SÉANCE DU 29' GERMINAL AN II (18 AVRIL 1794) - N° 8 9 mère commune; ne descendez de la sainte Montagne que quand les tyrans seront exterminés, que lorsque la République pourra jouir paisiblement du bonheur que les vertus doivent lui procurer, enfin que quand les peuples de l’Europe auront reconnu leur droit; bientôt, oui bientôt, tous les peuples de l’univers ne seront par vos soins et vos travaux qu’un peuple de frères; soyez sûrs que les tyrans et nos ennemis intérieurs n’attendaient et ne désiraient la convocation des assemblées primaires pour une nouvelle députation, que pour nommer leurs consorts, détruire l’ouvrage immortel des droits de l’homme et nous faire retomber dans l’esclavage. Pour nous, fermes à notre poste, nous jurons de faire exécuter rigoureusement le gouvernement révolutionnaire et de ne l’abandormer que quand nous aurons versé jusqu’à la dernière goutte de notre sang pour son maintien et notre chère patrie. Vive la République, Vive la Montagne ». Ferraud, Malafosse, Bégou, Bouchet, Pajon, Kayron, Barrandon, Bonnefoux, André, Moulin, Dardaré, Rebeyrolles [et une signature illisible]. 8 Les citoyens de Villefranche, département de l’Aveyron, applaudissent à l’imperturbable énergie de la Convention nationale, et à la punition des traîtres. Mention honorable, insertion au bulletin (1) . [Villefranche, 12 germ. II] (2) . « Citoyens législateurs, Nous venons d’être instruits par la lecture qui nous a été faite de l’adresse de la Convention au peuple français, des dangers que vient de courir la représentation nationale et la liberté du peuple... Notre premier mouvement a été un cri d’indignation et de rage contre les conspirateurs et les traîtres, nous avons en même temps juré leur destruction et notre serment ne sera pas vain. Grâces vous soient mille fois rendues, législateurs immortels, pères de la patrie, vrais fondateurs de la liberté; c’est votre imperturbable énergie qui vient encore de déjouer cette ou-velle conspiration et d’en faire punir les exécrables auteurs. Ils sont bien criminels ces hommes, qui sous le masque du patriotisme, veulent assassiner le peuple. Serait-il possible que lorsque la vertu est à l’ordre du jour, ses dehors imposants puissent servir de voiles pour ourdir des nouvelles trames, et que le peuple séduit lui-même par ces apparences trompeuses, courut au devant des fers qu’on lui prépare. Non, le peuple essentiellement vertueux était fait pour croire à la vertu, il a pu être séduit un instant, il a pu donner sa confiance à des hommes dont le cœur était corrompu, mais dont le langage n’annonçait que le respect pour la représentation nationale et l’exécution des lois; l’amour du peuple était sur leurs lèvres et par leurs atroces com-(1) P.V., XXXV, 295. Bln, 29 germ. (2e suppl'). (2) C 300, pl. 1059, p. 33. binaisons, ils lui préparaient des poignards et des fers. Ils eussent été moins dangereux, si se dépouillant de leur masque hypocrite, ils avaient osé lever l’étendard de la révolte; dans l’instant ils eussent été réduits en poussière et leurs affreux complots déjoués, presqu’aussitôt que conçus; mais aujourd’hui l’expérience nous rendra méfiants, le peuple a juré de ne plus s’endormir dans une fatale sécurité, il surveillera les traîtres, il les dénoncera, et plein de reconnaissance pour vos bienfaits, il saura consolider l’ouvrage de vos mains. Il veut transmettre à ses neveux le dépôt précieux de la liberté et de l’égalité. Législateurs, ce n’est pas après 5 ans de travaux pour abattre tous les genres de tyrannie, après de nombreux sacrifices dont le calcul même serait un crime, ce n’est pas lorsque le sang du patriote a coulé sous le glaive des cohortes ennemies, que le peuple français veut regarder en arrière, toutes ses facultés sont à vous, la dernière goutte de son sang doit couler pour la patrie. Parlez, Législateurs, si de nouveaux dangers vous menacent, nous volons vers vous, nous vous faisons un rempart de nos corps, tandis que 1 500 000 hommes feront respecter sur nos