428 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j J* J�bre“t793 Suit la lettre de la commune de Tournus ( 1 ). La commune de Tournas, aux braves représentants du peuple. « Citoyens, « Pendant que vos efforts se réunissent pour porter le dernier coup à l’aristocratie, nous venons d’anéantir le luxe des églises; saint Philibert ne fera plus de miracles chez nous, quoique depuis plus de dix siècles la superstition lui ait attribué cette faculté : nous l’avons guil¬ lotiné avant le décret. Son corps avait été envoyé dans notre district, nous vous envoyons sa tête et ses mains. « Saint Pierre et sa clef n’avaient ouvert que la porte de Tireur, vous, dignes représen¬ tants, vous avez ouvert la porte de la philoso¬ phie. Il est bien juste que nous vous l’envoyions pour prendre des leçons. La bonne Marie, avec sa perpétuelle virginité va vous demander une place au creuset, vous êtes trop justes pour la lui refuser. Quant au surplus de notre envoi, il ne servait qu’à flatter l’orgueil de l’âne chargé de reliques, il jetait de la poudre aux yeux des sots. Vous le destinez à un emploi bien plus noble, celui de sauver la République. « Poursuis le cours de tes travaux, célèbre Montagne, écrase tout ce qui pourrait lever contre ton sommet une tête altière et coupable ; délivre-nous des monstres qui veulent nous dévorer, nos efforts se réunissant aux tiens pour détruire au dedans le fanatisme, qui trop long¬ temps a aveuglé les peuples; nos prêtres viennent en foule apporter les pouvoirs que leurs imbéciles semblables leur avaient donnés d’invoquer l’Etre suprême et de délier nos fautes, nous condamnons au feu tous ces par¬ chemins. « Nous t’annonçons qu’ aujourd’hui nous n’en avons plus à Tournus, notre exemple à les déprêtriser entraîne nos voisins : nous nous glorifions de l’avoir donné. « Voilà, dignes représentants, l’opinion de la oommune de Tournus, si vous la trouvez dans vos principes, sa peine n’est rien, la requête ( sic ) peut propager le bien. « Nous sommes dans ces sentiments, citoyens représentants, les membres de la commune de Tournus. (Suivent 10 signatures.) « Notre envoi contient 170 marcs tant argent que vermeil et 17 marcs en galons. Nous joi¬ gnons le procès-verbal. Un premier envoi a été fait au district il y a deux ans, qui était au moins aussi considérable. « Tournus, le 7 frimaire, l’an II de la Répu¬ blique française, une, indivisible et démocra¬ tique. « Chevillard, commis-secrétaire. » Le citoyen Junot, receveur du district de Se-mur, département de la Côte-d’Or, fait don à la patrie d’une somme de 600 livres annuellement, tant que la guerre durera, payable par lui, Ju¬ not, de six mois en six mois. Mention honorable, insertion au « Bulletin » et renvoi au comité de liquidation (2). ( 1 ) Archives nationales, carton C 285, dossier 825. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 174. Le citoyen Ricaut fils, de Langon, fait hom¬ mage à la Convention nationale, pour les frais de la guerre, d’une quittance de 18 livres en espèces, qu’il a remise entre les mains du rece¬ veur du district de Langon. Il invite la Conven¬ tion nationale à rester à son poste. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre du citoyen Tticaut fils (2). « Langon, 4 frimaire, l’an II de la Répu¬ blique, une et indivisible. « Législateurs, « Le sans-culotte Ricaut fils, secrétaire de la commune de Langon et membre du comité de surveillance, qui a été victime de son patrio¬ tisme depuis 1789, qui a été décrété deux fois et condamné avec d’autres sans-culottes par des peines infamantes par le dernier jugement de l’abominable ci-devant parlement de Bordeaux parce qu’il aimait la patrie et la Révolution ; qui a été outragé, opprimé, humilié par les tyrans, les aristocrates et les fédéralistes dont il a failli vingt fois être la victime, qui a dénoncé cette exécrable faction au ministre de l’inté¬ rieur le 9 août dernier, qui a versé des larmes de deuil sur l’assassinat de Lepeletier, Basseville et Marat ; qui à son tour voit aussi le triomphe des sans-culottes par les soins vigilants des citoyens Ysabeau, Baudot, Tallien et Chaudron -Rous¬ seau, vos collègues, qui, à son tour, voit aussi les aristocrates, les monarchistes et autres mauvais citoyens incarcérés dans les maisons d’arrêt, vous félicite bien cordialement, ci¬ toyens représentants, sur vos glorieux travaux et vous invite de rester fermes à votre poste jusqu’à ce que la tyrannie ait disparu entière¬ ment du globe que nous habitons ; il vous offre trois gros écus à face du tyran, qui font dix-huit livres pour aider à les finir d’exterminer, c’est tout le numéraire qu’il a, il ne peut vous en offrir davantage parce qu’il n’est riche qu’en patriotisme. « Ricaut fils. » Le citoyen Graudais [Grandais], curé à Saint-Quentin, dont les propriétés ont été pillées par les rebelles, offre son corps à la patrie, étant dépouillé de tout, et ne pouvant lui offrir autre chose. Il prie le Président de la Convention de faire entendre sa voix aux représentants du peuple. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (3). Suit la pétition du citoyen Grandais (4). Le citoyen Grandais, ministre du culte catholique dans la commune de Saint-Quentin, canton de Ducé, district d’Avranches, département de la Manche, au citoyen Président de la Con¬ vention nationale. (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 174. (2) Archives nationales, carton C 284, dossier 815. (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 174. (4) Archives nationales, carton C 286, dossier 841, [Convention nationale.) ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j g 429 « Citoyen Président, « Je viens d’être pillé par les brigands; ils ont pris, donné, vendu ou livré aux flammes tous mes effets avec mes titres de propriétés patri¬ moniales, il ne me reste que la douce consola¬ tion d’avoir servi ma patrie et le désir le plus ardent de sacrifier mes jours au bonheur de la République. « Je te prie, citoyen Président, de m’offrir à la patrie, je ne puis plus faire d’autre don patriotique, je n’ai plus rien. « J’adhère à tous les décrets de la Conven¬ tion, j’applaudis à toutes les mesures de salut public, je la conjure de rester à son poste jusqu’à la destruction totale des brigands et des despotes qui en sont les chefs et je me soumets d’avance à tous les décrets de la Convention qui peuvent me regarder comme ministre du culte catholique et qui me sont inconnus depuis que cet infortuné district est devenu la proie des rebelles qui viennent de l’évacuer et qui, cependant, le menacent encore. « Enfant de la patrie, républicain dès le sein maternel, j’attends mon existence de notre mère commune et je te prie, citoyen Pré¬ sident, de faire entendre la voix d’un malheu¬ reux, qui vient de tout, auprès de la représen¬ tation nationale, des pères de la République et des infortunés. « Salut et fraternité. « Grandais, curé de Saint-Quentin « A Saint-Quentin, ce 4 frimaire, l’an II de la République, une et indivisible. » La Société populaire de Grasse [Gray] annonce qu’elle a monté et équipé un cavalier à ses frais; elle se plaint qu’une partie des bataillons de vo¬ lontaires manque d’habits, elle demande de ne confier des commandements qu’à des citoyens instruits de la langue française. Mention honorable, insertion au « Bulletin » et renvoi au comité de Salut public (1). Suit la lettre de la Société populaire de Gray (2). Au Président de�la Convention nationale. « Gray, le 7 frimaire, l’an II de la Répu¬ blique française. « Citoyens représentants, « La Société montagnarde et révolutionnaire de cette commune a délibéré, dès le 23e jour de vendémiaire, qu’elle fournirait à la Répu¬ blique un cavalier armé, monté et équipé; elle avait aussi enjoint à son comité de correspon¬ dance de vous en instruire, non pour courir après la célébrité, mais pour engager toutes les Sociétés populaires à en faire de même, et trouver par là un renfort de 10 à 15.000 hommes de cavalerie. La régénération entière de notre Société nous a empêchés jusqu’à ce jour de nous acquitter d’un devoir si cher à nos cœurs, ï (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 174. (2) Archives nationales, carton G 286, dossier 841. mais c’est avec une douce satisfaction que nous vous annonçons que notre cavalier monté, armé et équipé est prêt à partir, et qu’il va se rendre au lieu du rassemblement indiqué pour le département de la Haute-Saône. « Cette Société, instruite qu’une partie des bataillons volontaires de la dernière levée n’est pas encore habillée et que plusieurs n’ont même que de mauvais habits d’été, avec lesquels ils ne peuvent résister aux rigueurs de l’hiver, vous prie de prendre pour toutes les parties de l’habillement les mêmes mesures que vous venez d’ordonner pour fournir des souliers; il est bien juste que toutes les muni¬ cipalités de la République travaillent à ha¬ biller les volontaires qu’elles ont fournis, et que tandis que nos frères versent leur sang pour cimenter notre liberté, nous leur prépa¬ rions des vêtements. Les femmes surtout, ce sexe sensible, s’empresseront de faire des chemises, des guêtres, des habits en tout genre, et si les étoffes manquent, les gens aisés, les riches, les suspects, les parents d’émigrés fourniront leurs garde-robes, ou de plein gré, ou par la voie de la réquisition. « Il est encore une mesure que cette Société soumet à votre sagesse, c’est de ne conférer aucune place civile ou militaire, aucun comman¬ dement surtout qu’aux citoyens qui sauront bien la langue française-; vous savez, citoyens représentants, que l’idiome est, de tous les liens de la société, celui qui réunit le plus les esprits et les cœurs, et que pour ne faire qu’un peuple de frères et d’amis il ne faut tous parler qu’un même langage pour empêcher les relations d’amitié avec les vils esclaves des despotes, les moyens de trahison, si multipliés dans cette guerre du despotisme contre la liberté, et pour propager à la fois ces mêmes lumières par un seul et même rayon. Cette différence d’idiome est si sensible, que les mœurs répu¬ blicaines se sont formées moins vite, les lois ont été moine bien suivies, le fanatisme a exercé de plus grands ravages, les prêtres ont eu plus de facilités à séduire les peuples dans les départements dont l’idiome est différent de celui du peuple français ; témoins la Basse-Bre¬ tagne, la Vendée, la Lozère et même l’Alsace, où la langue allemande a servi à entretenir des correspondances avec nos ennemis et y a fait presque autant de traîtres que l’or cor¬ rupteur de Pitt. « Cette Société, citoyens représentants, pénétrée d’amour et de respect pour les intré¬ pides Montagnards de la Convention, dont les mesures révolutionnaires nous promettent l’éta¬ blissement ferme et durable de la République une et indivisible, vous invite à rester à votre poste jusqu’à la paix, et à ne confier le gou¬ vernail à de nouveaux pilotes que lorsque vous aurez conduit le vaisseau au port. « Salut et fraternité. « Les membres composant la Société monta¬ gnarde et révolutionnaire, séant à Gray. « Jourdain, président; Tourtel, secrétaire; Bonet, secrétaire. » La commune d’Attainville annonce qu’elle vient de remettre entre les mains du citoyen Clé¬ ment l’argenterie, cuivre et fer provenant de son église : ci-joint l’extrait du procès-verbal y re¬ latif.