634 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE soutiendra dans vos travaux. Ses Magistrats fidèles lui en donneront l’exemple. Le tribunal du 4e arrondissement l’a juré, il ne trahira point ses sermens : il restera invariablement uni à la Représentation Nationale, comme au seul Palladium de la liberté et de l’égalité. Vive La Republique, vive la Représentation nationale THEUREL (présid .), Tonnerieux, Sermaize, Colli-GNON, CARSENAC, CASTILLOU (œmmre Nal), MlLLET [greffier], HENTZ (?) (huissier). 19 Le chef de bataillon commandant la gendarmerie nationale annonce à la Convention que Claude Laporte et Nicolas Charpentier, gendarmes, servant près les tribunaux, viennent d’arrêter l’infame Hanriot. (Vifs applaudissements) (l). Gendarmerie Nationale servant près les Tribunaux (2). Je Certiffie que les Citoyens Claude La Porte et Nicolas Charpentier, gendarmes servants près les Tribunaux, ont découvert et arrêté, dans une petite Cour isolée et inhabitée de la maison Commune, l’infâme hanriot, et que lesdits 2 Gendarmes l’ont conduit, sur le champ, à la Conciergerie. A Paris le 11 Therm. IL Le Chef de Bataillon Commandant La Gendarmerie Nationale servant Près les Tribunaux et à La Garde des Prisons de Paris. B. Dumesnil Mention honorable, insertion au bulletin (3). 20 Un membre [BARÈRE], au nom du comité de salut public, fait à la Convention le rapport-suivant : Citoyens, La représentation nationale s’est sauvée en un jour des complots d’une année; la représentation nationale s’est sauvée par son énergie républicaine, par sa justice sévère, et par l’attitude imposante qu’elle vient de prendre aux yeux de l’Europe. Aussitôt que la patrie a été en danger, les cœurs des républicains se sont réunis. Réunissons aussi dans le même foyer nos vues, nos projets, nos moyens pour le bien public; que des motions utiles, mais disséminées sur les divers objets du gouvernement, ne soient pas faites isolément : l’union Ht toujours la force des hommes libres. L’unanimité des opinions et l’ensemble des mesures est aussi une puissance. Je viens aujourd’hui déclarer à la Convention, au nom du comité, que l’explosion subite de cette atroce conspiration, que le génie de la liberté, coalisé avec le pouvoir du (l) P.V., XLII, 251. Voir, ci-dessus, séance du 10 therm., n°47. (2j C 314, pl. 1257, p. 40. (3) Mention marginale non datée, signée A. Dumont. peuple, l’énergie de la Convention et le patriotisme des sections de Paris ont arrêtée avec de si rapides succès; je viens déclarer que cette conspiration n’a pas altéré un instant l’organisation sociale; que cette commotion partielle laisse le gouvernement dans son intégrité, quant aux opérations politiques, administratives et révolutionnaires, au-dedans et au-de-hors. Les conspirateurs n’avoient rien fait pour l’organisation et la marche du gouvernement; c’est un fait que trop de citoyens ignorent : fiers de leur réputation patriotique, ils dédai-gnoient les travailleurs, ils méprisoient leurs obscures fonctions ; ils avoient aristocratisé jusqu’au droit de servir la patrie. Saint-Just et Robespierre s’étoient éloignés des travaux constans et journaliers qui font qu’un état est gouverné insensiblement. Ils nous trouvoient assez vulgaires pour sauver la patrie en détail; ils s’étoient réservé les prétentions et le luxe du gouvernement; ils surveilloient seulement une partie de la police générale, organisée particulièrement par eux-mêmes et pour eux-mêmes, comme on le prouvera dans le grand rapport sur cette conspiration inconcevable, autant par les auteurs qui l’ont ourdie, que par les moyens qu’ils ont employés. Le gouvernement révolutionnaire et la marche des commissions exécutives s’étoient même organisés contre leur vœu; et quand ils ont vu que nous étions décidés à organiser le gouvernement républicain, le parti qu’ils ont voulu en tirer s’est réduit alors à peupler ces commissions de quelques hommes qui leur étoient secrètement et fortement dévoués. Ainsi, tandis que nous formions de bonne foi des commissions exécutives, Saint-Just et Robespierre, repoussant vos choix, présentoient au comité quelques commissaires et des adjoints qui étoient destinés à devenir les instrumens de leur contre-révolution abominable. « Nous étions loin de prévoir que des hommes attachés à des commissions nationales iroient se réunir à des projets de commune, et que les hommes honorés de servir la République, se vendroient à l’ambition d’une municipalité. « Cependant, dans l’attente de l’explosion qui devoit avoir lieu, tout étoit disposé. Ce n’étoit pas comme du temps de Brissot, de Gua-det, de Buzot et de Barbaroux, qui n’avoient de rattachement et de contre-révolution organisés que dans des départemens méridionaux et dans le Calvados : ici l’on comptoit dominer par la force le centre de la République; on avoit ensuite répandu dans les divers départemens le projet contre-révolutionnaire. Hanriot avoit fait serment à la tyrannie nouvelle : il avoit dit qu’il répondoit sur sa tête du succès du mouvement; qu’il étoit entièrement assuré de l’exécution du plan. Ah ! qu’il connoissoit mal le peuple et la force armée ! Combien il calomnioit le zèle des sections, et le patriotisme des canonniers, et le républicanisme des citoyens de Paris ! Les traîtres ne se connoissent pas en civisme ni en esprit public. « Mais cette promesse de Hanriot avortée, a excité les reproches de ses complices. Le juge 634 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE soutiendra dans vos travaux. Ses Magistrats fidèles lui en donneront l’exemple. Le tribunal du 4e arrondissement l’a juré, il ne trahira point ses sermens : il restera invariablement uni à la Représentation Nationale, comme au seul Palladium de la liberté et de l’égalité. Vive La Republique, vive la Représentation nationale THEUREL (présid .), Tonnerieux, Sermaize, Colli-GNON, CARSENAC, CASTILLOU (œmmre Nal), MlLLET [greffier], HENTZ (?) (huissier). 19 Le chef de bataillon commandant la gendarmerie nationale annonce à la Convention que Claude Laporte et Nicolas Charpentier, gendarmes, servant près les tribunaux, viennent d’arrêter l’infame Hanriot. (Vifs applaudissements) (l). Gendarmerie Nationale servant près les Tribunaux (2). Je Certiffie que les Citoyens Claude La Porte et Nicolas Charpentier, gendarmes servants près les Tribunaux, ont découvert et arrêté, dans une petite Cour isolée et inhabitée de la maison Commune, l’infâme hanriot, et que lesdits 2 Gendarmes l’ont conduit, sur le champ, à la Conciergerie. A Paris le 11 Therm. IL Le Chef de Bataillon Commandant La Gendarmerie Nationale servant Près les Tribunaux et à La Garde des Prisons de Paris. B. Dumesnil Mention honorable, insertion au bulletin (3). 