[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. J nivôse an II iëâ 1 J I ‘il décembre 1793 fraternité, voilà nos dogmes ; les principes purs de la raison, voilà notre religion. - « Les idoles du fanatisme viennent d’être abattues solennellement, le peuple en les brisant a juré de ne plus reconnaître d’autre divinité que sa souveraineté. Une foule immense de républicains viennent de célébrer ici la fête 'de la raison avec cet enthousiasme qui caractérise le réveil., d’un peuple pour la vérité. La raison, représentée par une jeune, aimable et jolie fille, était la seule divinité qui recevait nos hom¬ mages. Jamais les siècles du bigotisme dans tout leur faste orgueilleux n’enfantèrent rien de plus majestueux et de si digne d’admiration. Qu’on ne nous vante plus les faux miracles de l’ancien régime, le génie de la liberté vient d’en opérer un véritable mille fois plus grand, celui de la régénération d’un peuple, jadis supersti¬ tieux, devenu philanthrope. « O vous, législateurs intrépides qui voyez du sommet de la Montagne les progrès de la raison parmi les Français, frappez le coup terrible des¬ tructeur des rois, décrétez la perte de tous les despotes et la République universelle. Déjà le tocsin sonne, les peuples se réveillent, les tyrans tremblent, le rocher de la philosophie est sus¬ pendu sur leurs têtes. Encore une commotion, tous les rois seront poussière et l’Europe Répu¬ blique. L’univers entier retentira des cris que nous répétons tous les jours : Vive la Montagne ! Vive la raison! Vive la République éternelle et universelle. (Suivent 54 sigtuilures.) Extrait du registre des délibérations de la Société populaire de la ville et district du Dorât (1). Séance frimaire 4 dudit mois, l’an II de la République française une et indivisible. Le président ayant ouvert la séance, le citoyen Bonnet, curé constitutionnel de cette commune, a obtenu la parole, a demandé à la Société de recevoir ses lettres dé prêtrise et les a déposées sur le bureau. De suite le citoyen Massard aîné, ex-chanoine et vicaire de cette commune, a déposé sur le bureau ses lettres de prêtrise et acte de nomina¬ tion de ci-devant chanoine et a déclaré qu’il renonçait dès ce moment à ses fonctions. Le citoyen François Massard cadet, vicaire de cette même commune, a déposé ses lettres de prêtrise et sa nomination au quart de pré¬ bende, et déclaré renoncer à ses fonctions. De suite, le citoyen Jevardet, maire de cette commune, ex-chanoine, a déposé pareillement ses lettres de prêtrise avec celles de maître Ezard (sic) de tout son quinquinium (sic), ainsi que sa nomination au ci-devant canonicat. De suite, le citoyen Desperoux, ex-moine, a déposé pareillement ses lettres de prêtrise. De suite, le citoyen Junien, ex-chanoine, a déposé pareillement ses lettres de prêtrise, celle de maître Ezard et sa nomination au ci-devant canonicat. De plus il a offert gratuitement un calice en argent doré; la Société a reçu son offre avec applaudissements. La Société a donné acte à tous les ci-dessus (1) Archives nationales, carton C 288, dossier 883, pièce 20. dénommés de leur dépôt de lettres de prêtrise et autres actes, qui a été inséré au procès-verbal de ladite séance et a fait brûler sur-le-champ toutes lesdites lettres et actes dé nomination. Extrait de la séance du 6 frimaire, Van II de la République. Le président ayant ouvert la séance, le citoyen Chêne, ex-chanoine, a déclaré à la Société qu’il déposait ses lettres de prêtrise. La Société les a reçues et les a fait brûler et lui a donné acte de la déposition desdites lettres et en a fait men¬ tion dans le procès-verbal dudit jour. Séance extraordinaire du 6 frimaire, an susdit Le citoyen Razès, malade, a fait offrir par le citoyen Jevardat, maire, ses lettres de prêtrise, sa nomination de chanoine et un calice d’argent. Le citoyen Jevardat a déposé le tout sur le bureau. La Société a reçu son offre avec applau¬ dissements. De suite le citoyen Junien, sous-diacre, a déposé également ses lettres de sous-diacre ainsi que sa nomination d’ex-chanoine et leur a donné acte de leur dépôt par le procès-verbal de la séance et a fait brûler lesdites lettres et nomination. Séance du 10 frimaire, an susdit. Le citoyen Marcoux, curé de la Bazeuge, a déposé ses lettres de prêtrise; le citoyen Pel-legrain, de suite, a présenté les lettres de prê¬ trise de la part du citoyen Maurat, curé de Saint-Ouen, et sa nomination à ladite cure; il a pareillement déposé les lettres de prêtrise du citoyen de Loménie, curé de Voulon. La Société leur a donné acte de cettd! dépo¬ sition et en a fait mention dans le procès-verbal de sa séance et les a fait brûler. Séance du 12 frimaire, Van II de la République française, une et indivisible. Le président ayant ouvert la séance, le ci¬ toyen Massard a présenté les lettres de prêtrise du citoyen Dardant, curé constitutionnel de Saint-Sornin-la-Marehe, lesquelles ont été dépo¬ sées sur le bureau; il lui en a été donné acte et elles ont été brûlées de suite. Un membre a fait la motion, après la déposi¬ tion des lettres de prêtrise dudit curé de Saint-Sornin, de faire expliquer les prêtres qui envoyaient leurs lettres pour savoir s’ils enten¬ daient renoncer à toute fonction et que désor¬ mais on ne recevrait plus aucune lettre de prê¬ trise que de ceux à qui elles appartiendraient et de leur aveu. La motion, appuyée par un membre, il a été fait sommation au citoyen Bonnet, curé constitutionnel