SÉANCE DU 20 FRUCTIDOR AN II (6 SEPTEMBRE 1794) - N° 1 287 sous les yeux de la représentation nationale, et au milieu d’un peuple qui depuis six ans est armé pour la liberté, et cet affreux complot paraissait d’autant plus dangereux que les ramifications en étaient immenses et que les trames en étaient ourdies par un homme dont l’hypocrite patriotisme avait peut-être fanatisé quelques bons et simples républicains : oui ! l’abominable Robespierre avait scu se rendre tellement imposant que quiconque eut osé le censurer aurait été infailliblement frappé d’anathème par l’opinion publique. Mais grâces à votre pénétration, augustes représentants, grâces à vos soins toujours vigilants, vous avez déchiré le voile épais dont se couvrait ce nouveau Cromwell, vous l’avez écrasé et avec lui plusieurs de ses complices comme de vils pigmées; et certes l’intrépidité et la sagesse que vous avez déployées dans cette inconcevable lutte de la tyrannie contre la liberté, auraient seules suffi pour vous mériter les postes éminents que vous occupez, si vos glorieux travaux ne vous en eussent déjà tant de fois rendus dignes. Continués, dignes représentants d’un peuple libre, de débarrasser le sol de la liberté des scéllérats qui le souillent, et qui n’ont que trop longtems opprimé les vrais républicains. Frappés et que les exemples prompts et sévères que vous donnerés fassent trembler ceux qui seraient assez osés pour vouloir imiter dans ses projets liberticides l’infâme tyran dont vous venez de nous délivrer. Apprenés à l’univers étonné que les Français veulent être libres et égaux et que quiconque aurait la criminelle audace de vouloir s’élever au dessus de la liberté et de l’égalité sera à l’instant pulvérisé par la massue nationale. Frappés, mais que l’innocent ne soit jamais confondu avec le coupable, n’épargnés aucun de ces derniers; et méfiés vous de ces intrigants qui changent de forme et de langage selon les circonstances, scavent toujours par leurs clameurs éviter la punition düe à leurs forfaits; car combien n’avons-nous pas vu d’hébertistes, des fédéralistes, se soustraire à la vengeance nationale en s’élevant contre leurs propres factions, desquelles ont été découvertes. De même vous devés vous attendre à voir des coupables agents de la tyrannie de Robespierre faire retentir les tribunes de leurs feintes indignations contre cet imposteur à présent qu’il n’est plus. Anéantissez ces dangereux caméléons, purgés en les corps constitués, purgés en la République entière. Citoyens représentants, restés à votre poste jusqu’à ce que le dernier des tyrans et des traitres n’existent plus, le salut de la patrie le commande impérieusement. C’est ainsi que vous assurerés le triomphe de la liberté et de l’égalité et que vous acquerrés des droits immortels à l’estime publique. Salut fraternité et attachement inviolable. Vive la République, vive la Convention. Julien (président), Cholon, Lapeyre (secrétaires). d [Lettre de Paris, du 19 fructidor an II] (5) Depuis plusieurs jours une députation de Condrieu désirait être admise à la Convention pour lui présenter une adresse de félicitations. Les affaires majeures qui ont occupé la Convention se sont sans doute opposées à ce qu’ils eussent satisfaction. La crainte que la société qui les a envoïés ne leur suppose de la négligence, pour ne point connaître les causes de ce retard, les engage à vous faire passer l’adresse dont ils sont chargés en vous priant de vouloir bien la communiquer à la Convention et l’assurer de leur inaltérable dévouement. Salut et fraternité. Signé JB Spieh (?) [La société populaire et républicaine de Condrieu, département du Rhône, à la Convention nationale, le 25 thermidor an II] (6) Citoyens représentans, Nous avons frémi d’horreur en apprenant les dangers que vous avez courus, mais nous avons été enthousiasmé de la grandeur d’âme et du sang froid que vous avez montré dans une circonstance où vos jours étaient proscrits, vous avez oublié vos intérêts personnels, et vous n’avez vu que ceux de la patrie. Des monstres ont osé pour assurer leurs infâmes projets liberticides, menacer vos têtes mais vous avez sçu braver la mort pour soutenir les droits du peuple; votre courage et votre énergie lui ont conservé le plus précieux des biens, la Liberté. Vous avez frapé du glaive de la loi les scélérats qui voulaient l’anéantir. Vous avez déjoué leurs projets et la République est encore une fois sauvée. Nous ne vous ferons point de remerciements, les vrais républicains les dédaignent, leur satisfaction est d’avoir fait le bonheur de leur patrie. Continués citoyens représentans, les fonctions qui vous ont été confiées, déjoués tous les complots, poursuivés tous les traitres, restés inébranlables à votre poste, nous vous le demandons au nom du salut de la patrie, de notre côté nous veillerons sur vos jours, nous vous ferons un rampart de nos corps, et pour parvenir jusqu’à vous il faudra passer sur nos cadavres, nous en prenons l’engagement sacré; la mort ne sera rien pour nous si nous la recevons en déffendant les pères de la patrie. A Condrieu séance tenante le vingt cinq termidor l’an 2ème de la République une indivisible. Vincent (président), Marechet, Guerand (secrétaires). (5) C 320, pl. 1 316, p. 3. (6) C 320, pl. 1 316, p. 2.