20 Un membre [BARÈRE], au nom du comité de salut public, fait à la Convention le rapport-suivant : Citoyens, La représentation nationale s’est sauvée en un jour des complots d’une année; la représentation nationale s’est sauvée par son énergie républicaine, par sa justice sévère, et par l’attitude imposante qu’elle vient de prendre aux yeux de l’Europe. Aussitôt que la patrie a été en danger, les cœurs des républicains se sont réunis. Réunissons aussi dans le même foyer nos vues, nos projets, nos moyens pour le bien public; que des motions utiles, mais disséminées sur les divers objets du gouvernement, ne soient pas faites isolément : l’union Ht toujours la force des hommes libres. L’unanimité des opinions et l’ensemble des mesures est aussi une puissance. Je viens aujourd’hui déclarer à la Convention, au nom du comité, que l’explosion subite de cette atroce conspiration, que le génie de la liberté, coalisé avec le pouvoir du (l) P.V., XLII, 251. Voir, ci-dessus, séance du 10 therm., n°47. (2j C 314, pl. 1257, p. 40. (3) Mention marginale non datée, signée A. Dumont. peuple, l’énergie de la Convention et le patriotisme des sections de Paris ont arrêtée avec de si rapides succès; je viens déclarer que cette conspiration n’a pas altéré un instant l’organisation sociale; que cette commotion partielle laisse le gouvernement dans son intégrité, quant aux opérations politiques, administratives et révolutionnaires, au-dedans et au-de-hors. Les conspirateurs n’avoient rien fait pour l’organisation et la marche du gouvernement; c’est un fait que trop de citoyens ignorent : fiers de leur réputation patriotique, ils dédai-gnoient les travailleurs, ils méprisoient leurs obscures fonctions ; ils avoient aristocratisé jusqu’au droit de servir la patrie. Saint-Just et Robespierre s’étoient éloignés des travaux constans et journaliers qui font qu’un état est gouverné insensiblement. Ils nous trouvoient assez vulgaires pour sauver la patrie en détail; ils s’étoient réservé les prétentions et le luxe du gouvernement; ils surveilloient seulement une partie de la police générale, organisée particulièrement par eux-mêmes et pour eux-mêmes, comme on le prouvera dans le grand rapport sur cette conspiration inconcevable, autant par les auteurs qui l’ont ourdie, que par les moyens qu’ils ont employés. Le gouvernement révolutionnaire et la marche des commissions exécutives s’étoient même organisés contre leur vœu; et quand ils ont vu que nous étions décidés à organiser le gouvernement républicain, le parti qu’ils ont voulu en tirer s’est réduit alors à peupler ces commissions de quelques hommes qui leur étoient secrètement et fortement dévoués. Ainsi, tandis que nous formions de bonne foi des commissions exécutives, Saint-Just et Robespierre, repoussant vos choix, présentoient au comité quelques commissaires et des adjoints qui étoient destinés à devenir les instrumens de leur contre-révolution abominable. « Nous étions loin de prévoir que des hommes attachés à des commissions nationales iroient se réunir à des projets de commune, et que les hommes honorés de servir la République, se vendroient à l’ambition d’une municipalité. « Cependant, dans l’attente de l’explosion qui devoit avoir lieu, tout étoit disposé. Ce n’étoit pas comme du temps de Brissot, de Gua-det, de Buzot et de Barbaroux, qui n’avoient de rattachement et de contre-révolution organisés que dans des départemens méridionaux et dans le Calvados : ici l’on comptoit dominer par la force le centre de la République; on avoit ensuite répandu dans les divers départemens le projet contre-révolutionnaire. Hanriot avoit fait serment à la tyrannie nouvelle : il avoit dit qu’il répondoit sur sa tête du succès du mouvement; qu’il étoit entièrement assuré de l’exécution du plan. Ah ! qu’il connoissoit mal le peuple et la force armée ! Combien il calomnioit le zèle des sections, et le patriotisme des canonniers, et le républicanisme des citoyens de Paris ! Les traîtres ne se connoissent pas en civisme ni en esprit public. « Mais cette promesse de Hanriot avortée, a excité les reproches de ses complices. Le juge SÉANCE DU 11 THERMIDOR AN II (MATIN) (29 JUILLET 1794) - N° 20 635 Coffînhal, du tribunal révolutionnaire, a eu avec lui une vive querelle, et l’a jeté par la fenêtre dans l’égout où il a été trouvé, ainsi les conspirateurs nous ont vengés, et même ils se sont veautrés dans la boue et dans leur propre sang. « C’est une déclaration faite hier au tribunal révolutionnaire que je vous rapporte ; et j’ajoute qu’il est encore résulté des déclarations communiquées par l’accusateur public au comité, que, sur la proposition de Dumas, le comité d’exécution, présidé par Simon dans la maison commune, avoit arrêté de fusiller la gendarmerie à cheval, le tribunal révolutionnaire, et un certain nombre de députés. Dumas les encourageoit à ce meurtre de la représentation nationale; et celui qui se disoit le grand ennemi des conspirateurs, étoit lui-même le plus atroce de ces traîtres. Nous communiquerons à la Convention de plus grands faits, à mesure que les preuves seront mises sous nos yeux. Il faut que les citoyens soient instruits. « Ainsi tout devoit concourir à rétablir la tyrannie sur un trône ensanglanté; tout devoit soutenir un[e] municipalité ambitieuse, des chefs cruels et des conseillers artificieux* « L’un devoit dominer à Paris, l’autre avoit les montagnes d’Auvergne et les Pyrénées; les Alpes et la Méditerranée étoient le présent fait à la fraternité; et celui qui avoit le plus d’astuce et de sang-froid apparent, alloit veiller au commandement des armées du Nord et du Rhin, déjà préparées par ses intrigues. « Saint-Just étoit le plénipotentiaire du Nord; Couthon et Robespierre jeune, le congrès pacificateur du Midi; Robespierre l’aîné régnoit à Paris sur des monceaux de cadavres; la mort des républicains, l’avilissement de la Convention et l’usurpation de la commune, assuroient sa domination tyrannique. « Mais il falloit des rattachements dans l’intérieur pour produire une révolution aussi exécrable, aussi difficile; des agens nombreux étoient envoyés dans les départemens. Il ne manquoit plus qu’un crime : c’est celui d’empoisonner la source la plus précieuse, celle de l’instruction publique. Le commissaire Payan, chargé de cette partie, a passé plusieurs jours à faire des circulaires imprégnées de contre-révolution, et à empoisonner les départemens des opérations de Robespierre, à qui il croyoit que le succès ne pouvoit manquer. Nous avons la preuve acquise cette nuit, à une même heure du matin, que les circulaires sont parties, que plusieurs départemens seront égarés un instant par ces infâmes suggestions, et que Payan, l’auteur de cette circulation d’écrits contre-révolutionnaires, a disparu au milieu des mouve-mens de la journée du 9 de ce mois, en disant qu’il se rendoit au comité de salut public. « C’est là un conspirateur d’un genre d’autant plus coupable, qu’il est fonctionnaire de la République; c’est un contre-révolutionnaire d’autant plus dangereux, qu’il a plus de moyens pour tromper les citoyens, et que c’est là un corrupteur des sources publiques ; ce sont les eaux morales de la République qu’il a empoisonnées. « Les traces de sa conspiration sont dans les départemens crédules, dans les cœurs de bonne foi, dans les veines de l’instruction publique. « Les preuves de son crime sont dans ses papiers, dans ses bureaux, dans la dénonciation faite hier au comité par un de ses adjoints. « Il a fui, en voyant les conspirateurs arrêtés sur-le-champ, la main encore fumante dans le crime. Il auroit dû périr hier comme en expiation de tant de perfidies; il a fui : c’est au législateur à l’atteindre par le décret de mise hors de la loi. Tous les citoyens ont le droit de saisir et de condamner un tel scélérat, et de venger la patrie. Dans les dangers publics, dans les conspirations flagrantes, la patrie érige chaque citoyen en magistrat quand les législateurs