Séance du 12 Prairial An II (Samedi 31 Mai 1794) Présidence de PRIEUR (de la Côte d’or) La séance est ouverte par la lecture de quelques adresses. 1 Un secrétaire lit le procès-verbal de la séance du 1er prairial et celui de la séance du soir du même jour; la rédaction est approuvée (1) . 2 Un membre, au nom du comité de l’examen des comptes, demande que le rapport sur la pétition des cochers de la ci-devant cour, soit différé. (Accordé) (1). 3 Un membre de la commission des dépêches lit les adresses suivantes. Le conseil-général de la commune de Melun (3) écrit à la Convention que ce n’est pas en vain qu’elle a mis la vertu à l’ordre du jour, et cite l’action vertueuse d’un jeune républicain de 16 ans qui, se rendant à Dunkerque pour y être mousse sur un vaisseau de la République avec 3 camarades du même âge, trouve une montre d’or à répétition, enrichie de dia-mans, la déclare à ses compagnons de voyage, et, arrivé à Melun, donne avis qu’il a trouvé cette montre, et refuse la récompense qu’on lui offre pour l’avoir trouvée et rendue. Mention honorable, insertion au bulletin (4) . [Melun, 7 prair. II] (5). « Citoyen, La commune de Melun s’empresse de te faire connaître une anecdote qui ne peut que faire (1) P.V., XXXVIII, 218. (2) P.V., XXXVIII, 218. (3) Seine-et-Mame. (4) P.V., XXXVIII, 218. C. Eg., n° 551; Audit. nat., n° 615; J. Lois, n° 610; J. Paris, n° 516; M.U., XL, 187; J. Sablier, n° 1350; J. Univ., n° 1651; J. Fr., n° 614; Mon., XX, 607. (5) C 305, pl. 1145, p. 5. la plus grande sensation dans l’âme de tous bons républicains, la vertu et la probité sont à l’ordre du jour à la Convention nationale. Le trait qui va t’être mis sous les yeux te prouvera combien cet exemple a pris racine dans le cœur des âmes douces et honnêtes. Quatre jeunes républicains âgés d’environ 16 ans enrôlés en qualité de mousses sont arrivés dans cette commune le 5 du courant, partant de Nemours, lieu de leur résidence, pour se rendre à Dunkerque, leur destination. L’un de ces quatre jeunes citoyens, nommé Joseph Baudouin a trouvé une montre d’or à répétition, enrichie de diamans. Cet honnête citoyen a déjà fait part de sa trouvaille aux citoyens français Baossange, Claude Decose et François L’atinant, ses trois camarades et compagnons de voyage; à l’instant même de la trouvaille, nos quatre jeunes gens en ont donné avis et dans tous les lieux de leur passage. A peine arrivés à Melun ils n’ont rien eu de plus empressé que de donner avis de leur petite aventure. Sur les 7 heures du soir est survenu en la maison commune le citoyen Joublin, officier public et domicilié à Bourron, qui, au nom et comme fondé de pouvoir de la citoyenne Chevignat, a réclamé ladite montre comme appartenante à ladite Chevignat. Les jeunes citoyens, mandés en la commune, s’y sont rendus avec l’expression de la plus grande joie de se trouver à même de remettre un meuble qui ne leur appartenait pas. Après toutes précautions et les informations prises par la municipalité pour s’assurer du fait, il a été reconnu que ladite montre appartenait à ladite Chevignat et qu’elle pourrait être remise au citoyen Joublin, son fondé de pouvoir, ce qui a été exécuté à l’instant. Le citoyen Joublin, au nom de la citoyenne Chevignat a remis au citoyen Joseph Baudoin la somme de 50 liv. à titre de reconnaissance. Notre jeune élève, après quelques répugnance, a accepté ladite somme à condition qu’elle serait partagée avec ses trois camarades. Nous t’envoyons cette anecdote et t’invitons de la transmettre à la Convention. Un pareil exemple ne saurait être trop connu ni trop répandu, la conduite qu’ont tenue nos jeunes républicains annonce des vertus et de la probité. S. et F. » Estancelin (maire), Savetier, Roboy, Lelangre, Prévost, Permain, Roux, Roger, Lages. (Applaudissements) . Séance du 12 Prairial An II (Samedi 31 Mai 1794) Présidence de PRIEUR (de la Côte d’or) La séance est ouverte par la lecture de quelques adresses. 