SÉANCE DU 16 BRUMAIRE AN III (6 NOVEMBRE 1794) - N° 19 461 „ j n [Les citoyens de la commune de Villefranche-d’Aveyron, réunis dans le temple de l’Être suprême, à la Convention nationale, le 30 vendémiaire an III] (77) Législateurs, Qu’il est beau ce jour ou le peuple français ravi d’admiration chante au milieu de la joye la plus vive le triomphe de la vertu. Qu’il est beau ce moment de la vie, ou l’on voit tous les efforts du crime venir se briser aux pieds de la vertu. Nous venons aujourd’huy meler nos senti-mens au cri de la reconnoissance, Representans, nous ne serons donc plus sous la verge de fer de quelques hommes immoraux qui sous un masque hipocrite comprimaient le juste et le vertueux. Mille fois nous avons gémi des vexations arbitraires, forcés d’en supporter le joug sans murmure, nous nous consolions en nous retraçant le tableau malheureux des grands hommes de la republique romaine qui, après avoir rendu tant de service a leurs concitoyens, furent exilé de leur patrie. Législateurs, vôtre bonheur eut été extreme, si, témoins de nôtre enthousiasme, vous eussiez entendu les louanges, et les applaudisse-mens couronnér la lecture de vôtre adresse aux français. Les principes que vous y développés sont les nôtres. Ils seront gravés dans nos coeurs, nous abhorrons les terroristes, nous leur jurons une haine implacable, et si, contre toute apparence ils voulaient encore reparoitre, nous leur opposerons avec fierté vos saintes maximes. Peres de la patrie, recevés nos hommages et conservés le gouvernement révolutionnaire dans toute sa pureté. Restés a vôtre poste, vous y avés mérité la couronne civique, ne l’abandonnés que lorsque vous aurés procuré au peuple français une paix solide et durable. Ecrazés de vôtre massue, les agitateurs, les immoraux, et soyés assurés que nous n’aurons d’autre point de ralliement que la Convention. Vive la République, nos representans, la Convention nationale, rien que la Convention. Suivent 165 signatures. o’ [La société agricole républicaine de Sauveterre à la Convention nationale, le 2 brumaire an III] (78) (77) C 325, pl. 1411, p. 19. M. U., XLV, 297. (78) C 325, pl. 1411, p. 18. Bull., 16 brum. indique que cette adresse est suivie de deux pages de signatures. M. U., XLV, 283. Citoyens Representans, Ou sont donc tous les monstres de sang et d’échaffauds, ces ambitieux dont la bouche impure ne proferait que les mots de modérantisme, de contre-révolution, d’aristocratie? où sont ces intrigans, ces frippons enrichis par la Révolution, ces terroristes assassins qui ne cherchaient à faire triompher leur sisteme infâme que pour se vautrer a loisir dans la fange du crime, nager dans le sang de l’innocence, plonger le couteau dans le sein de la patrie? La vertu s’est montrée, et soudain la nuit du crime a disparu devant le soleil de la justice, la terreur a fui loin des citoyens, elle n’a trouvé d’autre azyle que les coeurs glacés d’effroy de ces mêmes égorgeurs, de ces Robespierre qui ne voulaient en faire mouvoir les ressorts que pour porter un coup meurtrier à la vertu du peuple. La scélératesse osera se produire devant la vertu du peuple ! c’est pigmée devant hercule. Grâces immortelles vous soient donc rendües, citoyens Representans, c’est vous, c’est votre energie sublime qui brise les vagues ecu-mantes des passions; c’est elle qui calme les tempêtes de cette mer courroucée où tous les vents n’etaient déchainés autour du vaisseau de la Révolution que pour le pousser contre les rochers et l’entrainer dans l’abyme, vous avés parlé, la mer est tranquile et les citoyens reunis s’empressent à l’envi de conduire au port le vaisseau désiré qui s’avance en fendant majestueusement les ondes obéissantes. Continués, Citoyens Répresentans, n’ecoutés point ces adresses astucieusement écrites et dont l’exorde vous répresente sans cesse l’aristocratie levant sa tête hideuse la contre-révolution s’avançant d’un pas rapide ; le modérantisme soufflant le poison du fédéralisme, tous ces [illisible] monstrueux ne furent jamais l’expression du patriotisme et de la vertu, ils partent de la tombe de Robespierre, c’est la voix de ses complices; ils voudraient eteindre le flambeau de la vérité et ecarter le glaive de la justice. Poursuivés votre course, la Révolution est le passage du crime à la vertu, de la tyrannie, à la liberté, du malheur au bonheur; poursuivés... Le peuple est heureux. Oui, Législateurs, nous sommes tous laboureurs, mais, aussi, nous faisons nous une gloire de pratiquer la vertu et la justice ; mais, aussi, sommes nous républicains et révolutionnaires? Notre patriotisme, ce sont les sentimens immuables de nos coeurs, ce sont les principes consignés dans votre adrèsse du vendémiaire. Restés a votre poste jusqu’à ce que le peuple n’ait plus a craindre pour son bonheur et pour sa liberté jusqu’à ce que les tyrans ayent rendu hommage aux droits de l’homme ou que les nations ayent frappé tous les tyrans et fermé pour jamais le tombeau de la tyrannie, vous avés jetté les fondemens de la République, continués de déployer l’energie vertueuse et juste du gouvernement révolutionnaire pour l’affermir sur les principes qui font la force du peuple, et si quelque voix audacieuse osait croasser au dessus de cette vertu, parlés, nous sommes armés du glaive exterminateur?