365 I Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [27 mars 1790.] exception qui l’affligerait sensiblement. Ce sont les gens riches qu’il faut forcer à déclarer ; les indigents industrieux se sont empressés de venir au secours de la patrie, et leurs déclarations ont été faites les premières. Divérs amendements sont ensuite présentés et adoptés pour comprendre les femmes et les filles au nombre des personnes sujettes à la contribution et pour en exempter les hôpitaux et les maisons de charité. Le décret est ensuite adopté en ces termes : « Art. 1er. Toute personne jouissantde ses droits et de ses biens, qui a au delà de 400 livres de revenu net, devant payer la contribution patriotique établie par le décret du 6 octobre dernier, sanctionné par le roi, ceux dont les revenus ou partie des revenus consistent en redevances en grains ou autres fruits, doivent évaluer ce revenu sur le pied du terme moyen du prix d’une année sur les dix dernières. « Art. 2. Tous bénéfices, traitements annuels, pensions ou appointements, excepté la solde des troupes; tous gages et revenus d’offices, qui avec les autres biens d’un particulier excéderont 400 livres de revenu net, doivent servir, comme les produits territoriaux ou industriels, de base à sa déclaration, sauf à lui à diminuer ses deux derniers paiements dans la proportion de la perte ou diminution des traitements, pensions, appointements ou revenus quelconques, qui pourraient avoir lieu par les économies que l’Assemblée nationale se propose de faire, ou par l’effet de ses décrets. « Art. 3. La perte d’une pension, d’un emploi ou d’une partie quelconque de l’aisance, n’est pas une raison pour se dispenser de faire une déclaration, et de payer la contribution patriotique, si, cette perte déduite, il reste encore plus de 400 livres de revenu net. « Art. 4. Tout fermier ou colon partiaire doit faire une déclaration, et contribuer à raison de ses profits industriels, s’ils excèdent 400 livres de revenu net. « Art. 5. Les tuteurs, curateurs et autres administrateurs sont tenus de faire les déclarations our les mineurs et les interdits, et pour les éta-lissements dont ils ont l’administration, excepté les hôpitaux et maisons de charité ; et la contribution qu’ils paieront, leur sera allouée dans leurs comptes. « Art. 6. Les officiers municipaux imposeront ceux qui, domiciliés ou absents du royaume, et jouissant de plus de 400 livres de rente, n’auront pas fait la déclaration prescrite par le décret du 6 octobre. Ils feront notifier cette taxation à la personne ou au dernier domicile de ceux qu’elle concernera. « Art. 7. Dans un mois du jour de cette notification, les personnes ainsi imposées par les municipalités pourront faire leurs déclarations, lesquelles seront reçues et vaudront comme si elles avaient été faites avant la taxation de la municipalité, ces personnes affirmant que leurs déclarations contiennent vérité. Ce délai d’un mois expiré, la taxation des officiers municipaux ne pourra plus être contestée ; elle sera insérée dans le rôle de la contribution patriotique, et le premier paiement sera exigible conformément au décret du 6 octobre. « Art. 8. Tout citoyen actif, sujet à la contribution patriotique parce qu’il posséderait plus de 4U0 livres de revenu net, sera tenu, s’il assiste aux assemblées primaires, de représenter avec l’extrait de ses cotes d’impositions, tant réelles que personnelles, dans les lieux où il a son domicile ou ses propriétés territoriales, l’extrait de sa déclaration pour la contribution patriotique, et ces pièces seront, avant les élections, lues à haute voix dans les assemblées primaires. « Art. 9. Les municipalités enverront à l’assemblée primaire le tableau des déclarations pour la contribution patriotique ; ce tableau contiendra les noms de ceux qui les auront faites, et les dûtes auxquelles elles auront été reçues; il sera imprimé et affiché pendant trois années consécutives dans la salle où les assemblées primaires tiendront leurs séances. «Art. 10. S’il s’esttenu des assemblées primaires et fait des élections avant la publication du présent décret, elles ne seront pas recommencées, et on ne pourra en attaquer la validité sur le motif que les dispositions de ce décret n’y auraient pas été exécutées. « Art. 11. L’Assemblée