574 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { ��*1793 de la guerre, Maillard, dit Tapedru, et Ronsin, commandant de l’armée révolutionnaire, seront mis sur-le-champ en état d’arrestation, et que les scellés seront apposés sur leurs papiers « La Convention nationale, considérant que ce n’est que par des motifs contre-révolution¬ naires que des agents du conseil exécutif ont osé semer le bruit que le résultat des excès et malversations de ces mêmes agents est à impu¬ ter à la Convention nationale, décrète (1) que le décret d’arrestation qu’elle vient de prononcer contre Vincent, secrétaire général du ministre de la guerre, Ronsin, général de l’armée révo¬ lutionnaire, et, Maillard, soi-disant agent de police militaire, sera inséré dans le « Bul¬ letin » (2). Compte rendu du Moniteur universel (3). Fabre d’Eglantine. Lorsque vous prenez des mesures pour lever tous les obstacles qui s’op¬ posent à la marche du gouvernement révolu¬ tionnaire, il est bien étonnant qu’on ait oublié d’appeler votre attention sur un homme qui, depuis qu’il est à la guerre, a fait plus de mal que Roland lui-même n’en a fait pendant tout le temps de son ministère, qui partout parle en maître et partout se fait obéir, qui a à ses ordres des clubs de coupe-jarrets, et notamment un auprès du théâtre de la rue Favart; des clubs qui sont la terreur des quartiers environnants, d’où, l’on voit s’échapper de temps en temps des hommes à moustaches, revêtus d’habits militaires, lorsqu’ils se soustraient à toutes sortes de réquisitions, promenant de grands sabres dans les rues de Paris, et effrayant par leurs propos, lorsqu’ils ne le font pas par leurs menaces, les citoyens paisibles qui passent à leurs côtés, ou les femmes et les enfants qui se trouvent sur leur passage. Je les ai vus, et beaucoup d’autres les ont vus comme moi, aux foyers des spectacles tirant tout à coup leurs sabres, et disant à ceux qui les environnaient et qui ne s’en occupaient pas : Je suis un tel; et si tu me regardes avec mépris, je te hache. Eh bien ! un de ces hommes avait une mission secrète pour Bordeaux. A leur tête, vous verrez encore ce Maillard, que le bureau de la guerre a eu les moyens de faire sortir des prisons où le comité de sûreté générale l’avait fait mettre, et qui est maintenant investi de pouvoirs terribles. Avez-vous lu, par exemple, une affiche de Toulon, dont Vincent a tapissé tous les murs de Paris? C’est ce Vincent que je vous dénonce. Quiconque n’a pas lu cet horrible placard ne peut en imaginer les expressions. J’en ai frémi d’indignation, et tous ceux qui Font lu ont partagé mon sentiment; c’est ce Vincent qui inonde les armées de papiers faits exprès pour lui et pour ceux qui le protègent ; c’est lui qui paie des agents pour entraver vos opérations; c’est à lui qu’il faudrait demander compte des permissions secrètes qui autorisent des hommes (1) La motion est de Goupilleau (sans autre dési¬ gnation), d’après le Journal de Perlel (28 frimaire an II (mercredi 18 décembre 1793), p. 140]. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 275. (3) Moniteur universel [n° 89 du 29 frimaire an II (jeudi 19 décembre 1793), p. 359. col. 3). Voy., d’au¬ tre part, ci-après annexe n° 1, p. 604 le compte rendu de la même discussion d’après divers journaux. en réquisition à rester à Paris malgré toutes les lois ; c’est lui qui a voulu exciter des divisions entre la Société des Jacobins et celle des Cor-. deliers. Vous avez encore pu observer que quand vous receviez des nouvelles avantageuses, à peine le temps d’expédier et de recevoir un nou¬ veau courrier s’était-il écoulé qu’il vous parve¬ nait des nouvelles fallacieuses, pour peu qu’on eût fait depuis des reproches au bureau de la guerre. Chaque jour, quand un officier ou un subalterne gêne le bureau, on le mande à tout hasard; il arrive; on ne sait que lui dire, on se contente de l’avoir déplacé. Je demande, sur l’opinion publique, sur les dénonciations particulières qui vous sont faites, que Vincent soit arrêté. Plusieurs membres font la même demande pour Ronsin et pour Maillard. Bourdon (de l'Oise). Voulez-vous encore un chef de dénonciation encore plus clair? le voici : Goupilleau et moi crûmes utile de suspendre Rossignol : nous ne fîmes alors qu’user des pou¬ voirs que vous nous aviez délégués. Vincent me dénonça à la Société des Cordeliers, et par¬ vint à lui surprendre une pétition où l’on de¬ mandait ma tête. La Convention décrète l’arrestation de Vin¬ cent, Ronsin et Maillard. Fabre. Lebon a des faits essentiels à énoncer, je demande qu’il soit entendu. Lebon. Je déclare que, sur la fin d’un repas dont j’étais, ainsi que Vincent, j’entendis ce -dernier dire : « Nous forcerons bien la Convention d’organiser le gouvernement, aux termes de la Constitution, aussi bien sommes-nous las d’être les valets du comité de Salut public. Philippeaux. Je demande que Fabre d’Églan-tine, et tous ceux des membres qui auraient des faits à énoncer soient tenus de se transporter au comité de sûreté générale pour les y déposer, de manière qu’il puisse prendre les mesures néces¬ sitées par les circonstances. Cette proposition est décrétée. Coiithon. N’en doutez pas, toutes les mesures ultra -révolutionnaires prises par les hommes qui vous sont dénoncés ne tendent qu’à arrêter le véritable mouvement révolutionnaire pour organiser la contre-révolution ou quelque mou¬ vement particulier, à la faveur duquel ils pussent s’emparer du pouvoir. Et comme ces hommes dangereux ont des agents jusque dans le sein de ces comités, j’invite mes collègues, membres des comités, à faire la liste de tous les commis et agents qui les composent, à prendre des ren¬ seignements précis sur ce qu’ils ont été, et sur ce qu’ils ont mérité, et qu’un jour il eû soit fait lecture à cette tribune. Le temps est venu, et les Jacobins vont donner un grand exemple à cet égard; le temps est venu où cette tribune doit devenir la tribune censoriale et d’épuration. Il faut que tous ceux qui sont salariés par la République soient connus de vous, et reconnus dignes de la confiance publique. Fabre d’Églantine. Cette mesure a été adoptée hier par le comité de Salut public, et elle sera présentée à la Convention. La proposition de Couthon est décrétée.