ont prononcé la mise hors de la loi. Ce n’est pas le seul des commissaires exécutifs nationaux qui a fait servir l’autorité nationale à la perte de la République ; un autre, dont l’honorable destination est de répandre, au nom de la République, la bienfaisance dans les campagnes, les secours dans les hospices, les soins et l’abondance dans les hôpitaux militaires, Lerebours, commissaire des secours publics, a abandonné le soin des défenseurs de la liberté, des indigens, des vieillards, pour s’occuper de la perte de son pays. Il a mieux aimé servir les conspirateurs hypocrites, que répandre les bienfaits nationaux; il a préféré une faction à la patrie. « Ce ne sont pas de simples relations qu’ils ont eues avec les chefs de la trame, c’est une participation directe, c’est une calomnie atroce, c’est une mesure parricide dont nous l’accusons. Lerebours sort de la maison nationale de la commission le matin du 9 ; il dit qu’il court au comité de salut public; il visite les conspirateurs et attend le moment décisif. Le signal étoit donné de se rendre à la commune; il y court. Comment pénétrer ? La contre-révolution n’ avoit pas eu le temps de faire les cartes d’entrée; il présente son porte-feuille de travail au comité de salut public; il se désigne comme apportant dans le porte-feuille les preuves du complot tramé par les deux comités pour faire périr tous les patriotes qui ont fait le 10 août, si célèbre dans les annales de la liberté et de la révolution républicaine. A ces mots, l’indignation générale l’introduit au conseil-général. Il y prend place, il y délibère; il est membre du comité d’exécution, et il écrit plusieurs lettres aux sections. Celle-ci est arrêtée; elle étoit adressée à la section sur laquelle logeoit Robespierre. Voici la lettre sur laquelle sont écrites les deux lettres R, B, premières lettres du nom de ce conspirateur cruel et artificieux. La voici, cette infâme lettre, qui ne voit dans le danger de la République que les fonctionnaires d’une commune, et dans les dangers révolutionnaires, d’autre point de réunion que la maison commune. Là nation n’est rien pour ce commissaire traître; l’autorité que la France lui donne, il la tourne contre elle; et les représentans du peuple réunis dans cette enceinte ne sont par lui désignés que par le nom de traîtres (l). (1) P.V., XLII, 251-257. SÉANCE DU 11 THERMIDOR AN II (MATIN) (29 JUILLET 1794) - N° 20 635 Coffînhal, du tribunal révolutionnaire, a eu avec lui une vive querelle, et l’a jeté par la fenêtre dans l’égout où il a été trouvé, ainsi les conspirateurs nous ont vengés, et même ils se sont veautrés dans la boue et dans leur propre sang. « C’est une déclaration faite hier au tribunal révolutionnaire que je vous rapporte ; et j’ajoute qu’il est encore résulté des déclarations communiquées par l’accusateur public au comité, que, sur la proposition de Dumas, le comité d’exécution, présidé par Simon dans la maison commune, avoit arrêté de fusiller la gendarmerie à cheval, le tribunal révolutionnaire, et un certain nombre de députés. Dumas les encourageoit à ce meurtre de la représentation nationale; et celui qui se disoit le grand ennemi des conspirateurs, étoit lui-même le plus atroce de ces traîtres. Nous communiquerons à la Convention de plus grands faits, à mesure que les preuves seront mises sous nos yeux. Il faut que les citoyens soient instruits. « Ainsi tout devoit concourir à rétablir la tyrannie sur un trône ensanglanté; tout devoit soutenir un[e] municipalité ambitieuse, des chefs cruels et des conseillers artificieux* « L’un devoit dominer à Paris, l’autre avoit les montagnes d’Auvergne et les Pyrénées; les Alpes et la Méditerranée étoient le présent fait à la fraternité; et celui qui avoit le plus d’astuce et de sang-froid apparent, alloit veiller au commandement des armées du Nord et du Rhin, déjà préparées par ses intrigues. « Saint-Just étoit le plénipotentiaire du Nord; Couthon et Robespierre jeune, le congrès pacificateur du Midi; Robespierre l’aîné régnoit à Paris sur des monceaux de cadavres; la mort des républicains, l’avilissement de la Convention et l’usurpation de la commune, assuroient sa domination tyrannique. « Mais il falloit des rattachements dans l’intérieur pour produire une révolution aussi exécrable, aussi difficile; des agens nombreux étoient envoyés dans les départemens. Il ne manquoit plus qu’un crime : c’est celui d’empoisonner la source la plus précieuse, celle de l’instruction publique. Le commissaire Payan, chargé de cette partie, a passé plusieurs jours à faire des circulaires imprégnées de contre-révolution, et à empoisonner les départemens des opérations de Robespierre, à qui il croyoit que le succès ne pouvoit manquer. Nous avons la preuve acquise cette nuit, à une même heure du matin, que les circulaires sont parties, que plusieurs départemens seront égarés un instant par ces infâmes suggestions, et que Payan, l’auteur de cette circulation d’écrits contre-révolutionnaires, a disparu au milieu des mouve-mens de la journée du 9 de ce mois, en disant qu’il se rendoit au comité de salut public. « C’est là un conspirateur d’un genre d’autant plus coupable, qu’il est fonctionnaire de la République; c’est un contre-révolutionnaire d’autant plus dangereux, qu’il a plus de moyens pour tromper les citoyens, et que c’est là un corrupteur des sources publiques ; ce sont les eaux morales de la République qu’il a empoisonnées. « Les traces de sa conspiration sont dans les départemens crédules, dans les cœurs de bonne foi, dans les veines de l’instruction publique. « Les preuves de son crime sont dans ses papiers, dans ses bureaux, dans la dénonciation faite hier au comité par un de ses adjoints. « Il a fui, en voyant les conspirateurs arrêtés sur-le-champ, la main encore fumante dans le crime. Il auroit dû périr hier comme en expiation de tant de perfidies; il a fui : c’est au législateur à l’atteindre par le décret de mise hors de la loi. Tous les citoyens ont le droit de saisir et de condamner un tel scélérat, et de venger la patrie. Dans les dangers publics, dans les conspirations flagrantes, la patrie érige chaque citoyen en magistrat quand les législateurs ont prononcé la mise hors de la loi. Ce n’est pas le seul des commissaires exécutifs nationaux qui a fait servir l’autorité nationale à la perte de la République ; un autre, dont l’honorable destination est de répandre, au nom de la République, la bienfaisance dans les campagnes, les secours dans les hospices, les soins et l’abondance dans les hôpitaux militaires, Lerebours, commissaire des secours publics, a abandonné le soin des défenseurs de la liberté, des indigens, des vieillards, pour s’occuper de la perte de son pays. Il a mieux aimé servir les conspirateurs hypocrites, que répandre les bienfaits nationaux; il a préféré une faction à la patrie. « Ce ne sont pas de simples relations qu’ils ont eues avec les chefs de la trame, c’est une participation directe, c’est une calomnie atroce, c’est une mesure parricide dont nous l’accusons. Lerebours sort de la maison nationale de la commission le matin du 9 ; il dit qu’il court au comité de salut public; il visite les conspirateurs et attend le moment décisif. Le signal étoit donné de se rendre à la commune; il y court. Comment pénétrer ? La contre-révolution n’ avoit pas eu le temps