multitude que jetais un calomniateur Ils'se.-fl'àttenti *au' »meyefti de cela, de pouvoir continuer à vous tromper. Us comptent, cfe’ail-kairBt aùr eeustd’efltre vous, Messieurs, dont ikîüût déjà surpris la religion, au point d’en faire leuTs dèfettseu-rsy toutes les fois qu’on s’est plaint dama votre» Assemblée du comité monétaire. Et sülti ne-- se .crôiea t - 'pas nafosea “forts pour résister am>eeups que j’essaie 4e leur porter, le comité vous t/érauUB nouveau rapport, dans lequel il n’wMiera pas surtout d’eotier dans de très grands détails dur les travaux de -Éépurement tandis q»’# devrait et -aurait toujours dû se borner à ne vous iprêsenter <|ue« les réauitats des soumissions qu’on lui a remises j ou des expériences qu’il a mit». faire..' Il se» gardera bien de vous rendre compte des frais-énormes de la fabrication qui se fait«ux< (BaréaMtes,, parce que cela vous convaincrait de la> -nécessité d’une - adjudication ; et c’est ce iqtrfilYveul éviter,» parce qu’il sait que M. Au-gttite isu’f jouerait pas le premier rôle; et comme ce prétendu métallurgiste a grand besoin d’être pré®é*Te»eèmi