336 ARCHIVES PARLEMENTAIRES CONVENTION NATIONALE places, et ils y deviennent les protecteurs de tous les genres d’aristocratie ; L’astuce la plus proffonde rè-. gne dans leurs complots; quant ils se déchirent, et se persécutent, ils s’entendent fort bien. Aussi, depuis l’établissement de ce sistême perfide, les prêtres fanatiques, les fédéralistes, les pra-ticiens[sic] et les autres oppresseurs du peuple dans l’ancien régime, remplissent-ils des places dans les Bureaux, comités révolutionnaires, municipalités, districts, Départements; sont-ils là, pour protéger la liberté, et l’égalité, non sans doute; dans tous les temps ils en furent les plus constants ennemis. D’autres complices se sont chargés de l’emploi criminel de dénoncer et d’incarcérer les patriotes, surtout ceux qui sont restés fidels depuis 1789; ils ont aussi quelquefois celui de mettre en liberté, ou de laisser en liberté les plus grands conspirateurs, notament ceux qui sont riches, prêtres, ou nobles, tandis que des républicains portent d’indignes chaînes : vous ne sauriez croire combien cette conduite tue le patriotisme, et ébranle la république. Dans les departements éloignés, et, surtout dans celui de la Loire qui a été un des plus zélé fédéra-listeU l’aristocrate protégé est d’une insolence extrême, et opprime sans cesse l’honnête sanscu-lotte. Le républicain vexé n’ose se plaindre, son peu de lumières, l’éloignement, le peu d’appuy qu’il trouve, dans les autorités Constituées, Les persécutions qu’éprouvent ses frères lui font garder un silence forcé, et le Contre révolutionnaire nage dans les délices du triomphe. une autre division de ces scélérats, plus criminelle encore, cherche à soulever le peuple contre le gouvernement et le tribunal révolutionnaire ; ils s’appitoyent sur les maux de la guerre, soupirent après la paix, et calomnient le gouvernement actuel, comme étant trop rigoureux, et faisant renaître le règne de fer. représentants, et vous mes frères qui m’écoutez, méfiez-vous de ce piège adroit; les mêmes scélérats protégeoient un gouvernement qui mettoit la trahison à l’ordre du jour, vendoit nos places-fortes, faisoit égorger nos braves frères d’afmes, les laissoit manquer d’habillements et de nouriture, épuisoit inutilement les forces et les ressources de la république, qui conspiroit sans cesse avec les tirans coalisés, et les généraux perfides, et qui protégeoit tous les traîtres. aujourd’hui ils calomnient le gouvernement révolutionnaire, et le comité de salut Public, parce qu’ils ont mis la victoire à l’ordre du jour, en purgeant nos armées, qu’ils soutiennent la gloire de la république, qu’ils étouffent toutes les conspirations, avant qu’elles éclatent, qu’ils maintiennent la paix, et l’abondance, au dedans, et que, par sa marche rapide et révolutionnaire l’aristocratie n’a pas le temps de respirer, qu’elle est sans cesse battue, et que ses supports épars, et sans chefs, n’ont plus le temps de sè rassembler, de se reconnoitre et d’ourdir la perte de la Chose publique. ils calomnient également le tribunal révolutionnaire parce qu’ils ne peuvent plus l’abuser par les ruses astucieuses de ces deffenseurs officieux, qui prodiguoient tous leurs talents pour sauver les plus cruels ennemis du peuple, mettoient les juges dans l’indécizion et rallentissoient le cours rapide de la justice. Les Jurés et les Juges ne sont plus entravés dans leur marche, et ce qui doit sauver la république, c’est que leur patriotisme épuré en a fait les deffenseurs les plus zélés des vrais républicains, tandis qu’ils déploient la plus sévère justice contre les conspirateurs : J’ai trouvé dans ce tribunal douceur et équité, et, malgré mes nombreux ennemis, il m’a conservé à ma patrie, et m’a rendu à une liberté pour laquelle j’avois toujours combattu. C’est surtout dans la position des choses que la marche rapide de ce tribunal, est absolument nécessaire; il doit aller le même pas que nos armées, pour que nos ennemis soient tous écrasés dans le même temps ; alors nous fraterniserons