389 SÉANCE DU 27 FLORÉAL AN II (16 MAI 1794) - N° 64 Les sinistres clameurs de l’athéisme se prolongeaient sourdement, l’inquiétude s’emparait des âmes; le blasphème de Brutus était répété par des bouches impures; on voulait anéantir la divinité pour anéantir la vertu. La vertu n’était plus qu’un fantôme, l’Etre suprême un vain mensonge; la vie à venir une chimère trompeuse, la mort un abime sans fin. On était parvenu à obscurcir toutes les idées primitives que la nature a placées dans le cœur de l’homme; on commençait à éteindre tous les sentimens grands et généreux; la liberté et la patrie ne semblaient plus que des ombres légères dont la vue abusait les regards. La Convention nationale a proclamé solennellement que le peuple français reconnaît l’Etre suprême et l’immortalité de l’âme. Oui, le peuple français tout entier se lève pour sanctionner votre décret; le soleil éclaire ce lever unanime de tout un peuple qui rend hommage à l’existence d’un Dieu. Que les nations esclaves soient la proie du despotisme et de l’erreur; la nation française s’est arrachée au fanatisme et à la servitude; elle a marché d’un pas ferme entre tous les écueils; elle s’est dégagée, et des mensonges absurdes de la superstition, et des sophistiques erreurs de l’athéïsme, elle a reconnu la divinité, la vérité, la vertu. Citoyens représentans, soyez toujours tels que vous avez paru aux yeux de l’Univers, les représentans d’une nation grande et magnanime, d’un peuple qui a voulu que la moralité soit l’essence du patriotisme, qui a proclamé que tout ce qui était corrompu est contre-révolutionnaire. Les échos de l’aristocratie ont osé faire entendre dans les départemens que les Jacobins étaient morts, parce que certains hommes qui trop longtemps avaient souillé notre enceinte, ont péri sur l’échafaud : mais ils n’étaient pas vertueux; ils ne furent jamais Jacobins. Les vrais Jacobins sont ceux en qui les vertus privées offrent une garantie sure des vertus publiques. Les vrais Jacobins sont ceux qui professent hautement ces articles, qu’on ne doit pas regarder comme dogmes de religion mais comme sentimens de sociabilité, « sans lesquels, dit « Jean-Jacques, il est impossible d’être bon ci-« toyen; l’existence de la Divinité, la vie à venir, « la sainteté du contrat social et des lois ! » Sur ces bases immuables de la morale publique doit s’asseoir notre République une, indivisible et impérissable. Rallions-nous tous autour de ces principes sacrés. On ne peut obliger personne à les croire : mais que celui qui ose dire qu’il ne les croit pas, se lève contre le peuple français, le genre humain et la nature. Que le mépris public réduise au silence ceux dont le front courbé par le crime ne peut regarder le ciel et méconnaît la divinité. La liberté des opinions n’en existe pas moins toute entière. La société ne peut ni ne veut point oter au criminel l’idée absurde et chimérique dont le nourrit la dernière espérance, qu’il va tout entier être la proie du néant; mais elle doit du moins, elle veut empêcher le criminel de pouvoir affliger et désespérer la vertu malheureuse, en l’entourant de ces horribles pensées. Les conspirateurs seuls peuvent chercher un asile dans l’anéantissement total de leur être; la vertu a le besoin de la conscience de son existence immortelle. Vous, illustres martyrs de la cause du peuple, vous ne périrez point tout entiers; l’immortalité vous réclame... Et vous, tyrans, n’espérez point périr; l’immortalité vous réclame aussi, pour punir vos trop longs forfaits. Telle est, Citoyens représentans la profession de foi des Jacobins de Paris, et, nous osons le dire, des Jacobins de France. Ils viennent aujourd’hui comme ils ont fait dans toutes les grandes circonstances, vous remercier du décret solennel que vous avez rendu; ils viendront s’unir à vous dans la célébration de ce grand jour, où la fête à l’Etre suprême réunira, de toutes les parties de la France, tous les citoyens vertueux, et leur voix unanime et touchante chantera l’hymne à la Divinité et à la vertu, qui doit être le signal de la mort de tous les vices et de toutes les tyrannies 1(1) . (Vifs applaudissements ) . LE PRESIDENT : Il est digne d’une société qui remplit le monde de sa renommée, qui jouit