de faire les cartes d’entrée; il présente son porte-feuille de travail au comité de salut public; il se désigne comme apportant dans le porte-feuille les preuves du complot tramé par les deux comités pour faire périr tous les patriotes qui ont fait le 10 août, si célèbre dans les annales de la liberté et de la révolution républicaine. A ces mots, l’indignation générale l’introduit au conseil-général. Il y prend place, il y délibère; il est membre du comité d’exécution, et il écrit plusieurs lettres aux sections. Celle-ci est arrêtée; elle étoit adressée à la section sur laquelle logeoit Robespierre. Voici la lettre sur laquelle sont écrites les deux lettres R, B, premières lettres du nom de ce conspirateur cruel et artificieux. La voici, cette infâme lettre, qui ne voit dans le danger de la République que les fonctionnaires d’une commune, et dans les dangers révolutionnaires, d’autre point de réunion que la maison commune. Là nation n’est rien pour ce commissaire traître; l’autorité que la France lui donne, il la tourne contre elle; et les représentans du peuple réunis dans cette enceinte ne sont par lui désignés que par le nom de traîtres (l). (1) P.V., XLII, 251-257. 636 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE [Barère lit la lettre : Comm. de Paris. Le c. d'exécution au c. révol. de la Sect" des Piques. 9 Therm.] « Courage, patriotes de la section des Piques, la liberté triomphe. Déjà ceux que leur fermeté a rendus formidables aux traîtres sont en liberté. Partout le peuple se montre digne de son caractère. « Le point de réunion est à la commune, dont le brave Hanriot exécutera les ordres du comité d’exécution, qui est créé pour sauver la patrie. Signé Legrand, Louvet, Payan, Lerebours ». BARÈRE : Ce scélérat a senti enfin son crime; il a dû fuir de la commune. A deux heures après minuit il a reparu dans la maison nationale des secours publics, et bientôt après il a fui par la porte du jardin. Son adjoint s’est empressé de nous avertir; mais il était trop tard pour la justice nationale; il manquait hier au supplice des conspirateurs : c’est encore à la loi de l’atteindre, et nous vous proposons de le mettre, comme Payan, hors de la loi. Après vous avoir parlé de ces deux objets les plus urgents, nous pouvons assurer à la Convention que le comité a pris toutes les mesures provisoires qu’exigent les circonstances et la sûreté générale. Dix-sept courriers sont partis cette nuit pour les armées ; des proclamations sont envoyées aux représentants du peuple disséminés sur les frontières; il en part d’autres pour les départements; et le remède à tant de maux, à tant de calomnies, sera arrivé aussitôt ou bientôt après le poison distillé par le parricide. Aucune des parties d’administration publique n’est en souffrance par les événements. Toute inquiétude doit cesser à cet égard; il n’y a plus à désirer que de l’ensemble dans les mesures publiques, et de l’identité entre les besoins du gouvernement et les opérations de la Convention. Les motions précoces ou non assorties aux mesures que nous prenons peuvent plus nuire que servir. C’est au bon esprit et au patriotisme des représentants à méditer sur cet objet. Le comité rassemble les pièces, les écrits et les travaux faits ; il fera incessamment un rapport pour faire connaître l’état de la république et l’état du gouvernement de la manière la plus positive, afin de mettre la Convention nationale à même de prendre toutes les grandes mesures nécessaires à l’état actuel, à la commotion passée et aux dangers que l’aristocratie et les étrangers ne manqueront pas de faire reparaître, si nous ne veillons tous dans le même esprit. Car les grandes mesures ne doivent et ne peuvent partir que de vous. La Convention nationale est le dépôt d’autorité que le peuple a formé. Les comités ne sont que des organes secondaires, des bras auxiliaires, et des moyens de supplément à l’autorité nationale et de la Convention, qui seule l’exerce et doit l’exercer. Mais prenez garde surtout à ce modérantisme funeste qui sait aussi, en parlant de paix et de clémence, tirer parti de toutes les circonstances, même des événements les plus vigoureux. Que l’aristocratie sache bien qu’elle n’a dans ce temple des lois que des vengeurs constants et des juges implacables. Que le patriotisme vrai n’ignore pas que c’est ici son temple, son asile et ses ministres; que le peuple y trouve toujours l’égalité dans les lois, et la liberté dans les moyens; que le mouvement révolutionnaire ne s’arrête point dans sa course épuratoire, et que la Convention continue de faire trembler les traîtres et les rois, les conspirateurs de l’intérieur et les gouvernements despotiques du dehors. Alors nos efforts seront continués, les triomphes secrets des ennemis politiques de nos armées, qui trempaient dans la conspiration seront anéantis, et le char superbe de la victoire foulera encore les cadavres de nos ennemis et les terres qui reconnaissent encore des esclaves et des maîtres. Les conspirateurs n’avaient pas négligé les armées pour leurs projets. Des mesures secrètes dans cette partie ne nous permettent pas de parler avec détail aujourd’hui sur ce point; mais nous vous montrerons des projets sinistres proposés violemment par eux au comité, et d’autres secrètement exécutés par eux-mêmes (l). [BARÈRE poursuit : Je ne parlerai aujourd’hui que d’un seul [traître] mais il importe à la valeur de nos armées que ces faits soient connus. Le courage des Français en détruira l’effet dangereux. Robespierre a dit, dans son discours séditieux, que l’on agissoit à l’armée du Nord comme du temps de Dumouriez. Voyons à qui peut convenir cette imputation terrible. Le comité a ordonné, par une correspondance forte et continue, de poursuivre sans relâche les ennemis, les hordes étrangères, sur toutes les frontières, et sur-tout sur celles du Nord où sont les plus atroces ennemis de la France, les Anglais et les Autrichiens. Richard et Choudieu ont secondé de toutes leurs forces les mesures indiquées par le comité, et qui ont rendu à la République la Belgique et la West-Flandre. Eh bien ! Robespierre a attaqué au comité, à plusieurs reprises, le zèle de Richard et Choudieu; il a suspecté leur zèle au milieu des victoires; et l’on sait que Robespierre ne les aimoit pas ces victoires, qu’il n’en a jamais partagé ni l’enthousiasme ni les applaudisse-mens. Qu’importe les succès militaires aux conspirateurs contre leur patrie ? ces succès ne fondent que la République qu’ils ne veulent pas; il leur importe bien mieux de paralyser la victoire on de raconter des revers. C’est alors qu’on les voit s’agiter et grossir leur puissance de tous les malheurs publics, et assurer leurs succès sur toutes les inquiétudes des citoyens. C’est au milieu des déroutes qu’un complot vaste et profond contre les comités peut réussir, parce qu’il peut plus sûrement, après les avoir renversés, mettre la main sur l’empire; c’est en racontant des revers des armées, des batailles perdues, que le mécontentement est excité avec d’horribles espérances, que le feu de la guerre civile est allumé avec succès. (l) Mon., XXI, 358-361. Débats, n° 679, 225-235; J. univ., n° 1711 ; Audit, nat., n° 675; J. Perlet, n° 676; Rép., n° 223; Ann. R.F., n° 241 ; J. Fr., n° 674; C. univ., n° 942; Mess. Soir, n° 710; J. Sablier, n° 1468; F.S.P., n° 391 ; J.S.