104 |ConY«nlion nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j *f î-�mbre i4 Le citoyen Louis-Joseph Bas tard, l’un des juges du tribunal du 1er arrondissement de Paris, prêt à livrer aux flammes ses lettres de créance et de commission délivrées par le dernier de nos ty¬ rans, a pensé qu’elles pouvaient tourner au ser¬ vice de la République en les convertissant en gargousses, il les offre à la patrie, persuadé que tous les républicains s’empresseront de suivre son exemple. Insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre du citoyen Bastard (2). Au citoyen Président de la Convention nationale. « Citoyen Président, « Je t’adresse un paquet de titres réprouvés par la raison. Je joins à cet envoi une lettre pour les représentants du peuple : prends-en lecture, si tu crois utile qu’elle soit lue, je m’en rapporte à toi. « Salut et fraternité. « Bastard, Vun des juges du 1er arron¬ dissement de Paris. « Paris, 28e jour de brumaire, l’an II de la République française, une et indivisible. » A la Convention nationale (3). « Citoyens représentants, « Vous avez décrété la République, et par oe gouvernement, le seul avoué par la raison, vous avez effacé jusqu’au souvenir des titres et des distinctions. Fidèle observateur de vos lois, j’allais dans le silence, livrer aux flammes des lettres de licence et des commissions dé¬ livrées par le dernier de nos rois, lorsque j’ai été arrêté par une considération que j’ai crue de quelque importance. J’ai pensé que ces commissions expédiées sur bon et solide par¬ chemin pouvaient tourner utilement au ser¬ vice de la République en les convertissant en gargousses. Dans cette seule vue, je vous les adresse, persuadé que tout bon républicain s’empressera, sous ce rapport, de suivre mon exemple. « Bastard, Vun des juges du tribunal du 1er arrondissement de Paris. « Paris, 28 brumaire, l’an II de la Répu¬ blique française, une et indivisible. » Le citoyen Millet, ci-devant curé d’Orgelet, aujourd’hui commandant le bataillon de même nom, grade auquel il a été porté par ses conci¬ toyens d’après la confiance qu’il leur a inspirée, prie la Convention de vouloir recevoir le serment qu’il fait de se marier dans le Capitole, ombragé des couleurs nationales, et de jeter dans le Tibre la mule et la tiare du ci-devant sacré muphti de Rome. Insertion au « Bulletin » (4). (IJ Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 55. (2) Archives nationales, carton C 286, dossier 835. (3) Archives nationales, carton C 286, dossier 835. (4j Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 55. Suit la lettre du citoyen Millet (1). « Citoyens représentants, « Je l’ai toujours dit que le décret si juste de la suppression d’un culte salarié ne me pren¬ drait pas en flagrant délit. « Prêtre libre, avant et pendant la Révolu¬ tion, la confiance de mes concitoyens m’a donné le commandement du 20e bataillon du Jura. Je fais vœu de me marier dans le Capitole, ombragé des couleurs nationales, de faire cadeau à mon épouse de l’anneau du pêcheur, do jeter dans le Tibre la mule et la tiare dm ci-devant sacré muphti de Rome. « Orgelet, 26 brumaire, l’an II de la Répu¬ blique française, une et indivisible. « Millet, ci-devant curé, commandant le bataillon d’ Orgelet, 20e du Jura. » Les officiers municipaux de Conches, départe¬ ment de l’Eure, écrivent ainsi : « Citoyens représentants, « Nous ne pouvons offrir sur l’autel de la pa¬ trie qu’un faible don; mais nous nous flattons qu’il servira à éclairer nos concitoyens sur les erreurs dans lesquelles la superstition les avait trop longtemps plongés; la raison la remplace, et ne se laissera jamais dominer par le fana¬ tisme. Restez à votre poste, et vous affermirez le bonheur de la République, en préparant celui de l’univers entier. » Mention honorable, insertion au « Bulletin » (2). Suit la lettre des officiers municipaux de Conches, d’après le document des Archives nationales (3). Conches, ce 28 brumaire, 2e de la Répu¬ blique française, une et indivisible. « Citoyens représentants, « Nous vous adressons les hochets du fana¬ tisme, provenant de notre église, comme nous vous l’avions annoncé par notre adresse du 23 de ce mois. Nous y joignons l’inventaire et le poids. Nous n’avons cependant pu peser la croix en or à cause de son pied en émail. Nous ne pouvons offrir sur l’autel de la patrie qu’un faible don, mais nous nous flattons qu’il servira à éclairer nos concitoyens sur les erreurs dans lesquelles ils avaient été plongés jusqu’à présent. La superstition régnait depuis trop longtemps. La raison la remplace et ne se laissera jamais dominer par le fanatisme ridi¬ cule des prêtres. Restez à votre poste, nous vous le réitérons et vous affermirez le bonheur de la République en préparant celui de l’uni¬ vers entier. « Les officiers municipaux de Conches, dépar¬ tement de l’Eure, Defougy; Echard; Laumonier; Langue-mier; Nouvel, maire; Lefebvre; Ré¬ gnier; Leroy. » (1) Archives nationales, carton C 288, dossier 835. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 55. (3) Archives nationales, carton C 283, dossier 812.