SÉANCE DU 24 THERMIDOR AN II (11 AOÛT 1794) - N° 1 455 [Le c. de surveillance établi à Chinon, à la Conv.; Chinon, 14 therm. II] (1) Citoyens représentans, Ce n’est pas sans effroy que nous avons appris le plus noir et le plus atroce des complots formés pour la dissolution de la Convention nationale, et le plus infâme projet d’assassiner ses membres. Saisis du plus grand étonnement de cette horrible conspiration, nos cœurs serrés ne respirent que pour admirer cette noble et mâle énergie que vous avez déployée dans un moment de crise aussi périlleux, pour sauver encore une fois la République et la France. Grâces vous soient rendues, citoyens représentans ! 0 génie tutélaire de la liberté, tu nous prouve combien tu veilles à sa conservation. Pourrions-nous nous le dissimuler ? Non, quant, au travers du voile le plus épais de l’hypocrisie, tu nous laisse appercevoir les traîtres, ces meurtriers perfides, ces monstres abominables. Déjà les Robespierre frères, Couthon, Saint-Just et Lebas, si indignes de partager les fonctions augustes de la représentation nationale et du comité de salut public qu’on leur avoit confiées, Dumas, président et autres membres du tribunal révolutionnaire, appellés pour prononcer sur le sort des traîtres et contre-révolutionnaires, la municipalité de Paris, chargée de fonctions aussy augustes, de l’exécution et surveillance des loix, ont subis le sort attaché à leurs crimes de haute trahison d’une manière trop douce. Mais il reste à connoître les abominables complices. Ne nous lassons point, dignes repésentans, cherchons jusque dans les retraites les plus obscures pour connoître et punir jusqu’au dernier traître, et purifier la République qui ne peut exister que par les mœurs et les vertus. Puissions-nous atteindre à ce but. Quel bonheur ! Ah, que nous serions heureux ! oui, citoyens représentans, nous y atteindrons; nous y sommes arrivés. La République triomphera en dépit des traîtres, des malveillants, des puissances coalisées, et de tous ses ennemis. Restez fermes à votre poste; achevez ce grand ouvrage qui fait le bonheur des Français, et fera l’admiration de tous les peuples : nous vous promettons de vous seconder de tous nos efforts et de mériter votre confiance, comme vous êtes dignes de notre reconnoisance. Vive à jamais la République, et la Convention nationale ! Lepage Planchee ( présid .), Payen, Roux, Janiez ( secrét .), Jouves, Lemoine, Hemeau Ménard [et une signature illisible]. [Les sans-culottes employés dans les bureaux de l’administration du distr. de Chinon-sur-Vienne, à la Conv.; Chinon, 14 therm. II] (2) Nous sommes stupéfaits. Nos visages pâlissent d’effroi. Robespierre, Couthon, Saint-Just des conspirateurs !... O perfidie, ô scélératesse (1) C 313, pl. 1 248, p. 24. Mentionné par E?n, 1er fruct. (1er suppl1). (2) C 315, pl. 1 265, p. 57. Mentionné par Bin, 1er fruct. (1er suppl1). rafinée ! Vous nous avez parlé sans cesse de vertus, monstres abominables ! Et c’est par la voie majestueuse des vertus que vous marchiez, un poignard à la main, pour assassiner la liberté ! Quel nom méritez-vous, Tartuffes d’un nouveau genre ? L’histoire ne fournit pas d’exemple que la terre aît vomi rien d’aussi impur que vous. Rentrez dans le néant, créatures maudites ! La corruption elle-même s’étonne de vos forfaits. Représentans fidèles à vos devoirs, recevez l’expression de notre vive reconnoissance. Jouissez de la douce satisfaction d’avoir encore une fois sauvé la liberté. Nos corps sont là pour empêcher le fer meurtrier de vous atteindre, et nos bras sont levés pour frapper les conspirateurs, les intriguans et les traîtres, quelque masque qu’ils prennent. S. et F. Michel, Duperier, Pallu, Dupré, Fourchaute, Aucheron, Savy, Liger, David, Boucher fils, Boucher l’aîné, Puault, Larget, Joubert, Dupré fils, Lemaître, Thibault, Beugnet, Laurance, Roypage, Courtoy, Beauchesne, A. Raucher, Lecoyrain, Le Conte (secrét.). w [Les administrateurs et agent nat. provisoire du distr. du Faouët (1), à la Conv.; de la montagne du Faouët, 16 therm. II] (2) Citoyens représentans, nous apprenons avec transports que les nouveaux traîtres, qui ont conspiré contre la liberté et la Convention