- Culottes, n°531; -J. Mont., n°94; M.U., XLII, 200-201 et 229-237; C. Eg., n°711; Ann. patr., n°DLXXVI; -J. -Jac-quin, n° 733; J. Paris, nos 577, 579. 636 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE [Barère lit la lettre : Comm. de Paris. Le c. d'exécution au c. révol. de la Sect" des Piques. 9 Therm.] « Courage, patriotes de la section des Piques, la liberté triomphe. Déjà ceux que leur fermeté a rendus formidables aux traîtres sont en liberté. Partout le peuple se montre digne de son caractère. « Le point de réunion est à la commune, dont le brave Hanriot exécutera les ordres du comité d’exécution, qui est créé pour sauver la patrie. Signé Legrand, Louvet, Payan, Lerebours ». BARÈRE : Ce scélérat a senti enfin son crime; il a dû fuir de la commune. A deux heures après minuit il a reparu dans la maison nationale des secours publics, et bientôt après il a fui par la porte du jardin. Son adjoint s’est empressé de nous avertir; mais il était trop tard pour la justice nationale; il manquait hier au supplice des conspirateurs : c’est encore à la loi de l’atteindre, et nous vous proposons de le mettre, comme Payan, hors de la loi. Après vous avoir parlé de ces deux objets les plus urgents, nous pouvons assurer à la Convention que le comité a pris toutes les mesures provisoires qu’exigent les circonstances et la sûreté générale. Dix-sept courriers sont partis cette nuit pour les armées ; des proclamations sont envoyées aux représentants du peuple disséminés sur les frontières; il en part d’autres pour les départements; et le remède à tant de maux, à tant de calomnies, sera arrivé aussitôt ou bientôt après le poison distillé par le parricide. Aucune des parties d’administration publique n’est en souffrance par les événements. Toute inquiétude doit cesser à cet égard; il n’y a plus à désirer que de l’ensemble dans les mesures publiques, et de l’identité entre les besoins du gouvernement et les opérations de la Convention. Les motions précoces ou non assorties aux mesures que nous prenons peuvent plus nuire que servir. C’est au bon esprit et au patriotisme des représentants à méditer sur cet objet. Le comité rassemble les pièces, les écrits et les travaux faits ; il fera incessamment un rapport pour faire connaître l’état de la république et l’état du gouvernement de la manière la plus positive, afin de mettre la Convention nationale à même de prendre toutes les grandes mesures nécessaires à l’état actuel, à la commotion passée et aux dangers que l’aristocratie et les étrangers ne manqueront pas de faire reparaître, si nous ne veillons tous dans le même esprit. Car les grandes mesures ne doivent et ne peuvent partir que de vous. La Convention nationale est le dépôt d’autorité que le peuple a formé. Les comités ne sont que des organes secondaires, des bras auxiliaires, et des moyens de supplément à l’autorité nationale et de la Convention, qui seule l’exerce et doit l’exercer. Mais prenez garde surtout à ce modérantisme funeste qui sait aussi, en parlant de paix et de clémence, tirer parti de toutes les circonstances, même des événements les plus vigoureux. Que l’aristocratie sache bien qu’elle n’a dans ce temple des lois que des vengeurs constants et des juges implacables. Que le patriotisme vrai n’ignore pas que c’est ici son temple, son asile et ses ministres; que le peuple y trouve toujours l’égalité dans les lois, et la liberté dans les moyens; que le mouvement révolutionnaire ne s’arrête point dans sa course épuratoire, et que la Convention continue de faire trembler les traîtres et les rois, les conspirateurs de l’intérieur et les gouvernements despotiques du dehors. Alors nos efforts seront continués, les triomphes secrets des ennemis politiques de nos armées, qui trempaient dans la conspiration seront anéantis, et le char superbe de la victoire foulera encore les cadavres de nos ennemis et les terres qui reconnaissent encore des esclaves et des maîtres. Les conspirateurs n’avaient pas négligé les armées pour leurs projets. Des mesures secrètes dans cette partie ne nous permettent pas de parler avec détail aujourd’hui sur ce point; mais nous vous montrerons des projets sinistres proposés violemment par eux au comité, et d’autres secrètement exécutés par eux-mêmes (l). [BARÈRE poursuit : Je ne parlerai aujourd’hui que d’un seul [traître] mais il importe à la valeur de nos armées que ces faits soient connus. Le courage des Français en détruira l’effet dangereux. Robespierre a dit, dans son discours séditieux, que l’on agissoit à l’armée du Nord comme du temps de Dumouriez. Voyons à qui peut convenir cette imputation terrible. Le comité a ordonné, par une correspondance forte et continue, de poursuivre sans relâche les ennemis, les hordes étrangères, sur toutes les frontières, et sur-tout sur celles du Nord où sont les plus atroces ennemis de la France, les Anglais et les Autrichiens. Richard et Choudieu ont secondé de toutes leurs forces les mesures indiquées par le comité, et qui ont rendu à la République la Belgique et la West-Flandre. Eh bien ! Robespierre a attaqué au comité, à plusieurs reprises, le zèle de Richard et Choudieu; il a suspecté leur zèle au milieu des victoires; et l’on sait que Robespierre ne les aimoit pas ces victoires, qu’il n’en a jamais partagé ni l’enthousiasme ni les applaudisse-mens. Qu’importe les succès militaires aux conspirateurs contre leur patrie ? ces succès ne fondent que la République qu’ils ne veulent pas; il leur importe bien mieux de paralyser la victoire on de raconter des revers. C’est alors qu’on les voit s’agiter et grossir leur puissance de tous les malheurs publics, et assurer leurs succès sur toutes les inquiétudes des citoyens. C’est au milieu des déroutes qu’un complot vaste et profond contre les comités peut réussir, parce qu’il peut plus sûrement, après les avoir renversés, mettre la main sur l’empire; c’est en racontant des revers des armées, des batailles perdues, que le mécontentement est excité avec d’horribles espérances, que le feu de la guerre civile est allumé avec succès. (l) Mon., XXI, 358-361. Débats, n° 679, 225-235; J. univ., n° 1711 ; Audit, nat., n° 675; J. Perlet, n° 676; Rép., n° 223; Ann. R.F., n° 241 ; J. Fr., n° 674; C. univ., n° 942; Mess. Soir, n° 710; J. Sablier, n° 1468; F.S.P., n° 391 ; J.S.