[Convention nationale.} ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { brumaire an H 629 1 1 19 novembre 1793 force; votre triomphe est assuré comme celui de la République. « Signé : J. -B. Milhaud et GIuyardin. « P.-S. Les représentants du peuple, après avoir arrêté que tous citoyens de tout sexe seraient munis de leurs cartes civiques pour rester à Strasbourg; après avoir fait, par le moyen de visites domiciliaires, la recherche de tontes les personnes suspectes; après avoir ordonné et fait exécuter l’arrestation de tous les riches égoïstes et contre-révolutionnaires qui pouvaient être en relation avec l’étranger; après s’être concertés avec les généraux pour que l’ennemi ne puisse plus profiter des corres¬ pondances secrètes; après avoir livré au glaive de la loi ceux des lâches ou des traîtres qui ont contribué à la prise des lignes de Wissembourg, ont cru qu’il était de leur devoir de faire con¬ naître au peuple la lettre suivante, qui dévoile les manœuvres honteuses des malveillants et des despotes, et qui prouve que les esclaves ne peuvent avoir de succès sur les hommes libres que par les trahisons. Copie de la lettre adressée à Monsieur, Mon¬ sieur le citoyen en e JD 17, 18, place d'armes à Strasbourg, et envoyée aux représentants du peuple par le général Michaud. « Tout est arrangé, mon ami, ils danseront, suivant leur expression, la Carmagnole ; Stras¬ bourg est à nous dans 3 jours au plus tard, j’espère vous y embrasser, tenez bon, n’épar¬ gnez ni or, ni argent, ni adresse, enfin em¬ ployez tout pour gagner du monde, l’opinion publique d’une grande partie doit être pour nous. « Depuis ma dernière, nous sommes arrivés à Brumpt sans résistance. Là, seul, ces petits crapeaux (sic ) bleus ont résisté, mais solidement ; faites -nous savoir qui les commandait, son ca¬ ractère, ses passions; nous sommes décidés à sacrifier cinquante mille francs pour le gagner, quand le diable y serait, ce n’est pas la redoute entre Stinfeld et Niederotexback, nous l’avons eue à meilleur compte. « Vous avez dû voir, hier, le marquis de la Villette et le comte de Sône. Ils ont trouvé singulièrement le moment d’entrer dans Stras¬ bourg (Dieu les y maintienne sains et saufs) ils vous aideront de tout leur possible. Comme j’ignore si vous les avez vus, je vais vous conter comment ils ont pu tromper la vigilance de vos crapeaux. « Nous savons, et vous savez de même, qu’il faut une permission signée de leur général pour entrer à Strasbourg; hé bien ! nous avons trouvé le moyen de vous faire passer au moins deux cents hommes petit à petit, sans qu’ils puissent s’en apercevoir. Vous savez qu’il y entre journellement des caissons en ville, nos deux amis habillés en nationaux ont feint d’être blessés, et ont demandé à y entrer en donnant la pièce aux conducteurs, ces derniers y ont consenti, et nos gens sont chez notre tré¬ sorier. En partant nous leur avons recommandé de ne point se montrer et d’être prudents. Retenez-les tant que vous pourrez; sans votre prudence, je vois notre projet échoué, vous êtes notre espérance; ces-maudits Jacobins veillent, tenez-les en haleine; faites-leur faire des bévues tant que vous pourrez, ils se fient à vous, moyen de plus pour les tromper. « Dans leur retraite, notre victoire a été complète; dans presque tous les camps nous avons trouvé un butin immense, je crois que leurs officiers voulaient plutôt faire la guerre aux femmes qu’à des hommes, nous avons trouvé des toilettes complètes. Tenez votre promesse. Suivant votre dernière, les scélérats, leurs commissaires n’avaient pas 24 heures à vivre, et la lumière les éclaire encore ! Leurs Sentinelles ne sont pas surveillantes, quand nos 200 hommes vous auront joint, faites jouer tous les ressorts. Hasardez un coup des plus écla¬ tants. « Voici le projet : « 2,000 hommes habillés en nationaux (nous en avons déjà 1,200) se présenteront à la porte de Strasbourg environ les 4 heures du soir, vous pouvez compter sur eux. C’est tout ce que nous avons de meilleur, c’est l’élite de la noblesse française. Leur costume seul les fera entrer. Ils ne s’empareront que des derniers postes. Je veux dire dans la dernière enceinte. S’ils éprouvaient quelques retards, n’oubliez pas un jour, un instant, de nous envoyer le mot d’ordre, c’est une grande ressource. « 200 d’entre eux se porteront chez les commissaires de la Convention et les égorgeront sans coup férir ainsi que tous leurs suppôts. Tous vos honnêtes gens n’auront pour cri de ralliement que le nom du roi et une cocarde blanche, seul signe qui sera respecté. Les mu¬ nicipaux, dont nous avons les noms, seront poi¬ gnardés; les autres, nos amis, seront respectés. Ils mettront leur écharpe blanche sur-le-champ. « Ne manquez pas, sitôt nos deux cents hommes entrés par le moyen des fourgons, d’enclouer, suivant votre projet, les pièces de canon. Il est très facile de l’effectuer en faisant vos patrouilles. Egorgez les sentinelles; si votre projet est déjoué et reconnu, n’y survivez pas; que nos gens périssent en mettant le feu aux magasins à poudre. « Une bonne partie de nos camarades sont dans la forêt d’Haguenau; ils y sont retran¬ chés, ils y tiendront bon. La