SÉANCE DU 4 BRUMAIRE AN III (25 OCTOBRE 1794) - N° 2 51 plus du règne des intrigants que de celui des roix. Ils vous diront tous qu’ils comptent au nombre des conspirateurs ceux qui entravent la marche de leurs fidèles représentans, ceux qui les détournent de porter la vie et la prospérité dans toutes les parties du gouvernement; ils vous diront tous qu’ils veulent gôuter le prix de leur sang. Frères et amis qui résistera à la voix du peuple? Voulons nous laisser partager les dépouilles à cette poignée d’ambitieux qui les convoitent tour-à-tour, nous, nous servons le peuple, rallions nous aux principes et faisons pour jamais le sacrifice des haines et des vengeances particulières. Nous n’avons pas trop de fiel pour les tyrans. Salut et fraternité! Pour copie Nourassuy, secrétaire. 2 La société populaire de Paimboeuf [Loire-Inférieure] invite la Convention nationale à prendre des mesures sévères contre les brigands de la Vendée, mais elle demande que ces mesures ne s’étendent pas au gré des turbulens anarchistes. « Gardez-vous, dit-elle, citoyens législateurs, d’embrasser ce système de terreur, qui naguère alarmoit les vrais amis de la patrie! cet exécrable système qui n’auroit pas entré dans l’âme d’un Néron, a trouvé des prosélytes et a dominé un instant : quels malheurs n’en ont pas résulté! des flots de sang ont coulé, des milliers de victimes de tout âge, de tout sexe... Vous frémissez! La Loire a pû les engloutir, mais elle ne pourra jamais laver la tache que de pareils forfaits impriment dans l’histoire de la révolution ». Elle annonce qu’elle va redoubler d’efforts pour surveiller tout ce qui pourroit porter atteinte à la représentation nationale. Mention honorable, insertion au bulletin (7). \La société populaire régénérée de Paimboeuf à la Convention nationale, le 23 vendémiaire an III\ (8) A chaque courier, nous recevons, Citoyens Législateurs, une foule d’adresses qui vous ont été présentées : La plus grande partie, écrites dans le même sens et tendant au même but. Cette conformité si exacte, cet accord si subit ne serait-il point le cachet de l’imposture? A en croire ces productions artistement colorées, il semble que tout est en combustion et que la chose publique est plus que jamais en danger. Les meilleurs citoyens, vous dit-on, sont (7) P.-V., XL VIII, 40-41. (8) C 325, pl. 1404, p. 3. Mess. Soir, n° 798. incarcérés, les ennemis du peuple sont élargis, les patriotes sont opprimés, le modérantisme reprend son empire, l’aristocratie triomphe : et l’on finit toujours par vous inviter à prendre des mesures de sévérité, à punir, à fraper, à faire éclater la foudre nationale. Frapés de ces grandes déclamations, nous avons regardé autour de nous. Qu’avons-nous vu? Rien, Citoyens Représentans, de ce qui vous est annoncé. Les patriotes, loin d’être persécutés, sont tranquilles et respirent avec confiance l’air de la liberté, depuis que vous avez abattu le Coriphée des désorganisateurs. Sans cesser de surveiller, on se repose avec sécurité sur la Convention ; ses décrets sont exécutés, les autorités sont respectées, et nous ne voyons s’agiter que nos premiers ennemis, les brigands de la Vendée. Ainsi c’est contre eux seuls que nous vous invitons à prendre des mesures sévères. Mais gardez-vous, Citoyens Législateurs, d’étendre ces mesures au gré des turbulents anarchistes; gardez-vous d’embrasser ce sis-tême de terreur qui, naguère allarmait les vrais amis de la patrie. Cet execrable sistême, qui n’aurait pas entré dans l’âme d’un Néron a trouvé des prosélytes et a dominé un instant : quels malheurs n’en ont pas résulté. Des flots de sang ont coulé; des milliers de victimes de tous âges, de tous sexe... vous frémissez ... La Loire a pu les engloutir, mais elle ne pourra jamais laver la tache que de pareils forfaits impriment dans l’histoire de la révolution. Non, Citoyens Législateurs, le crime n’est pas fait pour des hommes régénérés. Ce n’est pas par le sang qu’on honore la liberté ; il faut un autre culte à cette divinité des Français et ce n’est pas en marchant sur des monceaux de cadavres que l’on parvient à son sanctuaire. Que faut-il donc? L’exercice des vertus que vous avez mis à l’ordre du jour : la justice et la probité. Voilà nos sentiments, Citoyens Législateurs, nous ne les avons pas emprunté. Nous ne suivons aucun parti, aucune faction. Nous ne nous appelions ni Jacobins, ni Montagnards. Républicains fidelles, Républicains constament attachés à la Convention, à tout ce qui émane d’elle : voila le seul titre auquel nous aspirons, et nous nous l’attribuons avec fierté. Si des exagérés, si des hommes ultra révolutionnaires qui veulent du sang au lieu de principes, de la terreur au lieu d’équité, du désordre au lieu d’union, de la morgue au