- Culottes, n°531; -J. Mont., n°94; M.U., XLII, 200-201 et 229-237; C. Eg., n°711; Ann. patr., n°DLXXVI; -J. -Jac-quin, n° 733; J. Paris, nos 577, 579. SÉANCE DU 11 THERMIDOR AN II (MATIN) (29 JUILLET 1794) - N° 20 637 Mais non : les armées, par leurs triomphes constans, ont fatigué, impatienté les conspirateurs; il a fallu enchaîner leur courage, refroidir leur fureur contre les Anglais. Des lettres arrivées au comité, du Nord près Anvers, nous annoncent qu’on avoit reçu dans ces légions victorieuses des inspirations funestes, semées par des agens secrets venus de Paris; ils annonçoient artificieusement une trêve signée entre nous et les ennemis. Une trêve avec des brigands et des royalistes ! une trêve entre des esclaves et des républicains ! et cependant plusieurs corps de troupes n’ont pas fait feu sur les ennemis pendant trois jours. Elle étoit donc habilement préparée, cette secousse, cette commotion terrible qu’on devoit donner à la représentation nationale ; et la stagnation des affaires, la suspension d’armes, les leurres de la paix, tout devoit être mis en jeu pour tout disposer au succès de la contre-révolution méditée. Mais bientôt les réponses subites du comité de salut public aux armées ont restitué la victoire à l’armée du Nord. Je viens vous annoncer un nouveau succès au milieu de ces entraves momentanées, et l’on diroit que le génie de la liberté a voulu couronner vos derniers travaux révolutionnaires, en les décorant par de nouveaux succès. Ainsi, tandis que les conspirateurs contre la République descendent au cercueil par le chemin de l’infamie, l’armée du Nord montoit au fort Lillo, et ne pouvoit plus retrouver sur ses pas les Anglais fugitifs, couvrant leur défaite par des inondations, et faisant maudire leur présence au pays même pour lequel ils se disent armés. Voici les nouvelles : Richard, représentant du peuple près l’armée du Nord, à ses collègues composant le comité de salut public. Anvers, 9 thermidor II Je vous annonce, citoyens collègues, l’évacuation du fort Lillo; les troupes de la République y sont entrées hier. Les Anglais, en se retirant, ont rompu les digues sur la rive gauche, et ont inondé un vaste terrein qui a plus de six lieues de circonférence. Ils emportent avec eux la haine et l’exécration des habitans, qu’ils ont méritées par leurs brigandages et leur lâcheté; leur fuite accélérée ne se ralentit pas. Nos reconnoissances ont fait plus de dix lieues avant de trouver leurs avant-postes. Il paroît qu’ils se réfugient sous le canon de Bréda et Bergen-op-Zoom. 38 pièces de canons nous ont été laissées à Anvers. Nous y avons trouvé des magasins considérables sur-tout en avoine, et qui pourront monter à plus de 60 000 sacs. Plus de trois cents particuliers ont retiré chez eux des objets appartenans aux armées coalisées, et nous sommes dans ce moment avec Laurent à faire faire des recherches pour les faire rentrer à la République. A cette conduite mercan tille des habitans d’Anvers je dois opposer un trait de désintéressement et d’attachement à la nation française, qui honore le citoyen Jacques Lehman, marchand de cette ville. Lors de la retraite de Dumouriez, pour sauver 400 sacs d’avoine qui étoient déposés chez lui, il déclara aux commissaires ennemis qu’il les avoit achetés; et par ce mensonge patriotique, il les a conservés à la République, et vient de nous les restituer. Signé, Richard. Mais comme si la destinée de la République étoit de renverser le même jour, au même instant, tous ses ennemis, d'abattre les tyrans dans l’intérieur et de les exterminer au-de-hors ; le même instant qui nous a vus combattre la faction du tyran Robespierre, nous a vus vaincre les tyrans de Vienne et de Londres. C’est le 9 thermidor que plusieurs batailles ont été livrées au profit de la liberté. Nous avons reçu le soir un courier porteur de nouvelles heureuses et dont l’événement se rapporte au 9 thermidor. Vous êtes aussi l’armée de la liberté, et vos lauriers civiques se sont mêlés ce jour-là aux lauriers militaires : Robespierre et ses complices étoient jetés dans les fers à la même heure que les Autrichiens étoient chassés du pays de Liège. La liberté faisoit en même temps une révolution à Liège et à Paris, et la cause du peuple étoit générale-met défendue sur ces deux points. Le pas de charge étoit sonné au même instant sur les bords de la Seine et sur la rivière de Saur; les postes ennemis étoient également vaincus en avant de Liège et en avant de la place de Grève; et la ville de ce tyran évêque étoit peuplée par les troupes de la République en même temps que le repaire du tyran Robespierre étoit occupé par les fidèles sections de Paris. Voici des nouvelles qui se réunissent aux triomphes, et des succès des armées qui accompagnent vos travaux révolutionnaires. Ainsi rien ne manque à la gloire de la République affermie. Ernouf, général de division, chef de l’état-major-général de l’armée de Sambre-et-Meuse, aux représentons du peuple composant le comité de salut public. Au quartier-général à Waremme, le 9 thermidor II L’armée de Sambre-et-Meuse a fait ce matin un mouvement dont le but principal étoit de resserrer de plus en plus l’ennemi vers Maës-tricht, et de le forcer à passer la Meuse, en s’emparant de la ville de Liège. L’avant-garde s’est portée sur la rivière de Jaar, l’aile gauche s’est appuyée à Wontrenge, l’aile droite à Saint-Nicolas; elle a attaqué les postes de l’ennemi répandus en avant de Liège. Ils ont résisté pendant quelque temps à la canonnade; mais la charge républicaine les a bientôt obligés de prendre la fuite. Nos troupes sont entrées dans Liège, où elles étoient attendues et désirées avec la plus vive impatience. L’armée ennemie s’est retirée sur les hauteurs des Chartreux, où elle étoit retranchée; elle a dirigé plusieurs batteries sur la ville de Liège, qui font un feu très-violent et incommodent beaucoup les habitans. Jourdan est occupé dans ce moment à faire dresser des batteries à la citadelle, dont le site est très-favorable, pour SÉANCE DU 11 THERMIDOR AN II (MATIN) (29 JUILLET 1794) - N° 20 637 Mais non : les armées, par leurs triomphes constans, ont fatigué, impatienté les conspirateurs; il a fallu enchaîner leur courage, refroidir leur fureur contre les Anglais. Des lettres arrivées au comité, du Nord près Anvers, nous annoncent qu’on avoit reçu dans ces légions victorieuses des inspirations funestes, semées par des agens secrets venus de Paris; ils annonçoient artificieusement une trêve signée entre nous et les ennemis. Une trêve avec des brigands et des royalistes ! une trêve entre des esclaves et des républicains ! et cependant plusieurs corps de troupes n’ont pas fait feu sur les ennemis pendant trois jours. Elle étoit donc habilement préparée, cette secousse, cette commotion terrible qu’on devoit donner à la représentation nationale ; et la stagnation des affaires, la suspension d’armes, les leurres de la paix, tout devoit être mis en jeu pour tout disposer au succès de la contre-révolution méditée. Mais bientôt les réponses subites du comité de salut public aux armées ont restitué la victoire à l’armée du Nord. Je viens vous annoncer un nouveau succès au milieu de ces entraves momentanées, et l’on diroit que le génie de la liberté a voulu couronner vos derniers travaux révolutionnaires, en les décorant par de nouveaux succès. Ainsi, tandis que les conspirateurs contre la République descendent au cercueil par le chemin de l’infamie, l’armée du Nord montoit au fort Lillo, et ne pouvoit plus retrouver sur ses pas les Anglais fugitifs, couvrant leur défaite par des inondations, et faisant maudire leur présence au pays même pour lequel ils se disent armés. Voici les nouvelles : Richard, représentant du peuple près l’armée du Nord, à ses collègues composant le comité de salut public. Anvers, 9 thermidor II Je vous annonce, citoyens collègues, l’évacuation du fort Lillo; les troupes de la République y sont entrées hier. Les Anglais, en se retirant, ont rompu les digues sur la rive gauche, et ont inondé un vaste terrein qui a plus de six lieues de circonférence. Ils emportent avec eux la haine et l’exécration des habitans, qu’ils ont méritées par leurs brigandages et leur lâcheté; leur fuite accélérée ne se ralentit pas. Nos reconnoissances ont fait plus de dix lieues avant de trouver leurs avant-postes. Il paroît