501 SÉANCE DU 17 BRUMAIRE AN III (7 NOVEMBRE 1794) - N° 1 aux pieds toutes ces adresses, et nous méprisons tous ces discours insidieux pour épancher uniquement nos coeurs, dans la lecture des droits sacrés de l’homme, et l’exécution des décrets de la Convention nationale. Ensuite elle se plaint de ce que les fêtes décadaires ne sont pas observées dans les campagnes ; elle en attribue la faute aux autorités constituées, dont elle demande l’épuration; et que pour cet effet, les représentans du peuple en mission se transportent dans chaque chef-lieu de canton pour prendre les renseignemens necessaires. Puis elle témoigne son indignation sur l’attentat dirigé contre la représentation nationale en la personne de Tallien ; elle invite la Convention à rester à son poste pour consolider le bonheur du peuple, et elle s’écrie : Vive la République! Vive la Convention nationale! plus de terreur, justice sévère ; plus d’intrigans, gouvernement révolutionnaire et liberté de la presse ! Cette société termine enfin par applaudir à l’Adresse de la Convention au peuple français, et jurer de ne jamais sortir des grands principes qu’elle contient (50). u’ [Les membres de la société populaire de Dunkerque et les citoyens des tribunes à la Convention nationale, le 26 vendémiaire an III] (51) Liberté, Egalité. Réprésentans, Lecture a été faite de votre addresse au peuple français; de vifs applaudissements de notre part et de celle des citoyens qui assistent à nos séances ont souvent interrompus le lecteur; elle fut adoptée aux cris répétés de Vive la République, Vive la Convention! Aux principes qui y sont développés nous reconnoissons les vrais et purs amis de la liberté et de l’égalité et nous remarquons avec infiniment de satisfaction que la Convention a repris l’attitude imposante qui caractérise les Réprésentans d’un peuple libre. Vous féliciter d’avoir parlé le langage de la justice et de l’humanité, seroit vous faire injure, mais c’est vous parler en républicains que de vous dire que ce peuple qui frémit encore au souvenir affreux du régné de Robespierre, voit avec peine les continuateurs de ce tyran s’agiter pour ramener la terreur à l’ordre du jour, pour faire disparoitre ces vils agitateurs, il n’a d’espoir que dans l’application sévère des principes que vous venés de proclamer, la sagesse les a dictés; c’est à votre energie de les maintenir. (50) Bull., 19 brum. (suppl.). (51) C 325, pl. 1412, p. 10. Débats, n” 775, 671-672; Moniteur, XXII, 455 ; Bull., 24 brum. (suppl.). Vous qui ne cessez d’encourager les braves deffenseurs de la patrie, vous qui etes les premiers instruits de leurs glorieux travaux, soyès comme eux fermes à votre poste; ils poursuivent les ennemis extérieurs au pas de charge, poursuivés comme eux et sans relâche nos ennemis intérieurs. Entourés, soutenus par un peuple qui déteste les tyrans et la tyrannie, par un peuple dont vous avez la confiance, ne cédés pas une ligne de terrein à ces vils complices de Robespierre ou à leurs adhérans; ne souffrés pas que ces hommes de sang, ces ambitieux, ces intriguans, ces oppresseurs du peuple qui ont deshonoré le sol de la République, empruntent encore le nom de patriote et osent prétendre à l’honneur de déffendre la cause de la liberté et de l’égalité; ils ont voulus anéantir la République; qu’ils périssent!... et la justice nationale ne sera encore qu’imparfaitement vengée de leurs forfaits. Quant à nous, Réprésentans, l’oppression a aussi accablé notre commune ; mais encouragés par vôtre energie, les bons citoyens se sont réunis, se sont pressés. L’ambition et l’intrigue ont frémi à l’aspect de notre union et elles sont demeurées sans force ; nous les maintiendrons dans cet état d’inaction et dégagés de toute oppression, nous jurons de vous seconder dans vos travaux, pour l’affermissement de la République une et indivisible et de ne recon-noitre jamais d’autre point de ralliement que la Réprésentation nationale ! Vive la République! Vive la Convention! Haine aux tyrans et aux oppresseurs du peuple. Suivent 141 signatures. v’ [Les réfugiés de l’Ouest à la Convention nationale, Orléans, le 10 brumaire an III] (52) Liberté, Egalité. Réprésentans Enfin la vérité perce, le cris de l’opprimé se fait entendre. Son innocence triomphe et grâce à l’être suprême le temps est arrivé où ces hommes, nos ennemis plus avides de nos dépouillés que jalloux de la victoire vous sont connus! Ce n’étoit pas assez d’estre échappés au glaive des feroces brigands ; ce n’étoit pas assez que nos pères, nos époux, nos enfants, nos frères en eussent été les victimes ; que nos maisons fussent incendiées et nos propriétés dévastées, il falloit encore nous supposer des intelligences perfides et faire couvrir leurs manoeuvres crimineles par un eloignement qui imprimoit un caractère de réprobation et nous perdoit à jamais dans l’opinion publique. (52) C 325, pl. 1412, p. 4. Bull., 19 brum., (suppl.). 