[Convention nationale-! ARCHIVES PARLEMENTAIRES, 4 JJ bre’l793 “ 77 soutien de la liberté, ils demandent l’écroule¬ ment de cette montagne qui fait leur terreur, dans l’espoir que celle qui lui succédera sera plus facile à vaincre; ne les écoutez pas, législa¬ teurs, restez au poste où notre confiance vous a placés, nous avons des bras pour vous y mainte¬ nir, achevez votre grand ouvrage, nous vous aiderons à terrasser nos ennemis et par notre union, et par tous les sacrifices que vous exige¬ rez de nous; il n’en est aucun que nous ne fas¬ sions; verser jusqu’à la dernière goutte de notre sang pour soutenir la République une et indivi¬ sible sera notre premier devoir. « Législateurs, nous désirons nous instruire et instruire nos enfants pour les former de bonne heure au caractère républicain, envoyez-nous l’instruction publique. « Nous désirons nous entretenir, dans nos séances, de la sagesse de vos délibérations, ordon¬ nez que votre Bulletin nous soit envoyé régu¬ lièrement tous les jours. » (Suivent 68 signatures.) Le citoyen Couturier, représentant du peuple envoyé par la Convention nationale dans le dé¬ partement de Seine-et-Oise, instruit la Conven¬ tion nationale des progrès de la philosophie dans les divers cantons qu’il a parcourus, et du ma¬ riage d’un grand nombre de prêtres qui abjurent publiquement, à la grande satisfaction des ci¬ toyens, toutes les idées superstitieuses dont ils avaient eu, disent-ils, le malheur de se rendre les apôtres* La Convention nationale ordonne l’insertion de sa lettre au « Bulletin » (1). (Suit la lettre du citoyen Couturier (2) : « Etampes, ce 10e du 2e mois, l’an II de la République française une et indivisible. « Citoyens mes collègues, « Bientôt il ne restera plus de prêtres céliba¬ taires, l’ affluence de ceux qui se présentent à moi pour recevoir la bénédiction nuptiale prouve l’efficacité de la régénération des autorités cons¬ tituées, je suis forcé à faire les fonctions d’offi¬ cier public et d’évêque, le tout révolutionnaire-ment. Je vous transmets trois de ces actes de mariage (3), les autres sont sur les registres des communes où je suis passé, qui se sont chargées de vous les envoyer. « Salut et fraternité. « Couturier. |F« Je joins à ces trois actes le discours tenu par le curé Salomon (sic) (Salmon), au pied de l’arbre de la liberté, il mérite d’être lu. Ce qu’il y a de beau dans ces mariages, c’est qu’ils ne (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 24, p. 222. (2) Archives nationales, carton C 277, dossier 734. — Aulard, Recueil des Actes el de la Correspondance du comité de Salut public, t. 8, p. 152. (3) Nous n’avons pu retrouver que deux de ces actes de mariage. sont qu’une ratification de longues années de concubinage, ce qui est constaté par l’acte ( 1). » Acte de mariage de Henry Salmon, curé de Champigny, et d'Anne Chaté (2). Ce jourd’hui huitième jour du second mois de l’an II de la République française, une et indi¬ visible, en la ville d’ Etampes, une heure de relevée, au devant de l’arbre de la liberté planté sur la place de la Régénération. Par-devant moi, Jean-Pierre Couturier, repré¬ sentant du peuple, assisté du citoyen Duché, officier public en ladite ville, et en présence des témoins ci-après nommés, et d’une grande affluence de citoyens, sont comparus Henry Salmon, curé de la paroisse de Champigny, âgé de cinquante-six ans, natif de Vaudxesse, dis¬ trict de ......... département de ...... fils de feu Jean-Baptiste Salmon, et de défunte Charlotte Aubert, d’une part, et Anne Chaté, âgée de quarante-huit ans et demi, fille de Claude Chaté, journalier demeurant à Croisy-le-Châtel, et défunte Françoise Portier, ses père et mère; demeurant tous deux en ladite commune de Champigny, d’autre part. Lesquels ont dit, que désirant depuis longtemps de s’unir ensemble, ils n’avaient pu le faire sous l’ancien régime, pourquoi voulant profiter de la présence de moi, représentant du peuple pour donner à leurs concitoyens