lieu de fraternité, l’inquisition au lieu de la liberté. Si ces hommes là dis-je, nous traitent de modérés, honorés de leur censure, nous ne leur répondrons pas et ce sera pour nous un droit de plus à votre confiance. Nous allons redoubler d’efforts pour surveiller tous ceux qui pourrait porter atteintes à la représentation nationale, pour ne nous faire d’ennemis que les ennemis du bien public. Nous croyons, Citoyens Représentans, que nous éviterons les écarts de l’erreur, tandis que nous conserverons au dedans de nous ce sentiment que vous aimez tant à répandre, ce sentiment qui ennoblit et élève l’homme en le 52 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE consolant, ce sentiment qui seul est une lumière : l’humanité. Vive la République! vive la Convention. Les membres du comité de correspondance de la société populaire de Paimboeuf. Barien, Raingeard, Duriane, Péau. 3 La société populaire de Franc-Céré [ci-devant Saint-Céré], département du Lot, félicite la Convention nationale sur la chute du tyran Robespierre et ses complices : elle l’invite à continuer ses glorieux travaux et jurent de périr pour défendre la représentation nationale. Mention honorable et insertion au bulletin (9). [La société républicaine et montagnarde de la commune de Franc-Céré, à la Convention nationale, le 4 fructidor an II] (10) Égalité, Fraternité, Liberté, Pères de la patrie, Il l’a donc franchi le vaisseau de la République, cet écueil fatal, vers lequel un nouveau Néron, des triumvirs modernes l’avoient perfidement conduit par des manoeuvres contraires et liberticides ; quel courage! quelle énergie ont pû le retirer des bords de cet abyme profond sur lequel il était déjà suspendu? Son salut est votre ouvrage, pilotes habiles : grâces vous soient rendues pour ce nouveau bienfait; continuez votre marche glorieuse, vous demas-quérés tous les traitres, tous les ambitieux; comme la mer, vous rejettés hors de votre sein tout ce qu’il pourrait y avoir d’impur; en un mot, vous serés toujours ce que vous fûtes, ce que vous êtes, et la liberté s’elevera majestueusement sur les débris de tous les trônes, sur les cendres de tous les tyrans; pour nous, vivre pour être libres ou périr en vous deffen-dant et la liberté dans vous, tel est notre voeu, tels sont nos serments. Vive la République, vive la Convention. Miramon, président, Varau, secrétaire. 4 Les administrateurs du district de Colmar [Haut-Rhin] invitent la Convention nationale à rester à son poste jusqu’à la paix, protestent de leur attachement à la représentation nationale et jurent de mourir s’il le faut pour elle. (9) P.-V., XLVUI, 41. (10) C 325, pl. 1404, p. 6. Mention honorable et insertion au bulletin (11). [Les administrateurs du district de Colmar à la Convention nationale, le 25 fructidor an IH (12) Liberté, Égalité, Fraternité. Citoyens Représentans Des successeurs et des panégéristes de Robespierre et compagnie, ont formé de nouveaux complots liberticides. Il en est qui demandent des assemblées primaires pour nommer des magistrats du peuple; et bien, nous vous demandons à rester à vos postes, vous seuls pouvés sauver le vaisseau de l’Etat, et nous regardons comme contrerévolutionnaires tous ceux qui oseront demander des assemblées primaires ; Y appellera-t’on quinze cent mille concitoyens qui rependent leur sang aux frontières pour cimenter la liberté ? Ou ces monstres voudront-ils nous laisser en proie aux aristocrates et aux contrerévolutionnaires qui se masquent du saint nom de Patriotes. Nous vous adjurons derechef, Citoyens Représentans, au nom de la Patrie et de la Liberté de rester à votre poste jusqu’à la Paix ; et nous vous répondons sur nos têtes que nous ne connoitrons d’autre autorité que la Convention et que nous sommes prêts à mourir pour ses décisions. Metzge, Baur, Guardin, Hole, Blanchard. 5 La société populaire de Tonnerre, département de l’Yonne, félicite la Convention nationale sur les victoires multipliées de nos armées et l’invite à rester à son poste. Mention honorable et insertion au bulletin (13). [La société populaire de Tonnerre à la Convention nationale, s. d.] (14) Citoyens représentans Les républicains triomphent de toutes parts, le sol de la liberté n’est plus souillé par la présence des esclaves coalisés, nous vous en félicitons ; continuez Citoyens représentans, à remplir vos hautes destinées. Tandis que nos braves frères versent leur sang pour la cause de la liberté et de l’égalité ; faites fleurir la justice et la probité ; faites revivre le commerce et les arts. Donnez au peuple une instruction (11) P.-V., XL VIII, 41. (12) C 323, pl. 1384, p. 38. (13) P.-V., XL VIII, 41. (14) C 325, pl. 1404, p. 7. Mention marginale : adopté à la séance du 16 vendémiaire par la société.