[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. � “ » 323 « J’attaque à la pointé du jour, les troupes se montrent sans-culottes. Je désire que tu fasses connaître à la Convention et à la République 1 es noms des troupes qui se sont le mieux mon¬ trées : ie 3e régiment de hussards, le 14e de dra¬ gons, les carabiniers, le 55e régiment d’infan¬ terie. « Le général Dubois, blessé malheureusement, s’est comporté, j’ose le dire, comme un héros, ou plutôt comme un vrai républicain. « On amène encore des voitures d’armes, je laisse les sacs à nos braves volontaires. « J’ai donné toute cette nuit les ordres les plus prompts pour que le grand développement de l’armée de la Moselle s’opère. Il ne reste plus qu’à mettre l’armée du Rhin en avant. Si ma droite me seconde, j’irai. . . « Je te préviens qu’il serait nécessaire de pro¬ poser quelques approvisionnements, je ne puis m’occuper de cette partie. « J’ai toujours deux guenillons de drapeaux pris aux soldats des brigands' couronnés, à la première occasion, je les enverrai à la Conven¬ tion nationale. Je ne puis écrire davantage. « L. Hoche. » Notes de quelques actions éclatantes qui se sont faites à l’armée du Rhin (1). Le général en chef satisfait de la conduite qu’avait tenue le premier bataillon de l’Indre dans la journée du 12 frimaire, lui adressa une somme de 1,200 livres pour lui en témoigner sa gratitude. Les braves sans-culottes qui le com¬ posent lui renvoyèrent cette somme, en y ajou¬ tant celle de 642 liv. 10 s., qu’ils destinèrent au soulagement des veuves et orphelins des défen¬ seurs de la patrie. A ces traits de bravoure et de générosité, ce bataillon a encore acquis de nouveaux droits à la reconnaissance nationale par son courage et son intrépidité à enlever des redoutes à la baïonnette, qui étaient toutes hérissées de canons, et desquelles il sortait un feu effroyable, auquel ils répondaient par des cris de : Vive la République ! Dans une charge de cavalerie qui a eu lieu dans la journée du 12 frimaire, un lieutenant du 8e régiment de chasseurs à cheval se trou¬ vant démonté, quittait le champ de bataille pour aller prendre un autre cheval, lorsqu’il rencontra un chasseur du même régiment, nom¬ mé Fatou, qui conduisait le cheval d’un dra¬ gon autrichien qu’il venait de terrasser; ce lieutenant lui demanda à acheter son cheval; le chasseur lui répondit : « Ce cheval ne m’a coûté que des coups de sabre; il ne peut mieux m’être payé que par ceux qu’il va te mettre à même de donner; monte-le, et chargeons. Le lendemain, cet officier ne voyant pas venir le chasseur lui demander l’argent de son cheval, le fit appeler, et lui offrit vainement ce qu’il le jugea valoir; il ne put, malgré ses vives ins¬ tances, lui faire accepter un sou. (1) Bulletin de la Convention du 6 nivôse an II (jeudi 26 décembre 1793). Monileur universel fn° 98 du 8 nivôse an II (samedi 28 décembre 1793), p. 393, col. 2], Journal des.Débats el des Décrets (nivôse an II, n" 464, p. 87). Pichegru, général en chef, informé de ce trait de générosité, manda au chasseur de se rendre chez lui; il lui proposa, au nom de la République, d’accepter quelque chose : il ne put l’y résoudre. François Cotin, canonnier au 3e bataillon de la Meuse, a tué, avec l’écouvillon de la pièce qu’il servait, un cavalier autrichien qui coupait les traits des chevaux qui la condui¬ saient, et l’a empêché ainsi de tomber au pou¬ voir de l’ennemi. Un autre canonnier, du 2e ré¬ giment d’infanterie, nommé Joseph Poupart, a grillé la moustache à un Autrichien qui lui avait coupé le pouce; et sa lance à feu lui crachant aux yeux, il est venu à bout de le terrasser, et de s’emparer de son cheval, tout blessé qu’il était. Renvoyé au comité d’instruction publique. Simon (1). Je pense que les vrais patriotes n’apprendront pas sans intérêt, que le jour où l’armée française quitta Huguenau, les femmes comme il faut, les femmes bien élevées, c’est-à-dire celles qui étaient travaillées de l’esprit de l’aristocratie et de fanatisme, s’habillèrent au nombre de 60 à 80, de soie et mousseline blanche; et après avoir fait préparer tout ce qui est nécessaire pour un beau bal et un grand gala, allèrent au-devant de leurs parents émi¬ grés et de l’état-major des Autrichiens et des Prussiens, qui s’avançèrent pour prendre pos¬ session d’Haguenau. Tout à coup un détache¬ ment de cavalerie qui était encore masqué dans un bois, s’apercevant de cette infâme proces¬ sion, se jeta avec impétuosité sur cette confrérie contre-révolutionnaire, et ne laissa aux Autri¬ chiens et aux émigrés que des cadavres immolés à la vengeance nationale (2). Compte rendu du Journal des Débats et des Décrets (3). On lit plusieurs lettres ; nous transcrirons les plus intéressantes : ( Suivent : 1° la lettre de Bouchotte; 2° la lettre de Pichegru; 3° la lettre de Hoche; 4° la note de quelques actions qui se sont faites à l’armée du Rhin; 5° l’incident rapporté par Simon.) Les représentants du peuple Prieur et Turreau écrivent de Savenay, le 3 nivôse, et donnent les détails d’une bataille que nos troupes ont livrée aux brigands qu’elles ont atteints le 1er nivôse à Savenay. Un premier combat s’engagea; mais la nuit qui survint le fit cesser. Le lendemain, dès la pointe du jour, toutes nos colonnes se mi¬ rent en mouvement, et s’avancèrent sur Save¬ nay : l’ennemi résista, quelques coups de canon (1) Bulletin de la Convention nationale du 6 nivôse an II (jeudi 26 décembre 1793). Monileur universel [in0 98 du 8 nivôse an II (samedi 28 décembre 1793), p. 393, col. 3], Journal des Débats el des Décrets (nivôse an II, n° 464, p. 88). (2) Applaudissements, d’après le Journal des Débats et des Décrets (nivôse an II, n° 464, p. 88) et d’après le Mercure universel [7 nivôse an II (vendredi 27 décembre 1793), p. 108, col. 1]. (3) Journal des Débals el des Décrets [nivôse an ÏI, n° 464, p. 85). '