[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j «‘/�Sbre 1793 609 A. Adresse de la commune de Villeneuve-Saint-Georges (1). « Citoyens représentants, « La commune de Villeneuve-Saint-Georges vient renoncer devant vous à ce titre ridicule, une commune républicaine ne doit avoir pour surnoms que ceux consacrés par la raison et avoués par la vérité. « Nos pères, entraînés par le torrent des erreurs religieuses ont pu vénérer un saint, un héros imaginaire; que les Anglais mêmes s’age¬ nouillent servilement et baisent la main d’un Georges Dandin, d’un imbécile roi, que ce peuple demi-esclave et qui se prétend philosophe, croie s’il le veut à l’histoire mensongère et encore plus imbécile du Georges prétendu céleste; qu’ü se prosterne devant ses statues ; pour nous, en véri¬ tables sans-culottes, nous exposons nos senti¬ ments avec sincérité, et nous émettons notre vœu avec confiance. « Nous abjurons tous préjugés superstitieux, tous les mystères et tous les prestiges enfantés pendant dix-huit siècles par l’hypocrisie sacer¬ dotale, et nous abhorrons les crimes innom¬ brables dont ils ont souillé la terre et affligé l’humanité. « Nous adhérons de cœur et d’esprit à vos principes et à vos décrets. Notre dieu, c’est la nature, ses autels, ce sont nos cœurs; notre idole, c’est la liberté; nos demi-dieux, c’est Marat, Le Peletier et tous les martyrs de la Révolution présents et à venir; nos héros, nos grands hommes, nous les voyons parmi vous et sur nos frontières terrassant d’une main le fana¬ tisme et dé l’autre écrasant les despotes et leurs vils satellites, et, parmi ces braves guerriers, nous comptons 150 de nos enfants. « Nous déposons sur l’autel commun de la patrie les dépouilles de notre ci-devant église, argenterie et cuivre, avec les étoles dont se parait le chef de la superstition lorsqu’au nom de la divinité il trompait ses frères. Que faisaient ces richesses et cette pompe étalées dans les temples, sinon d’attirer l’admiration des sots et les offrandes des simples, pendant que les enfants de la patrie périssaient souvent accablés de misère et sans secours î « Il faut donc un nouveau nom, un nom répu¬ blicain à notre commune, et elle est située sur le penchant d’une montagne. Que cette heureuse position serve donc à lui donner un nom qui coïncide avec la nature et avec les sentiments que nous professons. « Illustre Montagne, toi qui sauvas et maintins l’unité et la liberté de la République, Montagne célèbre, toi dont les volcans ébranlent les trônes des despotes, et renversent les autels du fana¬ tisme, poursuis tes travaux salutaires, répands chez toutes les nations des torrents de lumière, romps les chaînes de tous les peuples, que les générations futures te doivent leur liberté et leur bonheur. Pour nous, nous prononçons le nom de saint Georges pour la dernière fois, et nous te demandons pour prix de notre estime, de notre (lj Archives nationales, carton G 284, dossier 819. lre SÉRIE, T. LXXIX. dévouement et de notre civisme d’imposer à notre commune ton nom sacré et à jamais glorieux. « Delahaye, maire; Etasse; Giroux, officier municipal. » B. Offrande de la commwne de Ballancourt (1). « Citoyens et dignes représentants, « C’est avec des sentiments de fraternité avec laquelle nous venons vous apporter la dépouille de notre église de la paroisse de Ballancourt, à l’effet d’aider nos citoyens volontaires défen¬ seurs de la patrie. » C. Offrande de la commune des Bayes (2). « Citoyens représentants du peuple, « Nous sommes envoyés par les citoyens de la commune des Layes (3) pour vous apporter le peu d’argenterie de notre ci-devant église. Nous désirons qu’elle serve à terrasser tous nos ennemis et à renverser tous les despotes qui se sont -coalisés contre nous. « Vive la Montagne ! vive la République ! « Germain, maire. » D. Offrande de la section des Champs-Elysées (4). Section des Champs-Elysées. Citoyens représentants, Ce que n’ont pu [faire] les philosophes pendant plusieurs siècles, le sans-culottisme l’opère en un jour : c’était à lui qu’était réservé le triomphe sublime de la vérité sur la supersti tion. « Les éclairs lancés du haut de la Montagne ont allumé le flambeau de la raison, et les sans-culottes ne voulant plus marcher qu’à sa lu¬ mière, il a bien fallu que le fanatisme désertât les autels d’un culte ridicule, en ne laissant à ses prêtres que la honte d’avoir été trompés, s’ils étaient de bonne foi, et les remords d’avoir fait des dupes. » Cet ennemi est vaincu partout et sans re¬ tour, sa fuite précipitée laisse ses riches dépouil¬ les à la discrétion du vainqueur, et semblable à l’avare qui entasse ses richesses, ce n’est que par sa destruction que ce culte devient enfin utile à l’humanité. « C’est au creuset national à purifier cette vaisselle : deux cents marcs d’argent, convertis en écus républicains feront plus de prodiges en (1) Archives nationales, carton C 283, dossier 802. (2) Ibid. (3) Nous n’avons pas pu identifier cette com¬ mune. (4) Archives nationales, carton G 283, dossier 802, Bulletin de la Convention du 2e jour de la lte décade du 3® mois de l’an II (vendredi 22 novembre 1793J « 39