Séance du 29 Messidor An II (Jeudi 17 juillet 1794) Présidence de LOUIS (du Bas-Rhin) La séance s’ouvre à onze heures par la lecture de la correspondance suivante. 1 La société populaire des Montagnes, séante à Pontgibaud, département du Puy-de-Dôme, témoigne à la Convention nationale l’indignation dont elle a été saisie à la nouvelle des assassinats dirigés contre la représentation nationale. Elle termine par féliciter la Convention de son décret du 18 floréal, et lui adresse un extrait de leur registre aux délibérations, qui contient les détails d’une fête pour l’anniversaire de la mort du tyran Capet. Mention honorable, insertion au bulletin, renvoi au comité d’instruction publique (l). [Pontgibaud, 10 prair. II] {2). « Nous avons appris avec une douleur et une indignation que nous avons bien mieux Senti que nous ne Saurions exprimer, les attentats horribles Commis contre Collot d’herbois et robespierre dont nous prononçons ici les noms avec amour, parce qu’ils Sont chers a la patrie qui a encore le bonheur de les posséder, deux monstres ont donc tenté d’ouvrir de nouveau la Source amère des larmes que nous avions répandues a la mort des Marat, des Lepelletier; nous les vouons ces assassins à l’Horreur, a l’execration; et si l’un d’eux malheureusement a pris naissance dans L’etandue de notre département; pour un infâme Lamiral que nous désavouons, Combien n’y Compteroit on pas de généreux Geoffroy ? oui, Citoyens representans du peuple, en renouvellant ici notre inviolable attachement a la représentation nationale, nous jurons tous de la defendre et de la Soutenir au prix de notre Sang toujours prêt a etre versé pour vous. Mais, vous le (l) P.V., XLI, 301. (2) F17 1010°, pl. 2, 3868. Savez, fondateurs de la république française, vos jours précieux appartiennent plutôt à la patrie qu’a vous mêmes, ne les exposés pas inconsidérément, Conservés les avec le plus grand Soin; C’est le peuple français qui vous L’ordonne ! » T. BOUIJON (Secrét.), BOUTAREL je (presid.), IMBERT (Secrét.), PATY (Secrét.) [Extrait des délibérations. Séance du 10 germ. Il] La séance ouverte par le président, et lecture faite du procès-verbal de la séance précédente qui, dans un de ses articles réglait le mode d’une réjouissance publique indiquée à ce jour pour célébrer l’anniversaire de la mort du tyran Capet, l’abolition de l’esclavage des Nègres, et la destruction du fanatisme, les sociétaires ont commencé par chanter des hymnes à la liberté; de suite, ils sont sortis, au bruit des tambours, du temple de la raison, en répétant pendant la promenade civique les mêmes airs et les cris joyeux de vive la Liberté, vive la République, vive la Convention nationale ! Les citoyens et citoyennes, tant de la commune que de la campagne, sont venus avec empressement partager l’alégresse commune. Un âne qui avoit été introduit auparavant dans le temple de la raison portait gravement entre 4 fusiliers les vains attributs de la royauté, de l’esclavage et du fanatisme : qu’il était fier ! qu’il était beau sous ce plaisant costume ! Coëffé comme autrefois un docteur à barbe grise, il semblait dire en son langage qu’il n’était pas le seul ni le premier qui eût porté rabat et bonnet quarré. Douze pauvres de l’un et de l’autre sexe invités à un banquet d’égalité, ornaient simplement la marche patriotique. A l’arbre de la liberté, un sociétaire a parlé sur l’estime des pauvres; ensuite on a fait un feu de joie des inutiles instrumens dont on a déchargé sire baudet. Les citoyens et citoyennes électrisés de ce feu du plus pur civisme, ont repris en chantant le chemin du temple de la Raison où le cn Annet paty, membre de la société, a prononcé le discours suivant, dont la société a arrêté l’impression. Séance du 29 Messidor An II (Jeudi 17 juillet 1794) Présidence de LOUIS (du Bas-Rhin) La séance s’ouvre à onze heures par la lecture de la correspondance suivante. 1 La société populaire des Montagnes, séante à Pontgibaud, département du Puy-de-Dôme, témoigne à la Convention nationale l’indignation dont elle a été saisie à la nouvelle des assassinats dirigés contre la représentation nationale. Elle termine par féliciter la Convention de son décret du 18 floréal, et lui adresse un extrait de leur registre aux délibérations, qui contient les détails d’une fête pour l’anniversaire de la mort du tyran Capet. Mention honorable, insertion au bulletin, renvoi au comité d’instruction publique (l). [Pontgibaud, 10 prair. II] {2). « Nous avons appris avec une douleur et une indignation que nous avons bien mieux Senti que nous ne Saurions exprimer, les attentats horribles Commis contre Collot d’herbois et robespierre dont nous prononçons ici les noms avec amour, parce qu’ils Sont chers a la patrie qui a encore le bonheur de les posséder, deux monstres ont donc tenté d’ouvrir de nouveau la Source amère des larmes que nous avions répandues a la mort des Marat, des Lepelletier; nous les vouons ces assassins à l’Horreur, a l’execration; et si l’un d’eux malheureusement a pris naissance dans L’etandue de notre département; pour un infâme Lamiral que nous désavouons, Combien n’y Compteroit on pas de généreux Geoffroy ? oui, Citoyens representans du peuple, en renouvellant ici notre inviolable attachement a la représentation nationale, nous jurons tous de la defendre et de la Soutenir au prix de notre Sang toujours prêt a etre versé pour vous. Mais, vous le (l) P.V., XLI, 301. (2) F17 1010°, pl. 2, 3868. Savez, fondateurs de la république française, vos jours précieux appartiennent plutôt à la patrie qu’a vous mêmes, ne les exposés pas inconsidérément, Conservés les avec le plus grand Soin; C’est le peuple