[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j 215 de se choisir et de prendre les instituteurs qui leur conviendront, ou qu’elles pourront entre¬ tenir, et qui se guideront d’après les livres et le mode d’enseignement qui sera choisi par vous, législateurs ; « 4° D’organiser le pouvoir exécutif et le mode de punition pour les délits dont chaque membre se rendra coupable ; « 5° L’établissement des ateliers de charité pour donner de l’ouvrage aux pauvres valides et soulager les infirmes hors d’état de travailler; ce faisant, vous mériterez les bénédictions de tous les Français. C’est le vœu de la Société républicaine de Montbard. « Montbard, ce 29 du 1er mois de la seconde année de la République française, une et indi¬ visible, et 9e de la 3e décade. « Rigoley père, président; E. Bavonotte, commissaire; Randa, secrétaire. « P. -S.' — Nous venons de voirpar les papiers-nouvelles que vous avez, législateurs, rempli les vœux du vrai citoyen et du pauvre, en com¬ mençant de décréter l’organisation des ateliers de charité : nous en attendons l’établissement avec la plus vive impatience. » N° 99. Les autorités constituées et la Société populaire de la ville du Dorât réunies, à la Convention nationale (1). « Délégués du peuple, a La République, une et indivisible, la perte des tyrans, l’anéantissement des despotes, le triomphe de la vérité ou la mort, voilà nos ser¬ ments. Nous les avons faits depuis longtemps, nous les répétons aujourd’hui. « Représentants, nous avons marché à grands pas des premiers dans la carrière de la Révolu¬ tion, nous avons solennellement accepté, à l’unanimité, la Constitution le même jour de sa réception, nous avons juré de verser tout notre sang pour elle. C’est au nom de cette belle Cons¬ titution, c’est au nom du salut du peuple que nous vous invitons aujourd’hui à rester à votre poste. Auriez-vous construit un si majestueux édifice pour l’exposer à s’écrouler un instant après? « Nous vous le disons en républicains, ou l’anéantissement total des despotes de l’Eu¬ rope, ou la ruine entière de la République fran¬ çaise. La victoire ou la mort. Plus de milieu, ô Montagne, oppose ta masse redoutable au dé¬ bordement des innombrables cohortes du des¬ potisme européen ! Electrise-toi ! Fais éclater la foudre de ton énergie et des millions de rochers vont rouler sur les têtes des tyrans. Nos dangers sont grands, mais notre courage est invincible. Que l’air pur qu’on respire près de toi chasse de notre atmosphère les exhalaisons du marais; qu’un rocher détaché de ton sommet en écrase les animaux malfaisants, et la République est sauvée. (1) Archives nationales , carton G 281, dossier 776. « Eh ! si par un de ces coups funestes que la sagesse humaine ne peut prévoir, nos ennemis venaient à triompher, leur victoire ne satisfe¬ rait guère leur orgueil, nos cadavres en seraient le fruit, et les siècles futurs diraient en gémis¬ sant : « Les Français sont morts en défendant la liberté : ils étaient dignes d’être libres. » « O sainte Montagne, la Constitution, ton ou¬ vrage, immortel comme toi, assure notre bonheur. Reste à ton poste, nous jurons de mourir au nôtre, et les jours tranquilles et sereins que la li¬ berté triomphante va faire naître, ne sont pas loin, notre républicanisme en est un sûr garant. » (Suivent 47 signatures.) N° 100. La Société républicaine séant à Gallas, district de Draguignan, département du Var, à la Convention nationale -(1). « Citoyens législateurs, « C’est en terrassant le despotisme que vous avez créé la Constitution; c’est en bravant les pé¬ rils que vous avez su la maintenir. Vous avez proclamé la République, ce décret était gravé dans nos cœurs, écrit dans nos serments, avant que votre sagesse l’eût prononcé; sans ce décret salutaire, la France, déchirée au dedans, mena¬ cée au dehors, n’aurait plus présenté que les lambeaux d’une monarchie chancelante et inu¬ tile. Poursuivez, citoyens législateurs, d’aussi glorieux travaux, toujours inébranlables au milieu des orages et des périls, ne quittez pas le poste qui vous a été confié, que vous n’ayez as¬ suré sur des bases indestructibles l’ édifice du gouvernement républicain, et que vous n’ayez tout à fait écarté les dangers de la patrie. Alors, citoyens représentants, vous pourrez confier à d’autres le soin du bonheur du peuple. « Bounaud ; Vite, président; Lioux, secré-. taire; Brieu ; G-tjigues, membre du comité de correspondance de la Société républi¬ caine séant à Collas. « Callas, ce 11 octobre 1793, l’an II de la République française, une et indivisible. » N° 101. Les sans-culottes composant la Société populaire de Dun-sur-Auron, à la Convention natio¬ nale (2). « Législateurs, « Nous vous devons la vérité tout entière, et c’est une jouissance bien douce pour nous de n’en avoir que de flatteuses à vous dire. « Fermes à votre poste vous avez sauvé la patrie. En vain des scélérats ont tenté de replacer (Il Archives nationales, carton G 281, dossier 776, (2) Ibid. 216 |CoBTeution uationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. I 6 frimaire an H (26 novembre 1793 sur son trône le tyran abattu. Vous avez su tout à la fois anéantir le monstre et déjouer les cons¬ pirateurs. L’anarchie nous menaçait et vous nous avez donné une Constitution