SÉANCE DU 11 BRUMAIRE AN III (1er NOVEMBRE 1794) - N° 10 267 [Le conseil général du district d’Avranches à la Convention nationale, le 25 vendémiaire an III ] (27) Citoyens Représentants Nous n’avons pas plutôt connu votre sublime adresse du 18 vendémiaire que nous nous sommes empressés de la faire réimprimer au nombre de deux milles exemplaires pour en faire la distribution à nos concitoyens. Les grands principes qui y sont energiquement développés, en affermissant les patriotes vertueux, qui trop longtems ont gémi sous le joug de l’oppression, vont démasquer les intrigants et les fripons qui, flétris dans l’opinion publique, ne pouvaient esperer de ressources que dans les assasinats que leur maitre et ses partisants avaient mis à l’ordre du jour. La masse du peuple est pure, elle aime la vertu, la probité, l’humanité et la justice. Une longue habitude du crime peut seule effacer dans l’homme ces sentiments que l’auteur de la nature a profondément gravé dans tous les coeurs; heureusement ils ne sont point affaiblis dans ceux de nos concitoyens, et ils vont se développer avec une nouvelle vigueur, déjà la joie est peinte sur tous les visages, la douce espérance succédé au découragement et la confiance au désespoir, que les infâmes agents de Robespierre avaient répandus dans tous les esprits. Si ces scélérats échappent à la vengeance nationale, ils n’échapperont pas à l’execration publique. C’est la moindre recompence due à leurs forfaits. La postérité n’en parlera que comme d’un fléau qui aura affligé la france pendant une année entière, et leurs noms ne seront jamais prononcés sans exciter l’indignation et le mépris de ceux qui les entendront. Qu’il est doux, qu’il est consolant pour les âmes probes et vertueuses de n’avoir point partagé leurs forfaits ; qu’il est satisfaisant de n’avoir point trempé dans la proscription de ses malheureux concitoyens. Continués, Dignes Réprésentants du peuple français, votre glorieuse carrière. La France entière applaudit à votre humanité et à votre energie, protégés l’innocence, encouragés la vertu, soyés indulgents envers la faiblesse et l’egarement, mais lancés la foudre sur les têtes criminelles des hommes pervers qui oseraient encore relucter contre le voeu national. Ce sont les ennemis déclarés du peuple; accoutumés à boire son sang, à s’engraisser de ses sueurs, à dilapider la fortune publique, ils ne consentiront jamais à professer les principes d’humanité et de justice qui conviennent si bien à tous les français. Ne souffrés pas que des patriotes purs et vertueux tombent désormais sous le fer des assasins; faites rechercher soigneusement et livrés à la justice les lâches qui ont osé attenter aux jours du représentant du peuple Tallien, ne souffrés pas qu’on avilisse la représentation nationale dans une commune qui a fait tant de sacrifices pour la liberté. Elle est respectée dans tous les départements de la République, elle ne (27) C 323, pl. 1388, p. 24. doit pas être outragée dans la commune quelle a choisie pour tenir ses séances. Pour nous, Représentants, nous le déclarons solemnelle-ment, nous ne souffrirons pas quelle le soit impunément dans l’etendue du territoire confié à notre administration. Périssent les intrigants, périssent les factieux, vive la Convention nationale. Tel est le cri unanime des administrateurs et des administrés du district d’Avranches ; car on ne doit compter pour rien les criailleries de quelques factieux qui pourraient regretter encore le régné du tyran. Zanogue, président, Frain, agent national et 10 autres signatures. 10 Le comité de surveillance de la commune de Cherbourg [Manche]0, la société populaire de Clamecy [Nièvre]6, le conseil général de la commune de Châlons [Marne]c, la société populaire d’Ebbling-hem, district d’Hazebrouck [Nord]d, les citoyens de la société populaire de la commune de Franciade [ci-devant Saint-Denis, Paris]6, le conseil général de la commune de Gournay [Seine-Inférieure/, la société populaire de Moyenvic [Meurthe] (28), le conseil général de la commune du Mans [SartheK, la société populaire de Salins-Libre [ci-devant Château-Salins, Meurthe]6, le conseil général de la commune de Sedan [Ardennes]*, le tribunal du district de Semur [Côte-d’Or]7, le conseil général du district de Strasbourg [Bas-Rhin]6, les membres du conseil général de la commune. de Montagne-sur-Mer [ci-devant Montreuil-sur-Mer, Pas-de-Calais]*, le tribunal du district de Sedan [Ardennes]"1, le conseil général de la commune de Semur [Côte-d’Or]", les administrateurs du district d’Evreux [Eure]0, la société populaire de Villeneuve-sur-Yonne [Yonne]7*, la société populaire de Vermenton [Yonne]9 et les juges du tribunal du district de Tonnerre [Yonne]", félicitent la Convention nationale sur son Adresse au peuple. Mention honorable, insertion au bulletin (29). a [Le comité de surveillance révolutionnaire de Cherbourg à la Convention nationale, le 26 vendémiaire an 777] (30) (28) C 325, pl. 1407, p. 19. Cette adresse est identique à celle déjà donnée ci-dessus, le 5 brumaire, Arch. Parlement., n° 13. (29) P.