[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. 21 Wmaire an U 311 Depuis cette époque, il n’a pas été possible à l’exposant de se procurer lesdits exécutoires, telles demandes qu’il ait pu leur faire. Toute la solution qu’il a eue d’eux, c’est que telles reoherches qu’ait pu faire ledit procureur syn¬ dic dans ses bureaux, il ne peut parvenir à découviir lesdits exécutoires, mais que, pour le tranquilliser, ils vont faire de nouvelles recher¬ ches. Ledit exposant, lassé, depuis près de trois ans de leurs promesses, et ayant un pressant besoin de son dû, a recours à toi, citoyen Pré¬ sident, et à l’Assemblée nationale, te priant, ainsi qu’elle, de vouloir ordonner au district de Montmorillon de vouloir, dans un bref délai, faire la remise à l’exposant desdits exécutoires, et à défaut par eux de ce faire, ils demeureront responsables, en leur propre et privé nom, du paiement du montant d’iceux. Comme aussi, en cas de remise d’iceux au pétitionnaire, ordonner au receveur du droit d’enregistre¬ ment de Rochechouart de lui en payer le mon¬ tant sur sa quittance au bas d’iceux. Et vous rendrez justice, attendu la légitime de la de¬ mande du pétitionnaire et ses besoins pressants. Il attend cette faveur de vous en se disant avec fraternité, votre concitoyen. Ribibre-Raverlat. » Les Montagnards de Rodés (Rodez), réunis en Société républicaine, transmettent à la Conven¬ tion nationale une adresse qu’ils ont faite à leurs frères des départements du Midi, pour les en¬ gager à voler contre Toulon au premier besoin, ou au moindre désir de la patrie. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre des montagnards de Rodez (2). Les Montagnards de Rodez, réunis en Société républicaine, aux représentants du peuple, « Rodez, 4 frimaire, l’an II de la Répu¬ blique, une et indivisible. « Législateurs, « Disséminer ses lumières, propager les bons principes, échauffer, élever, épurer l’esprit pu¬ blic, fut toujours le but le plus utile des sociétés populaires; e’est surtout sous ces rapports que leur heureuse influence s’est fait sentir depuis le commencement de la Révolution. « Nous avons cru agrandir notre sphère d’activité en envoyant dans les campagnes des patriotes chauds et purs, qui évangéliseront; les droits de l’homme élèveront l’autel de la vérité contre celui de l’erreur, découvriront et poursuivront les aristocrates de toutes les cou¬ leurs, démasqueront les charlatans de toutes les sectes, déracineront tous les préjugés pour provigner dans tous les cœurs les principes de la Montagne, c’est-à-dire oeux de la liberté et du bonheur du peuple. « La propagande des Jacobins fit pâlir les tyrans du dehors, en 1789, et l’apostolat révo¬ lutionnaire terrassera, nous l’espérons, les mal¬ veillants de l’intérieur. « Nos missionnaires ne sont pas seulement chargés de faire des prosélytes à la cause sublime de la Révolution, üs doivent lui procurer des bras et des moyens de triompher; à l’exemple de la Société, ils doivent presser le sacrifice de matières de fer, de cuivre et d’étain qui n’appar¬ tiennent plus aux individus depuis que la patrie Les réclame. « Ils doivent chercher à grossir la liste de ceux qui se sont inscrits sur un registre d’hon¬ neur que nous venons d’ouvrir pour recevoir le nom des bons républicains qui, ne voulant pas attendre la réquisition, sont prêts à mar¬ cher contre Toulon, contre cette ville infâme, dont l’existence pèse à tout bon Français et qui ne doit plus être qu’un vaste tombeau, depuis que deux représentants du peuple y ont trouvé la mort. « Cabrob, président; Itié, secrétaire; Ber-bigier, ex-secrétaire. » Adresse (1). Les Montagnards de Rodez, réunis en Société républicaine , à leurs frères, les bons sans-culottes de la République. « Frères et amis, « Vous verrez, par les deux adresses que nous vous envoyons, que nous avons pris des mesures actives pour procurer à la patrie des armes et des bras, pour propager les bons principes, échauffer, rectifier l’opinion publique, en dissé¬ minant dans les campagnes des prédicateurs révolutionnaires, choisis parmi les plus chauds républicains de notre société régénérée. « Si cet apostolat constitutionnel vous pré¬ sente des avantages, nous vous invitons à l’adopter dans votre sein, afin que, par un mou¬ vement électrique et simultané uniformément imprimé dans toutes les parties de la République, l’esprit national soit, sans commotion, porté A la hauteur des circonstances. « Salut et fraternité. « Les membres composant la Société républi¬ caine de Rodez, « Cabrol jeune, président; Régis Ytié; N aj ac, secrétaires. » Les Montagnards de Rodez, réunis en Société. républicaine, à tous les sans-culottes des cantons ruraux du district de Rodez. « Frères et amis, chers et purs habitants des campagnes, « Assez et trop longtemps l’aristocratie a eu au milieu de vous des agents de Terreur, des propagateurs stipendiés du mensonge et des empoisonneurs cachés de l’opinion publique. « Il faut que les républicains emploient pour la liberté des moyens destructeurs de ceux dont leurs ennemis ont si cruellement abusé, pour en retarder le triomphe. Le moment est venu oti (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 111. (2) Archives nationales , carton G 286, dossier 840. (1) Archives nationales, carton G 286, dossier 840* 312 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j g Jr.imaîr° " les charlatans religieux, les imposteurs poli* tiques qui, seuls, avaient eu jusqu’à ce jour le privilège exclusif de se faire entendre, seront réduits à un silence que, pour le bonheur du monde, ils n’auraient jamais dû rompre. « Nous envoyons auprès de vous des organes de la vérité, des zélateurs