552 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j Jj JSbwfmt paraît n’en avoir pas assez dans l’art militaire, a ordonné aux 10,000 hommes du Nord de sta¬ tionner exclusivement à Dreux. De sorte que les brigands sont allés vers Alençon, et Garnier (de Saintes) nous mande qu’il est à craindre qu’ils ne se soient emparés de cette place. Il arri¬ vera qu’on accusera peut-être le comité de cette faute, car on ne manque pas de lui reprocher celles qui se commettent, sans examiner si les mesures qu’il a prises de sang-froid dans le ca¬ binet, n’ont pas été faiblement exécutées ou même croisées. Les nouvelles que je viens de vous donner nous sont parvenues cette nuit. Aussitôt le co¬ mité s’est occupé de réparer la faute qui avait été commise, et nous conservons l’espérance que nous y serons parvenus. Mais le comité a pensé que l’imprudence de Thirion devait au moins mériter un rappel. La lettre qui annonce qu’il a ordonné la sta¬ tion de 10,000 hommes à Dreux est parvenue au ministre de la guerre qui nous l’a communi¬ quée. D’après une lettre de Garnier qui nous est adressée, il paraît qu’au lieu d’ordonner la sta¬ tion des 10,000 hommes, il en a détaché 5,000, et les a fait marcher, non du côté d’Alençon, mais du côté de Chartres. Couthon lit la lettre. Elle renferme le fait énoncé dans le rapport et les craintes de Gar¬ nier. Le rapporteur propose à la Convention de dé¬ créter qu’elle confirme l’arrêté du 22; qu’elle improuve la conduite de Thirion, et le rappelle. Fayau déclare qu’il ne s’oppose point à ce dé¬ cret; mais il insiste fortement pour que la Con¬ vention ne prononce pas sur Thirion sans avoir examiné sa conduite. Il fait sentir qu’il est pos¬ sible que Thirion n’ait pas reçu l’arrêté qu’on le punirait de n’avoir pas exécuté. Couthon affirme que son intention n’a pas été de jeter la défiance sur Thirion, qu’il s’en est tenu à un simple exposé des faits. Il les répète et conclut en proposant le projet de décret. Merlin appuie les observations de Fayau. Il pense que la Convention ne saurait trop s’as¬ surer des motifs du blâme, avant d’en faire porter la peine à un représentant du peuple. Il reproche à la cavalerie, qui poursuivait les bri¬ gands, la faute imputée à Thirion. Il pense que c’était aux chefs de cette cavalerie et aux repré¬ sentants du peuple qui marchaient avec elle, à l’avertir et à appeler ses secours dans la partie où ils étaient nécessaires. Il demande que la Convention approuve l’arrêté du 22 et rappelle purement et simplement Thirion. Couthon rédige le décret avec cet amende¬ ment; il est adopté. On demande que les membres de la Conven¬ tion, nobles ou prêtres, qui sont en Commission, soient rappelés. La Convention le décrète. Mais un membre observe que, parmi ces ci-devant nobles ou ces prêtres, il en est dont les travaux ont été de la plus grande utilité à la République, et que ce serait les entacher d’une manière désavantageuse dans un moment où ils sont chargés de fonctions également importantes et urgentes. La Convention renvoie au comité de Salut public la proposition qui avait été faite. Bourdon (de l’Oise ) demandait également que les membres de la Convention, nobles ou prêtres ne pussent faire partie du comité de Salut public. Cette proposition est également renvoyée au comité de Salut public. II. Compte rendu du Journal de la Montagne (1). Couthon, au nom du comité de Salut public, expose que, le 22 de ce mois, le comité arrêta que les 10,000 hommes venant de l’armée du Nord se rendraient à Dreux, pour se porter de là partout où la marche des brigands exigerait qu’ils se portassent. Thirion a rendu ces 10,000 hommes stationnaires à Dreux, de sorte que les Tebelles