tous ensemble, nous n’aurons qu’un même cœur, un même esprit; et le peuple ne se confondra pas avec ses plus mo[r]tels ennemis, qui ne l’embrassent que pour le mieux assassiner. Pères de la patrie, vous exposer les maux, c’est vous indiquer les remèdes, point de paix qu’il n’y ait plus de tirans ! Vous confondrez les projets liber-ticides de ces scélérats qui n’attendent qu’une assemblée Législative, pour renverser votre ouvrage, enchainer le peuple, fouler aux pieds ses droits et sa liberté, et faire égorger ses amis et ses plus zélés deffenseurs. Peuple françoisf,] bénissez un gouvernement et un tribunal qui font trembler pitt même dans Londres, et ne mettez les armes bas que quant la république aura revomi de son sein tous les êtres impurs et hippocrites qui infectent encore le sol de la Liberté. Représentants francois, vous marchez dans une route périlleuse, et environnée d’écueils, mais avancez, faites le bonheur du peuple, consolidez la république ; La Liberté et l’égalité vous élèveront des monuments éternels : les traitres n’ont que du poison, et de[s] poignards pour vous attaquer; hé bien, vous avez tout le peuple pour vous deffendre; nous retournons dans notre département y propager les Lumières, et le feu civique que nous avons puisé auprès de vous; recevez le serment, que nous faisons avec tout le peuple, de triompher avec la république ou de mourir pour elle. Vive La république : vive La montagne. Pignon 45 Un membre, le citoyen Gauthier (l), a obtenu la parole; il se plaint des calomnies qu’il dit avoir été répandues contre lui dans la société des jacobins. Il annonce qu’il va rendre sa justification publique. La Convention nationale décrète le renvoi au comité de salut public (2). (l) Représentant de l’Ain. (2) P.V., XLII, 39; Mess. Soir, n° 701 (cette gazette, ainsi que le M.U. (XLII, 44), présente ainsi l’orateur: « Gauthier, l’un des représentans envoyés en mission à Commune-Affranchie, avec Dubois-Crancé... »); -J. Perlet, n° 666 ; -J. Fr., n° 664. 336 ARCHIVES PARLEMENTAIRES CONVENTION NATIONALE places, et ils y deviennent les protecteurs de tous les genres d’aristocratie ; L’astuce la plus proffonde rè-. gne dans leurs complots; quant ils se déchirent, et se persécutent, ils s’entendent fort bien. Aussi, depuis l’établissement de ce sistême perfide, les prêtres fanatiques, les fédéralistes, les pra-ticiens[sic] et les autres oppresseurs du peuple dans l’ancien régime, remplissent-ils des places dans les Bureaux, comités révolutionnaires, municipalités, districts, Départements; sont-ils là, pour protéger la liberté, et l’égalité, non sans doute; dans tous les temps ils en furent les plus constants ennemis. D’autres complices se sont chargés de l’emploi criminel de dénoncer et d’incarcérer les patriotes, surtout ceux qui sont restés fidels depuis 1789; ils ont aussi quelquefois celui de mettre en liberté, ou de laisser en liberté les plus grands conspirateurs, notament ceux qui sont riches, prêtres, ou nobles, tandis que des républicains portent d’indignes chaînes : vous ne sauriez croire combien cette conduite tue le patriotisme, et ébranle la république. Dans les departements éloignés, et, surtout dans celui de la Loire qui a été un des plus zélé fédéra-listeU l’aristocrate protégé est d’une insolence extrême, et opprime sans cesse l’honnête sanscu-lotte. Le républicain vexé n’ose se plaindre, son peu de lumières, l’éloignement, le peu d’appuy qu’il trouve, dans les autorités Constituées, Les persécutions qu’éprouvent ses frères lui font garder un silence forcé, et le Contre révolutionnaire nage dans les délices du triomphe. une autre division de ces scélérats, plus criminelle encore, cherche à soulever le peuple contre le gouvernement et le tribunal révolutionnaire ; ils s’appitoyent sur les maux de la guerre, soupirent après la paix, et calomnient le gouvernement actuel, comme étant trop rigoureux, et faisant renaître le règne de fer. représentants, et vous mes frères qui m’écoutez, méfiez-vous de ce piège