taxe qui a lieu met notre projet plus à même d’être exécuté. Il y a, suivant les rapports, 2,000 mécontents de plus. « Nous sommes surpris, nous recevons leur mot d’ordre toujours trop tard; le plus tôt est à 3 heures; tâchez que nous puissions par ce moyen, le surprendre de meilleure heure. Le prince vous promet tout. Employez contre ces monstres tous les moyens, regardez -les comme des animaux plutôt que comme des hommes. « J’oubliais de vous demander des nouvelles de grand nombre de nos prêtres qui se sont rendus chez vous. Je crois que c’est le seul des moyens, et le meilleur qu’on pût employer, ils sont de Strasbourg et le connaissent parfaite¬ ment. Faites trotter ces bougres-là et sans relâche, ils ont la finesse du diable, ils vous seconderont infiniment. « Il nous paraît que nous sommes sûrs de votre ville. Décriez tant que vous pourrez les assignats; les 13 millions que vous avez sont destinés pour cela, donnez, ou plutôt prodiguez l’or, c’est une grande ressource. Notre bon ami Pitt vient de nous faire passer par la' Hollande ARCHIVES PARLEMENTAIRES { £9nb0rvueX| ™ c. 630 [Convention nationale.] 18 millions pour compléter le discrédit? notre victoire est assurée; nous emploierons tous les moyens pour vous en faire passer une partie. « Le prince me charge de dire au caissier de ne défaire ses doubles planchers que petit à petit par sacs ; tout serait perdu si nous étions découverts. « Changez souvent de domicile, mangez comme de coutume, tantôt ici, tantôt là. Je voudrais vous voir avec l’habit de ces coquins, il doit vous paraître étranger. « Je vous le répète; que l’or ne vous coûte rien pour nous faire des créatures. Répandez-le à foison. Faites que le mot d’ordre n’arrive plus tard ; ils sont sans surveillance, leur déroute est complète, le découragement est à son comble. Hâtez-vous, que nous puissions enfin frapper ce grand coup. « Sitôt nos 2,000 hommes entrés, faites mettre le feu partout, je ne saurais trop vous le répéter. « Vous ferez donner au porteur 30,000 livres, nous le croyons encore à bon compte. Il sacrifie sa vie pour nous; vous le reconnaîtrez à ses lunettes; il est bègue, et il vous dira, : 19, 27, 1, 32, 7, 28, 22, 54, 68. Vous savez ce que je veux dire. « Ne lui dites pas le domicile du trésorier; ne nous fions à personne. « Que tous vos agents se tiennent prêts au signal. « On me charge de vous demander ce que c’est que cette armée révolutionnaire dont on parle tant; tonnez aux Jacobins contre le poids qu’elle pourrait avoir, ce mot seul pourrait intimider nos gens. « Adieu, mon cher ami, je suis pour la vie. « Signé : le marquis de Saint-Hilaire. « Réponse prompte, à quel prix que ce soit; vous reconnaissez mes pieds de mouche, mais je suis pressé. On me recommande de vous demander des renseignements sur celui qui commandait ces gueux -là à Brumpt; donnez-nous en des plus clairs. « Enveloppez, comme de coutume, vos dépêches dans des chiffons. » Pour copie conforme à Voriginal resté entre nos mains : Signé : J. -B. Milhaud et Gutardin, repré¬ sentants du peuple , Lettre d’envoi. « Citoyen représentant, « Je fais partir en toute diligence le citoyen Àrriez, capitaine du 6e bataillon du Doubs, qui a une lettre de la plus grande importance à vous communiquer. « Le général de division. « Signé : Michaud, » Pour copie conforme à Voriginal : Signé : J, -B. Milhaud et Guyardin, Premier arrêté (1). Les représentants du peuple près l’armée du Rhin, voulant garantir cette frontière des insultes des ennemis de la République; Convaincus que les tyrans coalisés contre elle comptent moins sur la force de leurs esclaves que sur les intelligences criminelles qui leur ont déjà procuré quelques succès; Considérant qu’il est instant de décon¬ certer tous les malveillants et de couper le fil des trames qu’ils auraient ourdies ; Considérant que le moyen le plus sûr d’arriver à ce but salutaire est de faire exécuter les lois contre les gens suspects et de prendre les mesures révolutionnaires qui assureront le triomphe de la liberté; Arrêtent ce qui suit ; Art. 1er. « Il sera établi à Strasbourg un comité de surveillance et de sûreté générale, de 12 mem¬ bres. Art. 2. « Les membres qui le composeront sont les citoyens : « André, procureur général syndic du départe¬ ment; « Téterel, membre du département; « Monet, maire de la commune de Stras¬ bourg; « Schneider, accusateur public du départe¬ ment ; « Martin, procureur de la commune; « Jung, officier municipal; « Fibich, peintre; « Edelmann l’aîné, membre du directoire du département; « Glavel, membre du tribunal de district; « Nestling, membre du directoire du dépare¬ ment; « Wolff, membre du tribunal de district; « Saurez, administrateur du district; « Tous membres de la Société populaire. Art. 3. « Il y aura 4 suppléants qui sont ; « Birkicht, teinturier; Edelmann le jeune, membre de la municipalité; Neumann, membre du département; Stahl, brasseur. « Tous membres de la Société populaire. Art. 4. « Ce comité entrera en fonctions dès ce soir, et étendra sa surveillance sur tout le départe¬ ment, et se conformera au surplus aux lois (1) Archives nationales , carton AFii 135, pla¬ quette 1044, pièce 23.