nationale charge son président de présenter dans le jour le présent décret à la sanction du roi. » M. Démeunier demande à rendre compte d’une sentence d' adjudication des étaux des boucheries de la ville et faubourgs de Paris. La parole lui est accordée. M. Démeunier. Par un décret du 5 novembre, vous avez établi pour Paris un tribunal provisoire de police. Il y a trois ou quatre jours que vous avez autorisé les municipalités à exercer les fonctions de la police. Ces deux décrets jugent d’avance la question que le comité de constitution m’a chargé de vous soumettre. Le comité de police a rendu une sentence d’adjudication des étaux de boucherie ; les bouchers ne veulent pas se soumettre à cette sentence, que vous ne l’ayez reconnue. Le tribunal de police a suivi les anciens règlements de police ; il a fait une chose très utile et très urgente ; il a usé du droit que lui accordaient vos décrets. — Le comité de constitution propose le projet de décret suivant : « L’Assemblée nationale déclare que le tribunal de police, en rendant, le 16 de ce mois, une sentence d’adjudication des étaux de boucherie, s’est conformé aux termes des décrets, et en conséquence ordonne que ladite sentence sera exécutée selon sa forme et teneur. » M. Camus. Le préopinant n’est pas très instruit des faits; il y a, par uh ancien privilège, des maisons qui ont exclusivement le droit d’étalage; vous avez supprimé les privilèges en général; vous avez particulièrement supprimé ce droit avec ceux de minage, etc. Je m’oppose à ce que la sentence soit confirmée, et j’observe d’ailleurs que vous ne devez pas vous occuper d’une sentence. M. Démeunier. M. de Vauvilliers, administrateur au département des subsistances, a établi, dans un mémoire que j’ai entre les mains, que si la sentence n’est pas confirmée, il lui est impossible de répondre de l’approvisionnement de Paris. Au reste, l’Assemblée peut renvoyer ce projet important au comité de commerce. M. Camus. Je demande la question préalable et je fonde cette proposition sur ce que la liberté de commerce vaudra toujours mieux que les privilèges pour approvisionner Paris. M. le Président consulte l'Assemblée qui prononce le renvoi au comité de commerce. M. le Président. Un courrier extraordinaire, [Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [27 mars 1790.] affaire au comité des rapports, pour qu’il eu soit rendu compte à iâ séance de ce soir* arrivé cette nuit de Marseille, a apporté des nouvelles importantes : un de MM. les députés de cette ville désirerait lès faire connaître à l’As-ëembléét. M. CastellàHtet. Marseille avait depuis six ftîbiè dans soü sein six Mille hommes de troupes réglées qui gêdâient la liberté dés citoyens et la paix düMeêÙqüé. Géttë Ville avait conçu des craintes qui pourraient se réaliser dans ce moment, sans ià Mffietê des officiers municipaux et lè COCfagë tlé la gardé nationale. M. d’Ambert, colonel dû régiment de Royal-Marine, arrivant d’Avignon, s’est présenté à la porte tt’Aix : le fabiiütiiiaifé, conformément à sa consigne, lui a demande son nom. M. d’Ambert a rêfüsé de se faifë connaître. Un officier du posté, et le capitaine âbrèS l ui, ont fait là mêmé question ; M. ti’Am-bert a toujours refliâê de se hOratrter, et a accompagné son refus de menaces et d’injures. Apercevant un piquet dé son régiment, il l’a appelé pour résister à îa gardé nationale, qui é’ést alors retirée dans son poste. M. d’Amberts’est mis alors à la tête de s* s soldats, a marché contre la garde nationale, et maltraité les officiers; il-lés a déliés de se rendre le lendemain à la plaine Saint-Michel. « Nous livrerons la guerre si on lè veut, a-t-il dit, je me fais fort, avec une seule compagnie, de mettre en déroute toute cette canaille ; vous pouvez allerdire cela à votre municipalité ; je me moqué du maire et des officiers municipaux. » Lé Capitaine, qui avait appris d’un soldat de M. d’Ambert le nom de cet officier* a dressé son procès-verbal* stlr lequel la municipalité a ordonné au procureur dp la commune d'informer i l’information s’est aussi faite à la diligence du procureur dti foi J elle constate les faits que je viens de rapporter. Lé lendemain, samedi 20 dé Cë mois, â dix heürës du matin, ia municipalité a reçu la Visite dés bas-ôfficivrS du régiment