[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. 529 mande qu’un décret oblige tous ceux qui ont de semblables grimoires à les déposer à leur district, sous peine d’être déclarés comme suspects. Après avoir remercié la Convention de ses décrets contre les accapareurs et sur la taxe des denrées, le même citoyen demande que les com¬ missaires chargés de la surveillance à cet égard ne puissent être choisis que parmi les citoyens dont la contribution mobilière ne s’élève pas au-dessus de trois journées de travail. Cette pétition est renvoyée aux comités qui en doivent connaître. La citoyenne de la Morinière présente à la Convention 24 livres en argent et sa pièce de mariage, où il y a des emblèmes qu’elle déteste; elle ofire cette petite somme pour soulager nos frères d’armes. Mention honorable et insertion au « Bulle¬ tin » (1). Les citoyens de la municipalité de Grandrieu, canton de même nom, invitent la Convention à rester à son poste; ils offrent des fourrages et des bestiaux pour l’armée des Pyrénées-Orientales. Mention honorable et insertion au « Bulle¬ tin » (2). Suit un extrait du registre des délibérations de la municipalité de Grandrieu ( 3) : Département de la Lozère, district de Langogne, canton de Grandrieu. Extrait des registres des délibérations de la muni¬ cipalité de Grandrieu, canton du même nom, district de Langogne, département de la Lozère. Séance publique. Du vingt octobre mil sept cent quatre-vingt treize, l’an second de la République française, une et indivisible, le conseil général de la com¬ mune assemblé au lieu ordinaire de ses séances, présents les citoyens Mourgue, maire ; Fro¬ ment, Cayla, Jamme, Delmas, Laporte, offi¬ ciers municipaux; Tardieu, Simon, Mourgues, d’Augnac, Malet, Belviala, Cherrier, Lahoudée, Bret, Roche, Trébuchon, notables et Malet, pro¬ cureur de la commune. Un membre a dit : « Citoyens, « Nous avons ponctuellement exécuté la loi du 17 août concernant le recensement des grains, chacun a fait sa déclaration exacte, elles viennent d’être consignées dans nos registres par nos administrés et par nous-mêmes, et elles se continuent aveo un égal succès dans les autres lieux du canton; il résultera de ce recen¬ sement que chaque particulier sera tenu, d’après l’arrêté des représentants du peuple près l’ar¬ mée des Pyrénées, du 24 septembre, et de ceux postérieurement pris par le directoire du (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 38. (2) Ibid. (3) Archives nationales, carton G 279, dossier 751. lre SÉRIENT. LXXVIII. département, de porter aux magasins désignés à Mende ou à Marjevols le 5 e de la déclaration qu’il aura faite à sa municipalité. « D’un autre côté, l’article 14 de la loi du 23 dudit mois d’août porte encore que les pro» priétaires, fermiers et possesseurs des grains se¬ ront requis de payer en nature les contributions arriérées, même les deux tiers de celles de 1793, de manière que l’entière récolte en grains qui a été des plus médiocres, précédée d’ailleurs d’autres trois consécutivement mauvaises, où nous avons été obligés de recourir à l’unel (sic) ou acheter au moyen des 300,000 livres qui nous avaient été prêtées par l’Assemblée légis¬ lative, va nous être enlevée, et quel sera notre sort? Nos sages représentants ignorent notre position critique, adressons nos plaintes à leur cœur paternel, ils y seront sensibles, apprenons-leur que le malheureux laboureur, avec sa nom¬ breuse famille, va manquer de subsistances au milieu des frimas, que le manouvrier, qui trou¬ vait du travail et du pain chez le propriétaire va manquer de l’un et de l’autre, que nous ne pouvons cultiver nos champs et nos prés, que nous n’avons, dans ces tristes contrées, que deux sortes do productions, celle des grains seigle, très souvent incertaine, et celle des four¬ rages, plus assurée, à la vérité, mais beaucoup moins essentielle; que ces productions se con¬ somment ordinairement et doivent se con¬ sommer sur le sol, que le sol ne saurait redevenir productif sans cette consommation ; que si le peu de grain que nous avons récol ô nous est ravi, nous avons tout heu de craindre que ces arides campagnes, ces hautes montagnes de la Lozère ne retournent bientôt en friches, qu’elles ne soient converties en désert inhabité, etc. « Par toutes ces considérations, je propose¬ rais, etc. » Sur quoi, le conseil général, le procureur de la commune entendu, arrête : Art. 1er. « La commune du bourg de Grandrieu, chef-lieu de canton, réitère son adhésion la plus par¬ faite à toutes les lois émanées de la Convention nationale. Art. 2. « Elle l’invite, au nom du salut public, à ne point quitter son poste jusqu’à ce que le grand œuvre dé la régénération soit achevé et que la République une et indivisible soit établie sur des bases inébranlables. Art. 3. « Attachement indissoluble à nos augustes représentants, comme l’unique centre de réu¬ nion, haine aux tyrans, aux fédéralistes, à tous les ennemis de la liberté, de notre repos et de notre bonheur, tel est le serment qu’elle fait sur l’autel de la patrie : et elle ne sera point parjure. Art. 4. « Dès l’arrivée du décret du 23 