l’exemple de leur soumission aux lois nouvelles auxquelles ils applaudissent de tout leur cœur, et craignant mon prompt départ, ils ont, dimanche dernier, fait publier à la porte de la maison commune, et en la forme ordinaire, leur union prochaine, et qu’ils paraîtraient devant moi pour leur don¬ ner acte de leurs conventions matrimoniales qui, purement et simplement, consistent et se rédui¬ sent à laisser au survivant la jouissance de tout ce qu’ils possèdent tant en meubles qu’immeu¬ bles, et dont le prix principal est de la somme de six mille livres. Que les acquêts ou conquêts faits ou à faire, les donations, successions et legs qui pourraient leur advenir pendant lapr ésente communauté seront de même à la jouissance du survivant, le tout sans être tenu de donner caution. A été encore convenu entre les parties qu’at¬ tendu que la fortune dont ils jouissent actuelle¬ ment appartient en totalité audit Salmon, à l’exception des hardes de ladite Chaté, qu’ après la mort sans enfants desdits époux la totalité de leur fortune retournera aux héritiers dudit Sal¬ mon, à moins que le père de ladite Chaté ne soit encore vivant, dans lequel cas lesdits époux con¬ sentent qu’il jouisse jusqu’à son décès de la totalité de leur fortune, laquelle retournera aux-dits héritiers Salmon, après sa mort, inventaire préalablement fait après la mort desdits Salmon et sa femme. Et de suite procédé à la célébration de leur mariage si longtemps désiré. (1) Applaudissements, d’après le Moniteur uni¬ versel [n° 42 du 12 brumaire an U (samedi 2 no¬ vembre 1793), p. 172, col. 1], Y Auditeur national [n° 405 du 11e jour du 2e mois de l’an II (vendredi 1er novembre 1793), p. 2] et le Mercure universel (il Ie jour de brumaire (vendredi 1er novembre 1793), p. 13, col. 2]. (2) Archives nationales , carton C 277, dossier 734, 78 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. JJ Sbïuls " En conséquence, après avoir donné connais¬ sance à haute et intelligible voix de la publica¬ tion avant dite, et de celle extraordinaire que j’ai fait faire ce jourd’hui au son de la caisse, j’ai interpellé, au pied de l’arbre de la liberté au milieu de l’affluence des citoyens, tous et un chacun, de former à l’instant son opposition si aucune il y a, et personne ne s’étant présenté, lesdits conjoints se sont donné la main, et ont réciproquement prononcé et déclaré librement s’épouser. Cette formalité observée à haute et intelligible voix, j’ai déclaré, au nom du peuple français et de la loi, que lesdits Salmon et Chaté étaient unis de mariage. J’ai en outre arrêté que le présent acte de mariage révolutionnairement célébré sera trans¬ crit à l’instant sur les registres des mariages de la commune de Champigny, apportés à cet effet. Le tout fait en présence des citoyens Charpen¬ tier et Sibillon, administrateurs du départe¬ ment, Sureau fils, juge de paix du canton d’É-tampes, et Baude, président du tribunal du dis¬ trict d’Étampes qui ont signé avec lesdites par¬ ties, l’officier public et moi, les jour, mois et an avant dit. Couturier; Anne Chaté; Salmon ; Su¬ reau fils; Duché, officier -public; Baude; Charpentier; Sibillon ; P. Raguedeau. Acte de mariage de François Lechartrie, curé de Puiselet-le-Marais, et de Marie-Thérèse-Vic¬ toire Girard (I), Ce jourd’hui, huitième jour du second mois de l’an II de la République française une et in¬ divisible, en la ville d’Etampes, une heure de relevée, au devant de l’arbre de la liberté planté sur la place de la Régénération. Par-devant nous, Jean-Pierre Couturier, repré¬ sentant du peuple, assisté du citoyen Duché, officier public en ladite ville, et en présence des témoins à la fin nommés et d’une grande affluence de citoyens, sont comparus François Lechartier, curé de Puiselet-le-Marais, âgé de soixante-quatre ans, d’une part, et Marie-Thérèse-Vic¬ toire Girard, fille âgée de quarante et un ans, née de Laferté-Alais, résidente audit lieu de Puiselet-le-Marais, d’autre part; ledit citoyen