502 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Que de crimes a punir! Le ciel qui en est témoin demande vengeance; Réprésentants, il provoque votre justice. Déjà le poids s’en fait sentir, le patriote n’en est point effrayé; il trouve auprès de vous, un zèle sûr contre l’oppression, comme les traitres, les frippons et les assassins y trouvent la peine due à leurs forfaits. Quelle reconnoissance la france entière ne doit-elle pas pour ces mesures sages et vigoureuses que vous déployez pour substituer au reigne de la tiranie, celui de la liberté et au jour de la terreur celui de la justice ! Votre adresse aux français est pour eux le beaume vivifiant; elle leur porte à la fois l’espérance et la joie par cette communication et ces epanchemens si nécéssaires au bonheur de la société. Pour tant de bienfaits, pour ceux encore dont nous ressentons personnellement les effets par votre décret du 27 vendémiaire, nous sommes réduits à des voeux stériles et d’impuissants désirs. Mais certes si nous avons tout perdu ; dumoins nous reste-t-il des coeurs dont nous vous offrons l’expression et le sentiment bien sincère. L’hommage en est pur, et notre attachement inviolable; Réprésentans, le voile de la calomnie est déchiré, nos malheurs vous sont connus, vous y étiez sensibles; mais quelqu’accablant qu’en soit le tableau, quelque douloureux qu’en soit l’aspect, nous soupirons ardemment après ce moment où nous pourrons receüillir les cendres de nos débris afin d’en fertiliser nos champs pour vous offrir en témoignage de notre gratitude les prémices de cette terre régénérée et à nos généreux guerriers, des couronnes des fleurs cultivées par la candeur de la vertu. Les grands principes qui vous animent, l’humanité et la justice qui en sont l’essence et les mains auxquelles vous avez confié l’etendard tricolor, nous donnent cet espoir consolateur et le présage du plus heureux succès. Nous sommes, Réprésentants, avec cette effusion d’ame qu’inspire une confiance méritée, vos très affectionnés, les réfugiés de l’ouest, résidents à Orléans. Suivent 66 signatures. N. Nous avons eu le chagrin qu’une précédente adresse sur les grands evenemens du neuf thermidor, ne soit pas parvenüe à la convention. Nous espérons que celle-ci aura un meilleur sort. 2 Sur la présentation du bureau, la Convention nationale a nommé pour le dépouillement des scrutins, les citoyens Herard, Méjansac, Collombel (de l’Orne), Noailly, Lecomte et Morisson (53). (53) P.-V., XLEX, 25-26. 3 Un des secrétaires a observé que l’on vient de lire plusieurs adresses émanées des sociétés populaires, en noms collectifs : ce qui est contraire au décret du 25 vendémiaire; il ajoute qu’en mentionnant au procès-verbal ces adresses en noms collectifs, on pourroit lui objecter qu’il contrevient à la loi et qu’en les présentant comme faites en noms individuels ce seroit commettre un faux; pour éviter ces deux écueils, il a invité l’Assemblée à tracer à son bureau la conduite qu’il doit tenir. La Convention considérant que ces adresses ont pu être rédigées soit avant que la loi soit rendue, soit avant qu’elle soit parvenue à la connoissance de ces sociétés, a autorisé son bureau à les mentionner telles qu’elles lui sont adressées (54). Après la lecture de la correspondance, un membre a observé que le bureau étoit embarrassé à l’occasion de l’insertion de ces adresses, vu que la plupart portent en titre : « La société populaire de ... à ... tandis que le décret sur les sociétés porte que des individus seuls ont le droit de présenter les pétitions ; il consulte l’Assemblée sur la conduite que le bureau doit tenir. On répond au préopinant que sans doute les sociétés populaires n’avoient pas encore reçu le décret au moment où ces adresses ont été rédigées, et qu’il faut que le décret s’exécute (55). 4 Le président arrive et prend le fauteuil. Un membre, au nom du comité de Secours publics, fait plusieurs rapports et présente les projets de décrets qui ont été adoptés en ces termes : a La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de [DU BOIS DU BAIS, au nom de] son comité des Secours publics, décrète que la Trésorerie nationale paiera, sur le vu du présent décret, au citoyen Louis Chaurand, acquitté au Tribunal révolutionnaire, la somme de 1020 L, à titre d’indemnité et de secours, pour dix mois et six jours de détention, et pour retourner à son domicile. Le présent décret ne sera imprimé qu’au bulletin de correspondance (56). (54) P.-V., XLIX, 26. (55) M. U., XLV, 284. J. Fr., n° 773 ; Rép., n° 48 ; J. Mont., n° 25; J. Paris, n° 48. (56) P.-V., XLEX, 26. C 322, pl. 1368, p. 1, minute de la main de Du Bois Du Bais, rapporteur selon C* II 21, p. 23. Bull., 17 brum. (suppl.).