[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. jj93 109 de ses droits imprescriptibles et inaliénables a éveillé sa raison, et ce réveil a été terrible. A la chute et à la proscription des tyrans a succédé inopinément et avec la rapidité de la foudre, celle du fanatisme et de la superstition, le peuple adopte partout et avec enthousiasme le culte de la raison et de la vérité. Mais, légis¬ lateurs, si la raison frappe maintenant nos yeux, il n’en est pas de même de nos enfants. En attendant que votre sage décret concernant l’institution (sic) de la première enfance puisse être en vigueur, nous venons vous demander au plus tôt des livres pour cet âge si intéressant. Vous ne souffrirez pas plus longtemps que nos enfants sucent le poison du mensonge quand nous buvons à longs traits le nectar dans la coupe de la vérité. « Legrand, 'procureur de la commune; Du-nout ; Renard; Leclerc; Dorigny. C. Pétition de la commune de Paris, à la Convention nationale (1). « Quintidi frimaire, l’an II de la République française. « Législateurs, « Les idoles du fanatisme, de la superstition et du mensonge sont pour jamais brisées. Si la na¬ tion juste et bienfaisante vient au secours de ceux qu’on appelle prêtres pour leur fournir des aliments lorsqu’ils seront dans les termes de la loi, le bonheur public et la triste expé¬ rience du passé veulent impérieusement qu’on écarte ces organes de l’astuse, de l’imposture et du mensonge, de toute espèce de fonctions publiques de toutes administrations et de toute direction de manufactures d’armes ou autres pour le servicé de la République. Tel est le vœu que nous venons vous soumettre. « Renard; Leclerc; Legrand, procureur de la commune; Dunouy; Dorigny. » Compte rendu du Journal des Débats et des Décrets (2). Une députation de la commune de Paris se présente à la barre. Elle lit une pétition qui se divise en six parties. La commune demande : 1° Un livre élémentaire pour l’éducation des enfants ; 2° Une attention particulière sur l’adminis¬ tration des hôpitaux ; (1) Archives nationales, carton F;; 1007, dossier 1221. J. Guillaume : Procès-verbaux du comité d'ins¬ truction publique de la Convention nationale, t. 3, p. 32. (2) Journal des Débats et des Décrets (frimaire an II, n° 433, p. 84). D’autre part, le Moniteur uni¬ versel [n° 66 du 6 frimaire an II (mardi 26 novembre 1793), p. 268, col. 3] et le Journal de Perlel [n° 430 du 6 frimaire an II (mardi 26 novembre 1793, p. 450] 3° L’exclusion des prêtres de toutes les fonc¬ tions publiques; 4° Des secours pour les familles des ouvriers étrangers, qui ont été renfermés en exécution de la loi et dont le travail seul nourrissait les femmes et les enfants ; 5° La réclusion de la postérité du tyran dans telle prison qu’il plaira indiquer, pour y être traitée comme les autres détenus et élevée dans les mœurs austères du républicanisme, et l’envoi d’Elisabeth au tribunal révolutionnaire; 6° Un décret qui ordonne aux citoyens qui se sont retirés à la campagne, de rentrer dans les villes où ils ont leur domicile. La Convention prendra tous ces objets en con-■ sidération. Une députation du directoire du lycée des Arts présente, au nom de la citoyenne Masson, un procédé pour la refonte et fabrication des vieux papiers, et, au nom du machiniste Kock, une machine propre à opérer le prompt rétablisse¬ ment des jambes cassées. Le citoyen Gaullard de Sandray (Desaudray), l’orateur, offre les arrérages de sa pension. La Convention renvoie l’offre des arrérages de la pension au comité des finances, et ce qui est relatif aux procédés du papier et de la machine du citoyen Kock est renvoyé au comité d’ins¬ truction publique (1). Compte rendu du Moniteur universel (2). Une députation du lycée des Arts est admise à la barre. Desaudrais [Desaudray], orateur. Citoyens législateurs, hier le lycée des Arts a tenu sa, rendent compte de la pétition de la commune de Paris dans les termes suivants : I. Compte rendu du Moniteur universel. Une députation de la commune de Paris présente une pétition par laquelle elle demande que la sœur du dernier tyran des Français soit traduite au tri¬ bunal révolutionnaire; que les enfants de Gapet soient enfermés dans une prison définitive, et qu’il soit fait une loi pour obliger tous les individus qui habitent la campagne et qui paient leurs impositions à Paris, à rentrer dans cette ville. Cette pétition est renvoyée au comité de Salut public. II. Compte rendu du Journal de Perlel. La commune de Paris demande la traduction d’Élisabeth Capet au tribunal révolutionnaire et la cessation de sa responsabilité à l’égard des pri¬ sonniers du Temple .