qui devaient y marcher ont pris la route d’Alençon, qui n’a pas de forces à leur opposer. Le comité a envoyé un courrier extraordinaire à Dreux porter aux troupes l’ordre de se rendre à Alençon, et peut-être parviendra-t-on à sau¬ ver cette ville. D’un autre côté, suivant une dernière lettre de Garnier (de Saintes), il paraît que Thirion a détaché 5,000 hommes, de ce corps d’armée, pour les porter vers Chartres, auquel l’ennemi ne pensait pas. Cetto imprévoyance, ce défaut de connaissan¬ ces militaires, ont paru nécessiter le rappel de ce représentant, et le comité m’a chargé de vous le demander. Merlin (de TMonville) observe que c’est moins à Thirion qu’il faut s’en prendre, qu’aux géné¬ raux eux-mêmes de l’armée victorieuse, plus à portée de connaître la route que suivaient les brigands, et d’en avertir les 10,000 hommes de l’armée du Nord; que d’ailleurs l’alarme de, 5 ha¬ bitants de Dreux, de Chartres eu de la B car. ce en général avaic pu en imposer à Thirion, dont il était fort éloigné de suspecter les intentions. La Convention approuve l’arrêté du comité et rappelle Thirion dans son sein. - «l Granet demande que tous les représentants prêtres soient rappelés. , Un autre membre veut que les ex -nobles soient compris dans cette mesure. Un troisième prétend que par le mot prêtre il faut entendre les ministres d’un culte quelcon¬ que. . -■ e'K-.#;;*- Camboulas rappelle les importants services rendus par Jean -Bon -Saint-André (2) dans sa mission sur les côtes de Brest. Il invite à punir les individus et non l’espèce, et à se tenir en garde contre l’enthousiasme du premier mouve¬ ment, trop souvent opposé à la sagesse de la réflexion. Sur sa demande, les diverses propositions sont renvoyées au comité de Salut public. Bourdon (de l’Oise) qui venait de renchérir sur les préopinants, et qui ne voulait ni ex-prê-(1) Journal de la Montagne [n° 34 du 27 frimaire an II (mardi 17 décembre 1793), p. 278, col. 2]. (2) L’observation de Camboulas a évidemment pour pour but de démontrer combien serait injuste la mesure consistant à rappeler les ministres du culte en mission, si elle était votée. Jean-Bon-Saint-André était en effet, pasteur protestantl [Convention nationale. | ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j Jg frimaire 553 très, ni ex-nobles au comité de Salut public, a fini par dénoncer Hérault pour ses liaisons avec Pereyra, Proly et Dubuisson. Couthon a attesté qu’ayant travaillé avec lui, il n’avait rien remarqué dans ses opinions, ni dans ses sentiments qui dût rendre son patrio¬ tisme suspect, et a fait sentir combien il serait injuste de prononcer sur de vagues allégations, sans entendre celui qui en est l’objet. III. Compte rendu du Mercure universel (1). Couthon prévient l’assemblée que le comité de Salut public a reçu cette nuit une lettre de Gar¬ nier (de Saintes), écrite d’Alençon. « Je ne puis concevoir, dit Garnier, comment 5,000 hommes, qui devaient arriver aujourd’hui à Alençon, se sont portés à Chartres. D’après la marche forcée des brigands, ils sont déjà à Mayenne; ils pour¬ raient se rendre ici dans une journée, et nous sommes sans défense. » L’on vous a dit, continue Couthon, que si les mesures du comité de Salut public avaient été suivies, la Vendée n’existerait plus. En effet, il avait ordonné que 10,000 hommes venant de l’armée du Nord se rendraient à Dreux et s’a¬ vanceraient pour mettre les brigands entre deux feux. Thirion, l’un des représentants qui se trouve à Dreux, au lieu de laisser continuer la route à ces 10,000 hommes, en a retenu 5,000 sta¬ tionnaires, et envoyé les 5,000 autres du côté opposé, c’est-à-dire à Chartres. Je n’attaque pas le patriotisme de Thirion; mais