154 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Puisse-t-elle produire les mêmes fruits sur tous les points de la République ! puissent tous les citoyens français ouvrir les yeux à la lumière et se rapprocher de leur centre commun, en se serrant étroitement par les liens de la plus intime fraternité! puissent-ils de faire qu’une seule famille, unie de cœur, de sentiments et d’opinions ; afin que cet heureux ensemble et de ce bel accord, il puisse résulter l’extirpation entière des conspirations, le triomphe complet de la liberté et enfin le salut de la chose publique ! Continuez, augustes représentons, continuez avec courage, vos glorieux et inappréciables travaux, jusqu’à ce que vous aurez conduit heureusement au port, le vaisseau de la République, dont de malicieux requins suivent avidement les traces, pour en dévorer l’équipage. Les astuces perfides de ces monstres ne peuvent être déjouées que par votre vigilance continuelle. Restez donc fermes au poste où vous a placés la confiance d’une grande nation qui veut être libre. Soutenez votre énergie ; nous la seconderons de toutes nos forces, avec la masse des bons français. Maintenez sages législateurs, maintenez jusqu’à la paix, le gouvernement révolutionnaire tournant sur le pivot de l’équité et de la justice que vous n’avez pas mises en vain à l’ordre du jour. C’est le plus sûr moyen de déconcerter les malveillans, de traverser leurs desseins libertici-des, de rendre leurs efforts impuissans et de consommer le grand œuvre de la Révolution français, que vous avez commencé et continué jusqu’ici sous les meilleurs auspices. Persévérez aussi, intrépides athlètes, achevez de parcourir votre pénible lice ; ne vous rebutez pas : vous toucherez bientôt au but si désiré de vous et d’un peuple immense dont vous portez en main les hautes destinées. Toujours même constance, toujours même courage... et la victoire vous est assurée ; votre récompense vous attend, vous la trouverez dans la bienveillance et dans la gratitude de vingt-quatre millions d’hommes affranchis. Salut et Fraternité. Vive la République ! Vive la Convention ! Vivent les amis de la liberté et de l’égalité ! Suivent 30 signatures. u [La société populaire de Chalinargues à la Convention nationale, Chalinargues, le 10 brumaire an III\ (26) Législateurs, La vive allégresse et les applaudissemens mérités, les cris de vive la République, vive la Convention nationale, qui ont accueilli votre adresse aux français lue à notre tribune, démontrent évidement que les principes sacrés, sages, humains qui y sont énergiquement développés sont gravés dans les cœurs de tous les hommes (26) C 328 (2), pl. 1455, p. 15. libres qui seuls les garantiront avec élan, avec enthousiasme et les regarderont comme la boussole qui doit les guider dans la révolution, et le phâre à l’éclat duquel ils entreront dans le port fortuné. Le règne de [illisible] est ranimé sur les débris du triumvirat, le crime court à l’échafaud, l’innocence est remise, la [illisible] : le peuple dans ses droits, les magistrats dans leurs devoirs, les sociétés populaires dans le cercle de leur institution, chacun reprend sa place et la France son bonheur. Recevés de nouveau ces sentimens de gratitude et de dévouement. Vive la République. Vive la Convention. Paix au peuple, guerre aux tyrans. Suivent 23 signatures. v [Les citoyens de la société populaire de Luneville à la Convention nationale, s.l.n.d.] (27) Citoyens représentants, Touchés dans tous les temps d’une admiration respectueuse pour vos sublimes travaux, nous avons été particulièrement frappés de la plus vive émotion par votre dernière adresse au peuple français. Dès les premières nouvelles de l’expulsion entière des satellites des tyrans du sol de la République qu’ils infestoient, nous en avions fait éclater notre joie par une fête qui a précédé celle que vous avez décrétée solennellement : elle a été renouvellée avec le plus vif enthousiasme le jour indiqué par votre décret. Votre magnifique adresse au peuple français en étoit le plus bel ornement ; elle communiquoit à cette fête l’éclat des vertus qui y brillent. La lecture a été entendue avec transport par la société populaire, les autorités constituées et la garde nationale, réunis au temple de l’étemel, on y a été généralement saisi de l’énergie avec laquelle vous posiez d’une main ferme les fondements inébranlables de la République, en lui donnant pour base immortelle la justice et la vertu. Si ces filles du ciel glacées d’effroi des crimes du dernier tyan, s’y étoient précipitamment réfugiées, il appartenoit aux représentants du peuple le plus généreux de la terre, de les en faire descendre avec toute leur dignité, et dans toute leur pompe. Retenez dans vos mains, l’exercice du pouvoir à vous seul délégué, et dont vous usez si dignement. Les sociétés populaires, quelque nom qu’elles se donnent, ne sont que les sentinelles vigilantes de la Révolution; elles observent et avertissent; si la moindre teinte de