français qui vous L’ordonne ! » T. BOUIJON (Secrét.), BOUTAREL je (presid.), IMBERT (Secrét.), PATY (Secrét.) [Extrait des délibérations. Séance du 10 germ. Il] La séance ouverte par le président, et lecture faite du procès-verbal de la séance précédente qui, dans un de ses articles réglait le mode d’une réjouissance publique indiquée à ce jour pour célébrer l’anniversaire de la mort du tyran Capet, l’abolition de l’esclavage des Nègres, et la destruction du fanatisme, les sociétaires ont commencé par chanter des hymnes à la liberté; de suite, ils sont sortis, au bruit des tambours, du temple de la raison, en répétant pendant la promenade civique les mêmes airs et les cris joyeux de vive la Liberté, vive la République, vive la Convention nationale ! Les citoyens et citoyennes, tant de la commune que de la campagne, sont venus avec empressement partager l’alégresse commune. Un âne qui avoit été introduit auparavant dans le temple de la raison portait gravement entre 4 fusiliers les vains attributs de la royauté, de l’esclavage et du fanatisme : qu’il était fier ! qu’il était beau sous ce plaisant costume ! Coëffé comme autrefois un docteur à barbe grise, il semblait dire en son langage qu’il n’était pas le seul ni le premier qui eût porté rabat et bonnet quarré. Douze pauvres de l’un et de l’autre sexe invités à un banquet d’égalité, ornaient simplement la marche patriotique. A l’arbre de la liberté, un sociétaire a parlé sur l’estime des pauvres; ensuite on a fait un feu de joie des inutiles instrumens dont on a déchargé sire baudet. Les citoyens et citoyennes électrisés de ce feu du plus pur civisme, ont repris en chantant le chemin du temple de la Raison où le cn Annet paty, membre de la société, a prononcé le discours suivant, dont la société a arrêté l’impression. 228 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Frères et Amis (l)« Mille pinceaux conduits par l’intérêt ou par l’adulation ont tracé plus d’une fois le tableau enchanteur des cours, et mille orateurs mensongers n’ont pas rougi de donner aux crimes des tyrans la couleur des vertus. Adroits à répandre de vaines fleurs sur leurs défauts les plus grands combien de français offrirent-ils au public trompé un spectacle éblouissant dont ils riaient en secret ! Et par l’imposture d’une langue trompeuse, ils mirent dans l’erreur et les peuples imbéciles et les rois orgueilleux. Les uns aveuglés par l’éclat d’une futile couronne se courbaient servilement sous un sceste de fer; les autres passant la ligne de l’autorité qu’on leur confia volontairement, se l’approprièrent en despotes, et la portèrent au-delà des bornes. La cour, ce centre d’horreurs, habitée par une horde scélérate de fourbes, de flatteurs, d’ambitieux jaloux, d’habiles intrigans, d’avides financiers, de femmes séductrices, de valets prêts à tout faire, de calotins intéressés ; devint le repaire de tant de monstres qui ont bu le sang du peuple, et dévoré sa substance; elle devint le théâtre des passions, le berceau des plaisirs, le tombeau de la justice, l’écueil de la vertu, le scandale de la nation, un vaste abyme enfin où se perdaient les biens et les droits d’un peuple nombreux. Aussi le corps politique privé d’alimens et de sucs nourriciers, n’offrit bientôt plus que la forme hideuse d’un squelette desséché, ou d’un cadavre expirant. Hé ! comment pouvait-il tenir, ce corps épuisé de tant de manières ? Dans des antres profonds et ténébreux, creusés sous un trône inaccessible, s’étaient forgés des fers de toute espèce, pour des hommes nés libres, et des foudres terribles, mais mal dirigés, qui semblaient effleurer le coupable pour frapper l’innocent. De-là le pouvoir arbitraire se fortifiait; l’esclavage devenait plus accablant, le joug de la tyrannie plus insupportable; de ces sombres asiles sortaient des grouppes de nuages destructeurs qui répandaient dans leur course orageuse la terreur et la désolation. De cette source féconde en oppresseurs, étaient émanés ces petits maîtres absolus qui, à l’ombre d’une noblesse chimérique et de quelques injustes prétentions, foulaient aux pieds, et les riches productions des campagnes, et les pauvres cultivateurs. Parlez, ô vous, nos frères et nos amis que la révolution a délivrés de l’indigence et de l’esclavage ! Parlez ! que de larmes amères ne vous ont pas fait répandre ces rapaces dilapidateurs ; et les sangsues de votre fortune, leurs infidèles agens ! les cruels ! par la loi du plus fort, ils vous ravissaient également ce que vous aviez de plus cher et de plus aimable dans vos familles, et de plus nécessaire dans vos propriété. O malheureux, esclaves alors ! à quels escrocs, à quels maîtres infâmes n’étiez-vous pas asservis ! Ah si vous craignez que la postérité mal instruite de tant de vexations, de tant de forfaits, fût capable un jour de reprendre les fers honteux que vous avez quittés, allez, braves montagnards, allez, avec l’enthousiasme de la liberté, graver l’histoire abominable de tous les despotes, et de vos malheurs, aux pieds de ces volcans majestueux qui (l) Broch. A Clermont-Ferrand, De l’Impr. de Limet, Impr. du Départ1 du Puy-de-Dôme. nous entourent, sur ces laves, sur ces rochers qui sont près de nous ! Dites aux échos fidèles qui habitent ces bois, ces cavernes, de la répéter aux générations futures ! Et vous, anciennes provinces, dont les impôts surpassaient le produit, que n’avez-vous pas eu à souffrir de ces émissaires gagés d’une cour insatiable, qui vous étaient préposés ? Ces interprètes sévères de la volonté despotique où ont-ils laissé des traces de bienfaisance, de popularité ? ou plutôt où est le lieu où leur nom ne soit proscrit, et leur