de la Révolution, des apôtres de l’évangile constitutionnel. Nous avons apporté dans leur choix le discernement et la maturité qu’exige l’importance de leur mission. Ils ont toute notre confiance, ils sont dignes de la vôtre. C’est par leur intermédiaire que nous voulons lier avec vous des communications journalières et fraternelles. Puissions -nous, par le concours réciproque de nos intentions et de nos efforts, disséminer les lumières, inoculer les principes, retremper les âmes, et nationaliser l’esprit républicain. « Bons et paisibles cultivateurs, utiles et res¬ pectables citoyens, pères nourriciers de la patrie, reconnaissez en nous vos vrais amis ; que votre légitime indignation remplace l’aveugle confiance que vous aviez vouée à des êtres qui vous trompaient par métier, ou vous avilissaient par intérêt. « Des malveillants abusaient de votre bonne foi; des prêtres se jouaient de votre crédulité, pour perpétuer leur empire, des nobles prolon¬ geaient votre abjection pour alimenter leur orgueil. « Les bons patriotes, les chauds républicains, les solides Montagnards que nous envoyons vers vous, vous rendront à la dignité de l’homme, en vous rappelant aux droits de l’égalité; ils vous parleront le langage de la raison, et le ban¬ deau des préjugés se détachera de vos yeux; à leur voix les sombres nuages du fanatisme dis¬ paraîtront devant les rayons de la philosophie, les dogmes de la morale et le culte de la nature. « Puissiez -vous recevoir et conserver les impressions régénératrices que nous les char¬ geons de vous transmettre; puissent-ils épurer, raviver l’esprit public, le monter à la hauteur des destinées de la République; et l’ébranle¬ ment général, la commotion révolutionnaire que nous venons d’éprouver dans nos foyers, y rendra la liberté immuable, en garantissant à jamais la félicité commune. » II. Les Montagnards de Rodez, réunis en Société républicaine, à leurs frères des départements du midi de la France. « Les esclaves stipendiés de Vienne et de Berlin, au lieu d’une conquête facile et d’une riche dépouille, trouvent sur nos frontières du Nord et du Rliin une résistance invincible et une destruction prochaine. Les départements de l’Ouest nous garantissent l’extinction totale des restes épars des fuyards de la Vendée. L’Espagnol cherche, en vain, à sortir de notre territoire, et ne peut empêcher l’invasion de ses frontières. L’impuissant Amédée ne marque plus parmi nos ennemis; Lyon est effacé de la liste des villes : et Toulon ! Toulon existe encore ! « Et nous ne craignons pas que la République entière nous demande compte de ce retard ! A nous, habitants du midi de la France; à nous, qm sommes immédiatement appelés à punir ces infâmes Toulonnais, qui ont vendu la République impérissable à un Louis XVII qui n’existera jamais ! A nous, chargés d’apaiser les mânes de Beauvais, de ce représentant du peuple lâchement assassiné par de féroces cannibales, autrefois connus sous le nom d’Anglais ! « Sans doute ce nouveau Régulus compte autant de vengeurs que de Français ; sans doute ses bourreaux ont trop bien imité le machiavé¬ lisme et la cruauté des Carthaginois pour ne pas être un jour traités comme leurs modèles : et le Sénat de France plus puissant que celui de Rome, ne se montrera ni moins grand, ni moins implacable contre la Carthage moderne. « Mais, citoyens, il faut des bras pour porter la foudre qui doit changer en un monceau de cendres les repaires des traîtres toulonnais. Il faut des bras, des armes, des matières premières, pour exterminer les sauvages d’Albion, pour balayer de dessus les mers les brigands et les pirates bretons qui les infestent, et chasser de Toulon ceux qui, y étant entrés par l’or, doivent en sortir par le fer. « Nous venons, à l’exemple de nos frères de Franciade, d’ouvTir une souscription pour équiper plusieurs cavaliers. Nous avons nommé des commissaires pour aller chez tous les bons citoyens, les presser, au nom de la patrie, de déposer sur son autel toutes les matières de cuivre, d’étain et de fer qui peuvent seconder le triomphe de la liberté dans la guerre à mort que tout Français a déclarée à tous les tyrans et à toutes les tyrannies. « Nous venons aussi d’ouvrir un registre où sont invités à s’inscrire ceux qui, se sentant pénétrés de la dignité du nom français, em¬ brasés de l’amour de la gloire et de la liberté, de ces passions généreuses et conservatrices des républiques, se déclareront prêts à voler contre Toulon, au premier besoin, ou au moindre désir de la patrie. « Ces sacrifices des vrais républicains, aux¬ quels nous n’associons pas l’alliage impur des offrandes de l’aristocratie, qui ne doit avoir ni l’honneur du don, ni la faculté du refus, trouve¬ ront parmi vous des imitateurs, si vous ne nous avez déjà devancés; car les bons patriotes se rencontrent toujours dans le chemin de la liberté et les moyens d’en assurer le triomphe. » Les administrateurs composant le directoire du district de Villeîranche, département du Rhône, adressent à la Convention nationale deux exem¬ plaires d’un arrêté qu’ils ont pris le 8 frimaire, pour achever d’exterminer le fanatisme : ils di¬ sent que la raison marche à grand pas dans leur district; que l’argenterie des cultes et les cloches arrivent à leur directoire : que les prêtres abju¬ rent, ils en envoient l’état; que les municipalités et les comités révolutionnaires les secondent à merveille. Insertion au « Bulletin » et renvoi au comité d’instruction publique (1). Les habitants de la commune de Saint-Sau-vant, département de la Vienne, invitent la Con¬ vention nationale à rester à son poste; ils de-(1) Procès-verbaux de la Convention , t 27, p. 111.