août les jeunes gens en réquisition formant la première classe 34 530 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. ( 17 brumaire an il ) 7 novembre-1793 des citoyens de ladite commune et des antres communes du canton se sont empressés de se faire inscrire et de se rendre au district où ils ont été organisés de suite. « Tous les décrets de nos législateurs, tous les arrêtés de nos représentants près les armées, sur le recrutement, ont été rigoureusement exé¬ cutés, et ce qui reste d’hommes en état de porter les armes se voue avec transport à la défense de là République; mais ces mêmes républicains vous demandent des subsistances pour leurs femmes, leurs enfants, pour les débiles vieillards qu’ils sont à la veille de quitter. Art. 5. « Ils offrent à la Convention et aux représen¬ tants près l’armée des Pyrénées-Orientales le contingent des fourrages que ceux-ci réclament, Art. 6. « Ils offrent des bestiaux pour égorger, en aussi grande quantité que T agriculture pourra le permettre. Art. 7. « Ils offrent de contribuer au convoi d’en¬ viron 400 quintaux de seigle ou autres grains, 3,000 quintaux de loin, du produit de quatre domaines situés dans leur commune, apparte¬ nante un émigré ; mais ils supplient la Conven¬ tion nationale, ils supplient les représentants du peuple près l’armée des Pyrénées-Orientales, de ne point les priver de pain, non plus que les municipalités voisines, dans un pays où ils vont être pendant 6 mois enveloppés de glaçons et de neiges; ils ne recueillent d’autres grains que du seigle, et si cet aliment leur est ôté, ils sont exposés à toutes les horreurs de la famine. Art. 8. « Le citoyen maire demeure expressément chargé de faire parvenir sans délai des extraits de la présente délibération au directoire du district, à celui du département, aux représen¬ tants du peuple à Perpignan, à la Convention et aux députés. Mourgue, maire; Froment, Cayla, Jamme, Delmas, Laporte, officiers municipaux; Tardieu, Simon, Belviala, Mourgues Doignac, Roche, Charrier, Malet, La-houdes, Bret, Trébuchon, notables; Ma¬ let, procureur de la commune. Collationné sur V original ; Montialoux, secrétaire-greffier. Les citoyens Girard, commissaire pour les sub¬ sistances de Paris, Mazuel, chef d’escadron de l’armée révolutionnaire et Prieur, membre du comité de surveillance de la commune de Beau¬ vais, présentent à la Convention 2 caisses d’or et d’argent et 19 croix ci-devant Saint-Louis. Mention honorable, insertion dans le « Bulle¬ tin », de l’énergie et du zèle civique de ces ci¬ toyens, et les renvoie au comité de Salut public, pour lui donner des renseignements sur Besprit public du département de l’Oise (1). Suit la demande d? admission à la barre pré¬ sentée par le citoyen Girard (2) : ,17 brumaire de l’an II de la République frauçaise une, indivisible et impéris¬ sable. « Citoyen Président, « Mazuel, chef d’escadron de l’armée révolu¬ tionnaire, Girard, -commissaire pour les subsis¬ tances à Beauvais, et Prieur, officier municipal de Beauvais, demandent à être entendus tout de suite à la barre pour présenter à la Conven¬ tion nationale deux caisses d’or et d’argent et 19 croix ci-devant Saint-Louis. Ils arrivent à l’instant avec ces objets. « Salut et fraternité. « Girard. » Discours du citoyen Girard (3). Aux citoyens représentants de la Souveraineté nationale. Citoyens représentants, Satisfaits de leur conduite, de vrais républi¬ cains se présentent dans le sanctuaire des lois pour y déposer le fruit » de leurs travaux. Arrivés dans Beauvais, chacun pour nos mis¬ sions respectives, Mazuel et Girard se sont aperçus des principes faux qui se propageaient dans l’esprit des habitants du département de l’Oise, le modérantisme, l’intrigue et la mal¬ veillance y trouvaient encore des menées sourdes mais actives; nous sentîmes l’urgence de répri¬ mer des maux que nos cœurs avaient tant à redouter. Nous cherchâmes à l’instant à Taire changer les esprits et à substituer au monstre de l’aristocratie, le germe du républicanisme dont les douceurs et les bienfaits leur avaient été déguisés jusqu’à présent. Ce qui rendit la tâche que nous nous étions imposée plus facile à rem¬ plir, ce fut la présence successive de vos col¬ lègues montagnards Dumont et Levasseur; leur caractère énergique, la force de leurs âmes, nous ont tellement animés à la persévérance et l’activité, que nous sommes presque par¬ venus à faire des habitants de ce canton un peuple de frères et de républicains, dont la plupart aujourd’hui commencent à coopérer au bien général. Mais pour parvenir à ce point, nous ne vous dissimulerons point que les actes de rigueur ont été et sont encore bien néces¬ saires; la présence d’une force armée redou¬ table est encore indispensable pour atterrer en¬ tièrement les ennemis de la chose publique, car il existe encore des êtres semblables à ceux qui, d’après mes recherches, se sont trouvés telle¬ ment coupables, que l’un d’eux hier a été frappé du glaive de la loi et qu’un autre est aujour-(1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. c8, (2) Archives nationales, carton C 280, dossier 766. (3) Ibid