sage. Jouissez donc, braves Montagnards, jouissez de la reconnais¬ sance nationale, mais songez que vous n’avez pas encore tout fait pour l’obtenir. Voyez au dehors les despotes à repousser, au dedans le fanatisme et l’aristocratie à terrasser, et n’a¬ bandonnez les rênes du gouvernement qu’ après avoir affermi, sur des bases inébranlables, la félicité publique. Alors, seulement alors vous reviendrez dans vos foyers recevoir nos embras¬ sements fraternels et crier avec nous dans l’élan patriotique de vos cœurs : Vive à jamais la Bépublique française ! « Salut et fraternité. » (Suivent 54 signatures.) N° 102. Les membres du comité de correspondance de la Société populaire de Varilhes, chef-lieu de canton, district de Mirepoix, aux citoyens composant le comité de correspondance et de pétitions de la Convention nationale (1). « Varilhes, le 8 octobre 1793, l’an II de la République française, une et indivi¬ sible. « Citoyens, « La Société populaire de Varilhes nous a char¬ gés de faire parvenir à la Convention nationale l’adresse ci -jointe. Nous vous prions, citoyens, de vouloir bien être auprès d’elle notre organe pour la lui transmettre. « Cassaing; J.-M. Ville; Paris ; Carol. » La Société populaire de Varilhes, chef-lieu de canton, district de Mirepoix, département de V Ariège, à la Convention nationale (2). « Citoyens représentants, « L’aurore de la liberté brillait à peine sur nos lêtes, que, méditant de nous donner de nouveaux fers, d’infâmes réviseurs consacrèrent lâchement, sous la forme d’ Acte constitutionnel, la transaction la plus odieuse de la liberté avec le despotisme, la composition la plus honteuse des principes sacrés de la nature avec les plus absurdes préjugés. « De là, citoyens, cette lutte impie, dont les chances trop longtemps douteuses nous alarmaient déjà sur le sort de la liberté, au moment où l’énergie parisienne assura son triomphe dans l’immortelle journée du dix août, et lui éleva un trône impérissable sur les débris de celui du tyran. (1) Archives nationales, carton C 281, dossier 776. (2) Ibid. « Vous parûtes, citoyens, dans le Sénat fran¬ çais, et vous affermîtes son ouvrage en pros¬ crivant sans retour ce gouvernement tyrannique et déprédateur, sous lequel gémissait depuis plusieurs siècles un peuple né pour la liberté, et en appesantissant le glaive national sur cet être hypocrite et malfaisant qui, sous le titre spécieux de restaurateur de la liberté, se disposait à devenir bientôt le restaurateur de la tyrannie. « A cette époque, tous les vrais amis de l’éga¬ lité, crurent voir dans cet acte éclatant de la justice nationale, le terme de leurs maux, comme celui de leurs craintes. Mais une faction scélérate, d’autant plus dangereuse que, revêtue d’une écorce républicaine, elle s’était montrée jusqu’alors avec tous les attributs extérieurs du patriotisme, osa tenter d’arrêter votre marche triomphante, en versant sur les généreux Pari¬ siens le poison de la plus noire calomnie, en désignant sous le titre d’anarchistes et de fac¬ tieux, les patriotes les plus incorruptibles, les plus zélés défenseurs de la cause du peuple. Elle triomphe quelque temps, cette cabale liber - ticide, mais le triomphe du crime ne saurait être de longue durée; Paris l’observe; Paris suit d’un œil attentif sa marche tortueuse; Paris atteint enfin le fil de ses manœuvres criminelles; il se lève, à sa voix le sanctuaire des lois s’épure et à l’instant, paraît comme par enchantement, cette Constitution sublime qui sera à jamais la honte et le désespoir de vos lâches détrac¬ teurs. « Sans doute, citoyens, après avoir dans moins d’un an, au milieu des agitations et des obstacles de tout genre, mis le sceau de la perfection aux plus glorieux travaux, il vous serait permis de chercher le repos, d’aspirer à jouir paisiblf ment de votre triomphe, mais le salut de la patrie, mais la gloire du nom français, vous comman¬ dent encore d’autres sacrifices, vous imposent de nouveaux devoirs. Est-ce au moment où un vaisseau agité par la tempête est prêt à se briser contre les rochers et les écueils qu’on doit en confier le gouvernail à un pilote inhabile ou inexpérimenté? Accoutumés à manier d’une main ferme et sage les rênes du gouvernement, c’est à vous qu’il appartient de sauver la France de consolider l’édifice constitutionnel que vous avez élevé. « Que les fanatiques de la Vendée rentrent dans le néant ! Que le monstre hideux du royalisme et du fédéralisme soit entièrement étouffé; que les hordes étrangères délivrent de leur présence impure le territoire sacré de la liberté; que le pavillon tricolore soit respecté sur toutes les mers; que la République, enfin, ait acquis dans la balance politique de l’Europe ce poids, cette consistance que lui assurent son immense popu¬ lation, la richesse de son sol, et surtout le cou¬ rage de ses habitants. Alors, mais alors seule¬ ment, il vous sera permis de revenir dans vos foyers, y jouir du consolant spectacle de la pros¬ périté publique, y propager par votre exemple l’amour des lois et la haine des tyrans, et y rece¬ voir les couronnes immortelles que vous prépare un peuple qui vous devra sa liberté et son bonheur. « Fauré, président; Jean-E. Cassaing, secré¬ taire; Joulette, secrétaire; Marchand, secrétaire. »