(Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j ?f SXrem? 627 (Suivent les lettres lues parVBarère, au nom du comité de Salut public, à l'appui du projet de décret.) I. Francastel représentant du peuple, délégué par la Convention nationale près V armée de V Ouest au comité de Salut public ( 1 ). « A Angers, le 25 frimaire, an II de la République française, une et indivi¬ sible. « Le retour des brigands dans le département de la Mayenne m’a engagé à faire mettre en bon état de défense la partie de la ville qui se trouve à la droite de oette rivière. Le général en chef Turreau, qurest arrivé ce matin, a trouvé les ouvriers et partie de la garnison travaillant avec activité à renforcer les points faibles et à démolir quelques maisons trop voisines des rem¬ parts. L’esprit est très bon, et il serait à dési¬ rer que l’ennemi vînt faire quelque nouvelle tentative au pied de nos remparts. « Nous ne perdons pas de vue les rives de la Loire; Levasseur a rempli vos intentions; le gé¬ néral Turreau donne de nouveaux ordres, prend de nouvelles dispositions. Je compte bien qae si les: brigands passent la Loire, ce sera dans la barque à Caron. « On assure qu’une division ci.e ces scélérats s’est portée à Craon. Je n’ai pas reçu de nou¬ velles. de mes collègues depuis leur départ du Mans pour poursuivre les débris de l’armée ca¬ tholique et royale. i « Salut et fraternité. « FrAN CASTEL. » II. Bourbotte, Turreau, Prieur (de la Marne), repré¬ sentants du peuple près les armées réunies de lOtiest et des Cotes de Brest, à leurs collègues composant le comité de Scdut public (2). « A Laval, le 25 frimaire, à 10 heures du soir, l’an II de la République fran¬ çaise, une et indivisible. (t Depuis notre dernière, les troupes républi¬ caines réunies n’ont cessé de poursuivre les bri¬ gands; nous avons rencontré sur les chemins qu’ils ont suivis les traces de la déroute la plus complète : des cadavres se présentaient à chaque pas; des caissons, des femmes, des enfants ar¬ rêtés, saisis partout, prouvaient que le centre de l’armée avait été entamé; nous avons aussi rencontré les habitants des; campagnes armés de fusils, de fourches, de faulx, donnant la chasse aux brigands et les exterminant de tous côtés. Nos soldats espéraient les retrouver à Laval et (1) Archives nationales, carton Dur 348. — Bulle¬ tin de la Convention du 29 frimaire an II (jeudi 20 dé¬ cembre 1793). (2) Archives du ministère de la guerre, armée des Côles de Brest, carton 5 /14. Premier supplément au Bulletin de la Convention du 28 frimaire an II (mer¬ credi 18 décembre 1793). le désir qu’ils-ont dé les exterminer; les cris dè Vive la Bëpublique, la Montagne, la mort aux1 brigands sont des présages1 certains de nouvelles victoires qu’ils remporteront ( 1). « Les brigands ont quitté Laval dès hier soir; notre cavalerie est à leur poursuite, l’armée mar¬ che demain sur eux et, à la première rencontre, il n’existera plus d’armée de brigands. La perte qu’ils ont faite depuis Le Mans est incalculable. Ils se sont dirigés aujourd’hui sur Craon, nous ne savons où ils porteront leurs pas demain, mais nous les poursuivrons sans relâche. L’ar¬ mée défile dans cet instant dans les rues de La¬ val. La plus grande joie et la plus grande éner¬ gie y régnent. Nous n’avons qu’un chagrin, c’est de ne pouvoir donner à nos braves frères les souliers qu’exigent des marches aussi ra¬ pides : nous en rencontrons en nombre infini marchant pieds nus dans la boue, dans lé froid-et, si vous ne nous secondez pas, nous aurons le chagrin de voir des maladies enchaîner leur cou¬ rage. « Nous avons oublié, dans notre dernière, de rappeler, parmi les bataillons qui se sont signa¬ lés devant Le Mans, le 1er et le 2e bataillon de Paris formés à l’époque de la révolte du Cal¬ vados. « Nous joignons ici la copie d’une proclama¬ tion que nous faisons imprimer. Nous pensons qu’il serait essentieb/le la, faire insérer au Bul¬ letin afin qu’elle fût plus sûrement répandue dans les départements qu’elle intéresse. «. Nous avons envoyé des courriers dès avant-hier à Cherbourg, à Brest, à Vannes, à Lorient, à: Rennes et à Nantes, à Alençon, tous nos col¬ lègues qui se trouvent dans ces divers lieux, ont été instruits de la déroute. Nous n’avons pu faire de proclamation au Mans; faute d’impri¬ meur, mais nous avons envoyé cent hommes et 50 chevaux du pays dans toutes les campagnes. « Nous vous avons promis de vous trans¬ mettre les belles actions de nos républicains, nous sommes occupés à les recueillir. « Nicolas Laval, de Reims, département de la Marne, du 1er bataillon des chasseurs républi¬ cains, s’est battu, dans l’affaire dü Mans, corps à corps avec un des chefs de brigands, il l’a ren¬ versé d’un coup de sabre et lui a arraché sa croix de Saint-Louis, dont il nous a chargé de faire hommage à la Convention nationale. « François-Toussaint Vichot, gendarme de la Ire compagnie de la 33e division, âgé de 50 ans, ayant 30 ans de services, fut blessé à la jambe, à la bataille du Mans, par une balle qui lui perça le mollet; il eut, après le coup reçu, le courage de combattre deux brigands et de les tuer. « On nous annonce la mort de plusieurs chefs des brigands. Supeaux, l’un d’eux, s’est, dit-on, brûlé la cervelle. Nous vous envoyons un reli¬ quaire en forme de médaillon, contenant force ossements, marque distinctive des chefs, et ar¬ raché à l’un d’eux. « B ourb otte ; Prieur ( de la Marne ) ; Turreau. « P. S. Vous trouverez la croix ci-jointe, lé reliquaire partira par le 1 er courrier. « Notre lettre n’est pas partie hier soir, faute (1) Applaudissements, d’après le Mercure universel [29 frimaire an II (jeudi 19 décembre 1793),. p. 464, col. 1].