SÉANCE DU 5 BRUMAIRE AN III (26 OCTOBRE 1794) - N° 1 81 transport, et les dangers qui les menaçaient et les moyens de s’y soustraire ; vous y dévellopez les principes du gouvernement révolutionnaire qui sera désormais dégagé de vexations, parce qu’il aura la loi pour régulateur et non les passions de ses agens. Ainsi réglé, ce gouvernement sera la protection de la liberté publique comme de la liberté individuelle. Il n’y a que le méchant qui puisse le craindre. Législateurs, maintenez le donc jusqu’à la paix, et restez jusqu’à cette heureuse époque au poste périlleux mais honorable que vous remplissez de manière à justifier de plus en plus la confiance du grand peuple qui vous y a placés. Son bonheur et ses bénédictions seront le prix de vos travaux. C’est le seul qui puisse convenir à vos coeurs. Vive la République, vive la Convention nationale qui l’a fondée et qui l’affermira ! Les membres composant la société populaire de Pontoise. Brechet, Lambert, Roger, La Trons, Aubruy, Jean-Baptiste Lacroix, Gérard Michel et 50 autres signatures. d [La société populaire et le conseil général de la commune de Creil-sur-Oise à la Convention nationale, le 23 vendémiaire an III] (8) Citoyens Représentans, Nous avons entendus avec le plus vif enthousiasme les sentimens que vous manifestés dans votre Adresse au peuple françois. Recevés notre adhésion aux principes sublimes de sagesse et de justice que vous proclamés, ils ont toujours été et seront toujours profondément gravés dans nos coeurs. Nous jurons de nouveau un attachement inviolable à la Convention nationale. Nous jurons qu’elle seule sera notre unique boussole, quelque faction qui puisse agiter la République. Vive la République, Vive la Convention Nationale ! Suivent trente signatures. e [La société populaire régénérée de Vïllefranche-d’ Aveyron à la Convention nationale, le 25 vendémiaire an III] (9) Liberté, égalité, justice, probité, vertu ou la mort. Citoyens Représentans Dans les crises de la patrie, la terreur était à l’ordre du jour, ce mouvement qui n’était dirigé que contre la malveillance et l’aristocratie, fut saisi par les intrigants ; les plus ardents amis de la patrie furent accollés a ses plus cruels ennemis et placés dans la même ligne. Deux représentans vertueux arrivent dans nos murs et bientôt le triomphe de l’innocence fut proclamée ; soudain le peuple en masse ravi d’admiration vota une adresse en leur faveur. Une affreuse dictature a posterieurement menacé la France, votre energie a conjuré cès orages et les traîtres ont péri; Eut-on pu prévoir que cette crise eut encore produit des agitateurs, que la justice organisée par la Convention, eut été présentée comme le soutien des aristocrates et des modérés ; aurait-on pensé qu’un nouveau sistheme de terreur eut aggloméré des nuages ; qu’une faction puissante ozat rivalisér avec la Convention. Telle est l’erreur dans laquelle on a voulu nous plongér et un moment d’hésitation a été pris pour un acquiescement a ce sisteme désastreux. Instruits par l’experience, nous serons désormais sourds a toutes les intrigues, nous surveillerons les factieux, nous mettrons a profit les grandes maximes développées dans la dernière adresse aux Français et dans l’effusion de nos coeurs, nous ne cesserons de crier, vive la Convention, Guerre a mort contre tous ceux qui penseraient a se choisir tout autre point de ralliement. Vive nos représentants, vive la République une et indivisible. Mouly, vice-président, Alet, Croizac, secrétaires. f [Extrait du procès-verbal des séances de la société populaire d’Ormont ci-devant Saint-Dié du 25 vendémiaire an III] (10) Égalité, Liberté. Présidence de Laugier La séance s’est ouverte par la lecture des nouvelles qui ont été vivement applaudies, not-tament au récit de l’entrée triomphales des troupes de la république dans Cologne. Ensuite l’Adresse de la Convention nationale aux français a été lue et entendue avec l’attention la plus grande et l’intérêt le plus marqué, le silence n’a été interrompu que par les applau-dissemens les plus unanimes. Un membre a pris la parole et a dit : (8) C 325, pl. 1404, p. 18. (9) C 325, pl. 1404, p. 24. (10) C 325, pl. 1404, p. 27. 