156 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE lution! que de bénédictions vous attendent lorsque vous les aurez conjurés tous ces orages politiques, et que vous aurez posé la dernière pierre de votre grand et majestueux édifice! Mais, citoyens représentants, quand verrons-nous cet âge d’or? quand jouirons-nous paisiblement du bonheur que vos veilles et vos sages loix nous préparent? quand est-ce que nous cultiverons les champs de nos pères, dans la sécurité qu’un gouvernement libre peut seul amener? quand est-ce que nous jouirons du plaisir indicible de voir solidement établie la liberté française? Nous ne jouirons de tous ces grands biens qu’après l’anéantissement absolu de tous nos ennemis. Continuez donc, citoyens législateurs, à demeurer inébranlablement attachés à votre poste. De quelques périls que l’aristocratie délirante vous entoure ne regardez jamais derrière vous. Que la poudre nationale soit toujours prête à pulvériser ces êtres immoraux et incorrigibles pour qui la patrie n’est qu’un vain nom, et le crime un objet chéri de complaisance. Purgez notre patrie de toute espèce de tyrans ; nous leur jurons une haine immortelle : ceux qui abrutissaient notre raison en tyrannisant nos consciences n’ont jamais rien fait pour le bonheur du peuple, et ne doivent point trouver grâce auprès du sénat français : ces hypocrites! n’est-ce pas par leurs infâmes manoeuvres que l’affreuse guerre de la Vendée avait existé? n’est-ce pas eux qui ont fait des maux incalculables à la République? n’est-ce pas eux qui voudraient nous redonner des tyrans? Mais, citoyens représentants, quoique nous ne soyons que des cultivateurs, et que nous ne puissions lire avec méditation vos bienfaisantes loix, nous savons néanmoins par coeur l’article 27 des droits de l’homme et du citoyen ; et nous renouvelions ici le serment de mourir plutôt que d’y laisser porter atteinte. Vive la République victorieuse ! vive la Convention nationale. Le sauveur de la liberté française! vivent les déffenseurs de la patrie! vivent tous les hommes libres et vertueux! et périssent les usurpateurs des droits sacrés des peuples. Salut, respect et fraternité. Brusset, maire, Gielley, off. municipal, Bres, secrét. -greffier. P. S. Vivent les héros de Paris qui ont si souvent concouru à la défense de la Convention nationale ! 3 Le conseil d’administration du quatrième bataillon des Basses-Alpes, au nom de ses frères-d'armes, témoigne à la Convention nationale toute sa reconnois-sance de ce qu’elle a sauvé la patrie en anéantissant une des conspirations les plus dangereuses qui avoient été tramées contre la liberté. 11 annonce que le bataillon a fait le sacrifice de trente-deux quintaux quarante-six livres de viande, en faveur des pères, mères, veuves et enfans indigens de ses frères-d’armes morts au service de la patrie. Mention honorable, insertion au bulletin (5). [Le conseil d’administration du quatrième bataillon des Basses-Alpes à la Convention nationale, s. c?.] (6) Egalité Fraternité Liberté ou la mort Citoyens représentants, Depuis longtemps vos frères d’armes du 4ème bataillon des Basses-Alpes, n’ont pû choisir pour le moins des éloges qu’ils donnoient à vos glorieux travaux, que les échos des montagnes du Piémont. Ils cèdent aujourd’huy aux impulsions de leur coeur; elles les portent à manifester à vos yeux les sentiments que vous leur avez inspiré. Vous pourriez douter de leur sincérité s’ils employoient pour les exprimer des termes ampoulés, le langage le plus simple, le plus naturel, celuy de l’amitié et de la fraternité est le seul que doivent adopter des militaires. Nous vous disons que nous avons été saisis d’admiration, que notre reconnoissance a atteint son plus haut période lorsque nous avons appris qu’arrachant le voile de l’imposture, vous êtes parvenus par la surveillance la plus active, la vigilance la plus exacte à découvrir une nouvelle conspiration et à la déjouer au moment même qu’elle étoit prête à éclater ; les chefs conspirateurs ont cessé d’exister, là chute fabuleuse des mauvais anges dont le tableau nous a été laissé par un fameux artiste s’est presque réalisé envers eux. Le seul désir qui puisse rester à des républicains, c’est de voir briser jusqu’au plus petit chainon de cette conspiration et souffrir mille tortures à ceux qui en seront reconnus complices; il faudroit inventer de nouveaux supplices pour les punir de leur scélératesse ; continuez, dignes représentans, à être l’effroy de ces hommes pervers qui par leur jactance et par leur faux extérieur voudroient se montrer dignes du nom de citoyen et se ranger parmi les républicains tandis que par de sourdes manoeuvres ils se rendent les assassins de leur patrie et préparent l’anéantissement d’un gouvernement qui promet des félicités sans fin à tous ceux qui l’adopteront. Tant que les vertus et l’amour de la patrie resteront dans les coeurs de la majeure partie des français, tant que nos représentants établiront leurs loix sur de sages maximes, leurs efforts seront impuissants. Oui il n’en faut pas douter l’union et la concorde vont reprendre leur empire parmi nous, nous ne formerons qu’un seul faisceau qui sera pur (5) P.