666 [Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [9 septembre im] sévéràmipent occupé dp ses devoirs, et comptable envers la patri« dp tous ses instants, a travaillé toute la nuit à une affaire qui lui a paru mériter une sérieuse attention, et dont il va vous rendre compte, Hier, à une heure après-midi, le résident de la section de la fontaine de Gre-elle est venu apporter an comité une lettre, qu’il a d|t avoir été .adressée à Mme de Persan, par un particulier oui asjgqé cette lettre, le comte Henri. Voici cettre lettre : « Il est impossible, madame la marquise, de popvqir yous écrire tgqt ce que j’aurais à vous dire; mpis ce que je vous ai mandé, il y a quelque temps, était assez intelligible pour vous préparer à Vous garer de tout ce qu’jl y a à craindre du moment dé crise où nous nous trouvons, Plus nous allons, et plus nous aval çons vt-ps Je dénouement, plus il serait dangereux de se trouver trop près du contre-coup, ha mine se charge tous les jours ; je suis à mêrpe de yous instruire quand on sera prêt à y mettre le feu. L'éclat qu’elle peut occasionner né saurait être calculé ; mais attendez-vous qu’elle éclatera, et prends d’avance vos précaptions, pour en éviter les éclaboussures. C’est tout ce que je peux vous dire, comme notre o,m\ ; vous devez bien me regarder comme tel, et c’est en cette qualité que je ne cesserai jamais de prendre intérêt à tout cp qui yo� s regarde. Je laisse à yptre pana Je soin de vqp parler de jui. Je me borne aujourd’hui à vops assurer que personne pq vous est plus sincèrement attaché que le comte Henri. » Les troubles, le? insurrections qui se manifestent à la fais dans fous les poims du royaume, ont engagé votre comité à donner beaucoup d’attention à cette lettre 5 en conséquence, il a envoyé quelqu’un chez Mm? de Persan, pqqr s’informer de l’adresse de M, Henri, Yojci la déclaration du particulier chargé de cette commission : — Lq 8 petohre, moi Michel jçwan, sellier demeurant rue Contrescarpe, je me sqjs transporté chez M“a de Persan, à § heures du soir, J’ai dfij mandé à un domestique l'adresse de M-le coMc Henri; ce domestique m’a dit, pn réfléchissant : Montez vers madame. Elle m’a répondu avec vivacité et un ton d’humeur \ Non, non, je ne çon-nyis pas çela. be domestique a repris : Mais; si, marine, Cf nom-là nç nous est inconnu, — Le comité avait toutes sortes de raisons de croire gpe de Persan connaissait �. Henri-Vous en jugerez d’anres la manière dont la lettre que jp yiens de yous lire a été trouvée-— Le 8 septembre s’est présenté, ap comité des n cherches M-Cpss, b)auqhjs§cur, et a déclaré qu’il y a environ trois semâmes, ayant reçu du lingeàb'an� chir de Mme de Persan, il a trouvé dans le goulet d'une des iioches de cette dame une lettre qu’il avait gardée, ne pouvant la line, jusqu’au 7 de ce mois 5 qu'alprs il la montra à Um Houdé, épù cière, et à Mm00 contre le empilé de§ recherches, qui marche toujours vers ripfjiijsi; tion, et eu adopte avec beaucoup de sagacité le| usages. Je demande que ce comité soft imipédia-tetnent remplacé par pu aRtjrp, M. Alquier. Je ne demande pas la paroje ppuf répondre à la prolixité et aux inutilités de M. Duval; mais pour remarquer qu’on cherche à vous faire prendre le change. Il n'est pas qu@s-r 668 [Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [9 septembre 1790.J tion d’armement dans la lettre ! On y parle d'éviter le contre-coup , on y dit que la mine se charge; M“® de Persan était donc sur le foyer de la mine ? ..... J’appuie l’amendement de M. Martineau. M. Prieur. Le comité ne dit pas dans son projet de décret par qui l’information sera faite. Je propose de rédiger ainsi cette partie du décret : « Le Châtelet sera tenu d’informer dans le jour; Mm*de Persan ne pourra s’éloigner de Paris sans avoir fait sa déposition, et sera tenue de se représenter, s’il y a lieu, dans le cours de la procédure. Cet amendement est adopté, et le décret est rendu en ces termes : « L’Assemblée nationale, après avoir entendu le rapport de son comité des recherches, décrète que son président se retirera devers le roi, pour le prier de donner des ordres au Châtelet de Paris d’informer dans le jour contre le sieur Henri Cordon, ci-devant comte de Lyon, comme prévenu d’un plan de conspiration contre la liberté publique, et contre les auteurs, fauteurs, complices et adhérents dudit plan. « Ordonne que la lettre signée le comte Henri, commençant par ces mots : Il est impossible , •madame la marquise , et finissant par ceux-ci, ne vous est plus sincèrement attaché que le comte