de cette commune, de s’expliquer sur le brûlement de ses lettres. De suite, ledit citoyen Bonnet a répondu qu’ayant fait brûler ses lettres de prêtrise, il entendait avoir renoncé à toutes ses fonctions et qu’il avait cessé dès ce moment de les exer¬ cer; mais puisqu’il était obligé de s’expliquer, il déclarait renoncer à toutes ses fonctions. De suite, le citoyen Jevardat, maire, pareil¬ lement sommé, a répondu qu’il ne connaissait aucune loi de la Convention qui l’empêchât de dire la messe et que, conséquemment, il conti- 184 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. J décembre 1 nuerait de la dire jusqu’à ce qu’il en fût autre¬ ment ordonné. De suite, le citoyen Desperoux a déclaré qu’en faisant brûler ses lettres de prêtrise, il avait entendu pouvoir continuer de dire la messe; mais que dès ce moment il déclarait renoncer à toutes fonctions. Il a été donné acte des pré¬ sentes déclarations et mention en a été faite dans le procès-verbal de la séance. Extrait des délibérations de la séance de la Société populaire de la ville et district du Dorât. Séance du 25 brumaire, l’an II de la Répu¬ blique française, une et indivisible. Le président ayant ouvert la séance, les ci¬ toyens Jean Pellegrain et Jacques Vidard, secrétaire de la Société, ont déposé sur le bureau les lettres de bachellerie et de licence, et autres titres qu’ils avaient obtenus dans les ci-devant universités pour se procurer le titre d’avocats. Les citoyens Aubugeois et Nesmond ont. offert de rapporter les leurs à la prochaine séance. Il leur en a été donné acte, et mention a été faite dans le procès-verbal. La Société a fait brûler lesdites lettres. Séance du 27 brumaire an susdit. La séance ouverte, les citoyens Aubugeois ét Nesmond, qui avaient offert, dans la séance précédente, d’apporter leurs lettres de bachel¬ lerie et licence d’avocats, les ont déposées sur le bureau. La Société leur a donné acte, et men¬ tion en a été faite au procès-verbal; lesdites lettres ont été brûlées de suite Pour expédition : Bouvret, président. Lettre du comité de surveillance du départe¬ ment de Paris, qui annonce qu’il a découvert dans des caveaux profonds, pratiqués dans les maisons d’un nommé Dutartre, ci-devant no¬ taire à Paris : 1° Une somme de 66,000 livres en or; 2° Une autre de 42,000 livres en argent; 3° Un panier de vaisselle d’argent; 4° 340 jetons d’argent. Mention honorable, insertion au « Bulle¬ tin » (1). Comité de surveillance du département de Paris, séant rue de la Convention, n° 18, vis-à-vis Saini-Roch (2). « Le 3 nivôse, l’an II de la République française, une et indivisible. Le comité de surveillance du département de Paris, au Président de la Convention nationale. * Citoyen Président « Nous te prévenons que, d’après des rensei-(1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 55. (2) Archives nationales, carton G 287, dossier 684. gnements qui nous sont parvenus, nous venons de trouver dans des caveaux profonds prati¬ qués dans les maisons d’un nommé Dutartre, ci-devant notaire à Paris : « 1° Une somme de 66,000 livres en or; « 2° Une autre de 42,000 livres en argent; « 3° Un panier de vaisselle d’argent; « 4° 340 jetons d’argent. « Nous espérons chercher et trouver encore. Tu voudras bien faire part de cette capture à la Convention nationale. « Salut et fraternité. « Marchand, président; L’Écrivain, secré¬ taire; Clément, Fournerot. » Les autorités constituées, la Société populaire et les citoyens de la Rochelle invitent la Conven¬ tion nationale à garder les rênes du gouverne¬ ment jusqu’à la paix. Insertion au « Bulletin » (1). Suit l’adresse des autorités constituées, de la Société populaire et des citoyens de la Rochelle (2). Les autorités constituées de La Rochelle, la Société populaire et leurs concitoyens à la Convention nationale. « A La Rochelle, le 14 frimaire de l’an II de la République française, une et indi¬ visible. « Citoyens législateurs, « Lorsque les Roehellais acceptèrent l’immor¬ telle Constitution qui nous républicanise, la majorité d’entre eux n’était point encore entiè¬ rement détrompée sur la nature et la cause des dangereuses divisions qui vous avaient agités. A la vérité, leur cœur était trop pur pour balan¬ cer un instant entre vous et les fédéralistes; mais les préventions dont leur esprit était imbu n’étant pas tout à fait dissipées, ils craignirent le choc des passions humaines et manifestèrent le vœu de vous voir bientôt légalement rem¬ placés. Cependant la Société populaire, plus au cours des intrigues politiques, ne partagea point cette opinion erronée. Beaucoup de citoyens la rejetèrent avec elle; et dans peu toute la cité, mieux instruite, désira que vos mains exercées n’abandonnassent le timon du vaisseau natio¬ nal qu’après l’avoir heureusement conduit au port. « C’est donc pour réparer cette erreur invo¬ lontaire et pour en constater l’abandon, que toutes les autorités constituées, réunies à la Société populaire, croient pouvoir et devoir se rendre auprès de vous les fidèles interprètes des sentiments actuels de leurs concitoyens. Comme provisoirement substituée aux droits des sec¬ tions dans l’élection du conseil général, il est naturel que la Société, dans ce cas extraordi¬ naire, prétende à devenir leur organe, comme élus ou confirmés dans leurs charges les admi-(1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 55. (2) Archives nationales, carton C 288, dossier 883, pièce 14.