-V., XLVTI, 175. Bull. , 1er brum. (suppl.). (6) C 321, pl. 1342, p. 15, reçue le 14 vendémiaire. SÉANCE DU 24 VENDÉMIAIRE AN III (15 OCTOBRE 1794) - NOB 4-8 157 et dont les liens seront indissolubles, l’innocence et le malheur seront protégés, la vertu récompensée. Cette heureuse harmonie rendra nos bras encore plus invincibles. Qu’ils cessent, ces agents du despotisme, à prétendre nous lasser, les défenseurs de la patrie se présenteront en foule quand ils seront assurés d’une recon-noissance nationale qui les suivra dans le tombeau et qui s’étendra sur tous leurs parents. Une nation généreuse qui est à même de secourir l’indigence ne scauroit faire un plus noble employ de ses libéralités que de les exercer envers les pères et mères, veuves et enfants de nos frères d’armes morts au service de la patrie, lorsque leurs facultés sont indigentes, insuffisantes pour leur besoin. Pénétrés de cette vérité nous avons résolu de faire envers ceux-cy le sacrifice de trente deux quintaux quarante six livres de viande dont le rachat nous a été accordé. Nous oublions que nous en avons été privés dans un temps où nos subsistances ne pouvoient nous parvenir, tous les passages étant obstrués par les neiges et tandis que nous étions obligés de bivouaquer sur les montagnes les plus élevées. Nous espérons que ce léger sacrifice vous sera agréable. Comptez, dignes représentants, sur notre soumission et notre parfait dévouement. Salut, union et fraternité. Suivent sept signatures. 4 La société populaire de Noireau [ci-de-vant Condé-sur-Noireau, Calvados] remercie la Convention nationale d’avoir substitué le règne de la justice à celui de la terreur, et elle l’invite à tenir d’une main ferme les rênes du gouvernement révolutionnaire. Mention honorable, insertion au bulletin (7). [La société populaire de Noireau à la Convention nationale, du 10 vendémiaire an 7/7] (8) Représentans du peuple; Et nous aussi c’est à la Convention nationale que nous voulons nous rallier. Ceux qui ont si vivement applaudi au supplice de Robespierre et de ses complices, n’ont pû apprendre qu’avec indignation l’attentat commis sur un de vos collègues. Vous salirez garantir la représentation nationale des atteintes qu’on veut sans cesse lui porter, et la liberté triomphera de tous ses ennemis. Que de coeurs vous lui avez restitués en substituant le règne de la justice à celui de la terreur qui n’atteignoit pas moins les innocens que les coupables ! Des continuateurs de Robespierre sonnent l’allarme, et (7) P.-V., XLVII, 175. J. Fr., n" 750. (8) C 322, pl. 1354, p. 1. crient que la liberté est perdue, parceque leur règne finit avec celui de la tyrannie ; ils envient au peuple jusqu’au plaisir de goûter les délices de sa nouvelle situation; ils veulent donc à quelque prix que ce soit lui faire haïr cette liberté pour laquelle il a fait tant de sacrifices? Mais, représentans du peuple, vous la ferez aimer en dépit d’eux ; et vous couronnerez votre ouvrage en tenant d’une main ferme les rênes du gouvernement révolutionnaire. Salut, fraternité et dévouement. Les membres du comité de correspondance , Gourjon, président, Sellartin, Boutry. 5 La société républicaine de Gap [Hautes-Alpes] se plaint d’avoir été calomniée; elle sollicite un examen sévère de sa conduite ; elle abhorre les traîtres, les conspirateurs et les dominateurs, et veut le règne de la justice et de la probité. Elle invite la Convention nationale à rester à son poste jusqu’à l’affermissement de la République. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au représentant du peuple Gauthier (9). 6 L’agent national du district de Colmar [Haut-Rhin] annonce à la Convention nationale que les citoyens de ce district ont fabriqué, depuis le mois de pluviôse jusqu’au premier vendémiaire, 46 223 livres de salpêtre (10). 7 Celui du district de Meaux [Seine-et-Marne] écrit que, depuis le 6 germinal jusqu’à cette époque, il s’en est aussi fabriqué dans son arrondissement 33 301 livres (11). 8 Les citoyens de la section de l’Egalité de la commune de Besançon [Doubs] témoignent leur satisfaction de ce que le sol (9) P.-V., XLVII, 175. (10) P.-V., XLVn, 175. Bull., 1er brum. (suppl.). (11) P.-V., XLVII, 175. Bull., 1er brum. (suppl.).