on sait qu’ü ne se connaît pas en mesures militaires. Je demande que la Convention dé¬ crète qu’elle confirme l’arrêté du comité de Sa¬ lut public du 22 de ce mois; qu’elle improuve les mesures prises par le représentant Thirion et qu’elle ordonne qu’il se rendra sur-le-champ dans le sein de la Convention. (Décrété.) Bourdon (de VOise) demande que les représen¬ tants, prêtres ou nobles, qui sont en commission dans les départements ou près des armées, soient rappelés. Après quelques débats cette proposition est décrétée. Granet et Bourdon proposent que les nobles et les prêtres soient exclus du comité de Salut publie. Bourdon prétend qu’un ci-devant noble, qu’il ne veut pas nommer, était très lié avec des hommes déclarés suspects, Dubuisson, Proly et Pereyra. Mais Lepeletier deSaint-Fargeau, s’écrie Ben-f aboie, était avocat général au parlement de Paris ; il était ci-devant noble, et vous l’avez mis au Panthéon ! Après quelques nouveaux débats, l’assemblée rapporte son décret sur le rappel des représen¬ tants prêtres ou nobles qui sont en commission. (1) Mercure universel [27 frimaire an II (mardi 17 décembre 1793), p. 427, col. 2]. IV. Compte rendu des Annales patriotiques et littéraires (1). Couthon. L’on vous a dit que si les mesures prises par le comité de Salut public avaient été suivies, la Vendée n’existerait plus. Eh bien ! le comité de Salut public a reçu cette nuit la nou¬ velle que 10,000 hommes, venant de l’armée du Nord, qui devaient continuer leur route par Dreux et, en s’avançant au delà, mettre les brigands entre deux feux, sont restés station¬ naires à Dreux par les ordres du représentant Thirion. Il en a cependant détaché 5,000 hom¬ mes, qui se portent à Chartres, c’est-à-dire du côté opposé, tandis qu’Alençon, qui n’est plus qu’à une journée des brigands, car ils sont à Mayenne, pourrait être emporté par eux. « Cette ville est sans défense, nous écrit Garnier (de Saintes). » Le comité a pris des mesures pour prévenir les brigands. Il sait que Thrion, quoi¬ que bon patriote, n’entend rien aux mesures mj-ntaires. Je demande que la Convention décrète qu’elle confirme l’arrêté du comité de Salut public du 22 de ce mois; qu’elle improuve les mesures prises par le représentant Thirion ec lui ordonne de se rendre dans le sein de la Conven¬ tion. (Décrété.) AUX EXE X0 £ à la séance tle la Convention nationale «la 34* frimaire an II (Lundi 16 décembre 1993). Compte rendu, par divers journaux, de la discussion à laquelle donnèrent lieu : 1° la motion de Merlin (de Thion ville) relative à la conduite des commissaires du pouvoir exécutif dans les dépar¬ tements ; 3° la dénonciation de Bourdon (de l'Oise) relative aux !ÎO.OO© fusils prétendus envoyés par le Danemark (3). I. Compte rendu du Journal des Débats et des Décrets (3). Lecointre (de Versailles). Les citoyens Spi-jiket, commissaire de police, et Burlandeux, officier de paix de la section de l’Observatoire, m’écrivent « qu’ils promettent, sur leurs têtes, d’arrêter les principaux assassins du laboureur Gilbon, et ce, dans le courant d’un mois, ayant une connaissance intime des personnages qui peuvent avoir commis ce crime. » En consé¬ quence, je demande que la lettre de ces officiers soit renvoyée aux comités de Salut public et de sûreté générale réunis, à l’effet d’en user ainsi qu’ils jugeront le plus convenable, et la pleine exécution de votre décret d’avant -hier sur cet objet. (Adopté). (1) Annales patriotiques et littéraires [n° 350 du 27 frimaire an II (mardi 17 décembre 1793), p. 1582, col. 1. (2) Voy. ci-dessus, même séance, p. 531, le compte rendu du Moniteur. (3) Journal des Débals el des Décrets (frimaire an T I, n° 454), p. 359.