82 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Frères et amis, Sans doute l’armée a fait son devoir, elle acquiert tous les jours de nouveaux droits à notre reconnoissance, elle nous donne l’exemple du dévouement, de l’obéissance, du courage et de l’héroisme. Mais de son côté la Convention, en manifestant solemnellement et unanimement les principes les plus purs, sur lesquels repose un gouvernement sage et juste, a remporté une victoire éclattante sur les fripons et les intrigans. Les signaler, c’est les réduire au silence, c’est les punir. L’opinion publique terrassera les uns, les tribunaux feront justice des autres. Ha, les tyrans ne sourieront plus ironiquement au mot de Gouvernement françois ! ils ne nieront plus son sisteme! ils ne le qualifieront plus de gouvernement de sang et d’antropo-phages ! qu’ils le comparent avec le leur, ils verront le quel doit triompher, ils jugeront facilement qu’un gouvernement fondé sur la justice et conduit avec calme et sagesse est immuable comme la nature qui lui a servi de modèle. Avec quels transports cette précieuse proclamation va être reçue par tous les amis de la patrie! avec quelle joye indicible ils contempleront le vaisseau de la République, battu par tant d’orages, se balancer majestueusement, prendre son aplomb, s’avancer [ mot illisible ] dans le port! Il me semble entendre un cri général qui retentit dans toute la France. Vive la Convention ! périssent tous les fripons, les intrigans et les dominateurs. Nos représentans, ont, par un mouvement spontané et unanime adopté pour réglés de leur conduite ces principes de sagesse et de justice. Ce beau mouvement se communiquera, n’en doutons pas, dans tous les points de la république. Que la Convention va devenir forte de l’adhésion de tous les français! Donnons enfin la notre. Aussitôt toute l’assemblée se lève et donne son assentiment au milieu des plus vifs applaudissemens. Arrêté en même tems qu’extrait du procès verbal de la séance seroit adressé au président de la Convention nationale. Pour copie conforme. Laugier, président, Maraval, Caren, secrétaires. g [La société des amis de J.- J. Rousseau, réunis rue de la Huchette, n° 36, Paris, à la Convention nationale, s. d.] (11) Citoyens législateurs, Les membres soussignés de la société des amis de J.-J. Rousseau viennent applaudir à votre Adresse au peuple français et à la certi-(11) C 325, pl. 1404, p. 28. Bull., 10 brum. (suppl.). tude que vous lui avés donnée de remplacer par le règne des loix, des moeurs et de la vertu, celui de l’improbité, de l’audace et du crime. Victimes des charlatans et des frippons, nous avons tous marché avec les intentions les plus pures sur le précipice qu’ils avoient creusé sous nos pas ; long-tems trompés par les fausses vertus des triumvirs, vous avés déchirés tout à coup le masque dont ils s’étoient couverts. Vous avés dévoilé leur perfidie et fait tomber leurs têtes coupables sous le glaive de la loi (12). Votre fermeté a sauvé la république, votre justice la consolidera, non cette justice des cours qui se plia constament aux caprices de l’intrigue et des factions, mais cette justice inflexible qui pesant tous les hommes dans la même balance, scaura toujours distinguer et ne frapper que les coupables. Ne souffrés donc pas que des aristocrates prononcés ou des agents secrets de Pit et Cobourg versent à plaines mains la honte et l’opprobre sur la masse pure des fonctionnaires publics et des sociétés populaires, qui vous ont constament secondé, par leur énergie, leur dévouement et leur courage; ne souffrés pas qu’on les confonde tous sciemment et mecha-ment avec un petit nombre de fonctionnaires prévaricateurs ou d’intriguants habiles, qui cherchèrent dans leurs fonctions, ou dans les sociétés, les moyens de satisfaire leur avarice, leur vengeance ou leurs vues ambitieuses et contre-révolutionnaires, frappés ceux-ci, frappés les sans pitié, couvrés les autres du manteau des loix, ne souffrés pas qu’on leur ravisse l’honneur et l’estime de leurs concitoyens ; leurs ennemis qui sont les vôtres, vous associeroient bientôt à leur avillissement ; déjà ils ont osé se jouer du droit le plus terrible que vous ait confié le peuple, en faisant retentir jusqu’aux portes de ce sanctuaire le cri infâme des jacobins mis hors la loi. Eclairés par le flambeau de l’expérience, surveillés avec soin et dirigés ceux de vos membres auxquels vous confiés les renes du gouvernement ; que l’univers, le calme et la sagesse président à vos délibérations, qu’elle vous inspire toutes vos pensées et toutes vos actions, pour le bonheur du peuple, qu’elle guide vos pas dans la carrière pénible de la révolution; maintenés le gouvernement révolutionaire et restés à votre poste jusqu’à la paix; nous la désirons tous, mais nous désirons qu’elle soit assise sur des bases inébranlables ; nos armées partout victorieuses, scauront sanctioner ce voeu au dehors en réduisant la coalition des despotes ligués contre la liberté et l’égalité, à l’impuissance de nuire, vous le sanctionnerés au dedans en forçant au silence toutes les passions individuelles et en frappant indistinctement tous les ennemis du peuple soit qu’ils se montrent à découvert ou qu’ils se parent des couleurs du patriotisme. Nous protestons d’un attachement inviolable à la démocratie pure, aux principes éternels que vous avés proclamés et que nous ne souffrirons (12) Cette expression « le glaive de la loi » a remplacé celle « la hache nationale » raturée.