Lechartier né à Saint-Germain-de-Salvandes, district de Vire, département du Calvados, le vingt juin mil sept cent vingt -neuf, du mariage d’Étienne Lechartier, de son vivant laboureur audit lieu, et de Jeanne Desmasures; et ladite citoyenne Girard, née le quatorze janvier mil sept cent cinquante -deux, du mariage de Fran¬ çois Girard, drapier audit lieu de La Ferté, et de Françoise Morise, ses père et mère. Lesquelles parties ont déclaré être convenues depuis en¬ viron trois mois au vu et su du public, de ratifier par mariage le désir qu’ils ont depuis vingt-quatre ans de s’unir ensemble, ce qu’ils n’ont pu faire sous l’ancien régime; pourquoi voulant profiter de la présence de moi, représentant du peuple, pour donner au public l’exemple de leur soumission aux lois nouvelles auxquelles ils applaudissent de tout leur cœur, ledit citoyen Lechartier, craignant mon prompt départ, a seu-(1) Archives nationales, carton C 277, dossier 734. lement hier publié publiquement à l’église ser¬ vant de maison commune, que ce jourd’hui il paraîtrait devant moi en cette ville d’Étampes pour lui donner acte de leurs conventions matri¬ moniales qui, purement et simplement, se ré¬ duisent à laisser au survivante la propriété et jouissance de tout ce qu’ils possèdent et qui, tant en meubles qu’immeubles, n’excède pas en tout, pour les deux conjoints, la valeur de douze cents livres en capital, et qu’il en sera usé de même pour les acquêts, conquêts et suc¬ cessions qu’ils pourraient faire; et de suite pro¬ céder à la célébration de leur mariage si long¬ temps désiré. En conséquence, après avoir donné connais¬ sance à haute et intelligible voix de la publica¬ tion avant dite, et de celle extraordinaire que j’ai fait faire ce jourd’hui, au son de la caisse, j’ai interpellé, au pied de l’arbre de la liberté, au milieu de l’affluence des citoyens, tous et un cha¬ cun de former à l’instant son opposition si au¬ cune il y a, et personne fie s’étant présenté, les¬ dits conjoints se sont donné la main, et ont réciproquement prononcé et déclaré librement s’épouser, cette formalité observée à haute et intelligible voix, j’ai déclaré au nom du peuple français et de la loi, que lesdits Lechartier et Girard étaient unis en mariage. J’ai, en outre, arrêté que le présent acte de mariage révolutionnairement célébfé, sera trans¬ crit sur les registres des mariages de la commune de Puiselet-le-Marais, collationné et signé par les maire et officier public, à leur diligence et sous leur responsabilité, et que copie également collationnée et signée sera par eux délivrée aux dits époux, le tout fait en présence des citoyens François Clozier, Charpentier, Sureau et Boileau, curé deBoisherpin, non célibataire, qui ont signé avec moi, l’officier public, les témoins ainsi que plusieurs assistants au nombre desquels se trouve compris le citoyen Sibillon. Les jour, mois ét an avant dit. François Lechartier, curé de Puiselet; Victoire Girard; Couturier; Charpen¬ tier ; Sureau fils, juge de paix du canton d'Etampes; Sibillon; Duché, officier public; Clozier. Discours du curé Salmon (1). Vrai sans-culotte, représentant du peuple. Un couple reconnaissant s’empresse à vous offrir le tribut de sa sensibilité. Pourrait-elle se défendre de la plus vive explosion lorsque vous vous empressez vous-même à consacrer par votre auguste ministère, sous le chêne inébran¬ lable de la liberté, l’union si désirée d’un répu¬ blicain avec une républicaine. Sans doute, vous ne croirez pas, digne man¬ dataire du souverain, que le feu des passions préside à ma démarche, mais bien l’amour sacré de la patrie, ma soumission pleine et entière aux lois, mon attachement invariable au régime républicain, motifs purs et sublimes, inconnus, il est vrai, aux vils agents du despotisme, mais qui pénètrent l’âme des vrais patriotes. Et comment la mienne ne serait-elle point investie de tout le sentiment de leur grandeur? (1} Archives nationales, earton C 277, dossier 784,