qu’ils se réfugient sous le canon de Bréda et Bergen-op-Zoom. 38 pièces de canons nous ont été laissées à Anvers. Nous y avons trouvé des magasins considérables sur-tout en avoine, et qui pourront monter à plus de 60 000 sacs. Plus de trois cents particuliers ont retiré chez eux des objets appartenans aux armées coalisées, et nous sommes dans ce moment avec Laurent à faire faire des recherches pour les faire rentrer à la République. A cette conduite mercan tille des habitans d’Anvers je dois opposer un trait de désintéressement et d’attachement à la nation française, qui honore le citoyen Jacques Lehman, marchand de cette ville. Lors de la retraite de Dumouriez, pour sauver 400 sacs d’avoine qui étoient déposés chez lui, il déclara aux commissaires ennemis qu’il les avoit achetés; et par ce mensonge patriotique, il les a conservés à la République, et vient de nous les restituer. Signé, Richard. Mais comme si la destinée de la République étoit de renverser le même jour, au même instant, tous ses ennemis, d'abattre les tyrans dans l’intérieur et de les exterminer au-de-hors ; le même instant qui nous a vus combattre la faction du tyran Robespierre, nous a vus vaincre les tyrans de Vienne et de Londres. C’est le 9 thermidor que plusieurs batailles ont été livrées au profit de la liberté. Nous avons reçu le soir un courier porteur de nouvelles heureuses et dont l’événement se rapporte au 9 thermidor. Vous êtes aussi l’armée de la liberté, et vos lauriers civiques se sont mêlés ce jour-là aux lauriers militaires : Robespierre et ses complices étoient jetés dans les fers à la même heure que les Autrichiens étoient chassés du pays de Liège. La liberté faisoit en même temps une révolution à Liège et à Paris, et la cause du peuple étoit générale-met défendue sur ces deux points. Le pas de charge étoit sonné au même instant sur les bords de la Seine et sur la rivière de Saur; les postes ennemis étoient également vaincus en avant de Liège et en avant de la place de Grève; et la ville de ce tyran évêque étoit peuplée par les troupes de la République en même temps que le repaire du tyran Robespierre étoit occupé par les fidèles sections de Paris. Voici des nouvelles qui se réunissent aux triomphes, et des succès des armées qui accompagnent vos travaux révolutionnaires. Ainsi rien ne manque à la gloire de la République affermie. Ernouf, général de division, chef de l’état-major-général de l’armée de Sambre-et-Meuse, aux représentons du peuple composant le comité de salut public. Au quartier-général à Waremme, le 9 thermidor II L’armée de Sambre-et-Meuse a fait ce matin un mouvement dont le but principal étoit de resserrer de plus en plus l’ennemi vers Maës-tricht, et de le forcer à passer la Meuse, en s’emparant de la ville de Liège. L’avant-garde s’est portée sur la rivière de Jaar, l’aile gauche s’est appuyée à Wontrenge, l’aile droite à Saint-Nicolas; elle a attaqué les postes de l’ennemi répandus en avant de Liège. Ils ont résisté pendant quelque temps à la canonnade; mais la charge républicaine les a bientôt obligés de prendre la fuite. Nos troupes sont entrées dans Liège, où elles étoient attendues et désirées avec la plus vive impatience. L’armée ennemie s’est retirée sur les hauteurs des Chartreux, où elle étoit retranchée; elle a dirigé plusieurs batteries sur la ville de Liège, qui font un feu très-violent et incommodent beaucoup les habitans. Jourdan est occupé dans ce moment à faire dresser des batteries à la citadelle, dont le site est très-favorable, pour 638 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE faire taire le feu de l’ennemi. La journée est trop avancée pour attaquer aujourd’hui; mais Jourdan vous promet que demain les soldats de la République occuperont la position de l’ennemi. Signé, Ernouf. [Applaudi]. P. S. Nous avons fait beaucoup de prisonniers; je ne puis vous en dire le nombre. Ainsi dans quinze jours nous avons eu 22 victoires, et c’est l’époque où Robespierre n’a plus paru au comité; c’est le moment où il nous a dénoncés à l’Assemblée, où il a préparé ses discours contre-révolutionnaires. Il faut aimer la patrie pour chérir ses succès. Je n’aurois pas rempli entièrement le devoir qui m’a été imposé par le comité, si je ne vous parlois du tribunal révolutionnaire, de cette institution salutaire qui détruit les ennemis de la République, et purge le sol de la liberté; il pèse aux aristocrates; il nuit aux ambitieux; il déblaye les intrigans et frappe les contre-révolutionnaires; il anéantit les espérances de la tyrannie : il faut donc un grand respect pour l’institution; mais les hommes qui le composent ont dû attirer les plaintes et les regards de la Convention nationale. Il a été compté parmi vos devoirs celui de réviser la formation de ce tribunal, mais avec cette sagesse qui perfectionne sans affoiblir, et qui recompose sans détruire. Loin de nous des motions inconsidérées ! et quoiqu’ inspirées par des motifs bien utiles, elles sont propres à réveiller les complots des méchans ou les projets sinistres des conspirateurs. Mais, pendant que l’Assemblée nationale témoignoit ses justes sollicitudes sur les hommes qui ont été jetés dans cet établissement pour servir des vues perfides, les deux comités réunis révisoient la composition, épuroient les membres, et cherchoient à donner aux bons citoyens la caution que la justice assure à la liberté civile, et les moyens légitimes que la révolution doit garantir aux bons citoyens. Cette tâche est difficile; il est malaisé de connoître les hommes, sur-tout au milieu des orages d’une révolution aussi profonde. Je viens présenter à votre nomination les juges et les jurés qui nous ont paru mériter la confiance de la Convention et des bons citoyens : puisse-t-elle être analogue à vos vues pour l’intérêt de la justice et de la révolution ! Je termine ce rapport, en annonçant à la Convention nationale un besoin urgent du comité de salut public. Le glaive de la loi a frappé trois ambitieux, trois tyrans qui avoient usurpé la confiance publique, et qui ont manqué de renverser le gouvernement révolutionnaire, si fatal aux rois de l’Europe et si nécessaire à la défense de la liberté. Ces trois parricides étoient membres du comité, et démentoient par leur conduite hardie le titre modeste et bienfaisant que porte le comité; il vous demande de lui adjoindre, jusqu’au 21 de ce mois, époque de son renouvellement, trois membres propres à supporter le poids des travaux journaliers et à suivre les opérations commencées. Nommer provisoirement les trois adjoints pour travailler jusqu’au 20 de ce mois, époque où vous devez renouveler ce comité, ce sera raffermir la confiance publique que vous lui avez donnée. Renouveler vos choix et les compléter entièrement, ce sera assurer de nouveaux triomphes à la République, pourvoir à ses besoins, lui donner des coopérateurs fidèles et des républicains modestes. Ils ne doivent pas entrer dans le gouvernement national, ceux qui pensent plus à leur gloire personnelle qu’au salut de leur pays, qui prennent des places éminentes comme on monte sur des théâtres brillans, et qui ne connoissent de patriotisme que l’ostentation, et de la République que la puissance. Il ne faut pas au gouvernement révolutionnaire des égoïstes ou des indifférens; il ne lui faut pas de ces âmes froides, pour qui l’autorité n’est qu’un amusement, et pour qui les grands intérêts sont sans objet, et qui, plus occupés de conserver le pouvoir que de servir la patrie, ne sont ni des républicains zélés, ni des administrateurs publics. Nous ne sommes plus au temps où l’on sacrifioit une nation à un homme, et le bonheur de la postérité à la jouissance d’un ambitieux ». [Vifs applaudissements]. Il propose de décréter que l’armée de Sam-bre-et -Meuse ne cesse de bien mériter. Ce décret est rendu ainsi qu’il suit : « La Convention nationale déclare que l’armée de Sambre-et-Meuse ne cesse de bien mériter de la patrie. « Les nouvelles officielles de la prise de Liège seront envoyées sans délai aux autres armées de la République (l) ». 