mémoire en horreur ? Je ne parle pas de ces muscadins à costume rouge ou noir, qui vendaient insolemment la justice en détail, au nom absolu de celui qui leur en avait vendu le droit en gros. Que dirai-je de certains oracles qui, par le talisman de l’or qu’on leur offrait, forçaient Thémis à parler à leur gré, ou à garder le silence ? Hé ! les anciens procureurs eux-mêmes n’en faisaient pas autant; ils ne la connaissaient seulement pas. C’est donc de la cour que dérivèrent ces fléaux qui désolèrent la France, et tant d’autres malheurs qui tombèrent sur les Français; malheurs d’autant plus grands qu’on ne pouvait ni les exprimer, ni s’en plaindre. Ah ! si une plume hardie entreprenait d’en tracer l’esquisse; si un ami des hommes voulait soutenir la cause du peuple; si d’une main bienfaisante il touchait tant soit peu au voile lugubre qui couvrait le noir tableau du gouvernement arbitraire; si un auteur ingénu montrait à ses concitoyens le flambeau terrible de la guerre allumé de la main barbare des rois ambitieux, pour des causes aussi frivoles qu’injustes, ou éteint aux frais d’une nation qui ne combattait que pour elle; s’il parlait du désordre de la discipline militaire, des traitemens indignes qu’éprouvait le soldat battu, méprisé sous des chefs durs et arrogans; s’il osait calculer ce que coûtait à la France la spendeur d’une cour nombreuse et dissolue, le luxe des palais, la magnificence des meubles, la somptuosité des tables, la beauté des jardins, les intrigues de l’amour, tant d’édifices superbes élevés à la volupté, à l’orgueil; enfin un excessif superflu, tandis que la plus grande portion du peuple, couverte de haillons, pleurait sous le chaume, et mourait de faim; avec quelle prompte et sévère rigueur ne poursuivait-on pas l’organe des malheureux, l’orateur de la vérité ! Il fallait donc gémir, et gémir en silence. Français, ç’en était fait de vous; vous alliez tous périr en esclaves, si, en vous débattant de vos chaînes, vous n’eussiez pensé à les rompre à force de les secouer ! Un monstre, hélas, nourri auprès d’une aigle sanguinaire, un monstre que la nature irritée avait formé au sein de l’horreur, dans ces caprices et dans sa vengeance ; un monstre dont une mère implacable avait dirigé contre nous les premiers regards furieux; un monstre qui, par un contraste inconcevable, portait dans le plus méchant des cœurs, s’il en avait un, et les excès de l’amour, et ceux de la cruauté, jure de se baigner dans le sang des Français. Ah ! périsse à jamais ce jour de sinistre augure où l’Autriche, dans sa colère, nous fit un si funeste présent ! Que l’heure fatale où se forma la plus malheureuse des alliances, ne soit plus comptée parmi celles qui ont mesuré le temps ! ô France ! ô ma patrie ! Quels maux ne te prépare pas la plus barbare des femmes, élevée exprès dans une cour 228 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Frères et Amis (l)« Mille pinceaux conduits par l’intérêt ou par l’adulation ont tracé plus d’une fois le tableau enchanteur des cours, et mille orateurs mensongers n’ont pas rougi de donner aux crimes des tyrans la couleur des vertus. Adroits à répandre de vaines fleurs sur leurs défauts les plus grands combien de français offrirent-ils au public trompé un spectacle éblouissant dont ils riaient en secret ! Et par l’imposture d’une langue trompeuse, ils mirent dans l’erreur et les peuples imbéciles et les rois orgueilleux. Les uns aveuglés par l’éclat d’une futile couronne se courbaient servilement sous un sceste de fer; les autres passant la ligne de l’autorité qu’on leur confia volontairement, se l’approprièrent en despotes, et la portèrent au-delà des bornes. La cour, ce centre d’horreurs, habitée par une horde scélérate de fourbes, de flatteurs, d’ambitieux jaloux, d’habiles intrigans, d’avides financiers, de femmes séductrices, de valets prêts à tout faire, de calotins intéressés ; devint le repaire de tant de monstres qui ont bu le sang du peuple, et dévoré sa substance; elle devint le théâtre des passions, le berceau des plaisirs, le tombeau de la justice, l’écueil de la vertu, le scandale de la nation, un vaste abyme enfin où se perdaient les biens et les droits d’un peuple nombreux. Aussi le corps politique privé d’alimens et de sucs nourriciers, n’offrit bientôt plus que la forme hideuse d’un squelette desséché, ou d’un cadavre expirant. Hé ! comment pouvait-il tenir, ce corps épuisé de tant de manières ? Dans des antres profonds et ténébreux, creusés sous un trône inaccessible, s’étaient forgés des fers de toute espèce, pour des hommes nés libres, et des foudres terribles, mais mal dirigés, qui semblaient effleurer le coupable pour frapper l’innocent. De-là le pouvoir arbitraire se fortifiait; l’esclavage devenait plus accablant, le joug de la tyrannie plus insupportable; de ces sombres asiles sortaient des grouppes de nuages destructeurs qui répandaient dans leur course orageuse la terreur et la désolation. De cette source féconde en oppresseurs, étaient émanés ces petits maîtres absolus qui, à l’ombre d’une noblesse chimérique et de quelques injustes prétentions, foulaient aux pieds, et les riches productions des campagnes, et les pauvres cultivateurs. Parlez, ô vous, nos frères et nos amis que la révolution a délivrés de l’indigence et de l’esclavage ! Parlez ! que de larmes amères ne vous ont pas fait répandre ces rapaces dilapidateurs ; et les sangsues de votre fortune, leurs infidèles agens ! les cruels ! par la loi du plus fort, ils vous ravissaient également ce que vous aviez de plus cher et de plus aimable dans vos familles, et de plus nécessaire dans vos propriété. O malheureux, esclaves