rivalité venoit à s’y mêler, ce serait à tort le règne de la confusion, et la confusion nourrit tous les crimes, et détruit les meilleurs gouvernement. La France en a fait la funeste expérience, et si la postérité épouvantée détourne ses regards de cette page ensanglantée de notre histoire, elle les portera (27) C 328 (2), pl. 1455, p. 19. SÉANCE DU 5 FRIMAIRE AN III (25 NOVEMBRE 1794) - Nos 2-3 155 avec avidité et transport sur la page suivante, où la Convention nationale jouira de l’honneur immortel d’avoir proclamé l’empire de l’humanité, de la justice et de la vertu. Nous respectons les limites apposées par votre sagesse à l’action des sociétés populaires, nous jurons par notre attachement à la patrie et à la République, de ne jamais les trahir. Nous ne cesserons de nous occuper à entretenir le feu sacré du patriotisme, et à dévoiler toutes les espèces de trahison, en appellant une justice sévère et inflexible sur tout ennemi de la République, nous rendons en même tems un hommage respectueux aux règles sainte d’humanité que vous avez proclamées. Si la terreur et l’effroi construisent à la hâte un édifice politique, cet édifice est de peu de durée, mais la justice et la vertu bâtissent d’un ciment étemel. Vive la Convention. Vive la République. Suivent 60 signatures. 2 Les citoyens de la commune de Schles-tatt [Sélestat, Bas-Rhin], réunis en société populaire, félicitent la Convention nationale sur les principes consacrés dans son Adresse aux Français. La Convention décrète la mention honorable et l’insertion au bulletin (28). [Les citoyens de la commune de Sélestat à la Convention nationale, Schlestatt, le 13 brumaire an III\ (29) Citoyens représentants, Les applaudissements réitérés des citoyens réunis en société populaire, à la lecture de l’adresse aux français, vous assurent les témoignages de leur satisfaction et de leur reconnaissance. Continués avec la même sollicitude a vous occuper du bonheur du peuple, frappés avec la même fermeté et la même justice les agitateurs et les fripons. Que la massüe républicaine fasse disparoitre quiconque voudrait rivaliser et entraver vos travaux immortels.... Nous jurons une haine implacable à tous vos ennemis et que la mort seule nous séparera de la Convention. Salut et fraternité. Suivent 43 signatures dont celles de PÉRATIEN et ARMBRUSTE, officiers de santé. (28) P.-V., L, 93. (29) C 328 (2), pl. 1455, p. 1. 3 Le conseil général de la commune d’Huningue, département du Haut-Rhin, témoigne à la Convention nationale son admiration de l’énergie républicaine et des principes qu’elle a manifesté depuis le 9 thermidor. Il exhorte les représentants du peuple à purifier le sol de la France de ces hommes sanguinaires qui portoient l’épouvante et le découragement dans toutes les armes et dans tous les cœurs. Mention honorable, insertion au bulletin (30). [Le conseil général de la commune d’Huningue à la Convention nationale, Huningue, le 17 brumaire an III] (31) Citoyens représentans, Les actes d’énergie républicaine, que vous avez manifesté au milieu des périls au 9 thermidor, joints aux principes vertueux du pur civisme que vous venez de propager, caractérisent dignement à la face de l’Europe les dépositaires de la réelle confiance et de la puissance souveraine de la nation ; par votre sollicitude infatiguable l’ennemi extérieur a été repoussé de nos frontières, mais nous osons le dire, nous l’attendions sans effroi, mourir en le combattant c’est pour l’homme libre finir au champ de l’honneur, et c’est cette idée consolante, qui soutient nos frères au milieu des périls en tout genre, dont ils sont sans cesse environnés. Citoyens représentans, vous avait fait disparoitre Catilina, et quelques un de ses perfides adhérants, achevez de purifier le sol de la liberté en frappant du glaive de la loi, ce qui reste de ces hommes sanguinaires, qui cachant leur rapacité féroce sous l’apparence du patriotisme, portaient l’épouvante et le découragement, qui en est la suite dans toutes les parties de la République. Législateurs, que votre sagesse tutélaire fasse disparoitre toute corporation, qui chercheroit à rivaliser avec l’autorité souveraine. Que l’intrigue et la calomnie soient par des lois sévères réduites au silence ; continuez surtout de demeurer au poste éminent, auquel la confiance et l’estime générales vous ont élevés, et dès lors la liberté et le bonheur national seront assurés ; quant à nous, dont le devoir est l’obéissance à la loi, nous jurons de n’avoir d’autre fanal que l’auguste sénat législatif auquel nous devons le recouvrement de l’heureuse liberté, dont nous jouissons, il est le centre de raliement des vrais enfans de la patrie, et nous vous défendons jusqu’à la mort, vivre libre ou périr est le cri terrible que nous ferons entendre à vos ennemis, qui sont ceux de la Nation, tant que nous existerons. Saijmainn, maire, RlETER, agent national et 35 autres signatures. (30) P.-V., L, 93. (31) C 328 (1), pl. 1446, p. 22. Bull., 5 frim. (suppl.).