d’une si grande influence sur l’opinion publique, qui s’associa dans tous les tems à ce qu’il y eut de plus courageux parmi les défenseurs des droits de l’Homme, de venir dans le temple des lois rendre hommage à l’Etre suprême. Un peu de philosophie, a dit un homme célèbre, mène à l’athéisme; beaucoup de philosophie ramène à l’existence de la divinité. C’est qu’un peu de philosophie produit l’orgueil qui ne veut rien souffrir au-dessus de lui, et que beaucoup de philosophie découvre à l’homme des foiblesses en lui -même, et hors de lui, des merveilles qu’il est forcé d’admirer. Nier l’Etre Suprême, c’est nier l’existence de la nature, car les lois de la nature sont la sagesse suprême, si ce n’est la grande vérité qui contient toutes les vérités, l’ordre éternel de la nature, la justice immuable, la vertu sublime qui embrasse toutes les vertus, l’affection qui renferme toutes les affections pures. Quoi ! l’amitié n’existeroit pas ! quoi ! la paix de l’ame, la douce égalité, la tendresse maternelle, la piété filiale seroient autant de chimères ! Il n’y auroit sur la terre ni justice, ni humanité, ni amour de la patrie, ni consolation pour celui qui souffre, ni espérance d’un meilleur avenir ! Eh bien ! ce sont toutes ces choses ensemble qui sont l’Etre suprême; il est le faisceau de toutes les pensées qui font le bonheur de l’homme, de tous les sentimens qui sèment de fleurs les routes de la vie. Invoquer l’Etre suprême, c’est appeler à son secours le spectacle de la nature, les tableaux qui charment la douleur, l’espérance qui consolent l’humanité souffrante. Citoyens, en partageant ces principes avec la Convention nationale, vous répondrez à toutes les calomnies que le fiel aristocratique s’efforce, depuis le premier jour de la révolution, de répandre contre vous. La Convention nationale vous invite aux honneurs de la séance. (De nouveaux applaudissements se font entendre). COUTHON obtient la parole : Citoyens, dans toutes les grandes circonstances qui ont intéressé le bonheur public, les Jacobins et les (1) AD XVIIIe 356, p. 34e. Adresse datée du 27 flor. (même texte C 303, pl. 1113, p. 8). 389 SÉANCE DU 27 FLORÉAL AN II (16 MAI 1794) - N° 64 Les sinistres clameurs de l’athéisme se prolongeaient sourdement, l’inquiétude s’emparait des âmes; le blasphème de Brutus était répété par des bouches impures; on voulait anéantir la divinité pour anéantir la vertu. La vertu n’était plus qu’un fantôme, l’Etre suprême un vain mensonge; la vie à venir une chimère trompeuse, la mort un abime sans fin. On était parvenu à obscurcir toutes les idées primitives que la nature a placées dans le cœur de l’homme; on commençait à éteindre tous les sentimens grands et généreux; la liberté et la patrie ne semblaient plus que des ombres légères dont la vue abusait les regards. La Convention nationale a proclamé solennellement que le peuple français reconnaît l’Etre suprême et l’immortalité de l’âme. Oui, le peuple français tout entier se lève pour sanctionner votre décret; le soleil éclaire ce lever unanime de tout un peuple qui rend hommage à l’existence d’un Dieu. Que les nations esclaves soient la proie du despotisme et de l’erreur; la nation française s’est arrachée au fanatisme et à la servitude; elle a marché d’un pas ferme entre tous les écueils; elle s’est dégagée, et des mensonges absurdes de la superstition, et des sophistiques erreurs de l’athéïsme, elle a reconnu la divinité, la vérité, la vertu. Citoyens représentans, soyez toujours tels que vous avez paru aux yeux de l’Univers, les représentans d’une nation grande et magnanime, d’un peuple qui a voulu que la moralité soit l’essence du patriotisme, qui a proclamé que tout ce qui était corrompu est contre-révolutionnaire. Les échos de l’aristocratie ont osé faire entendre dans les départemens que les Jacobins étaient morts, parce que certains hommes qui trop longtemps avaient souillé notre enceinte, ont péri sur l’échafaud : mais ils n’étaient pas vertueux; ils ne furent jamais Jacobins. Les vrais Jacobins sont ceux en qui les vertus privées offrent une garantie sure des vertus publiques. Les vrais Jacobins sont ceux qui professent hautement ces articles, qu’on ne doit pas regarder comme dogmes de religion mais comme