alors ! à quels escrocs, à quels maîtres infâmes n’étiez-vous pas asservis ! Ah si vous craignez que la postérité mal instruite de tant de vexations, de tant de forfaits, fût capable un jour de reprendre les fers honteux que vous avez quittés, allez, braves montagnards, allez, avec l’enthousiasme de la liberté, graver l’histoire abominable de tous les despotes, et de vos malheurs, aux pieds de ces volcans majestueux qui (l) Broch. A Clermont-Ferrand, De l’Impr. de Limet, Impr. du Départ1 du Puy-de-Dôme. nous entourent, sur ces laves, sur ces rochers qui sont près de nous ! Dites aux échos fidèles qui habitent ces bois, ces cavernes, de la répéter aux générations futures ! Et vous, anciennes provinces, dont les impôts surpassaient le produit, que n’avez-vous pas eu à souffrir de ces émissaires gagés d’une cour insatiable, qui vous étaient préposés ? Ces interprètes sévères de la volonté despotique où ont-ils laissé des traces de bienfaisance, de popularité ? ou plutôt où est le lieu où leur nom ne soit proscrit, et leur mémoire en horreur ? Je ne parle pas de ces muscadins à costume rouge ou noir, qui vendaient insolemment la justice en détail, au nom absolu de celui qui leur en avait vendu le droit en gros. Que dirai-je de certains oracles qui, par le talisman de l’or qu’on leur offrait, forçaient Thémis à parler à leur gré, ou à garder le silence ? Hé ! les anciens procureurs eux-mêmes n’en faisaient pas autant; ils ne la connaissaient seulement pas. C’est donc de la cour que dérivèrent ces fléaux qui désolèrent la France, et tant d’autres malheurs qui tombèrent sur les Français; malheurs d’autant plus grands qu’on ne pouvait ni les exprimer, ni s’en plaindre. Ah ! si une plume hardie entreprenait d’en tracer l’esquisse; si un ami des hommes voulait soutenir la cause du peuple; si d’une main bienfaisante il touchait tant soit peu au voile lugubre qui couvrait le noir tableau du gouvernement arbitraire; si un auteur ingénu montrait à ses concitoyens le flambeau terrible de la guerre allumé de la main barbare des rois ambitieux, pour des causes aussi frivoles qu’injustes, ou éteint aux frais d’une nation qui ne combattait que pour elle; s’il parlait du désordre de la discipline militaire, des traitemens indignes qu’éprouvait le soldat battu, méprisé sous des chefs durs et arrogans; s’il osait calculer ce que coûtait à la France la spendeur d’une cour nombreuse et dissolue, le luxe des palais, la magnificence des meubles, la somptuosité des tables, la beauté des jardins, les intrigues de l’amour, tant d’édifices superbes élevés à la volupté, à l’orgueil; enfin un excessif superflu, tandis que la plus grande portion du peuple, couverte de haillons, pleurait sous le chaume, et mourait de faim; avec quelle prompte et sévère rigueur ne poursuivait-on pas l’organe des malheureux, l’orateur de la vérité ! Il fallait donc gémir, et gémir en silence. Français, ç’en était fait de vous; vous alliez tous périr en esclaves, si, en vous débattant de vos chaînes, vous n’eussiez pensé à les rompre à force de les secouer ! Un monstre, hélas, nourri auprès d’une aigle sanguinaire, un monstre que la nature irritée avait formé au sein de l’horreur, dans ces caprices et dans sa vengeance ; un monstre dont une mère implacable avait dirigé contre nous les premiers regards furieux; un monstre qui, par un contraste inconcevable, portait dans le plus méchant des cœurs, s’il en avait un, et les excès de l’amour, et ceux de la cruauté, jure de se baigner dans le sang des Français. Ah ! périsse à jamais ce jour de sinistre augure où l’Autriche, dans sa colère, nous fit un si funeste présent ! Que l’heure fatale où se forma la plus malheureuse des alliances, ne soit plus comptée parmi celles qui ont mesuré le temps ! ô France ! ô ma patrie ! Quels maux ne te prépare pas la plus barbare des femmes, élevée exprès dans une cour SÉANCE DU 29 MESSIDOR AN II (17 JUILLET 1794) N° 1 229 ennemie pour te haïr et pour te perdre ; une mégère avec ses furies, une agripine avec ses vices ? que disais-je ? ces maux eux-mêmes préludèrent notre bonheur. Cependant la Messaline d’Autriche, la Laïs de Paris, pour épuiser l’état, prolonge jusqu’au trône de son frère la chaîne d’or qu’elle avait sourdement attachée au trône de la France; elle ne pensait pas, la fourbe, que ce même lien, tiré dans la suite par une multitude de bras réunis, servirait à ébranler l’un, et à renverser l’autre; elle ne pensait pas que ce lien, ouvrage de ses mains prodigues, la traînerait un jour au dernier supplice; et que le fameux collier dont les diamans nombreux furent ramassés par le vol et l’imposture, lui en préparât un d’une autre espèce. Craignant sans doute que le gouffre insatiable qu’elle avait creusé à Vienne, ne suffit pas pour absorber les trésors de la France, la Cléopâtre de Trianon prodigue l’or à ses plaisirs variés, comme son corps à la volupté. La cour est donc bientôt sans ressources, Capet sans crédit, sa femme sans honneur, la France sans autre espoir que celui de sa régénération. Un grand peuple éclairé se considère; il trouve ses droits écrits dans les secrets de la nature, dans les principes de la raison, dans les titres imprescriptibles de tous les hommes, dans les fastes antiques où commença l’histoire du monde; il en tire des conséquences, et, dans l’application qu’il en veut faire, trop bon ou trop imprudent, il laisse d’abord entraver ses propres opérations. Deux forces opposées agissent ensemble, mais en sens contraire : le méchanisme politique se dérange; le vice est dans l’organisation; l’accrochement se forme; le levier n’agit plus; le mouvement s’arrête. Hélas, peuple Français, pressé