nationale, ne sont plus, et que les soutiens du peuple ont triomphé des poignards que des traîtres aiguisoient contre eux dans le sein même de la Convention nationale. Ainsi le génie tutélaire de la République confond les trames et les complots, et écrasera toujours par sa toute-puissance les traîtres et les tyrans, de quelque masque qu’ils se couvrent. Recevez, intrépides défenseurs de la patrie, le serment, que nous aimons à répéter devant vous, de vivre libre et mourir pour la liberté et l’égalité, et pour la Convention nationale, et de vouer haine et exécration aux rois, aux tyrans, et à tous les traîtres et conspirateurs. Ropert ( vice-présid .), Ph. Bargain (agent nat. provis.), Laparant, Bargain, Pierret (secrét.). x [La sté popul. de Xantes (3) à la Conv.; Xantes, 15 therm. II] (4) Législateurs, Nous présagions depuis quelque tems qu’il s’élevait de nouveaux orages du sein de la Convention, et qu’ils ne tarderaient pas à (1) Morbihan. (2) C 313, pl. 1 248, p. 13. Mentionné par Bin, 30 therm. (1er suppl1). (3) Charente-Inférieure. (4) C 315, pl. 1 265, p. 49. Mention dans &n, 30 therm. (1er suppl1). SÉANCE DU 24 THERMIDOR AN II (11 AOÛT 1794) - N° 1 455 [Le c. de surveillance établi à Chinon, à la Conv.; Chinon, 14 therm. II] (1) Citoyens représentans, Ce n’est pas sans effroy que nous avons appris le plus noir et le plus atroce des complots formés pour la dissolution de la Convention nationale, et le plus infâme projet d’assassiner ses membres. Saisis du plus grand étonnement de cette horrible conspiration, nos cœurs serrés ne respirent que pour admirer cette noble et mâle énergie que vous avez déployée dans un moment de crise aussi périlleux, pour sauver encore une fois la République et la France. Grâces vous soient rendues, citoyens représentans ! 0 génie tutélaire de la liberté, tu nous prouve combien tu veilles à sa conservation. Pourrions-nous nous le dissimuler ? Non, quant, au travers du voile le plus épais de l’hypocrisie, tu nous laisse appercevoir les traîtres, ces meurtriers perfides, ces monstres abominables. Déjà les Robespierre frères, Couthon, Saint-Just et Lebas, si indignes de partager les fonctions augustes de la représentation nationale et du comité de salut public qu’on leur avoit confiées, Dumas, président et autres membres du tribunal révolutionnaire, appellés pour prononcer sur le sort des traîtres et contre-révolutionnaires, la municipalité de Paris, chargée de fonctions aussy augustes, de l’exécution et surveillance des loix, ont subis le sort attaché à leurs crimes de haute trahison d’une manière trop douce. Mais il reste à connoître les abominables complices. Ne nous lassons point, dignes repésentans, cherchons jusque dans les retraites les plus obscures pour connoître et punir jusqu’au dernier traître, et purifier la République qui ne peut exister que par les mœurs et les vertus. Puissions-nous atteindre à ce but. Quel bonheur ! Ah, que nous serions heureux ! oui, citoyens représentans, nous y atteindrons; nous y sommes arrivés. La République triomphera en dépit des traîtres, des malveillants, des puissances coalisées, et de tous ses ennemis. Restez fermes à votre poste; achevez ce grand ouvrage qui fait le bonheur des Français, et fera l’admiration de tous les peuples : nous vous promettons de vous seconder de tous nos efforts et de mériter votre confiance, comme vous êtes dignes de notre reconnoisance. Vive à jamais la République, et la Convention nationale ! Lepage Planchee ( présid .), Payen, Roux, Janiez ( secrét .), Jouves, Lemoine, Hemeau Ménard [et une signature illisible]. [Les sans-culottes employés dans les bureaux de l’administration du distr. de Chinon-sur-Vienne, à la Conv.; Chinon, 14 therm. II] (2) Nous sommes stupéfaits. Nos visages pâlissent d’effroi. Robespierre, Couthon, Saint-Just des conspirateurs !... O perfidie, ô scélératesse (1) C 313, pl. 1 248, p. 24. Mentionné par E?n, 1er fruct. (1er suppl1). (2) C 315, pl. 1 265, p. 57. Mentionné par Bin, 1er fruct. (1er suppl1). rafinée ! Vous nous avez parlé sans cesse de vertus, monstres abominables ! Et c’est par la voie majestueuse des vertus que vous marchiez, un poignard à la main, pour assassiner