SÉANCE DU 25 BRUMAIRE AN III (SAMEDI 15 NOVEMBRE 1794) - N° 2 231 un regard sur le passé se n’est que pour en faire le parallèle avec l’avenir heureux que vous faites entrevoir à tous les Français : ainsi le matelot heureusement arrivé au port, se plait à en comparer la tranquillité avec les orages qu’il a essuiés pendant un pénible voïage et il sent d’autant mieux son bonheur qu’il a couru de plus grands périls. Désormais l’honnête, le vertueux citoyen, fort de sa conscience pure et ses lois bienfaisantes à la main, bravera les traits empoisonnés du méchant : il n’aura plus à craindre qu’un homme vil, souillé de tous les vices, se fasse un jeu de le dénoncer arbitrairement ; la loi sera là qui frappera sans pitié l’odieux calomniateur. Quelles félicitations vous ferons-nous, citoyens réprésentants, autres que celles que la france entière vous addresse. Continuez à déjouer les projets des conspirateurs sous quelques formes qu’ils se représentent, frappez le coupable, épargnez celui qui n’est qu’égaré, surveillons surtout ces hommes qui, flétris dans l’opinion publique depuis le commencement de la révolution jouent aujourd’hui impudemment le rôle de patriotes opprimés, et en prennent occasion de calomnier des citoyens vertueux que leur caractère révolutionnaire a peut-être entrainé dans quelques erreurs ; si ces hommes étaient réellement patriotes ils donneraient le baiser de paix à leurs frères et leur pardonneraient quelques fautes en faveur de l’intention qui les leur a fait commettre, maintenez, représentants, maintenez le gouvernement révolutionnaire dégagé de l’odieuse terreur que l’homme public ne puisse appercevoir qu’une maniéré de remplir ses fonctions, celle qui doit lui mériter l’estime et la reconnaissance de ses concitoyens, enfin lorsqu’une paix bien cimentée, viendra couronner vos glorieux travaux que l’Europe admirative s’écrie : les français ont su vaincre et profiter de la victoire. Suivent 28 signatures. j [La société populaire de Franc-Val à la Convention nationale, s. d .] (15) Représentans du peuple, Votre adresse au peuple français est le code de nos sentimens, de nos principes; elle est la boussolle qui va diriger et consolider l’esprit public. Eclairés de ce flambeau de la raison et de la vertu, les vrais amis de la révolution n’auront plus la douleur de voir des trahisons, des conspirations en retarder les progrès et leurs auteurs par leur hypocrisie et leurs intrigues trouvent des partisans jusque dans votre enceinte. Maintenez à l’exemple de nos braves défenseurs que leur soumission immuable à vos décrets mene de victoire en victoire, union et (15) C 326, pl. 1418, p. 16. concorde parmi vous, ne voyez que les intérêts de la patrie ; forts de la confiance et des droits de vos commettans, achevez votre ouvrage ; lancez la foudre nationalle sur tous les ambitieux, les intrigans, les fripons, les buveurs de sang; maintenez le gouvernement révolutionnaire dans toute sa parité et bientôt le vaisseau constitutionnel arivera au port où le peuple français l’attend pour sa gloire et pour son bonheur. Vive la République, une et indivisible, vive la Convention nationale. Suivent 31 signatures. k [Les membres de la société populaire de Port-le-Pelletier à la Convention nationale, le 9 brumaire an III] (16) Guerre aux tirans Gloire à la République Liberté, Égalité, Fraternité. Le système d’oppression et de terreur, qui a pesé si long-tems sur la République entière a disparu : le jour de la justice et d’humanité, éclaire maintenant la France. Nous vous remercions, citoyens représentants, d’avoir préparé le bonheur public, en rompant la verge de fer sous laquelle la grande famille gémissoit depuis longtems, en ramenant le régné de la justice, en substituant la confiance à la terreur, en propageant les arts, en vivifiant le commerce, en récompensant l’industrie et en décrétant la liberté de la presse. Fondateurs de la liberté et de l’égalité, accueillez avec bonté nos félicitations sur votre adresse au peuple françois ; nous y avons applaudi avec le plus vif enthousiasme; parce que nous y avons reconnu les principes éternels de justice et de vérité : les sentiments qu’elle renferme, tous ceux d’un peuple qui veut le régné des loix : les principes immortels et sacrés, qui sont tracés dans cette sublime adresse, dans ce chef-d’oeuvre de morale, ont toujours été gravés dans nos coeurs. Grâces éternelles vous soyent rendues augustes représentants! Continuez la carrière que vous avez si glorieusement parcourue jusqu’à ce jour : assurez d’une manière inébranlable les desseins de la République, comptez sur notre zèle à soutenir ses droits sacrés; nous périrons plutôt que de reconnoître d’autre souveraineté que celle du peuple, d’autre puissance, d’autre autorité que la Convention nationalle. Ainsi le veulent et le jurent avec nous tous les habitants d’une commune qui compte à la défense de la patrie huit cents braves au moins et qui du sol le plus ingrat a sçu tirer au delà de sept mille livres de salpêtre. (16) C 326, pl. 1418, p. 21. 