SÉANCE DU 20 FRUCTIDOR AN II (6 SEPTEMBRE 1794) - N° 47-48 305 feu sacré de la liberté, nous nous empressions pour notre part de consolider vos glorieux travaux. Une souscription étoit ouverte pour contribuer à la construction d’une frégate capable de porter la terreur et l’effroi, chez l’infame anglois et tous ceux qui oseroient insulter le pavillon tricolore. Alors l’ardeur, le patriotisme le plus pur se manifeste dans tous les cœurs des citoyens, et fait voir combien ils méritent d’être libres. Parmi le nombre des citoyens qui s’empressent d’apporter leur offrande, on distingue une veuve nommée Josselin, mère de cinq enfans dont deux combattent pour la patrie, elle offre trois mois des secours accordés aux mères peu fortunées des déffenseurs de la patrie, elle regrette encore de ne pouvoir offrir ses trois autres enfans qui luy restent, mais ils sont trop jeunes. Un grand nombre de jeunes gens même encore enfans apportent en offrande le fruit de leur petite épargne et la souscription monte déjà à la somme de douze cent cinquante deux livres un sol. Telle est, citoyens représentans, l’ardeur qui nous anime, vainqueurs dans les armées de terre nous désirons affermir la gloire des français républicains sur l’empire des mers et montrer aux vils esclaves de Georges, à ses armes mercenaires, ce que peuvent des français rendus à la qualité d’hommes libres. Salut et fraternité. Mercier, président, Lenoir, Cabour, secrétaires. 47 La société populaire de Poissy, département de Seine-et-Oise, informe la Convention qu’il a été célébré dans cette commune une fête en mémoire de la journée du 10 août et en réjouissance de l’heureux événement de celles des 9 et 10 thermidor; elle en transmet les détails dans une adresse, et invite en même temps, la Convention à rester à son poste jusqu’à l’affermissement inébranlable de la liberté et du gouvernement démocratique. Mention honorable, insertion au bulletin (84). 48 _ Le comité Révolutionnaire de Redon, département d’Ule-et-Vilaine, adresse à la Convention nationale une lettre pour les sections de Paris, par laquelle il leur témoigne sa reconnaissance de ce qu’elles ont si bien secondé ses augustes législateurs pour terrasser le nouveau Catilina et ses infâmes (84) P. V., XLV, 108. complices qui avoient formé l’abominable complot d’assassiner la représentation nationale, le peuple et la liberté. Mention honorable, insertion au bulletin (85). [Le comité révolutionnaire de Redon au président de la Convention nationale, le 18 thermidor an II] (86) Représentant d’un peuple invincible, Nous te prions de remettre cette adresse à nos frères les braves parisiens, de lui donner telle publicité qu’ils soyent instruits de nos sentiments pour leurs efforts généreux qui viennent de seconder si bien vos travaux sublimes. Salut et fraternité. Balac, président; Dalifard, secrétaire, et sept autres signatures. [Adresse du comité révolutionnaire de Redon, le 18 thermidor an II] (87) Le comité révolutionnaire de Redon à ses frères, tous les braves parisiens. Grâces, grâces immortelles te soit rendue à toi peuple de héros qui fonda notre liberté, qui vient de la consolider à jamais. C’est toi qui frapa cette Bastille, le rempart des tirans; cette barière que le dernier des despotes françois apposait à ton énergie, d’où il comptait braver nos élans et nos efforts, elle tomba par les mains triomphantes. C’en était, brave parisien, que le prélude de tes actions éclatantes, de ces traits sublimes qui vous font voler à l’imortalité en vous montrant le premier peuple de l’univers. Le tiran arraché au trône qui pesait sur nos têtes : l’aristocratie déjouée dans ses complots qui voulait nous ravir la liberté : le fanatisme éteint dans ses menées obscures qui voulaient renouer et river nos chaines : tant de factions successives démasquées, combattues et détruites; il restait des monstres plus exécrables encore; des monstres qui s’appropriant le fruit de nos travaux, allaient se frayant au trône un chemin ensanglanté, marché sur nos corps expirants : ces monstres sont tombés sous vos coups. Tels, mais moins heureux, vos vaillants ancêtres, ces fiers parisiens qui résistant seuls au vainqueur des Gaules, au maître des Romains, ussent brisé l’esclavage du monde, s’il se fut trouvé un peuple digne de la liberté capable de seconder leurs efforts. Ce peuple est enfin paru : ce sont tous les françois : la convention nationale leur rendant par son énergie et sa fermeté cette dignité que leur donna la nature; les françois libres se sont élevés à la hauteur de leur destinée. Continuez, généreux parisiens, nous suivrons vos traces nous marcherons avec vous : l’odre du ciel, oui nous osons le dire, son ordre (85) P. V., XLV, 108. (86) C 319, pl. 1 305, p. 26. (87) C 319, pl. 1 305, p. 25. 