dé Royal-Murine: ils Ont assuré qü’ilê ne s 'écarteront jadïais de leur Sëfméfit. Lé peu pie OUtfagé suivait cés bas-officiers dont la municipalité* craignant quelques mouvements, a fait publier la proclamation. Alors M.d’Am-bèrtà parti a là tété dü corps des OittciefSde son fêgimëht; il Venait dé îa Municipalité i le public ignorait lés motifs de cette dèmafche. M. d’Ambert, craignant pour lui-même, a demandé à être gardé dans , la maison commune : la déclaration en fait foi; il y est encore détenu. La municipalité demande : 1°' devant quel tribunal cette affaire doit être portée’, 2° à être aidée dans les démarches qu’elle fait pour obtenir le départ des troupes qui logent chez les citoyens et sur les places. Les citoyens aiusi entourés sont sans crainte; leurs murs renferment vingt-quatre mine hommes de gardes nationales; six mi Ile nommes dés vi les voisines sont confédérés avec i'arméede Marseille. Voilà trente mille bons patriotes qui paieront de leur sang raffermissement de la constitution, je lé jure ici en leur nom. Le peuple de Marseille est bon, il est doux, mais il est brûlant. Depuis longtemps les troupes l'inquiètent et robsèdeut : il est nécessaire de prendre promptement un parti sur lés demandes de la municipalité. M. le Président lit une lettre arrivée par le même courrier, et qui fait présumer que M. d’Am-bort, dans sa démarche à la maison commune, avait pour objet de réparer ses torts. fîüsiwn mmbtêè demandent le fêûVdi dé cêtte b'autrès pensent qu’il faut différer êë rapport, afin d'entendre toutes les parties. M. le comte de Mirabeau. Dans les pièces qui hoüs sont envoyées, il y a non seulement les procès-véfbaUx munis de la signature de tous les intéresses, et notamment celle de M.d’Amtert, mais encore des lettres de M. dé Miran, commandant de Marseille, lequel a si bien jugé que la conduite de M. d’Ambert était répréhensible, qu’il lui à ordonné les arrêts. La demande de lâ ville de Marseille est tellement instante, qu’il ne faut pas différer un moment. L’ Assemblée renvoie cette affaire aù comité des rapporté, poür qu’il en soit rendu compté ce soir. M. lé baron d’Harainburc propose de charger le Président de demander au ministre de la guerre s’il a terminé le plan d’organisation de l’armée; et dans lé cas de l’affirmative, d’enjoindre à ce ministre de le communiquer incessamment Cette proposition est décrétée. M. le Président annonce que l’ordre du jour est la discussion de l'instruction pour les colonies. M. 4e fcurt, qui avait demandé la parole, s’étant trouvé mal, et ayant été transporté, hors de la salle, fait prier l’Assemblée d’ajourner à demain cette affaire sur laquelle il a des chosës importantes à dire. La discussion est renvoyée à demain. U-, iTàlâVü de Chàlülàièl, èvèqüê âê ùoütàh-cies et M. Delabâi, député de MâHêîllê, demandent â s’absenter poür quelque temps, pour raison de santé. Cette permission leur èst accordée. M. Oupont (de Nemours) prôpô§ë dé mettre en discussion quelques questions prëltWilïtalHs relatives au remplacement de la dïfàt. M. Martineau observe que ce serait une discussion prématurée et peut-être inutile, attendu que la matière n’est pas étudiée. L’Assemblée décide que des commissaires du comité des finances, du comité ecdésiasûque, dü comité d’impositions, du comité d’agriculture et du commerce se réuniront pour examiner ces questions. M. Verniêr, membre du comité des finances . Le comité dt-s finances m’a chargé de présenter à l’Assemblée nationale un projet de décret muîf aux imvositions , pour Vannée 1/90, Mm Va vînee dn Béarn. Ces impositions iiê sont pas encore réglées et il y a, pour en faire l’assiette* plusieurs difficultés locales. Pour les résoudre, nous nous sommes concertés avec les députés de là province, et voici le décret que nous vous sou* mettons : « L’Assemblée nationale, Considérant qü’il est pressant de former au Béarn l'assiette des Impositions pour la présenté année IT90, que les Etats de cette province sont supprimés, qu’il n’y a pas de commission intermédiaire dans ce pays qui puisse exécuter les décrets des 12 et 3Ô janvier dernier-; qu’il pourrait y avoir de Uneon-vénient à attendre la formation des assemblées de district et de département, et qu’il est par con-s’éqüéût indispensable de former une commission