sentimens de sociabilité, « sans lesquels, dit « Jean-Jacques, il est impossible d’être bon ci-« toyen; l’existence de la Divinité, la vie à venir, « la sainteté du contrat social et des lois ! » Sur ces bases immuables de la morale publique doit s’asseoir notre République une, indivisible et impérissable. Rallions-nous tous autour de ces principes sacrés. On ne peut obliger personne à les croire : mais que celui qui ose dire qu’il ne les croit pas, se lève contre le peuple français, le genre humain et la nature. Que le mépris public réduise au silence ceux dont le front courbé par le crime ne peut regarder le ciel et méconnaît la divinité. La liberté des opinions n’en existe pas moins toute entière. La société ne peut ni ne veut point oter au criminel l’idée absurde et chimérique dont le nourrit la dernière espérance, qu’il va tout entier être la proie du néant; mais elle doit du moins, elle veut empêcher le criminel de pouvoir affliger et désespérer la vertu malheureuse, en l’entourant de ces horribles pensées. Les conspirateurs seuls peuvent chercher un asile dans l’anéantissement total de leur être; la vertu a le besoin de la conscience de son existence immortelle. Vous, illustres martyrs de la cause du peuple, vous ne périrez point tout entiers; l’immortalité vous réclame... Et vous, tyrans, n’espérez point périr; l’immortalité vous réclame aussi, pour punir vos trop longs forfaits. Telle est, Citoyens représentans la profession de foi des Jacobins de Paris, et, nous osons le dire, des Jacobins de France. Ils viennent aujourd’hui comme ils ont fait dans toutes les grandes circonstances, vous remercier du décret solennel que vous avez rendu; ils viendront s’unir à vous dans la célébration de ce grand jour, où la fête à l’Etre suprême réunira, de toutes les parties de la France, tous les citoyens vertueux, et leur voix unanime et touchante chantera l’hymne à la Divinité et à la vertu, qui doit être le signal de la mort de tous les vices et de toutes les tyrannies 1(1) . (Vifs applaudissements ) . LE PRESIDENT : Il est digne d’une société qui remplit le monde de sa renommée, qui jouit d’une si grande influence sur l’opinion publique, qui s’associa dans tous les tems à ce qu’il y eut de plus courageux parmi les défenseurs des droits de l’Homme, de venir dans le temple des lois rendre hommage à l’Etre suprême. Un peu de philosophie, a dit un homme célèbre, mène à l’athéisme; beaucoup de philosophie ramène à l’existence de la divinité. C’est qu’un peu de philosophie produit l’orgueil qui ne veut rien souffrir au-dessus de lui, et que beaucoup de philosophie découvre à l’homme des foiblesses en lui -même, et hors de lui, des merveilles qu’il est forcé d’admirer. Nier l’Etre Suprême, c’est nier l’existence de la nature, car les lois de la nature sont la sagesse suprême, si ce n’est la grande vérité qui contient toutes les vérités, l’ordre éternel de la nature, la justice immuable, la vertu sublime qui embrasse toutes les vertus, l’affection qui renferme toutes les affections pures. Quoi ! l’amitié n’existeroit pas ! quoi ! la paix de l’ame, la douce égalité, la tendresse maternelle, la piété filiale seroient autant de chimères ! Il n’y auroit sur la terre ni justice, ni humanité, ni amour de la patrie, ni consolation pour celui qui souffre, ni espérance d’un meilleur avenir ! Eh bien ! ce sont toutes ces choses ensemble qui sont l’Etre suprême; il est le faisceau de toutes les pensées qui font le bonheur de l’homme, de tous les sentimens qui sèment de fleurs les routes de la vie. Invoquer l’Etre suprême, c’est appeler à son secours le spectacle de la nature, les tableaux qui charment la douleur, l’espérance qui consolent l’humanité souffrante. Citoyens, en partageant ces principes avec la Convention nationale, vous répondrez à toutes les calomnies que le fiel aristocratique s’efforce, depuis le premier jour de la révolution, de répandre contre vous. La Convention nationale vous invite aux honneurs de la séance. (De nouveaux applaudissements se font entendre). COUTHON obtient la parole : Citoyens, dans toutes les grandes circonstances qui ont intéressé le bonheur public, les Jacobins et les (1) AD XVIIIe 356, p. 34e. Adresse datée du 27 flor. (même texte C 303, pl. 1113, p. 8). 