frontières l’enseigne de la liberté. Ce ne sera qu’après avoir foulé nos cadavres ensanglantés que les assassins pourront parvenir jusqu’à vous. S’il existe encore des conspirateurs, c’est pour les punir que le peuple vous a confié sa massue, qu’elle soit dans vos mains le signal de l’épouvante, qu’elle effraie les traîtres et ceux qui seraient tentés d’entrer dans leurs complots, et ne la posez que lorsqu’ils ne seront plus. C’est à vous, Législateurs, qu’il appartient de consommer le grand ouvrage de notre régénération. Le peuple vous a placés au poste glorieux du haut du guet, vous présidez à ses destinées, chacun de vos travaux ajoute à notre bonheur; vous seuls connaissez toutes les intrigues, vous tenez dans la main le fil de toutes les conspirations, que votre zèle ne se ralentisse pas plus que notre confiance. Ce n’est qu’après l’entière destruction des tyrans et des traîtres que vous devez revenir au milieu de nous, jouir en paix du fruit de vos travaux et recueillir nos bénédictions ». Vayssière, Daim, Carraudine jeune, Dache père, Panissal jeune, Momos, Panissal, Roubeau, Segons, Brot, Rigot, Rolland, Massabiau père, Sougny, Lachin jeune, Granier, Deleris fils, Guioter, Vigorou, Cotreau aîné, Farjon, Hugounens, Carayré, Mouly jeune, Civand, Murat, Alric, Théron, Lacassaigne, Curray aîné, Caylet cadet, Déau, Tamaler, Déau, Bosc, Lambert, Marre aîné, Bach fils, Belussy, La-valre cadet, Gossart, Cormach, instituteur, P. Digat, J. Moulière, Rouqueer, Cazès, Colombier aîné, Milhet jeune, Lacroute maire, Laraussiet, Peinard, Grudière, Dalmas, A. Crespy, Doudon, Murat aîné, Carraudière aîné, Ganit, Sérié, Clusel, Alet, Bosc, Cerès, Jannet, Pachine, Savignac, Deley, Croizac cadet, Tortot fils, Sellier, Raynal, Baben fils, Dalmas père, Valex, Murat, Bastide père, Andrevaux aîné, Mazière, Verney dit Lafo-ret, Combes, Bosc, Gaubert, Doradal, J. Massabiau, Dubreult, Couderc, Granier, Gattié, Beyriau, Cordailhac, Cessac, Bisser, Urnan, Fraysse [et 29 signatures illisibles]. SÉANCE DU 29' GERMINAL AN II (18 AVRIL 1794) - N° 8 9 mère commune; ne descendez de la sainte Montagne que quand les tyrans seront exterminés, que lorsque la République pourra jouir paisiblement du bonheur que les vertus doivent lui procurer, enfin que quand les peuples de l’Europe auront reconnu leur droit; bientôt, oui bientôt, tous les peuples de l’univers ne seront par vos soins et vos travaux qu’un peuple de frères; soyez sûrs que les tyrans et nos ennemis intérieurs n’attendaient et ne désiraient la convocation des assemblées primaires pour une nouvelle députation, que pour nommer leurs consorts, détruire l’ouvrage immortel des droits de l’homme et nous faire retomber dans l’esclavage. Pour nous, fermes à notre poste, nous jurons de faire exécuter rigoureusement le gouvernement révolutionnaire et de ne l’abandormer que quand nous aurons versé jusqu’à la dernière goutte de notre sang pour son maintien et notre chère patrie. Vive la République, Vive la Montagne ». Ferraud, Malafosse, Bégou, Bouchet, Pajon, Kayron, Barrandon, Bonnefoux, André, Moulin, Dardaré, Rebeyrolles [et une signature illisible]. 8 Les citoyens de Villefranche, département de l’Aveyron, applaudissent à l’imperturbable énergie de la Convention nationale, et à la punition des traîtres. Mention honorable, insertion au bulletin (1) . [Villefranche, 12 germ. II] (2) . « Citoyens législateurs, Nous venons d’être instruits par la lecture qui nous a été faite de l’adresse de la Convention au peuple français, des dangers que vient de courir la représentation nationale et la liberté du peuple... Notre premier mouvement a été un cri d’indignation et de rage contre les conspirateurs et les traîtres, nous avons en même temps juré leur destruction et notre serment ne sera pas vain. Grâces vous soient mille fois rendues, législateurs immortels, pères de la patrie, vrais fondateurs de la liberté; c’est votre imperturbable énergie qui vient encore de déjouer cette ou-velle conspiration et d’en faire punir les