encore par le poids de tes fers, tu allais te précipiter pour jamais ! Il se lève donc avec courage, ce peuple imposant; il se lève, il pense, il veut, il parle, il dit : la Liberté ou la mort. La Bastille est détruite ; Versailles n’est plus à craindre; le Louvre avec ses bouches à feu; le Louvre avec sa horde de brigands, de factieux, sera bientôt jonché de cadavres, et n’offrira qu’un tas de ruines et de cendres. Hé ! quel est celui après tout qui s’oppose opiniâtrement aux droits, aux intérêts, au bonheur d’une vaste nation ? C’est un roi que nous avons fait et que nous pouvons détruire; c’est un traître, un assassin armé de poignards, un vrai tyran couvert du sang du peuple : ôtons-lui d’abord l’autorité que nous lui avons confiée et dont il abuse, et ensuite qu’on le juge, et qu’il meure, s’il est coupable ! Vous le savez, Républicains, le jugement du dernier des rois fut entrepris pour le salut public qui est la loi suprême; il fut fondé sur la justice; et la postérité instruite des crimes de Capet, le jugera de même à son tour. Cependant le peuple s’explique, ses représentans prononcent; le glaive impartial de la loi frappe le tyran : sa tête tombe. Alors les royalistes d’entrer en fureur, le fanatisme de secouer ses torches, les malveillans d’ourdir les trames les plus iniques, les traîtres de conspirer contre la patrie, la Vendée de se peupler de brigands; quel orage s’élève; une nuée formidable s’avance; la foudre s’allume sur les frontières; le tonnerre gronde dans l’intérieur. Que pensez-vous, citoyens ! croyez-vous qu’en ce moment de crise le patriotisme intimidé perdit de son énergie ? non, non; la force du coup frappé ranime le courage des patriotes; rompt leurs chaînes avec bruit, et les rend plus vigilans pour déjouer les projets liberticides, plus éclairés pour suivre la malveillance dans ses sourdes menées, plus prudens pour prendre de sages mesures, plus unis pour opposer une masse de résistance, plus déterminés dans les circonstances, plus actifs dans l’action, plus intrépides dans les dangers, plus courageux dans les combats. La force de ce coup met la France en convulsion, en travail, et tire de son sein fertile en héros, des armées innombrables; la force de ce coup rend l’Europe attentive, donne des secousses aux trônes étrangers, et porte au loin la terreur du nom Français. Vous pâlites alors, despotes, et le sort qui vous menace encore, vous mit devant les yeux les horreurs méritées du même supplice ! Vous pâlites, et dans les accès violens de l’effroi qui vous glaça, vous fites distribuer de nouvelles armes à vos esclaves qui, dans le temps, ne vous y trompez pas, les tourneront contre vous, pour briser les couronnes ! En dis-je trop, concitoyens, non, non, vous verrez un jour nos ennemis, ou vaincus par la force de nos bras, ou détrompés par leurs réflexions sur la bonté de notre cause, embrasser notre parti, et conquérir comme nous la liberté; vous les verrez renverser comme nous le mur de séparation que l’orgueil avait élevé entre le riche et le pauvre; vous les verrez comme nous rassembler tous les hommes dans la sphère commune, ne les calculer que par leur mérite, les peser dans la balance de l’égalité, et les trouver enfin tous frères et égaux, leur accorder des secours dans le besoin, faire asseoir les pauvres à la table des riches, et essuyer les larmes des malheureux, qui seront les dernières; vous entendrez dire à ces hommes aujourd’hui si rebelles, que si les Français ont rompu les premiers leurs fers, ils seront les seconds à sortir de l’esclavage. Oui, toutes les nations devenues éclairées apprendront de la France libre le mode de leur existence sociale, et à se passer enfin de princes inutiles et de tyrans odieux : oui, tous les peuples jettant les yeux sur les temps antérieurs, verront la vérité sortir des ombres et des brouillards, comme on voit le disque brillant du soleil quitter les groupes des nuages qui en dérobaient l’éclat. Frappés de trouver dans l’histoire unique qui immortalisera un peuple de héros et de philosophes, le degré de hauteur où monta parmi nous la raison et la force énergique qui poussa l’esprit public à donner du ressort au philosophisme Français, ne se sentiront-ils pas tous, comme par enchantement, électrisés du même feu, éclairés des mêmes lumières ? Mais qu’ils sachent, ces peuples superstitieux, qu’ils ne trouveront la vérité et le tombeau du mensonge qu’à côté du berceau de la liberté, sous les ruines des palais, sous les débris des trônes ! O nations lointaines ! Déjà l’aurore de cette heureuse liberté brille sur votre horizon ; déjà nos frères noirs, les insulaires partagent avec nous les bénignes influences de cet astre bienfaisant : puisse-t-il bientôt fixer vos regards, et éclairer tout le globe ! Le tyran n’est plus ! Quel essort ne prend pas la liberté impatiente de faire au loin des conquêtes ! Le tyran n’est plus ! A peine son sang est il allé grossir les torrens de celui qu’il fit couler, que sa mort fut regardée dans les îles comme le présage et le cri de la liberté ! Hé! Que ne peuvent pas des cœurs intrépides, quand ils sont guidés par le désir SÉANCE DU 29 MESSIDOR AN II (17 JUILLET 1794) N° 1 229 ennemie pour te haïr et pour te perdre ; une mégère avec ses furies, une agripine avec ses vices ? que disais-je ? ces maux eux-mêmes préludèrent notre bonheur. Cependant la Messaline d’Autriche, la Laïs de Paris, pour épuiser l’état, prolonge jusqu’au trône de son frère la chaîne d’or qu’elle avait sourdement attachée au trône de la France; elle ne pensait pas, la fourbe, que ce même lien, tiré dans la suite par une multitude de bras réunis, servirait à