390 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE citoyens et citoyennes qui fréquentent leurs tribunes n’ont point manqué de se rallier autour de la représentation nationale, de partager les travaux et les dangers des représentans fidèles aux intérêts du peuple. Ils nous ont aidés de toute leur puissance d’opinion dans tous les teins les plus dangereux pour la liberté publique; ils ont préparé avec vous les grands événements; et sont venus ensuite applaudir dans notre sein aux mesures de sagesse et de vigueur que vous aviez prises pour détourner les orages et sauver le vaisseau de l’Etat, si violemment battu par les tempêtes que les ennemis de la révolution n’ont cessé de susciter. C’est ainsi qu’on les a vus concourir avec vous à la destruction du despotisme et du fédéralisme; c’est ainsi qu’avec les armes de la justice, de la vertu, de la raison, ils ont contribué si puissamment à la punition des traîtres et à l’anéantissement des factions. Les Jacobins et leurs tribunes ont reçu avec transport le décret qui, en mettant la probité, la vertu et les moeurs à l’ordre du jour a porté l’assurance et la consolation chez les hommes de bien, et le désespoir et la mort chez les intrigans et les fripons. (On applaudit ). Les Jacobins et les tribunes viennent aujourd’hui vous remercier, vous bénir d’avoir consacré par un autre décret cette vérité sainte que le juste retrouve toujours dans son cœur : « Que le peuple français reconnaît l’Etre suprême et l’immortalité de l’âme ». (On applaudit ) . Oh ! qu’ils savaient bien, les monstres qui ont prêché l’athéisme et le matérialisme, qu’ils savaient bien que le moyen le plus sûr de tuer la révolution était d’enlever aux hommes toute idée d’une vie future et de les désespérer par celle du néant. Us voulaient faire du peuple français un peuple de brigands, pour qu’il devint ensuite un peuple d’esclaves. (On applaudit). Et ce devait être l’effet naturel de l’athéisme, qui dessèche le cœur, énerve toutes les facultés de l’âme, étouffe dans le général des hommes tout sentiment de générosité, de justice, de probité, de vertu et d’énergie. Où donc sont-ils les prétendus philosophes qui se mentent si impudemment à eux-mêmes en niant l’existence de la divinité ? Où sont-ils, que je leur demande si ce sont eux ou leurs pareils qui ont produit toutes les merveilles que nous admirons sans les concevoir ? Si ce sont eux qui ont établi le cours des saisons et des astres, qui sont les auteurs du miracle de la génération et de la reproduction des êtres, qui ont donné la vie et le mouvement au monde, qui ont formé cette voûte imposante qui couvre si majestueusement l’univers et ce soleil bienfaisant qui vient chaque jour éclairer et vivifier tout ce qui existe sur la terre ? ( Nouveaux applaudissements). Mais non, ils ne paraîtront point, parce qu’ils n’ont pas besoin d’être convaincus. Us ont lu comme nous dans le grand livre de la nature, et se sont prosternés involontairement devant cette intelligence suprême dont l’image auguste est imprimée partout. (On applaudit). Mais ils avoient besoin, les Danton, les Hébert, les Chaumette et autres agens trop adroits des ennemis coalisés de la France, ils avoient besoin, pour mieux servir les tyrans qui les payoient, de professer une autre doctrine, afin de jeter le désespoir et le découragement parmi le peuple, et d’étouffer sa vertueuse énergie, qui leur étoit d’un obstacle inquiétant dans leurs projets contre -révolutionnaires . Mais heureusement ce projet infernal de l’étranger, dont l’exécution fut confiée à des scélérats qui espéroient tout de la confiance, qu’ils avoient usurpée en se parant des couleurs du patriotisme, heureusement ce projet découvert n’a plus de dangers. Déjà les premiers traîtres qui avoient essayé de le faire réussir ont payé de leur tête leur criminelle audace; ils finiront de même tous ceux qui, comme eux, oseront tenter de replonger le peuple dans les fers en pervertissant par quelque moyen que ce soit la morale publique Ce n’est pas d’aujourd’hui seulement que les Jacobins, sentinelles vigilantes de la liberté, ont vu les intentions perverses de ces hommes infâmes qui, nourris de crimes, les ont tous épuisés pour arriver