1 Un secrétaire lit le procès-verbal de la séance du 1er prairial et celui de la séance du soir du même jour; la rédaction est approuvée (1) . 2 Un membre, au nom du comité de l’examen des comptes, demande que le rapport sur la pétition des cochers de la ci-devant cour, soit différé. (Accordé) (1). 3 Un membre de la commission des dépêches lit les adresses suivantes. Le conseil-général de la commune de Melun (3) écrit à la Convention que ce n’est pas en vain qu’elle a mis la vertu à l’ordre du jour, et cite l’action vertueuse d’un jeune républicain de 16 ans qui, se rendant à Dunkerque pour y être mousse sur un vaisseau de la République avec 3 camarades du même âge, trouve une montre d’or à répétition, enrichie de dia-mans, la déclare à ses compagnons de voyage, et, arrivé à Melun, donne avis qu’il a trouvé cette montre, et refuse la récompense qu’on lui offre pour l’avoir trouvée et rendue. Mention honorable, insertion au bulletin (4) . [Melun, 7 prair. II] (5). « Citoyen, La commune de Melun s’empresse de te faire connaître une anecdote qui ne peut que faire (1) P.V., XXXVIII, 218. (2) P.V., XXXVIII, 218. (3) Seine-et-Mame. (4) P.V., XXXVIII, 218. C. Eg., n° 551; Audit. nat., n° 615; J. Lois, n° 610; J. Paris, n° 516; M.U., XL, 187; J. Sablier, n° 1350; J. Univ., n° 1651; J. Fr., n° 614; Mon., XX, 607. (5) C 305, pl. 1145, p. 5. la plus grande sensation dans l’âme de tous bons républicains, la vertu et la probité sont à l’ordre du jour à la Convention nationale. Le trait qui va t’être mis sous les yeux te prouvera combien cet exemple a pris racine dans le cœur des âmes douces et honnêtes. Quatre jeunes républicains âgés d’environ 16 ans enrôlés en qualité de mousses sont arrivés dans cette commune le 5 du courant, partant de Nemours, lieu de leur résidence, pour se rendre à Dunkerque, leur destination. L’un de ces quatre jeunes citoyens, nommé Joseph Baudouin a trouvé une montre d’or à répétition, enrichie de diamans. Cet honnête citoyen a déjà fait part de sa trouvaille aux citoyens français Baossange, Claude Decose et François L’atinant, ses trois camarades et compagnons de voyage; à l’instant même de la trouvaille, nos quatre jeunes gens en ont donné avis et dans tous les lieux de leur passage. A peine arrivés à Melun ils n’ont rien eu de plus empressé que de donner avis de leur petite aventure. Sur les 7 heures du soir est survenu en la maison commune le citoyen Joublin, officier public et domicilié à Bourron, qui, au nom et comme fondé de pouvoir de la citoyenne Chevignat, a réclamé ladite montre comme appartenante à ladite Chevignat. Les jeunes citoyens, mandés en la commune, s’y sont rendus avec l’expression de la plus grande joie de se trouver à même de remettre un meuble qui ne leur appartenait pas. Après toutes précautions et les informations prises par la municipalité pour s’assurer du fait, il a été reconnu que ladite montre appartenait à ladite Chevignat et qu’elle pourrait être remise au citoyen Joublin, son fondé de pouvoir, ce qui a été exécuté à l’instant. Le citoyen Joublin, au nom de la citoyenne Chevignat a remis au citoyen Joseph Baudoin la somme de 50 liv. à titre de reconnaissance. Notre jeune élève, après quelques répugnance, a accepté ladite somme à condition qu’elle serait partagée avec ses trois camarades. Nous t’envoyons cette anecdote et t’invitons de la transmettre à la Convention. Un pareil exemple ne saurait être trop connu ni trop répandu, la conduite qu’ont tenue nos jeunes républicains annonce des vertus et de la probité. S. et F. » Estancelin (maire), Savetier, Roboy, Lelangre, Prévost, Permain, Roux, Roger, Lages. (Applaudissements) .