ébranler l’un, et à renverser l’autre; elle ne pensait pas que ce lien, ouvrage de ses mains prodigues, la traînerait un jour au dernier supplice; et que le fameux collier dont les diamans nombreux furent ramassés par le vol et l’imposture, lui en préparât un d’une autre espèce. Craignant sans doute que le gouffre insatiable qu’elle avait creusé à Vienne, ne suffit pas pour absorber les trésors de la France, la Cléopâtre de Trianon prodigue l’or à ses plaisirs variés, comme son corps à la volupté. La cour est donc bientôt sans ressources, Capet sans crédit, sa femme sans honneur, la France sans autre espoir que celui de sa régénération. Un grand peuple éclairé se considère; il trouve ses droits écrits dans les secrets de la nature, dans les principes de la raison, dans les titres imprescriptibles de tous les hommes, dans les fastes antiques où commença l’histoire du monde; il en tire des conséquences, et, dans l’application qu’il en veut faire, trop bon ou trop imprudent, il laisse d’abord entraver ses propres opérations. Deux forces opposées agissent ensemble, mais en sens contraire : le méchanisme politique se dérange; le vice est dans l’organisation; l’accrochement se forme; le levier n’agit plus; le mouvement s’arrête. Hélas, peuple Français, pressé encore par le poids de tes fers, tu allais te précipiter pour jamais ! Il se lève donc avec courage, ce peuple imposant; il se lève, il pense, il veut, il parle, il dit : la Liberté ou la mort. La Bastille est détruite ; Versailles n’est plus à craindre; le Louvre avec ses bouches à feu; le Louvre avec sa horde de brigands, de factieux, sera bientôt jonché de cadavres, et n’offrira qu’un tas de ruines et de cendres. Hé ! quel est celui après tout qui s’oppose opiniâtrement aux droits, aux intérêts, au bonheur d’une vaste nation ? C’est un roi que nous avons fait et que nous pouvons détruire; c’est un traître, un assassin armé de poignards, un vrai tyran couvert du sang du peuple : ôtons-lui d’abord l’autorité que nous lui avons confiée et dont il abuse, et ensuite qu’on le juge, et qu’il meure, s’il est coupable ! Vous le savez, Républicains, le jugement du dernier des rois fut entrepris pour le salut public qui est la loi suprême; il fut fondé sur la justice; et la postérité instruite des crimes de Capet, le jugera de même à son tour. Cependant le peuple s’explique, ses représentans prononcent; le glaive impartial de la loi frappe le tyran : sa tête tombe. Alors les royalistes d’entrer en fureur, le fanatisme de secouer ses torches, les malveillans d’ourdir les trames les plus iniques, les traîtres de conspirer contre la patrie, la Vendée de se peupler de brigands; quel orage s’élève; une nuée formidable s’avance; la foudre s’allume sur les frontières; le tonnerre gronde dans l’intérieur. Que pensez-vous, citoyens ! croyez-vous qu’en ce moment de crise le patriotisme intimidé perdit de son énergie ? non, non; la force du coup frappé ranime le courage des patriotes; rompt leurs chaînes avec bruit, et les rend plus vigilans pour déjouer les projets liberticides, plus éclairés pour suivre la malveillance dans ses sourdes menées, plus prudens pour prendre de sages mesures, plus unis pour opposer une masse de résistance, plus déterminés dans les circonstances, plus actifs dans l’action, plus intrépides dans les dangers, plus courageux dans les combats. La force de ce coup met la France en convulsion, en travail, et tire de son sein fertile en héros, des armées innombrables; la force de ce coup rend l’Europe attentive, donne des secousses aux trônes étrangers, et porte au loin la terreur du nom Français. Vous pâlites alors, despotes, et le sort qui vous menace encore, vous mit devant les yeux les horreurs méritées du même supplice ! Vous pâlites, et dans les accès violens de l’effroi qui vous glaça, vous fites distribuer de nouvelles armes à vos esclaves qui, dans le temps, ne vous y trompez pas, les tourneront contre vous, pour briser les couronnes ! En dis-je trop, concitoyens, non, non, vous verrez un jour nos ennemis, ou vaincus par la force de nos bras, ou détrompés par leurs réflexions sur la bonté de notre cause, embrasser notre parti, et conquérir comme nous la liberté; vous les verrez renverser comme nous le mur de séparation que l’orgueil avait élevé entre le riche et le pauvre; vous les verrez comme nous rassembler tous les hommes dans la sphère commune, ne les calculer que par leur mérite, les peser dans la balance de l’égalité, et les trouver enfin tous frères et égaux, leur accorder des secours dans le besoin, faire asseoir les pauvres à la table des riches, et essuyer les larmes des malheureux, qui seront les dernières; vous entendrez dire à ces hommes aujourd’hui si rebelles, que si les Français ont rompu les premiers leurs fers, ils seront les seconds à sortir de l’esclavage. Oui, toutes les nations devenues éclairées apprendront de la France libre le mode de leur existence sociale, et à se passer enfin de princes inutiles et de tyrans odieux : oui, tous les peuples jettant les yeux sur les temps antérieurs, verront la vérité sortir des ombres et des brouillards, comme on voit le disque brillant du soleil quitter les groupes des nuages qui en dérobaient l’éclat. Frappés de trouver dans l’histoire unique qui immortalisera un peuple de héros et de philosophes, le degré de hauteur où monta parmi nous la raison et la force énergique qui poussa l’esprit public à donner du ressort au philosophisme Français, ne se sentiront-ils pas tous, comme par enchantement, électrisés du même feu, éclairés des mêmes lumières ? Mais qu’ils sachent, ces peuples superstitieux, qu’ils ne trouveront la vérité