-V., XL VIII, 141-142. (30) C 323, pl. 1388, p. 28. 268 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Citoyens Representans, Nous avons de l’agent national de notre district plusieurs exemplaires de l’adresse que vous avez arrêtée dans votre séance du 18 de ce mois. Nous avons lu avec transport les excel-lens principes, la douce philosophie, la sainte humanité sur lesquels elle est basée. Cet évangile national servira de phare à tous les amis de la Patrie, à tous ceux que l’éloignement ou l’yvresse des passions pourroient égarer. Quel sera l’étonnement des peuples qui ont le malheur d’etre les ennemis de la france, quand ils verront proclamer au milieu de nos triomphes et d’une révolution si extraordinaire des vérités si consolantes, des maximes si équitables. Pourront-ils refuser leur admiration à vos travaux, à votre impassibilité, à nos succès, à nos vertus? pourront-ils encore mécon-noitre leurs tyrans! Nous avons répandu avec profusion votre adresse dans toutes les campagnes de notre district. Nous veillerons à ce que les agens nationaux en fassent lecture aux citoyens tous les jours de décade ; nous ne négligerons enfin aucuns moyens pour l’imprimer dans l’âme de tous nos frères. Vive la République, vive la Convention nationale! Salut, union, confiance et fraternité. Quinet, président, Jean Duboz, Le Miere, secrétaires et 10 autres signatures. b [La société populaire de Clamecy à la Convention nationale, le 26 vendémiaire an III] (31) Citoyens Representans Nous avons entendu avec un vif enthousiasme l’adresse que vous avez faite au peuple français. Que les vrais amis de la patrie se reunissent aux principes et à la Convention! Aux principes pour les soutenir, pour les propager, chez tous les citoyens, à la Convention pour la défendre contre tous ceux qui voudraient l’avilir; c’est là le point de ralliement de tous les patriotes. Nous vous conjurons, citoyens representans, au nom de la patrie, au nom du bonheur public, de faire cesser les dissensions qui déchirent plusieurs communes de la Republique; tous les bons citoyens doivent se rallier pour opposer une invincible résistance aux efforts des ennemis de la liberté. Puisse l’amour du bien général l’emporter sur l’interet particulier et le désir des vengeances personnelles indignes des vrais républicains ! Les principes contenus dans votre adresse, citoyens Représentans, sont la boussole de tous les citoyens ; suivons sa direction et nous arriverons bientôt au port fortuné ou nos voeux ten-(31) C 325, pl. 1407, p. 11. dent depuis si longtems, que la justice et l’humanité qui sont à l’ordre du jour dirigent les mesures révolutionnaires. Attachement à la Convention nationale, ralliement entre tous les citoyens patriotes; tels sont les sentimens qui nous animent. Restez à votre poste, citoyens representans, achevez le grand ouvrage de la Révolution, et nous serons tous heureux. Vive la Convention nationale, Vive le peuple français. Garant, président, Baudot, vice-président et 28 autres signatures. c [L’agent national de la commune de Châlons au président de la Convention nationale, le 28 vendémiaire an III] (32) Citoyen président, Je t’adresse l’expression des sentimens de reconnaissance que l’adresse de la Convention nationale au peuple français a fait naitre dans le coeur de nos concitoyens. Tu voudras bien en faire donner lecture au sénat français. Salut et fraternité. Bablot. [Le conseil général régénéré de la commune de Châlons à la Convention nationale, le 28 vendémiaire an III] (33) Citoyens Représentans, Etrangers par principes encore plus que par caractère, aux factions liberticides qui jusqu’à ce jour se sont agitées, mais en vain pour jet-ter sur les ruines de la République, les fonde-mens d’une domination usurpatrice ; nous ne le sommes pas au sentiment d’indignation profonde que ces complots criminels ont allumé dans le coeur de tous les françois. A chaque époque périlleuse de la Révolution, nous avons fait entendre dans le sanctuaire auguste de la Législation, avec les mâles accens du plus pur patriotisme, le désir ardent de partager en la couvrant de nos corps, les dangers de la Représentation nationale. La vengeance, l’egoisme, l’ignorance, le crime et l’empyrisme, tous ces monstres excitoient a l’envi sous les yeux stupéfaits de 24 millions d’hommes, dans toute l’économie du corps politique des déchiremens et des convulsions affreuses et déjà une paralisie mortelle com-mençoit à gagner la masse du corps social. Vous venez de l’arracher aux progrès du mal et en rétablissant dans ses différens membres le jeu de leurs oscillations, vous lui avez rendu, avec son energie première cette santé robuste dont il a besoin pour achever d’écraser les ennemis de sa tranquillité et de sa gloire. (32) C 323, pl. 1388, p. 29. (33) C 323, pl. 1388, p. 30.