528 [Convention nationale. J ARCHIVES PARLEMENTAIRES, i 17 brumaire an il 1 J (7 novembre 17a8 grand préservatiff des Espagnols; nous leur avons cependant tué beaucoup de monde, du nombre desquels est un lieutenant-colonel com¬ mandant le camp, et fait des prisonniers. Nous avons eu deux hommes tués et quelques blessés. J’espère que vous ferez connaître à la Con¬ vention nationale ces premiers succès. Nos frères d’armes seront bien aises qu’on sache que la République trouvera en eux de zélés défen¬ seurs de la Constitution et des vengeurs intré¬ pides des outrages faits à la nation française. Nous ne disons plus ça ira , notre devise actuelle est : ça va et ça tiendra (1) ! « Le général commandant en chef Varmée Collioure. « Signé : Delatre. de « Certifié conforme : « Signé : DaÔust. « Pour copie : Le ministre de la guerre, « J. Bouchotte. et traités comme tels, que tous ces grimoires soient lacérés et brûlés. Ce petit autodafé ne fera pas rire ceux qui ont l’imbécilité de croire aux revenants, et il y en a beaucoup dans cette classe-là; qu’importe après tout, pourvu qu’il ne reste rien qui puisse nourrir leur sotte cré¬ dulité, effaçons jusqu’aux traces les plus légères de la féodalité et de la tyrannie, brûlons tous les grimoires et surtout n’oublions pas les re¬ gistres des pédants. « Pour' moi qui ne tiens qu’à la liberté, je vous abandonne ces vieux chiffons, faites-les lacérer, et je désire que tous les amis du gouver¬ nement républicain, en fassent le sacrifice avec autant de plaisir que moi. « Salut et fraternité. « Le commissaire national du tribunal de Peims, « Brigot. V « Nota. Les pièces que je vous envoie sont au nombre de 6 : ce sont les seules que je possède. » Lettre du citoyen Brigot, commissaire national du tribunal de Reims, qui envoie à la Conven¬ tion ses lettres de bachelier et de licencié en droit, pour être brûlées. Mention honorable, insertion au « Bulle¬ tin » (2). Suit la lettre du citoyen Brigot ( 3) : « Reims, le 15e jour du 2e mois, l’an II de la République, une et indivisible. « Citoyens, « Sous l’ancien régime, exécré à juste titre par les vrais amis de la liberté, on ne pouvait obtenir certaines places sans être décoré de cer¬ tains titres, qu’on achetait cher, à la vérité, mais qui flattaient l’amour-propre; on vous vendait de la science, et quelle science? Le plus instruit au sortir de l’école était un igno¬ rant. Des pédants érigés en maîtres en droit vous faisaient réciter quelques morceaux de Justinien qu’à grand peine on rendait en mau¬ vais latin, et puis des bravo si votre mémoire vous servait bien, et surtout, si vous aviez bien payé, car c’était là le grand argument. On vous faisait en 3 jours bachelier, licencié et docteur, avec cela vous pouviez passer partout, les places de judicatures vous étaient destinées, et sou¬ vent un sot décidait de la vie et de la fortune d’un honnête citoyen. « Mais venons au fait. Il y a bien des gens qui tiennent à ces vieux titres et encore plus à leurs parchemins; il ne faut pas qu’il reste de vestiges de ce radotage, faites décréter par la Conven¬ tion nationale que tous ceux qui possèdent des lettres de grades soient tenus de les déposer dans un délai quelconque au directoire de leur district, à peine d’être regardés comme suspects (1) Vifs applaudissements, d’après le Mercure universel [18 brumaire an II (vendredi 8 no¬ vembre 1793), p. 125, col. 1]. (2) Procès-verbaux de la Convention , t. 25, p. 38. (3) Archives nationales, carton Dm 150, dossier Reims. Seconde pétition du citoyen Brigot (1). « Reims, le 15e jour du 2e mois, l’an II de la République une et indivisible. « Citoyens, « Ce n’est pas assez pour la Convention natio¬ nale d’avoir pris des mesures vigoureuses contre les accapareurs et les conspirateurs de toutes espèces si les moyens d’exécution manquent. La loi a parlé et cependant son glaive ne perce pas tous les coupables. La raison en est simple. On a décrété des jurés spéciaux pour les crimes d’accaparement et tous ceux relatifs aux sub¬ sistances, mais les jurés sont pris dans la classe des marchands, et comme l’on dit vulgairement, les loups ne se mangent pas. « Si vous voulez que cela aille bien, il faut sans-culotiser les jurés d’accusation et de juge¬ ment, faites décréter par la Convention que dans ces matières les jurés ne seront pris que parmi les ouvriers dont la contribution mobilière ne s’élèvera pas à trois journées de travail et au-dessous, et cela ira, je vous en réponds, mes fonctions m’ont mis à même d’en juger. « Salut et fraternité. « Le commissaire national du tribunal de Beims, « Brigot. » Compte rendu de V Auditeur national (2). Le commissaire national du tribunal de Reims envoie ses anciennes lettres de licence. Il de-(1) La seconde pétition du citoyen Brigot n’est pas mentionnée au procès-verbal de la séance du 17 brumaire an II. Mais en marge de l’original qui se trouve aux Archives nationales (carton Dm, n° 150, do°sier Reims), on lit i « Renvoyé au comité de législation le 17 du 2e mois de la 2e année; Fré-CiNE, secrétaire. » D’ailleurs, d’après le compte rendu de l'Auditeur national, que nous reproduisons ci-dessous, il n’est pas douteux que la seconde péti¬ tion du citoyen Brigot appartient bien à la séance du 17 brumaire an II. (2) Auditeur national [n° 412 du 18 brumaire an II (vendredi 8 novembre 1793), p. 3].