542 [Convention nationale. I ARCHIVES PARLEMENTAIRES. J � nivôse an il L J ï 1er janvier 1794 Suit l’adresse de la Société populaire de Boye (1). Aux Président et membres de la Convention nationale. « Législateurs, « Nous nous félicitons d’avoir des représen¬ tants aussi dignes d’un peuple libre. Déjà, plus d’une fois, vous avez sauvé la chose publique; vous venez, par l’établissement d’un gouverne¬ ment provisoire, de combler l’abîme où risquait de se perdre la liberté; votre profonde prudence, votre sagesse ferme ouvriront enfin les yeux aux patriotes égarés par l’exagération fallacieuse des agents soudoyés des puissances ennemies et des contre-révolutionnaires. Elles terrasseront et les intrigues et ces hommes qui ne provo¬ quent les désordres que pour y croître, comme les insectes dans la fange; les uns et les autres seront forcés de renoncer à des projets dictés par l’intérêt personnel et par le désir ambitieux de la signifiance (sic), nous applaudissons à la continuation du comité de Salut public ; les conséquences d’une première mesure à son égard, laquelle eût entravé le mouvement créa¬ teur, ne vous ont point échappé, vous l’avez aussitôt changée avec autant de courage que de dignité. « Oui, législateurs, vous tiendrez avec une intrépide assurance les rênes du nouveau gou¬ vernement provisoire qui seul pouvait sauver la République. La justice sera maintenant avec évidence la base de votre puissance et la con¬ fiance du peuple à laquelle vous venez d’ac¬ quérir de nouveaux droits rendra cette puis¬ sance irrésistible et inaccessible à aucune in¬ fluence. « Nos ennemis cruels, les ennemis du genre humain disparaîtront aussi vite que l’ombre, et votre courage raisonné, au-dessus de tout éloge, hâtera le moment tant désiré par le peuple, où l’établissement de la Constitution, dont le gou¬ vernement provisoire va lui faire goûter les pré¬ mices, fixera à jamais le bonheur et les desti¬ nées brillantes de la République. « Veuillez, dignes et courageux représentants, accueillir l’opinion et les vœux de la Société populaire et républicaine de Roye, ainsi que l’assentiment bien prononcé de la commune qui sont l’une et l’autre mûres à la liberté. Elles viennent d’en donner un témoignage éclatant dans plusieurs fêtes civiques consacrées à la mémoire des fondateurs et des martyrs de notre sainte liberté. Les bustes .de Eranklin, Voltaire, Rousseau et ceux de Marat et Lepeletier ont été portés en triomphe et placés dans la salle de la Société au milieu des acclamations réité¬ rées d’un peuple qui sent tout le prix des droits dont les lumières ut le oourage de ces grands hommes lui ont assuré la conquête. C’est sous ce rapport surtout que plusieurs membres de la Société ont célébré leur apothéose ; la vieillesse et la maternité y ont été honorées, des hymnes civiques ont été chantés en leur honneur, et la Société qui en a arrêté l’impression se fera un devoir de vous en adresser les premiers exem¬ plaires; enfin, pour couronner de si beaux jours, (1) Archives nationales, carton F17 1008*, dos¬ sier 1648. la Société a fait distribuer à ses frères indi¬ gents du pain avec abondance. « Salut et fraternité. « Les membres composant la Société populaire et républicaine d’Avre-Libre (ci-devant Boye) au département de la Somme. « Cobette, président; Dourneau, secrétaire. « 6 nivôse de l’an II de la République une, indivisible et impérissable. « P. S. Représentants, un de nos frères vous adresse, au nom de la Société, des couplets ci-inclus qui ont été chantés le même jour que nous avons appris l’heureuse nouvelle de la reprise de Toulon ; veuillez les accueillir comme un témoignage du vif intérêt que nous prenons au succès des armes de la République. » Couplets impromptus sur la conquête de Toulon, chantés le 6 nivôse, à la séance de la Société populaire et républicaine de Boye (1). Air ! Aussitôt que la lumière, ete... Quel son frappe mon oreille Et vient dilater mon cœur? La nymphe aux cent voix m’éveille Au bruit si doux du bonheur. Dieu ! quels transports, quelle ivresse S'empare de mes esprits î Tout commande l’allégresse ; Français, Toulon est repris. Prétendais-tu sur ces plages, Superbe tyran des mers, Anglais, à ces beaux rivages Donner, des lois et des fers? De tes noires perfidies, Tu reçois le digne prix; Malgré cent trames ourdies, Toulon par nous est repris. As-tu perdu la mémoire De ta défaite à Mahon, Et crois-tu que la victoire Soit l’esclave d’Albion? Tes échecs dans la Belgique A tes forfaits réunis Disaient d’un ton prophétique Que Toulon serait repris Cette cité reconquise Par un succès aussi prompt Aux enfants de la Tamise Imprime un sanglant affront. De ces forbans sanguinaires Devant la raison flétris Rions des plans téméraires; Toulon par nous est repris. Quelle flatteuse espérance Font éclore nos lauriers? C’est sous le ciel de Provence Que croissent les oliviers. De la paix le doux présage Naît de ces rameaux chéris; Je vois la fin de l’orage Lorsque Toulon est repris. (1) Archives nationales, carton F17 1008*, dos sier 