20 306 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE va s’accomplir, la terre sera purgée des tigres qui l’opressent, encore quelques jours et le monde sera libre. Aux armes, aux armes, c’est le salut digne de vous : nous nous embrasserons sur la poussière du dernier tiran. Balac, président, Dalifard, secrétaire et sept autres signatures. 49 Le citoyen Cousin, commissaire aux Secours publics, adresse à la Convention nationale une lettre du citoyen Lemineur, capitaine invalide, retiré à Eclaron, département de la Haute-Marne, par laquelle il fait l’abandon, au profit de la république, de la pension de capitaine invalide qui lui a été accordée sous le règne du despotisme, ainsi que des arrérages qui lui sont dûs. Mention honorable, insertion au bulletin (88). 50 Les membres composant la société populaire de Port-sur-Saône, département de la Haute-Saône, félicitent la Convention nationale d’avoir encore une fois sauvé la patrie en déjouant les projets parricides de l’infame Robespierre; l’invitent à rester à son poste, et jurent, si elle couroit de nouveaux dangers, de voler au premier signal à Paris, et de lui faire un rempart de leurs corps. Ils joignent à leur adresse le récépissé de 400 L qu’ils ont offerts à la patrie et déposées entre les mains du receveur du district. Mention honorable, insertion au bulletin (89). [La société populaire des sans-culottes de Port-sur-Saône à la Convention nationale, le 23 thermidor an II] (90) Nous venons, immortels représentants, vous féliciter d’avoir scu détourner l’orage prêt à vous tous frapper; et nous réjouir avec vous sur votre nouveau triomphe. Par votre inébranlable fermeté, vous avés sauvé la liberté, vous avés fait tomber sous le glaive de la loi, les têtes de ces monstres qui couvert du masque hypocrite des vertus et du républicanisme, vouloient nous replonger dans l’esclavage. Grâces vous soit rendus périssent à jamais les tirans et les traitres, continués de rester fermes à vos postes; s’il ce peut que vous courriés encore des dangers, à la voix de la Convention nous volerons les braver; et de nos corps vous faire un rempart : ces sentiments resteront à jamais gravés dans nos cœurs nous le jurons, et ce ne sera pas en vain. Salut et fraternité. Tournoi fils, président, Langlois, secrétaire. (88) P.V., XLV, 108-109. Bull., 21 fruct. (suppl.). (89) P.V., XLV, 109. (90) C 318, pl. 1 294, p. 22-24. Bull., 21 fruct. (suppl.). Nous joignons citoyens à l’expression de nos cœurs, un récépissé de quatre cents livres produit d’une souscription volontaire offert à la patrie; dont nous avons déjà envoyé copie à la Convention nationale. Langlois. [Récépissé du receveur du district de Vesoul, du 1er pluviôse an 17] Je soussigné receveur du district de Vesoul reconnois avoir reçu de la société populaire de la commune de Port-sur-Saône la somme de quatre cents livres pour être employée en don patriotique pour la guerre, laquelle somme je verserai à la trésorerie nationale. Celititere. 51 Un pétitionnaire est admis à la barre; il se plaint au nom de Michel, François et Guillaume Mauger, et de la citoyenne Marguerite Talbot, leur mère, des vexations en tous genres exercées contre eux par la municipalité de Lignières-la-Doucelle, district de Lassury, département de la Mayenne, et demande la liberté de François Mauger, et la réintégration de ces citoyens dans différents objets dont ils prétendent avoir été dépouillés. Un membre demande le renvoi de la pétition devant les représentants du peuple en mission dans le département. Ce renvoi est décrété (91). 52 Sur la pétition du citoyen Dupré-Nuguet, convertie en motion par un membre, la Convention nationale décrète que le département de Paris est chargé de distraire de dessous les scellés apposés chez le ci-devant duc de Villeroi, les registres de sa compagnie, qui doivent servir à constater les services de plusieurs militaires qui ont droit à des pensions de retraite. Ces registres seront déposés à la section de liquidation du comité des Finances (92). [Le citoyen Dupré-Nuguet à la Convention nationale, s. d.] (93) Citoyens Représentans, Jean-Pierre Dupré-Nuget âgé de 69 ans ayant servi plus de cinquante, qui a adopté quatre enfants pauvres et qui n’a d’autres moyens de subsister que sa pension, dont il ne touche que moitié depuis le premier janvier 1790 réclame la justice de l’assemblée natio-(91) P. V., XLV, 109. (92) P.-V., XLV, 109-110. Décret n° 10 774. Rapporteur anonyme. (93) C 320, pl. 1 316, p. 22. J. S.-Culottes, n° 570.