232 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Périssent les tirans. Dévouement à la Convention nationalle, gloire à la République. Suivent 65 signatures. I [La société populaire de Soisy-Marat à la Convention nationale, le 5 brumaire an III] (17) Liberté, Égalité Représentans du peuple, L’adresse aux français que vous nous avez fait parvenir, est un nouveau gage de votre constante sollicitude, pour opérer le bien général. Nous vous présentons l’hommage de la reconnoissance pour le courage et l’énergie que vous avez déployés dans toutes les circonstances, où la patrie a été en danger et des mesures que vous avez prises pour sa tranquillité. Les principes de justice dont vous êtes animés, les lumières que vous répandez pour les faire fructifier dans nos coeurs, en nous éclairant sur nos devoirs, nous rallierons toujours autour de la Convention. En honorant la vertu, vous flétirez, vous punirez l’immoralité, source de tous les vices. Nous ne perdrons jamais de vue que si le mouvement rapide et violent est nécessaire pour faire une révolution, c’est au calme et à la prudence de la terminer. Législateurs, vos principes sont les nôtres et si quelques sociétés populaires ont manifesté des opinions contraires, votre sagesse les a ramenés aux vraix principes, dont elles ne s’étoient écartées que par l’influence des coupables intrigans qui s’y étoient glissés pour les désorganiser, ou troubler l’ordre, faire des voeux pour le maintien de cet ordre, c’est en faire pour vous voir toujours au poste que vous occupez si dignement ! Suivent 32 signatures. m [La société révolutionnaire de Gray à la Convention nationale, le 27 vendémiaire an III] (18) Liberté, Fraternité, Égalité Citoyens représentans, La société met toute sa confiance dans la Convention nationale; elle la reconnoit pour l’unique point de ralliment et l’invite à diriger les sociétés populaires par les principes qu’elle a si sagement dévelopés dans sa sublime addresse au peuple français : la société ne s’écartera jamais de ces principes, ni de la surveillance qu’elle a vouée à la chose publique. Salut et fraternité. Suivent 79 signatures. n [Les membres de la société populaire de Marennes à la Convention nationale, le 4 brumaire an III] (19) Égalité, Liberté, Fraternité. Législateurs, Il était réservé à la France républicaine de donner à l’univers le spectacle imposant d’un grand peuple qui, après quatorze siècles d’oppression n’a eu besoin pour briser ses fers que de s’indigner de les avoir porter, et qui joignant la constance au courage sçait triompher encore des moyens artificieux qu’employent ses ennemis pour le replonger dans l’esclavage. Fidèles dépositaires des droits de ce peuple que la nature forma pour la liberté, vous avez voulu la République, et à votre voix les noms sacrés de patrie et de citoyens ont électrisé tous les coeurs et chèque français a été transformé en héros. En vain quelques factieux se sont efforcés de mettre leurs passions à la place de l’intérêt général; vous les avez démasqués, et le peuple doute un instant, mais bientôt éclairé par vous sur leurs perfides desseins, en a fait justice d’une manière éclatante. Vous sçaviez, citoyens législateurs, que si le sentiment inné de la liberté, et la haine des tyrans, qui en est la suite, peuvent suffire pour fonder un gouvernement démocratique, il ne peut se soutenir que par la justice et les bonnes moeurs. Vous venez de consacrer ce principe en mettant la vertu à l’ordre du jour, et l’adresse énergique dans la quelle vous avez fait aux français, cette consolante déclaration, sera un monument étemel de la sagesse de leurs représentans. Nous applaudissons sincèrement aux principes qui ont dirigé cet immortel écrit; nous jurons de ne nous conduire jamais que par eux, et de verser tout notre sang plutôt que de souffrir qu’il leur soit porté atteinte. Continuez, Citoyens législateurs, à poser d’une main les bases de la morale universelle, tandis que de l’autre dirigeant l’effort des français partout victorieux, vous donnerez à l’Europe la paix par la liberté, malgré les monstres couronnés qui l’infectent encore. Une récompense vous attend, elle est seule digne de vous, c’est le triomphe de la République et le bonheur de vos concitoyens. (17) C 326, pl. 1418, p. 23. (18) C 326, pl. 1418, p. 17. (19) C 326, pl. 1418, p. 20. Suivent 56 signatures.