à leur but; aussi a-t-on vu les Jacobins les chasser de leur sein, les dénoncer à l’opinion publique, les poursuivre partout avec ce courage et cette ardeur de sentimens qui seuls caractérisent les véritables amis du peuple. (On applaudit) . Voilà comment les Jacobins ont repoussé les calomnies que les ennemis de la liberté ont souvent répandues contre eux. Plus d’une fois, citoyens, vous avez rendu justice à cette société recommandable : mais c’est surtout quand elle vient s’unir à vous de principes et de sentimens, quand elle vient honorer devant vous et avec vous l’Etre suprême, les mœurs et la vertu, que vous devez lui donner une marque éclatante de l’estime nationale. (On applaudit). Je demande que la Convention décrète que les Jacobins et les citoyens de leurs tribunes n’ont cessé de bien mériter de la patrie; qu’elle applaudit à leur démarche et aux sentimens exprimés dans leur adresse, et l’inscription en entier au Bulletin; qu’enfin elle en ordonne l’impression et l’envoi à toutes les communes, Sociétés populaires et armées de la République. (On applaudit) (1). BREARD : Je demande qu’on ajoute aux propositions faites par Couthon, celle de faire imprimer la réponse du président et l’excellent discours que nous venons d’entendre. On ne sau-roit trop publier la connaissance des vérités qui y sont développées. Les propositions de Couthon sont décrétées avec l’amendement de Bréard au milieu des cris répétés : « Vive la République !» '(2) . Après la réponse du président et le discours d’un membre du Comité de salut public [COUTHON], la Convention nationale rend le décret suivant : « La Convention nationale décrète que les jacobins et les citoyens de leurs tribunes n’ont cessé de bien mériter de la patrie, qu’elle applaudit à leurs démarches et aux sentimens exprimés dans leur adresse; elle décrète la mention honorable au procès-verbal de cette adresse, et l’insertion en entier au bulletin, avec la réponse du président et du discours de Couthon; elle ordonne du tout l’impression et (1) Mon., XX, 492. (2) Débats, n° 604, p. 373. Broch. in-8°, 8 p., impr. par odre de la Conv. (B.N. L ewl§5). 390 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE citoyens et citoyennes qui fréquentent leurs tribunes n’ont point manqué de se rallier autour de la représentation nationale, de partager les travaux et les dangers des représentans fidèles aux intérêts du peuple. Ils nous ont aidés de toute leur puissance d’opinion dans tous les teins les plus dangereux pour la liberté publique; ils ont préparé avec vous les grands événements; et sont venus ensuite applaudir dans notre sein aux mesures de sagesse et de vigueur que vous aviez prises pour détourner les orages et sauver le vaisseau de l’Etat, si violemment battu par les tempêtes que les ennemis de la révolution n’ont cessé de susciter. C’est ainsi qu’on les a vus concourir avec vous à la destruction du despotisme et du fédéralisme; c’est ainsi qu’avec les armes de la justice, de la vertu, de la raison, ils ont contribué si puissamment à la punition des traîtres et à l’anéantissement des factions. Les Jacobins et leurs tribunes ont reçu avec transport le décret qui, en mettant la probité, la vertu et les moeurs à l’ordre du jour a porté l’assurance et la consolation chez les hommes de bien, et le désespoir et la mort chez les intrigans et les fripons. (On applaudit ). Les Jacobins et les tribunes viennent aujourd’hui vous remercier, vous bénir d’avoir consacré par un autre décret cette vérité sainte que le juste retrouve toujours dans son cœur : « Que le peuple français reconnaît l’Etre suprême et l’immortalité de l’âme ». (On applaudit ) . Oh ! qu’ils savaient bien, les monstres qui ont prêché l’athéisme et le matérialisme, qu’ils savaient bien que le moyen le plus sûr de tuer la révolution était d’enlever aux hommes toute idée d’une vie future et de les désespérer par celle du néant. Us voulaient faire du peuple français un peuple de brigands, pour qu’il devint ensuite un peuple d’esclaves. (On applaudit). Et ce devait être l’effet naturel de l’athéisme, qui dessèche le cœur, énerve toutes les facultés de l’âme, étouffe dans le général des hommes tout sentiment de générosité, de justice, de probité, de vertu