(Applaudissements. ) (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 153. (2) Moniteur universel [n° 67 du 7 frimaire an II (mercredi 27 novembre 1793), p. 269, col. 3]. D’autre part le Journal des Débats et des Décrets (frimaire an II, n° 433, p. 84), l'Auditeur national [n° 430 du 110 [Convention natiouale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. séance publique. Plusieurs représentants du peuple et différents membres de la municipalité y ont assisté; ils ont été témoins des prix qu’ont remportés deux découvertes utiles. L’une de ces découvertes, dont la citoyenne Masson est l’au¬ teur, tend à faire disparaître les couleurs et empreintes qui sont sur le papier; la seconde, du citoyen Lecoq, serrurier, donne la facilité, fi frimaire an II (mardi 26 novembre 1793), p. 5), le Mercure universel [6 frimaire an II (mardi 26 no¬ vembre 1793), p. 92, col. 2] et les Annales patrio¬ tiques el littéraires [n° 329 du 6 frimaire an II (mardi �6 novembre 1793), p. 1524, col. 1], rendent compte -de l’admission à la barre de la députation du lycée des Arts dans les termes suivants : I. ■Compte rendu du Journal des Débats el des Décrets. La députation de la commune présente à la Con¬ vention plusieurs membres de la Société du lycée des Arts qui viennent offrir deux inventions, que Desaudray est chargé de 'développer. La première a été découverte par une femme. Elle enlève de dessus le papier l’écriture et l’impres¬ sion. La seconde met un homme qui a la jambe cassée en état de changer de position sur son lit, et même de se lever avant peu de temps. En finissant Desaudray offre à la nation les arré¬ rages d’une pension de 1,000 livres qu’il dit avoir -obtenue pour prix de ses services. La Convention reçoit l’offrande qui lui est faite par la Société du lycée des Arts et accorde aux pétitionnaires les honneurs de la séance. Danton demande la parole sur l’offrande parti¬ culière de Desaudray. Il propose à la Convention de s’assurer que la pension dont on lui offre la remise a réellement été méritée par des services rendus à la patrie. Quant à lui, il sait que Desaudray était membre du comité militaire institué par Lafayette et il croit que la pension dont il s’agit n’a été accordée que pour avoir été employé dans ce comité vrai¬ ment contre-révolutionnaire. Thuriot. Oui, que l’on examine attentivement -ce fait, et l’on apprendra que la pension qui vient d’être remise fut accordée à Desaudray à la fin de l’Assemblée constituante, à la sollicitation de Bailly et de Lafayette. La Convention renvoie l’examen du fait au comité •des finances. IL Compte rendu de V Auditeur national. Le citoyen Desaudray, membre du lycée des Arts, a fait hommage à la Convention de deux décou¬ vertes, l’une de la citoyenne Masson, qui a trouvé le moyen d’enlever de dessus le papier la matière 4e l’impression, l’autre d’un artiste qui a imaginé un lit dans lequel un citoyen blessé peut prendre telle position qu’il désire. Desaudray a fait en même temps remise d’une pension de 1,000 livres qui lui fut accordée par l’Assemblée constituante et a demandé, pour favo¬ riser rétablissement du lycée des Arts, la remise des loyers du local qu’il occupe. Avant de décréter la mention honorable du don de la pension, le citoyen Desaudray, d’après l’avis 4e Danton, s’expliquera sur sa nature et dira si «lie ne lui fut pas accordée à la sollicitation de Lafayette. Le comité d’instruction publique est chargé d’exa-( S frimaire an U [ 25 novembre 1793 au moyen d’une machine qu’il a inventée, à une personne qui aurait eu le malheur de se casser la jambe, de se panser sans aucun secours étran¬ ger. Je laisse à la Convention le soin d’appré¬ cier l’utilité de ces découvertes. Citoyéns, pour prix de mes services, l’Assem¬ blée nationale m’a accordé une pension de, 1.000 livres. Qu’il me soit permis d’en faire hommage à la Képublique. On demande la mention honorable de cette offrande. Danton. Il faut d’abord savoir si la pension dont fait hommage le citoyen Desaudrais est celle que lui fit donner. Lafayette pour avoir; travaillé avec lui à l’organisation contre-révo-lutionnaire de la garde nationale; car, si c’était cette pension, la nation ne lui devrait aucun remerciement. Quant aux découvertes, je de¬ mande que la Convention charge ses comités de les examiner. La Convention nationale charge son comité des finances de prendre des renseignements sur la pension dont fait hommage le citoyen Desau¬ drais, et décrète la mention honorable des décou¬ vertes qui lui sont présentées. miner les deux découvertes de la citoyenne Masson et de l’artiste. III. Compte rendu du Mercure universel . TJne députation du lycée des Arts déclare qu’hier était la huitième Réarme de cette réunion d’artistes» La citoyenne Masson y a présenté un moyen d’en-lèver l’écriture et l’impression du papier, « et le. lycée, considérant l’importance de cette découverte, dit l 'orateur, a jugé que cette citoyenne était digne de la reconnaissance nationale ». Cet orateur propose qu’il soit fait un dépôt des vieux livres qui serviront à reproduire du papier, tandis que les chiffons seront réservés à faire de la charpie. Le renvoi au comité. IV Compte rendu des Annales patriotiques el littéraires. Le citoyen Desaudray, au nom de la Société du lycée des Arts, rend compte à l’Assemblée de plu¬ sieurs découvertes utiles, couronnées par cette Société à sa dernière séance publique. Le citoyen Desaudray a terminé son discours par l’offre de deux années d’arrérages d’une pension de 1,000 livres qui lui fut donnée par l’Assemblée constituante comme un témoignage des services rendus à la liberté par ce citoyen. Il s’est élevé dans l’Assemblée quelques doutes sur l’existence de la dette dont Desaudray offrait la remise. Danton a trouvé assez étonnant qu’un homme, qui avait obtenu une pension par les intrigues de Lafayette, vînt en faire hommage à la France répu¬ blicaine. Le pétitionnaire est renvoyé au comité des fi¬ nances pour donner les détails relatifs à cette pension et aux découvertes dont il a entretenu l’Assemblée.