SÉANCE DU 1er FRUCTIDOR AN II (18 AOÛT 1794) - N° 1 255 Et vous, citoyens représentants, continués par votre sagesse et votre énergie à bien mériter de la patrie et à nous conduire à la gloire et au bonheur par le chemin de la vertu. Les administrateurs du district de Mirande vous jurent un attachement inviolable et promettent de se ralier plus que jamais au gouvernement révolutionnaire dont vous êtes le centre et les régulateurs. Duclos, Cenac fils, Bernada ( agent nat.), Lusta, Lubel ( secrét . gal). Mention honorable, insertion au bulletin (1). e [Les admin et l’agent nat. du distr. d’Auch (2), aux représentans du peuple souverain à la Conv.; Auch, 18 therm. II] (3) Encor une nouvelle conjuration, encor des nouveaux succès pour la liberté ! Grâces soient rendues à la Convention nationale et à la Montagne d’où est partie la foudre exterminatrice des conspirateurs. Des scélérats investis de grands pouvoirs, couverts du masque de la popularité, portant des noms fameux en révolution, ayant sans cesse à la bouche les mots justice, vertu et probité, ont voulu usurper la puissance souveraine. C’est sur les cadavres de tous les représentans du peuple et des montagnards énergiques des départemens qu’ils ont cherché à lever le trône du triumvirat. Robespierre, ce nouveau Cromwel, aussi avide de pouvoirs et de sang que lui, mais qui n’en avait ni les talens ni l’audace, était le chef de cette vaste conjuration; il avait asservi les Jacobins à sa volonté tyrannique et avait corrompu le conseil de la commune et l’état-major de la garde nationale; il croyait par ces moyens pouvoir anéantir la liberté, comme si la liberté n’était pas impérissable. Ignorait-il donc qu’à la Convention étaient les députés fidèles et énergiques qui avaient abbatu le trône et envoyé le tyran à l’échafaud, qui avaient tué le monstre du fédéralisme et avaient créé le gouvernement révolutionnaire si terrible aux ennemis de la République ? Ignorait-il qu’à Paris étaient encor les hommes des 14 juillet, 31 mai et 10 août, qui, à la voix de la représentation nationale, sauront toujours se réunir en masse pour abattre toute espèce de tyrannie ? Le traître a péri sur l’échafaud. Puisse sa mort servir d’exemple à tous les ambitieux, puisse la République s’élever triomphante sur les débris de cette horrible conspiration qu’il avait ourdie ! Pour vous, fidèles représentans du peuple, intrépides Montagnards à qui la patrie doit encor une fois son salut, demeurés à votre poste, assurés le règne de la liberté et de l’égalité, ne supportés aucun dominateur parmi vous, anéantissés toutes les factions, et lorsque (1) Mention marginale du 1er fruct. signée P. Barras. (2) Gers. (3) C 319, pl. 1299, p. 5. Mentionné par B‘n, 3 fruct. (suppl1). l’unité et l’indivisibilité de la République seront bien raffermies, vous reviendrés sur vos foyers receuillir les bénédictions du peuple. Dauvignac ( présid .), Bn Dellisle fils, Laver-gne, A. Cassassoles, Chayrou, Fontaine, Faget {secrét.) et 3 signatures illisibles. Mention honorable, insertion au bulletin (1). f [ Les juges, commre nat. et greffiers du trib. du distr. de Nogaro (2), à la Conv.; Plaisance, 22 therm. II] (3) Législateurs, La représentation nationale est-elle donc placée sur un volcan inépuisable de conjurations ? Il vous l’avoit bien dit, dans un discours prononcé à une séance du 7 prairial, cet infâme suppôt de Pitt et Cobourg, ce moderne Catilina qui avoit alors ses Verrès prêts pour faire éclater deux mois après la plus horrible des conspirations ourdies contre l’unité de la République. Dans une seule nuit Maximilien Robespierre vouloit nous faire perdre le fruit de six années de sacrifices en tout genre. Ce n’étoit donc que pour cacher ses complots criminels que, dans son discours contre les tyrans coalisés, cet astucieux Cromwel vous avertissoit que les puissances ennemies, après avoir épuisé tous les forfaits, n’avoient plus d’autre ressource que celle de vous assassiner. O crime ! Avec les dehors affectés d’une fausse vertu, le scélérat n’empruntoit le lengage séducteur de Cicéron que pour tourner contre le peuple la confiance dont le peuple l’avoit honoré. En parlant sans cesse de liberté et des vertus républicaines il travailloit à nous remettre sous le joug de la tirannie. Monstre de l’humanité, il arrivera, comme tu le disois, qu’elles périront, toutes les factions qui abusent de leur puissance pour détruire notre liberté. Ta popularité affectée, ni ton hypocrisie, ni ta prétendue incorruptibilité tant vantée par tes complices, n’ont pu te garantir non plus que Couthon et Saint-Just, malgré votre infâme triumvirat qui s’est exercé trop longtems par des proscriptions sanglantes comparables à celles de Sylla. Vous vouliés tous les trois vous faire des cadavre de nos fidelles représentans et des meilleures têtes de la République, autant de degrés pour monter au trône, mais vos massacres n’ont servi qu’à vous mener à l’échaffaut; il ne reste plus de vous qu’une mémoire odieuse et l’exécration de l’univers. Périssent à jamais avec vous les traîtres qui oseroient imiter votre exemple ! Que le glaive de la loi sépare du tronc de la liberté des rameaux aussi indignes d’elle ! Factieux, oui, c’est en vain que vous conspires : la République est aussi impérissable que (1) Mention marginale du 1er fruct. signée P. Barras. (2) Séant à Plaisance, Gers. (3) C 319, pl. 1299, p. 6. Mentionné par B‘n, 3 fruct. (suppl l). 