et le tombeau du mensonge qu’à côté du berceau de la liberté, sous les ruines des palais, sous les débris des trônes ! O nations lointaines ! Déjà l’aurore de cette heureuse liberté brille sur votre horizon ; déjà nos frères noirs, les insulaires partagent avec nous les bénignes influences de cet astre bienfaisant : puisse-t-il bientôt fixer vos regards, et éclairer tout le globe ! Le tyran n’est plus ! Quel essort ne prend pas la liberté impatiente de faire au loin des conquêtes ! Le tyran n’est plus ! A peine son sang est il allé grossir les torrens de celui qu’il fit couler, que sa mort fut regardée dans les îles comme le présage et le cri de la liberté ! Hé! Que ne peuvent pas des cœurs intrépides, quand ils sont guidés par le désir 230 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE du bonheur ! Qui peut leur résister ? Demandez-le à ces barbares vaincus qui viennent de perdre leur proie, d’échapper leurs victimes humaines ! Vous êtes donc libres, ô nos frères ! O heureuse liberté ! l’homme sans toi, n’est qu’un vil insecte qu’on écrase à volonté ! Vous êtes libres : désormais le fruit de votre travail vous appartiendra : vous serez les chefs tranquilles de votre famille ; vos femmes et vos enfans ne seront plus vendus comme de vils animaux; un fouet meurtrier n’imprimera plus sur votre corps sensible le caractère révoltant de la cruauté ; votre vie ne dépendra plus du caprice d’un maître absolu ; les chaînes ne seront plus que pour les despotes, et la liberté pour tous les Français. Vous êtes donc libres, braves Américains ! O mer, ô vaste océan ! Pourquoi nous priver du doux plaisir d’embrasser nos frères, de les presser contre notre cœur, de les porter en triomphe entre nos bras, d’aller dans les plages sauvages qu’ils habitent, planter avec eux l’arbre de la liberté, l’arroser ensemble d’une libation fraternelle, l’orner des étendards sanglans arrachés au fanatisme, y suspendre les dépouilles de la tyrannie, y former de tous les infâmes instrumens de l’esclavage le plus glorieux des trophées, et y graver enfin sur le marbre immortel, cette devise : Mort aux tyrans, aux traîtres, aux conspirateurs ! Vive la Liberté, vive la République, une et indivisible, vive la Convention nationale ! Villedieu (présid.), Boutarel cadet, BOUYON aîné (secrét.) et BARRICAUD cadet (secrét.) 2 Les administrateurs du district de La Roche-Sauveur, département du Morbihan, la commune de Fontenay-sous-Bois (l), expriment leur joie de voir les complots des malveillans déjoués, et annoncent qu’ils ont célébré l’anniversaire de la mémorable journée du 31 mai. Mention honorable, insertion au bulletin (2). [La comm. de Fontenay-sous-Bois à la Conv.; s.d.]{S). « Citoyens Représentans, après avoir rendus grâces à l’Etre Suprême principe Eternel de toutes les vertus et de la justice, au nom de notre Commune et de la Société Populaire, nous vous félicitons sur vos immortels travaux et pour vous exprimer nos vœux et l’interet que nous avons pris avoir déjouer encore une fois les projets des malveillans et des vils assassins, les fêtes époque du 31 Mai, celle du 20 Prairial que nous venons de celebrer dans notre commune sont la preuve des sentimens que nous professons en bons et vertueux Républicains. Nous sommes presque tous cultivateurs dans notre commune, et nous ne cessons d’être utils par nos sueurs a nos freres de Paris qui nous servent de remparts, les travaux de la campagne sont très (l) Département de Paris. (2) P.V., XLI, 301. Mon., XXI, 245. (3) C 309, pl. 1201, p. 22. pressant, c’est pourquoi nous vous addressons ces félicitations; Cependant nos bras sont prêts a s’armer au premier signal pour soutenir vos glorieux travaux qui affermissent de plus en plus la liberté, la fraternité et l’égalité dans toute la République une et indivisible et impérissable malgré tous les efforts des satellites des despotes qui voudroient annéantir notre bonheur et celui de tous les peuples. Vive la République vive la Montagne vive les Comités de Salut public et de Sûreté generale » Guillou (maire), Girardin, Coulon, Mainguet, Louis Vidiard, Breton, Joigneaux, Guérin, François LAPIC, Vitry LAPIC, HERICOURT, Genis-SON (présid. de la Sté popul.) [et 1 signature illisible.] 3 Le citoyen Prost, membre de la société populaire de Saulieu, département de la Côte-d’or; les administrateurs du district de Lunéville, département de la Meurthe; et les juges du tribunal du district d’Arles (l), félicitent la Convention de son décret du 18 floréal et adressent des hymnes et discours relatifs à la fête célébrée en l’honneur de l’Etre suprême. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au comité d’instruction publique (2). [Lunéville, 23 prair. IL Au présid. de la Conv.] (3). « Accepte, Citoien Président, pour la Convention Nationale, l’homage de respect, de reconnoissance et d’adhésion à tous ses principes, que lui offre le District de Lunéville. » Marguisson (Vice -Présid.), S. Renoux (secrét.) [Discours prononcé par le présid. du distr. 20 prair. II] Citoyens ! Le trône des Capets étoit à peine renversé que les Complices du dernier Tiran cherchèrent d’en ramasser les débris, les lâches ! ils avoient une soif dévorante de dominer; ils employèrent tous les crimes pour nous doner de nouveaux fers, soudoyés par les puissants ennemis de la liberté, ils achetèrent les assassinats, créèrent la disette; la calomnie et la corruption furent leurs moïens Bientôt ils croioient décourager le peuple, mais le Peuple resta inébranlable parce que sa cause est juste. Les chefs de cette première classe de conjurés ne sont plus, de nouvelles factions Se sont succédées sans intervale pour perdre la Liberté et la Liberté est restée debout Un dernier attentat vient d’être commis, mais hébert a paie de sa tête la Scélératesse de ses projets, et l’athéisme a disparu, hébert; monstre abominable ! tu pretendois allumer la guerre civile chez un peuple de frères tu voulois lui forger des chaînes (l) Pyrénées-Orientales. (2) P.V., XLI, 302. (3) F171010d, pl. 2, 3866. 