21 Le même membre [BARÈRE], au nom du comité de salut public et de celui de sûreté générale, propose le décret suivant, qui a été adopté. « La Convention nationale, après avoir entendu le rapport des comités de salut public et de sûreté générale, décrète que Lerebours, commissaire national des secours publics, et Payan l’aîné, commissaire national de l’instruction publique, sont mis hors de la loi » (2). La séance est suspendue et remise à huit heures du soir (3). (l) P.V., XLII, 257-261. Minute de la main de Barère. Décret n° 10 167. Reproduit dans Bm, 12 therm. et 13 therm. (2) P.V., XLII, 263. Minute de la main de Barère. Décret n° 10 168. Reproduit dans Bm, 13 therm.; Rép., n°223; J. Fr., n° 674; Audit, nat., n°675; J. Perlet, n° 676; Ann. R.F., n° 241 ; C. Univ., n°942; Mess. Soir, n°710; M.U., XLII, 201; J. Jacquin, n° 733; J. Paris, n° 577. (3) P.V., XLII, 264. Rédigé en exécution du décret du 3 brumaire an IV. Signé, Henry-Larivière, Bailly, Delecloy, Villers, Laurenceot. Voir, ci-dessus, fin de la séance du 2 therm. IL 638 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE faire taire le feu de l’ennemi. La journée est trop avancée pour attaquer aujourd’hui; mais Jourdan vous promet que demain les soldats de la République occuperont la position de l’ennemi. Signé, Ernouf. [Applaudi]. P. S. Nous avons fait beaucoup de prisonniers; je ne puis vous en dire le nombre. Ainsi dans quinze jours nous avons eu 22 victoires, et c’est l’époque où Robespierre n’a plus paru au comité; c’est le moment où il nous a dénoncés à l’Assemblée, où il a préparé ses discours contre-révolutionnaires. Il faut aimer la patrie pour chérir ses succès. Je n’aurois pas rempli entièrement le devoir qui m’a été imposé par le comité, si je ne vous parlois du tribunal révolutionnaire, de cette institution salutaire qui détruit les ennemis de la République, et purge le sol de la liberté; il pèse aux aristocrates; il nuit aux ambitieux; il déblaye les intrigans et frappe les contre-révolutionnaires; il anéantit les espérances de la tyrannie : il faut donc un grand respect pour l’institution; mais les hommes qui le composent ont dû attirer les plaintes et les regards de la Convention nationale. Il a été compté parmi vos devoirs celui de réviser la formation de ce tribunal, mais avec cette sagesse qui perfectionne sans affoiblir, et qui recompose sans détruire. Loin de nous des motions inconsidérées ! et quoiqu’ inspirées par des motifs bien utiles, elles sont propres à réveiller les complots des méchans ou les projets sinistres des conspirateurs. Mais, pendant que l’Assemblée nationale témoignoit ses justes sollicitudes sur les hommes qui ont été jetés dans cet établissement pour servir des vues perfides, les deux comités réunis révisoient la composition, épuroient les membres, et cherchoient à donner aux bons citoyens la caution que la justice assure à la liberté civile, et les moyens légitimes que la révolution doit garantir aux bons citoyens. Cette tâche est difficile; il est malaisé de connoître les hommes, sur-tout au milieu des orages d’une révolution aussi profonde. Je viens présenter à votre nomination les juges et les jurés qui nous ont paru mériter la confiance de la Convention et des bons citoyens : puisse-t-elle être analogue à vos vues pour l’intérêt de la justice et de la révolution ! Je termine ce rapport, en annonçant à la Convention nationale un besoin urgent du comité de salut public. Le glaive de la loi a frappé trois ambitieux, trois tyrans qui avoient usurpé la confiance publique, et qui ont manqué de renverser le gouvernement révolutionnaire, si fatal aux rois de l’Europe et si nécessaire à la défense de la liberté. Ces trois parricides étoient membres du comité, et démentoient par leur conduite hardie le titre modeste et bienfaisant que porte le comité; il vous demande de lui adjoindre, jusqu’au 21 de ce mois, époque de son renouvellement, trois membres propres à supporter le poids des travaux journaliers et à suivre les opérations commencées. Nommer provisoirement les trois adjoints pour travailler jusqu’au 20 de ce mois, époque où vous devez renouveler ce comité, ce sera raffermir la confiance publique que vous lui avez donnée. Renouveler vos choix et les compléter entièrement, ce sera assurer de nouveaux triomphes à la République, pourvoir à ses besoins, lui donner des coopérateurs fidèles et des républicains modestes. Ils ne doivent pas entrer dans le gouvernement national, ceux qui pensent plus à leur gloire personnelle qu’au salut de leur pays, qui prennent des places éminentes comme on monte sur des théâtres brillans, et qui ne connoissent de patriotisme que l’ostentation, et de la République que la puissance. Il ne faut pas au gouvernement révolutionnaire des égoïstes ou des indifférens; il ne lui faut pas de ces âmes froides, pour qui l’autorité n’est qu’un amusement, et pour qui les grands intérêts sont sans objet, et qui, plus occupés de conserver le pouvoir que de servir la patrie, ne sont ni des républicains zélés, ni des administrateurs publics. Nous ne sommes plus au temps où l’on sacrifioit une nation à un homme, et le bonheur de la postérité à la jouissance d’un ambitieux ». [Vifs applaudissements]. Il propose de décréter que l’armée de Sam-bre-et -Meuse ne cesse de bien mériter. Ce décret est rendu ainsi qu’il suit : « La Convention nationale déclare que l’armée de Sambre-et-Meuse ne cesse de bien mériter de la patrie. « Les nouvelles officielles de la prise de Liège seront envoyées sans délai aux autres armées de la République (l) ». 21 Le même membre [BARÈRE], au nom du comité de salut public et de celui de sûreté générale, propose le décret suivant, qui a été adopté. « La Convention nationale, après avoir entendu le rapport des comités de salut public et de sûreté générale, décrète que Lerebours, commissaire national des secours publics, et Payan l’aîné, commissaire national de l’instruction publique, sont mis hors de la loi » (2). La séance est suspendue et remise à huit heures du soir (3). (l) P.V., XLII, 257-261. Minute de la main de Barère. Décret n° 10 167. Reproduit dans Bm, 12 therm. et 13 therm. (2) P.V., XLII, 263. Minute de la main de Barère. Décret n° 10 168. Reproduit dans Bm, 13 therm.; Rép., n°223; J. Fr., n° 674; Audit, nat., n°675; J. Perlet, n° 676; Ann. R.F., n° 241 ; C. Univ., n°942; Mess. Soir, n°710; M.U., XLII, 201; J. Jacquin, n° 733; J. Paris, n° 577. (3) P.V., XLII, 264. Rédigé en exécution du décret du 3 brumaire an IV. Signé, Henry-Larivière, Bailly, Delecloy, Villers, Laurenceot. Voir, ci-dessus, fin de la séance du 2 therm. IL