la liberté ! Quel nom méritez-vous, Tartuffes d’un nouveau genre ? L’histoire ne fournit pas d’exemple que la terre aît vomi rien d’aussi impur que vous. Rentrez dans le néant, créatures maudites ! La corruption elle-même s’étonne de vos forfaits. Représentans fidèles à vos devoirs, recevez l’expression de notre vive reconnoissance. Jouissez de la douce satisfaction d’avoir encore une fois sauvé la liberté. Nos corps sont là pour empêcher le fer meurtrier de vous atteindre, et nos bras sont levés pour frapper les conspirateurs, les intriguans et les traîtres, quelque masque qu’ils prennent. S. et F. Michel, Duperier, Pallu, Dupré, Fourchaute, Aucheron, Savy, Liger, David, Boucher fils, Boucher l’aîné, Puault, Larget, Joubert, Dupré fils, Lemaître, Thibault, Beugnet, Laurance, Roypage, Courtoy, Beauchesne, A. Raucher, Lecoyrain, Le Conte (secrét.). w [Les administrateurs et agent nat. provisoire du distr. du Faouët (1), à la Conv.; de la montagne du Faouët, 16 therm. II] (2) Citoyens représentans, nous apprenons avec transports que les nouveaux traîtres, qui ont conspiré contre la liberté et la Convention nationale, ne sont plus, et que les soutiens du peuple ont triomphé des poignards que des traîtres aiguisoient contre eux dans le sein même de la Convention nationale. Ainsi le génie tutélaire de la République confond les trames et les complots, et écrasera toujours par sa toute-puissance les traîtres et les tyrans, de quelque masque qu’ils se couvrent. Recevez, intrépides défenseurs de la patrie, le serment, que nous aimons à répéter devant vous, de vivre libre et mourir pour la liberté et l’égalité, et pour la Convention nationale, et de vouer haine et exécration aux rois, aux tyrans, et à tous les traîtres et conspirateurs. Ropert ( vice-présid .), Ph. Bargain (agent nat. provis.), Laparant, Bargain, Pierret (secrét.). x [La sté popul. de Xantes (3) à la Conv.; Xantes, 15 therm. II] (4) Législateurs, Nous présagions depuis quelque tems qu’il s’élevait de nouveaux orages du sein de la Convention, et qu’ils ne tarderaient pas à (1) Morbihan. (2) C 313, pl. 1 248, p. 13. Mentionné par Bin, 30 therm. (1er suppl1). (3) Charente-Inférieure. (4) C 315, pl. 1 265, p. 49. Mention dans &n, 30 therm. (1er suppl1). 456 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE éclater, mais, éloignés du centre de la République, nous ne pouvions pas même former de conjecture sur les trames affreuses qui s’ourdis-saint contre la liberté. Ils se sont enfin fait connaître, ces lâches conspirateurs, ces scélérats qui, sous le voile du patriotisme, nous ont si longtems abusé. Toujours ils parlaint de leurs travaux, de leur vie politique. A les entendre, ils n’étaint occupés que du bonheur et du salut du peuple pendant que, dans les ténèbres, ils lui préparaint des fers plus honteux que ceux qu’il avait sçu briser par sa force invincible. Insensés ! Leurs mains sacrilèges ont voulu ensanglanter l’autel de la patrie. Le moderne Catilina voulait faire égorger le sénat, et, s’il était possible, perdre la liberté. Quelle est donc cette assemblée, qui, assaillie par touttes les tyrannies, entourée de tous les pièges, harcelée par touttes les factions, foudroie touttes les hordes extérieures qui la menacent, terrasse tous les monstres de l’intérieur qui conjurent contr’elle et fait jetter des cris de victoire au moment même où sa défaite était méditée ? Tel est, législateurs, le langage que va tenir l’Europe étonnée, au récit des événemens que nous venons d’apprendre et de la contenance vigoureuse et sage que vous avez tenu. Quant à nous, notre premier mouvement a été celui de la joie, et nous n’avons cessé de dire : périssent tous les traîtres !, que pour nous écrier : vive la République, vive la Convention, vive à jamais la redoutable montagne ! P.H. Savary ( présid .), Godet {secret.), Vander-quand ( secrét .), L. Meignan ( secrét .) [et environ 250 signatures], y [Les administrateurs du directoire du distr. de Xantes, à la Conv.; Xantes, 16 therm. II { 1) Représentans du peuple français, Vous venez d’anéantir la plus dangereuse conspiration qui ait jamais existé contre la liberté. Le scélérat Robespierre, ce nouveau