et d’énergie. Où donc sont-ils les prétendus philosophes qui se mentent si impudemment à eux-mêmes en niant l’existence de la divinité ? Où sont-ils, que je leur demande si ce sont eux ou leurs pareils qui ont produit toutes les merveilles que nous admirons sans les concevoir ? Si ce sont eux qui ont établi le cours des saisons et des astres, qui sont les auteurs du miracle de la génération et de la reproduction des êtres, qui ont donné la vie et le mouvement au monde, qui ont formé cette voûte imposante qui couvre si majestueusement l’univers et ce soleil bienfaisant qui vient chaque jour éclairer et vivifier tout ce qui existe sur la terre ? ( Nouveaux applaudissements). Mais non, ils ne paraîtront point, parce qu’ils n’ont pas besoin d’être convaincus. Us ont lu comme nous dans le grand livre de la nature, et se sont prosternés involontairement devant cette intelligence suprême dont l’image auguste est imprimée partout. (On applaudit). Mais ils avoient besoin, les Danton, les Hébert, les Chaumette et autres agens trop adroits des ennemis coalisés de la France, ils avoient besoin, pour mieux servir les tyrans qui les payoient, de professer une autre doctrine, afin de jeter le désespoir et le découragement parmi le peuple, et d’étouffer sa vertueuse énergie, qui leur étoit d’un obstacle inquiétant dans leurs projets contre -révolutionnaires . Mais heureusement ce projet infernal de l’étranger, dont l’exécution fut confiée à des scélérats qui espéroient tout de la confiance, qu’ils avoient usurpée en se parant des couleurs du patriotisme, heureusement ce projet découvert n’a plus de dangers. Déjà les premiers traîtres qui avoient essayé de le faire réussir ont payé de leur tête leur criminelle audace; ils finiront de même tous ceux qui, comme eux, oseront tenter de replonger le peuple dans les fers en pervertissant par quelque moyen que ce soit la morale publique Ce n’est pas d’aujourd’hui seulement que les Jacobins, sentinelles vigilantes de la liberté, ont vu les intentions perverses de ces hommes infâmes qui, nourris de crimes, les ont tous épuisés pour arriver à leur but; aussi a-t-on vu les Jacobins les chasser de leur sein, les dénoncer à l’opinion publique, les poursuivre partout avec ce courage et cette ardeur de sentimens qui seuls caractérisent les véritables amis du peuple. (On applaudit) . Voilà comment les Jacobins ont repoussé les calomnies que les ennemis de la liberté ont souvent répandues contre eux. Plus d’une fois, citoyens, vous avez rendu justice à cette société recommandable : mais c’est surtout quand elle vient s’unir à vous de principes et de sentimens, quand elle vient honorer devant vous et avec vous l’Etre suprême, les mœurs et la vertu, que vous devez lui donner une marque éclatante de l’estime nationale. (On applaudit). Je demande que la Convention décrète que les Jacobins et les citoyens de leurs tribunes n’ont cessé de bien mériter de la patrie; qu’elle applaudit à leur démarche et aux sentimens exprimés dans leur adresse, et l’inscription en entier au Bulletin; qu’enfin elle en ordonne l’impression et l’envoi à toutes les communes, Sociétés populaires et armées de la République. (On applaudit) (1). BREARD : Je demande qu’on ajoute aux propositions faites par Couthon, celle de faire imprimer la réponse du président et l’excellent discours que nous venons d’entendre. On ne sau-roit trop publier la connaissance des vérités qui y sont développées. Les propositions de Couthon sont décrétées avec l’amendement de Bréard au milieu des cris répétés : « Vive la République !» '(2) . Après la réponse du président et le discours d’un membre du Comité de salut public [COUTHON], la Convention nationale rend le décret suivant : « La Convention nationale décrète que les jacobins et les citoyens de leurs tribunes n’ont cessé de bien mériter de la patrie, qu’elle applaudit à leurs démarches et aux sentimens exprimés dans leur adresse; elle décrète la mention honorable au procès-verbal de cette adresse, et l’insertion en entier au bulletin, avec la réponse du président et du discours de Couthon; elle ordonne du tout l’impression et (1) Mon., XX, 492. (2) Débats, n° 604, p. 373. Broch. in-8°, 8 p., impr. par odre de la Conv. (B.N. L ewl§5).