adroit; les mêmes scélérats protégeoient un gouvernement qui mettoit la trahison à l’ordre du jour, vendoit nos places-fortes, faisoit égorger nos braves frères d’afmes, les laissoit manquer d’habillements et de nouriture, épuisoit inutilement les forces et les ressources de la république, qui conspiroit sans cesse avec les tirans coalisés, et les généraux perfides, et qui protégeoit tous les traîtres. aujourd’hui ils calomnient le gouvernement révolutionnaire, et le comité de salut Public, parce qu’ils ont mis la victoire à l’ordre du jour, en purgeant nos armées, qu’ils soutiennent la gloire de la république, qu’ils étouffent toutes les conspirations, avant qu’elles éclatent, qu’ils maintiennent la paix, et l’abondance, au dedans, et que, par sa marche rapide et révolutionnaire l’aristocratie n’a pas le temps de respirer, qu’elle est sans cesse battue, et que ses supports épars, et sans chefs, n’ont plus le temps de sè rassembler, de se reconnoitre et d’ourdir la perte de la Chose publique. ils calomnient également le tribunal révolutionnaire parce qu’ils ne peuvent plus l’abuser par les ruses astucieuses de ces deffenseurs officieux, qui prodiguoient tous leurs talents pour sauver les plus cruels ennemis du peuple, mettoient les juges dans l’indécizion et rallentissoient le cours rapide de la justice. Les Jurés et les Juges ne sont plus entravés dans leur marche, et ce qui doit sauver la république, c’est que leur patriotisme épuré en a fait les deffenseurs les plus zélés des vrais républicains, tandis qu’ils déploient la plus sévère justice contre les conspirateurs : J’ai trouvé dans ce tribunal douceur et équité, et, malgré mes nombreux ennemis, il m’a conservé à ma patrie, et m’a rendu à une liberté pour laquelle j’avois toujours combattu. C’est surtout dans la position des choses que la marche rapide de ce tribunal, est absolument nécessaire; il doit aller le même pas que nos armées, pour que nos ennemis soient tous écrasés dans le même temps ; alors nous fraterniserons tous ensemble, nous n’aurons qu’un même cœur, un même esprit; et le peuple ne se confondra pas avec ses plus mo[r]tels ennemis, qui ne l’embrassent que pour le mieux assassiner. Pères de la patrie, vous exposer les maux, c’est vous indiquer les remèdes, point de paix qu’il n’y ait plus de tirans ! Vous confondrez les projets liber-ticides de ces scélérats qui n’attendent qu’une assemblée Législative, pour renverser votre ouvrage, enchainer le peuple, fouler aux pieds ses droits et sa liberté, et faire égorger ses amis et ses plus zélés deffenseurs. Peuple françoisf,] bénissez un gouvernement et un tribunal qui font trembler pitt même dans Londres, et ne mettez les armes bas que quant la république aura revomi de son sein tous les êtres impurs et hippocrites qui infectent encore le sol de la Liberté. Représentants francois, vous marchez dans une route périlleuse, et environnée d’écueils, mais avancez, faites le bonheur du peuple, consolidez la république ; La Liberté et l’égalité vous élèveront des monuments éternels : les traitres n’ont que du poison, et de[s] poignards pour vous attaquer; hé bien, vous avez tout le peuple pour vous deffendre; nous retournons dans notre département y propager les Lumières, et le feu civique que nous avons puisé auprès de vous; recevez le serment, que nous faisons avec tout le peuple, de triompher avec la république ou de mourir pour elle. Vive La république : vive La montagne. Pignon 45 Un membre, le citoyen Gauthier (l), a obtenu la parole; il se plaint des calomnies qu’il dit avoir été répandues contre lui dans la société des jacobins. Il annonce qu’il va rendre sa justification publique. La Convention nationale décrète le renvoi au comité de salut public (2). (l) Représentant de l’Ain. (2) P.V., XLII, 39; Mess. Soir, n° 701 (cette gazette, ainsi que le M.U. (XLII, 44), présente ainsi l’orateur: « Gauthier, l’un des représentans envoyés en mission à Commune-Affranchie, avec Dubois-Crancé... »); -J. Perlet, n° 666 ; -J. Fr., n° 664.