Catilina qui comprimoit tous les patriotes, a subi le suplice qu’il méritoit il y a longtems : la République est encore une fois sauvée. Depuis 3 mois nous suivions la conduite de ce traître. Chacun de nous aiguisait le poignard de Brutus. En brûlant du même feu volcanique qui embrasoit la montagne sacrée, nous attendions l’instant favorable pour le faire éclater utilement, eussions-nous dû périr sur l’échaf-faut. Ah, s’il existoit encore, au milieu de vous, de ces hommes ambitieux et dénaturés, qu’ils périssent à l’instant même, car il est écrit que la liberté sera triomphante ! Il seroit plus facile, en effet, d’arrêter le soleil dans sa course que de dominer les Français régénérés. Citoyens représentans, vous l’avez décrété, et la République entière l’a répetté : oui, nos frères (1) C 313, pl. 1 248, p. 14. Mention dans 30 therm. (1er suppl1). de Paris ont bien mérité de la patrie dans cette mémorable journée. Ils ont secondé cette énergie que vous avez déployée toutes les fois que la liberté a été menacée. Ils se sont montrés dignes de conserver le dépôt précieux qui leur est confié. Qu’ils y veillent toujours, nous les en conjurons, et qu’ils apprenent enfin à ne plus idolâtrer les hommes ! Célèbres montagnards, vous avez juré de mourir à votre poste, dans cet instant où l’infâme municipalité de Paris, composée des complices du tyran Robespierre, se proposoit d’aller vous égorger. Et nous, nous avons juré de ne quitter le nôtre que pour courir poignarder le scélérat qui voudroit s’élever au-dessus du peuple souverain. S. et F. Hillaire, Moreau, Borel, Vanderquande {vice -présid.), Hautrel, Gollet {secrét.-greffier). z [Les sans-culottes et montagnards composant la stê popul. de La Rochefoucauld (1) , à la Conv.; La Rochefoucauld, 15 therm. Il] (2) Représentants du peuple, un nouveau Catilina, un monstre plus audacieux encore que Cromvelle, alloit dévorer la liberté française. Cinq années de sacrifices, des taurens de sang répendus pour noyer la tyrannie, ne dévoient qu’enfanter un nouveau tyrand ! Mais vous étiés là, sénateurs, et le dictateur n’est déjà plus. Fidèles mendataires d’un peuple libre, vous avez montré, dans le danger qui vous menassoit, un héroïsme dont la seule vertu fut capable. Mourir au poste d’honneur n’étoit rien, à vos yeux, pourvu que la patrie fût sauvée. La République sera impérissable : elle est assize sur des loix populaires, elle est deffendue par un gouvernement révolutionaire; et ce peuple de Paris, qu’on a tant de fois calomnié, et qui a si bien mérité de la patrie toutte les fois qu’elle fut en danger, périra plutôt que la liberté. Tous les républicains françois partagent le même sentiment. Tous ont juré haine implacable aux tyrans, amour et fidélité à la représentation nationale. La société populaire de La Rochefoucauld renouvelle aujourdhuy ce serment entre vos mains, dignes représentants. Comptés sur elle. Jamais elle ne changera. Belle-Isle {présid.), Phillipot Jolly {secrét.), Guimont {pour le secrét). a ' [ Goubert, membre du directoire du départ ‘ de la Meuse, à la Conv.; Bar-sur-Omain, 18 therm. II] (3) (1) Charente. er (2) C 315, pl. 1 265, p. 50. Mention dans B", 30 therm. (1 suppl1). (3) C 313, pl. 1 248, p. 15. 456 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE éclater, mais, éloignés du centre de la République, nous ne pouvions pas même former de conjecture sur les trames affreuses qui s’ourdis-saint contre la liberté. Ils se sont enfin fait connaître, ces lâches conspirateurs, ces scélérats qui, sous le voile du patriotisme, nous ont si longtems abusé. Toujours ils parlaint de leurs travaux, de leur vie politique. A les entendre, ils n’étaint occupés que du bonheur et du salut du peuple pendant que, dans les ténèbres, ils lui préparaint des fers plus honteux que ceux qu’il avait sçu briser par sa force invincible. Insensés ! Leurs mains sacrilèges ont voulu ensanglanter l’autel de la patrie. Le moderne Catilina voulait faire égorger le sénat, et, s’il était possible, perdre la liberté. Quelle est donc cette assemblée, qui, assaillie par touttes les tyrannies, entourée de tous les pièges, harcelée par touttes les factions, foudroie touttes les hordes