230 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE du bonheur ! Qui peut leur résister ? Demandez-le à ces barbares vaincus qui viennent de perdre leur proie, d’échapper leurs victimes humaines ! Vous êtes donc libres, ô nos frères ! O heureuse liberté ! l’homme sans toi, n’est qu’un vil insecte qu’on écrase à volonté ! Vous êtes libres : désormais le fruit de votre travail vous appartiendra : vous serez les chefs tranquilles de votre famille ; vos femmes et vos enfans ne seront plus vendus comme de vils animaux; un fouet meurtrier n’imprimera plus sur votre corps sensible le caractère révoltant de la cruauté ; votre vie ne dépendra plus du caprice d’un maître absolu ; les chaînes ne seront plus que pour les despotes, et la liberté pour tous les Français. Vous êtes donc libres, braves Américains ! O mer, ô vaste océan ! Pourquoi nous priver du doux plaisir d’embrasser nos frères, de les presser contre notre cœur, de les porter en triomphe entre nos bras, d’aller dans les plages sauvages qu’ils habitent, planter avec eux l’arbre de la liberté, l’arroser ensemble d’une libation fraternelle, l’orner des étendards sanglans arrachés au fanatisme, y suspendre les dépouilles de la tyrannie, y former de tous les infâmes instrumens de l’esclavage le plus glorieux des trophées, et y graver enfin sur le marbre immortel, cette devise : Mort aux tyrans, aux traîtres, aux conspirateurs ! Vive la Liberté, vive la République, une et indivisible, vive la Convention nationale ! Villedieu (présid.), Boutarel cadet, BOUYON aîné (secrét.) et BARRICAUD cadet (secrét.) 2 Les administrateurs du district de La Roche-Sauveur, département du Morbihan, la commune de Fontenay-sous-Bois (l), expriment leur joie de voir les complots des malveillans déjoués, et annoncent qu’ils ont célébré l’anniversaire de la mémorable journée du 31 mai. Mention honorable, insertion au bulletin (2). [La comm. de Fontenay-sous-Bois à la Conv.; s.d.]{S). « Citoyens Représentans, après avoir rendus grâces à l’Etre Suprême principe Eternel de toutes les vertus et de la justice, au nom de notre Commune et de la Société Populaire, nous vous félicitons sur vos immortels travaux et pour vous exprimer nos vœux et l’interet que nous avons pris avoir déjouer encore une fois les projets des malveillans et des vils assassins, les fêtes époque du 31 Mai, celle du 20 Prairial que nous venons de celebrer dans notre commune sont la preuve des sentimens que nous professons en bons et vertueux Républicains. Nous sommes presque tous cultivateurs dans notre commune, et nous ne cessons d’être utils par nos sueurs a nos freres de Paris qui nous servent de remparts, les travaux de la campagne sont très (l) Département de Paris. (2) P.V., XLI, 301. Mon., XXI, 245. (3) C 309, pl. 1201, p. 22. pressant, c’est pourquoi nous vous addressons ces félicitations; Cependant nos bras sont prêts a s’armer au premier signal pour soutenir vos glorieux travaux qui affermissent de plus en plus la liberté, la fraternité et l’égalité dans toute la République une et indivisible et impérissable malgré tous les efforts des satellites des despotes qui voudroient annéantir notre bonheur et celui de tous les peuples. Vive la République vive la Montagne vive les Comités de Salut public et de Sûreté generale » Guillou (maire), Girardin, Coulon, Mainguet, Louis Vidiard, Breton, Joigneaux, Guérin, François LAPIC, Vitry LAPIC, HERICOURT, Genis-SON (présid. de la Sté popul.) [et 1 signature illisible.] 3 Le citoyen Prost, membre de la société populaire de Saulieu, département de la Côte-d’or; les administrateurs du district de Lunéville, département de la Meurthe; et les juges du tribunal du district d’Arles (l), félicitent la Convention de son décret du 18 floréal et adressent des hymnes et discours relatifs à la fête célébrée en l’honneur de l’Etre suprême. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au comité d’instruction publique (2). [Lunéville, 23 prair. IL Au présid. de la Conv.] (3). « Accepte, Citoien Président, pour la Convention Nationale, l’homage de respect, de reconnoissance et d’adhésion à tous ses principes, que lui offre le District de Lunéville. » Marguisson (Vice -Présid.), S. Renoux (secrét.) [Discours prononcé par le présid. du distr. 20 prair. II] Citoyens ! Le trône des Capets étoit à peine renversé que les Complices du dernier Tiran cherchèrent d’en ramasser les débris, les lâches ! ils avoient une soif dévorante de dominer; ils employèrent tous les crimes pour nous doner de nouveaux fers, soudoyés par les puissants ennemis de la liberté, ils achetèrent les assassinats, créèrent la disette; la calomnie et la corruption furent leurs moïens Bientôt ils croioient décourager le peuple, mais le Peuple resta inébranlable parce que sa cause est juste. Les chefs de cette première classe de conjurés ne sont plus, de nouvelles factions Se sont succédées sans intervale pour perdre la Liberté et la Liberté est restée debout Un dernier attentat vient d’être commis, mais hébert a paie de sa tête la Scélératesse de ses projets, et l’athéisme a disparu, hébert; monstre abominable ! tu pretendois allumer la guerre civile chez un peuple de frères tu voulois lui forger des chaînes (l) Pyrénées-Orientales. (2) P.V., XLI, 302. (3) F171010d, pl. 2, 3866.