Henri; ensemble les déclarations dont le comité des rechercbes a rendu compte, seront remises au procureur du roi du Châtelet, pour la conduite de l’instruction criminelle; « Et cependant que la dame de Persan ne pourra s’éloigner de Paris, qu’après avoir fait sa déposition, et à la charge en outre de se présenter pour la suite de la procédure, s’il y a lieu. » M. le Président lève la séance à quatre heures, et indique celle de ce soir à l’heure ordinaire. ASSEMBLÉE NATIONALE. PRÉSIDENCE DE M. DE JESSÉ. Séance du jeudi 9 septembre 1790, au soir (1). La séance est ouverte à six heures et demie du soir. Un de MM. les secrétaires donne lecture des pétitions et adresses suivantes : Adresse de félicitation, adhésion et dévouement de la société des amis de la Constitution, établie récemment à Toulon. Adresse des habitants marins de Leucate, qui se soumettent avec transport à servir dans les vaisseaux au premier signal : bien loin de regarder la loi des classes comme un attentat à la liberté, ils la chérissent au contraire comme un moyen de signaler le courage patriotique dont ils" se sentent animés. Ils font en même temps plusieurs demandes relativement à leurs droits de pêche et à l’organisation de la marine. Adresse de félicitation et de dévouement des citoyens composant la garde nationale de la ville d'Auch. (1) Cette séance est incomplète au Moniteur . Adresse de M. Paris, de l’Oratoire, et de plusieurs académies et sociétés littéraires, lequel fait hommage à l’Assemblée d’un ouvrage, dont il est l’auteur, intitulé : Projet d’éducation nationale. Adresse de la garde nationale de Cognac, qui offre en don patriotique une somme de 672 livres. Adresse des sous-ofliciers, brigadiers et cavaliers du régiment Royal-Etranger, détachés à Mar-cigny, qui, après avoir obtenu de leur commandant la permission de s’assembler dans les formes prescrites par les décrets de l’Assemblée nationale, lui promettent de persévérera se conduire d’après les mêmes principes que lui ont manifestés leurs camarades composant le régiment Royal-Etranger, en quartier à Dôle. Adresse du comité militaire de la ville de Paris, qui sollicite avec instance une organisation définitive des gardes nationales. M. Alexandre de Lameth. Je mets sous vos yeux l’adresse des négociants de la ville de Bordeaux, dont je vous ai parlé à la séance de ce matin, concernant la proposition faite à l’Assemblée nationale de rembourser en assignats-monnaie la dette exigible de l’Etat : ils demandent : 1° que le remboursement total de la .dette exigible se fasse en assignats forcés, sans intérêts, ayant pour gage et pour amortissement, la vente des biens nationaux ; 2° que l’émission desdits assignats n’ait lieu qu’au 15 avril prochain, époque à laquelle écherra le premier[coupoo d’in-têrêt des 400 millions circulants, lequel sera acquitté, et les deux autres annulés, pour ne plus faire qu’un seul et même service avec les nouveaux ; 3° qu’à compter du jour du décret les créances exigibles commenceront à être remboursées parle moyen des promesses d’assignats au 15 avril prochain, lesquelles promesses seront dès à présent reçues pour l’acquisition des biens nationaux seulement; 4° qu’il soit créé et mis de suite en circulation la quantité estimée nécessaire de petits assignats, depuis 12 livres jusqu’à 100 livres. Les heureux effets de cette bienfaisante opération, ajoutent les négociants de Bordeaux, dureront autant que la Constitution, dont elle deviendra le nouveau garant, et l’Assemblée nationale aura sauvé encore une fois la France. L’Assemblée nationale ordonne l’impression de cette adresse. ( Voir ce document annexé à la séance de ce jour, p. 671.) M. de ftjameth fait part également d’une adresse de la société des amis de la Constitution, de la ville de Bordeaux : ils n’ont pu voir avec indifférence l’assemblée générale du Commerce agiter la question de l’extinction de la dette exigible, au moyen d’une émission d'assignâts-mon-naie ; son zèle pour le bien public lui a fait un devoir de s’occuper aussi de cet objet important, et déterminée par les mêmes considérations, elle est arrivée aux mêmes résultats que l’assemblée du commerce. On annonce une députation de la garde nationale de Versailles ; elle est reçue à la barre, et prononce le discours suivant : « Messieurs, un projet patriotique vient d’éclore au milieu de nous : proposé par un seul (1), (1) L’idée d’abord proposée par M. Belier, sergent de la compagnie Duprelle, est devenue, d’après l’amendement de M. de Hillerin, secrétaire général, le projet de toute l’assemblée.