extérieures qui la menacent, terrasse tous les monstres de l’intérieur qui conjurent contr’elle et fait jetter des cris de victoire au moment même où sa défaite était méditée ? Tel est, législateurs, le langage que va tenir l’Europe étonnée, au récit des événemens que nous venons d’apprendre et de la contenance vigoureuse et sage que vous avez tenu. Quant à nous, notre premier mouvement a été celui de la joie, et nous n’avons cessé de dire : périssent tous les traîtres !, que pour nous écrier : vive la République, vive la Convention, vive à jamais la redoutable montagne ! P.H. Savary ( présid .), Godet {secret.), Vander-quand ( secrét .), L. Meignan ( secrét .) [et environ 250 signatures], y [Les administrateurs du directoire du distr. de Xantes, à la Conv.; Xantes, 16 therm. II { 1) Représentans du peuple français, Vous venez d’anéantir la plus dangereuse conspiration qui ait jamais existé contre la liberté. Le scélérat Robespierre, ce nouveau Catilina qui comprimoit tous les patriotes, a subi le suplice qu’il méritoit il y a longtems : la République est encore une fois sauvée. Depuis 3 mois nous suivions la conduite de ce traître. Chacun de nous aiguisait le poignard de Brutus. En brûlant du même feu volcanique qui embrasoit la montagne sacrée, nous attendions l’instant favorable pour le faire éclater utilement, eussions-nous dû périr sur l’échaf-faut. Ah, s’il existoit encore, au milieu de vous, de ces hommes ambitieux et dénaturés, qu’ils périssent à l’instant même, car il est écrit que la liberté sera triomphante ! Il seroit plus facile, en effet, d’arrêter le soleil dans sa course que de dominer les Français régénérés. Citoyens représentans, vous l’avez décrété, et la République entière l’a répetté : oui, nos frères (1) C 313, pl. 1 248, p. 14. Mention dans 30 therm. (1er suppl1). de Paris ont bien mérité de la patrie dans cette mémorable journée. Ils ont secondé cette énergie que vous avez déployée toutes les fois que la liberté a été menacée. Ils se sont montrés dignes de conserver le dépôt précieux qui leur est confié. Qu’ils y veillent toujours, nous les en conjurons, et qu’ils apprenent enfin à ne plus idolâtrer les hommes ! Célèbres montagnards, vous avez juré de mourir à votre poste, dans cet instant où l’infâme municipalité de Paris, composée des complices du tyran Robespierre, se proposoit d’aller vous égorger. Et nous, nous avons juré de ne quitter le nôtre que pour courir poignarder le scélérat qui voudroit s’élever au-dessus du peuple souverain. S. et F. Hillaire, Moreau, Borel, Vanderquande {vice -présid.), Hautrel, Gollet {secrét.-greffier). z [Les sans-culottes et montagnards composant la stê popul. de La Rochefoucauld (1) , à la Conv.; La Rochefoucauld, 15 therm. Il] (2) Représentants du peuple, un nouveau Catilina, un monstre plus audacieux encore que Cromvelle, alloit dévorer la liberté française. Cinq années de sacrifices, des taurens de sang répendus pour noyer la tyrannie, ne dévoient qu’enfanter un nouveau tyrand ! Mais vous étiés là, sénateurs, et le dictateur n’est déjà plus. Fidèles mendataires d’un peuple libre, vous avez montré, dans le danger qui vous menassoit, un héroïsme dont la seule vertu fut capable. Mourir au poste d’honneur n’étoit rien, à vos yeux, pourvu que la patrie fût sauvée. La République sera impérissable : elle est assize sur des loix populaires, elle est deffendue par un gouvernement révolutionaire; et ce peuple de Paris, qu’on a tant de fois calomnié, et qui a si bien mérité de la patrie toutte les fois qu’elle fut en danger, périra plutôt que la liberté. Tous les républicains françois partagent le même sentiment. Tous ont juré haine implacable aux tyrans, amour et fidélité à la représentation nationale. La société populaire de La Rochefoucauld renouvelle aujourdhuy ce serment entre vos mains, dignes représentants. Comptés sur elle. Jamais elle ne changera. Belle-Isle {présid.), Phillipot Jolly {secrét.), Guimont {pour le secrét). a ' [ Goubert, membre du directoire du départ ‘ de la Meuse, à la Conv.; Bar-sur-Omain, 18 therm. II] (3) (1) Charente. er (2) C 315, pl. 1 265, p. 50. Mention dans B", 30 therm. (1 suppl1). (3) C 313, pl. 1 248, p. 15.