1468. [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES 12 nivôse an II .Rjr-q 1« janvier 1794 . � sions 4e notaire pour servir au soulagement Ae la patrie. Mention honorable, insertion au « Bulle¬ tin », renvoi au comité de liquidation (1). Et vous soldats intrépides, Vengeurs de la liberté, Pour tant de succès rapides Salut et fraternité ! Du Calabre et de l’ibère, Vils enfants de Sybaris, Vous avez purgé la terre Toulon par vous est repris. Parmi nos chants de victoire, Dieu bon exauce nos vœux; Seul tù mérites la gloire Que la paix nous rende heureux. Quand ces voûtes retentissent De nos refrains favoris, Que Pitt et Cobourg frémissent, Puisque Toulon est repris. Par le citoyen C. Dæpeneau, démophilé, membre et secrétaire ~ê?e la Société popu¬ laire et républicaine de Roye. La Société populaire de Neuvy, district de Chartres, département de l’Indre, félicite la Con¬ vention sur ses glorieux travaux, applaudit aux mesures rigoureuses qu’elle a prises pour étouf¬ fer le royalisme et le fédéralisme, et l’invite à rester à son poste jusqu’à la paix. Elle lui de¬ mande à être autorisée à changer son nom de Neuilly-Saint-Sépulcre, que portait la commune, avec celui de Neuilly-sur-Bouzanne, du nom de la rivière qui l’arrose. Renvoi au comité de division pour le change¬ ment de nom (1). Le citoyen Caque, médecin à Reims, fait don à la République d’une médaille d’or de la valeur de 200 livres. Mention honorable, insertion au « Bulle¬ tin » (2). Sur la proposition d’un membre [Char¬ mer (3)] la Convention nationale décrète que sou comité de sûreté générale lui fera dans vingt-quatre heures sou rapport sur la destitu¬ tion du citoyen Caque, eu qualité de médecin des armées de la République (4). Le citoyen Dacloz, secrétaire du district de Mantes, envoie à la Convention nationale trois lettres de maîtrise; la première est celle du ci¬ toyen Ledoux, armurier; la deuxième, celle du citoyen Langlois, tailleur, et la troisième, du citoyen Maheu, épicier, qui tous trois font don à la nation du remboursement de leur liquida¬ tion. Us invitent la Convention nationale à rester à son poste, et la prient d’être convaincue des sentiments républicains qui les animent. Mention honorable, insertion au « Bulle¬ tin », renvoi au comité de liquidation (5). Les citoyens Girardeau et Marchai fout hom¬ mage à la Convention nationale de leurs provi-(1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 206. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 206. (3) D’après la minute du décret qui se trouve aux Archives nationales, carton G 287, dossier 852. (4) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 207. - (5) Ibid. Sur la proposition des divers comités qu’ils concernent, l’Assemblée adopte les décrets sui¬ vants : « La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son comité de législation [Bezard, rapporteur (2)j, et la lecture de la lettre des repré¬ sentants du peuple Lequinio et Laignelot, rela¬ tive à l’envoi à faire aux tribunaux révolution¬ naires des lois qui les concernent, « Renvoie au ministre de la justice jusqu’à l’organisation du gouvernement provisoire con¬ cernant l’envoi des lois. « Le présent décret ne sera pas imprimé; il sera inséré au « Bulletin (3). » « La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son comité de législation [Bes*.rd, rapporteur (4)], sur la pétition du citoyen Ootin, ci-devant religieux bibliothécaire à Jumièges, tendant à être autorisé à résider dans la commune de Sainte-Marguerite, en considération de ses infirmités, et d’être excepté de la réclusion indi¬ quée au séminaire d’arrêt à Rouen; « Décrète qu’il n’y a lieu à délibérer. « Le présent décret ne sera point imprimé; il sera inséré au « Bulletin (5). » Suit la pétition du citoyen Outin (6). Aux citoyens Président et députés de la Convention « Citoyens, « Le décret du 10 mai qui porte que les lois de rigueur rendues par la Convention ne seront applicables qu’aux auteurs et instigateurs de la rébellion, prouve que l’intention de la Conven¬ tion n’a pu être, par son décret du 23 avril. d’envelopper les citoyens tranquilles avec les séditieux, et me fait espérer qu’ayant égard à mon âge avancé, an mauvais état de ma santé et surtout à mon caractère paisible et tolérant, attesté par les certificats ci-joints, la Conven¬ tion nationale voudra bien appliquer la loi du 10 mai, comme amendement à celle du 23 avril, et me permettre de continuer mon domicile dans l’arrondissement du canton de Duclair, sous la responsabilité des municipalités respectives oh je me rendrais utile, sans me compromettre. « Le pétitionnaire attend de votre humanité (1) Procès-verbaux de la Convention,�. 28, p. 207. (2) D’après la minute du décret qui se trouve aux Archives nationales, carton C 287, dossier 852. (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 207: (4) D’après la minute du décret qui se trouve aux Archives nationales, carton G 287, dossier 852. (5) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 208. (6) Archives nationales, carton Dm 270, dossier Jnmièges. ■ ■■ ■