256 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE les principes immuables de la liberté et de l’égalité qui en sont les fondemens. O Montagne magnanime, notre palladium conservateur, les dangers que tu as courus nous ont saisis d’horreur et d’indignation; nous applaudissons à ta généreuse fermeté; tu as encore fait un digne usage des droits que la souveraineté nationale t’a confiés; tu viens d’assurer la tranquilité publique, la sûreté de la Convention, le succès ■ de la campagne, la défaite de nos ennemis qui, vaincus par les phalanges républicaines, avoient mis leur dernier espoir dans cette conjuration infernale. Mille actions de grâce te soient rendues ! Tu as encore une fois sauvé la patrie. Reçois cent fois les nôtres. Nous venons te féliciter des mesures vigoureuses que tu as prises contre ses assassins. Reçois notre serment solemnel d’employer tous nos efforts à frapper les misérables dont l’âme avilie par le crime et le désir de l’esclavage déshonore l’humanité. Nous nous ensevelirons tous sous les ruines de la République plutôt que de n’y pas voir régner les lois de la liberté et de l’égalité. Continués, augustes représentans, mettés le sceau aux destins de la République, assurés les droits du peuple sur des bases inébranlables, demeurés à votre poste : c’est de l’attitude imposante que vous y tenés que dépend la destinée du monde entier. Dareix ( présid .), Maignon (juge), Lasies (juge), P. Tartas (juge), Pugens ( commre nat.), Perrés (greffier). Mention honorable, insertion au bulletin (1). g [Les membres composant le trib. crimin. du départ1 du Gers, à la Conv.; Auch, 19 therm. Il] (2) Citoyens représentants, Vous venez de frapper le plus grand coup, le coup le plus terrible, le plus éclatant. C’était donc sous l’apparence de la vertu, en invoquant l’Etre suprême, en attestant l’immortalité de l’âme que des ambitieux voulaient encore bouleverser la France et affectaient le trône et la domination. Quel genre inouï de séduction, et que c’était bien perfidement nous assassiner ! Mais jamais la République ne périra puisque vous savez la soutenir contre ses ennemis les plus cachés et les plus perfides. Les grands orages qui éclatent dans son sein ne servent qu’à la rendre plus brillante et plus pure. C’est dans les grands accidents que la nature trouve et rassemble les germes les plus beaux de sa conservation. Citoyens représentants, plus vous êtes fermes, plus vous nous imposez le devoir de l’être. Jamais nous ne connoîtrons qu’une République, qu’une Montagne, que la Conven-(1) Mention marginale du 1er fruct. signée P. Barras. (2) C 319, pl. 1299, p. 7. Mentionné par B"1, 3 fruct. ( suppl l). tion nationale. C’est là notre seul point de ralliement, notre centre d’unité. Tels sont nos sentiments. Qu’ils vous soient agréables : ils sont purs comme nos cœurs et inaltérables comme la vertu. S. et F. Desmolin (présid.), Bourgade (juge), Passé-rieu-Bordeneuve (juge), Boyer (accusateur public), une signature illisible et Lébé (greffier). Mention honorable, insertion au bulletin (1). h [L’adminn centrale du départ 1 du Gers, à la Conv.; Auch, 1 7 therm. Il] (2) Citoyens représentans, Un nouveau conspirateur, Robespierre, avait donc osé se promettre avec ses complices le triomphe de la scélératesse sur la vertu, de la tyrannie sur la liberté ! La nation puisera sans doute dans un complot liberticide une leçon utile à l’affermissement de ses destinées. Nous apprendrons enfin à ne nous montrer enthousiastes que des vérités qui assurent le bonheur de l’espèce humaine. Elles sont indépendantes du tems et du despotisme, et l’homme n’est que trop modifié, trop dégradé par ses passions et les circonstances. Vous vous êtes montrés, citoyens représentans, au milieu des traîtres et des assassins vendus à leurs crimes, ce que vous fûtes toujours dans les grandes crises. Nous attendions d’un sénat régénérateur de la terre, et la vertu qui doit l’étonner, et le courage qui réalisera l’espoir de l’ami de l’homme. Nous payerons, nous, citoyens représentans, le tribut de reconnaissance qui vous est dû, en ne composant jamais avec l’intrigue, en faisant redouter à l’audace l’intrépidité qui sonne sa dernière heure. Boubée, Dauriot (présid.), Constantin, Demai, Sautiran, Druilhet, Remeignon. Mention honorable, insertion au bulletin (3). i [Le conseil gal de la comm. de Villefranche-dAveiron (4), au cn Lobinhes, représentant du peuple; s.d . ] (5) Mort aux tirans, paix aux peuples ! Citoyens, Un orage politique menaçait la liberté, mais votre surveillance, votre énergie et l’attachement inviolable des sections de Paris à la représentation nationale ont sçu garantir le peuple du despotisme d’un nouveau tiran. (1) Mention marginale du 1er fruct. signée P. Barras. (2) C 319, pl. 1299, p. 8. Mentionné par B‘n , 1er fruct. (3) Mention marginale du 1 er fruct. signée P. Barras. (4) Aveyron. (5) C 319, pl. 1299, p. 9. Mentionné par B ", 3 fruct. (suppl1).