exécrables auteurs. Ils sont bien criminels ces hommes, qui sous le masque du patriotisme, veulent assassiner le peuple. Serait-il possible que lorsque la vertu est à l’ordre du jour, ses dehors imposants puissent servir de voiles pour ourdir des nouvelles trames, et que le peuple séduit lui-même par ces apparences trompeuses, courut au devant des fers qu’on lui prépare. Non, le peuple essentiellement vertueux était fait pour croire à la vertu, il a pu être séduit un instant, il a pu donner sa confiance à des hommes dont le cœur était corrompu, mais dont le langage n’annonçait que le respect pour la représentation nationale et l’exécution des lois; l’amour du peuple était sur leurs lèvres et par leurs atroces com-(1) P.V., XXXV, 295. Bln, 29 germ. (2e suppl'). (2) C 300, pl. 1059, p. 33. binaisons, ils lui préparaient des poignards et des fers. Ils eussent été moins dangereux, si se dépouillant de leur masque hypocrite, ils avaient osé lever l’étendard de la révolte; dans l’instant ils eussent été réduits en poussière et leurs affreux complots déjoués, presqu’aussitôt que conçus; mais aujourd’hui l’expérience nous rendra méfiants, le peuple a juré de ne plus s’endormir dans une fatale sécurité, il surveillera les traîtres, il les dénoncera, et plein de reconnaissance pour vos bienfaits, il saura consolider l’ouvrage de vos mains. Il veut transmettre à ses neveux le dépôt précieux de la liberté et de l’égalité. Législateurs, ce n’est pas après 5 ans de travaux pour abattre tous les genres de tyrannie, après de nombreux sacrifices dont le calcul même serait un crime, ce n’est pas lorsque le sang du patriote a coulé sous le glaive des cohortes ennemies, que le peuple français veut regarder en arrière, toutes ses facultés sont à vous, la dernière goutte de son sang doit couler pour la patrie. Parlez, Législateurs, si de nouveaux dangers vous menacent, nous volons vers vous, nous vous faisons un rempart de nos corps, tandis que 1 500 000 hommes feront respecter sur nos frontières l’enseigne de la liberté. Ce ne sera qu’après avoir foulé nos cadavres ensanglantés que les assassins pourront parvenir jusqu’à vous. S’il existe encore des conspirateurs, c’est pour les punir que le peuple vous a confié sa massue, qu’elle soit dans vos mains le signal de l’épouvante, qu’elle effraie les traîtres et ceux qui seraient tentés d’entrer dans leurs complots, et ne la posez que lorsqu’ils ne seront plus. C’est à vous, Législateurs, qu’il appartient de consommer le grand ouvrage de notre régénération. Le peuple vous a placés au poste glorieux du haut du guet, vous présidez à ses destinées, chacun de vos travaux ajoute à notre bonheur; vous seuls connaissez toutes les intrigues, vous tenez dans la main le fil de toutes les conspirations, que votre zèle ne se ralentisse pas plus que notre confiance. Ce n’est qu’après l’entière destruction des tyrans et des traîtres que vous devez revenir au milieu de nous, jouir en paix du fruit de vos travaux et recueillir nos bénédictions ». Vayssière, Daim, Carraudine jeune, Dache père, Panissal jeune, Momos, Panissal, Roubeau, Segons, Brot, Rigot, Rolland, Massabiau père, Sougny, Lachin jeune, Granier, Deleris fils, Guioter, Vigorou, Cotreau aîné, Farjon, Hugounens, Carayré, Mouly jeune, Civand, Murat, Alric, Théron, Lacassaigne, Curray aîné, Caylet cadet, Déau, Tamaler, Déau, Bosc, Lambert, Marre aîné, Bach fils, Belussy, La-valre cadet, Gossart, Cormach, instituteur, P. Digat, J. Moulière, Rouqueer, Cazès, Colombier aîné, Milhet jeune, Lacroute maire, Laraussiet, Peinard, Grudière, Dalmas, A. Crespy, Doudon, Murat aîné, Carraudière aîné, Ganit, Sérié, Clusel, Alet, Bosc, Cerès, Jannet, Pachine, Savignac, Deley, Croizac cadet, Tortot fils, Sellier, Raynal, Baben fils, Dalmas père, Valex, Murat, Bastide père, Andrevaux aîné, Mazière, Verney dit Lafo-ret, Combes, Bosc, Gaubert, Doradal, J. Massabiau, Dubreult, Couderc, Granier, Gattié, Beyriau, Cordailhac, Cessac, Bisser, Urnan, Fraysse [et 29 signatures illisibles].